Une coalition des associations de consommateurs a fait savoir son intention de ne pas prendre part à la rencontre de concertation sollicitée par l’opérateur
La coalition des associations de consommateurs du Cameroun a fait savoir par un communiqué, qu’elle boycottera la rencontre de concertation organisée par l’opérateur AES Sonel, en charge de la distribution de l’énergie électrique dès le 21 juin 2012. «AES/SONEL essaie d’éteindre les braises ardentes de la contestation attisées par la dernière augmentation des tarifs de l’électricité. Après le forfait sur les tarifs réalisé avec le soutien de l’ARSEL et redoutant la réaction des consommateurs lorsqu’ils recevront leurs quittances à la hausse dans quelques jours (fin Juin), AES/SONEL tente désespérément une opération de démobilisation et de diversion, en conviant des responsables des organisations de défense des consommateurs à ce qu’elle appelle «Plateforme de concertation». La Coalition des Associations de Consommateurs (CAC) a décidé de boycotter cette nouvelle fumisterie», peut-on lire dans un courrier envoyé à de nombreux médias. Le groupe AES Sonel a envisagé un programme de deux jours, qui devrait conduire les représentants de consommateurs de tout le pays, dans la zone de production d’énergie, pour leur montrer les investissements qui ont été réalisés, notamment à Edéa, où de nouveaux groupes ont été installés. La rencontre devrait se poursuivre ce 22 juin, par une séance de travail le tout dans la bonne humeur et la détente. Le concept qui avait déjà marché lors d’une première hausse de l’énergie, ne semble plus émouvoir l’association des consommateurs d’énergie. Ses exigences vont au-delà de la simple hausse récente du prix de l’électricité dans le pays. «L’ordre du jour de cette réunion ne fait mention d’aucune des 04 principales préoccupations soulevées par notre Mémorandum à savoir l’annulation de la décision fixant les tarifs hors taxes d’électricité, la fin des délestages dans toutes les localités du périmètre de distribution concédé, la restitution des 91 milliards FCFA correspondant aux frais d’entretien compteur indûment perçus pendant près de 11 ans par AES/SONEL au détriment des consommateurs et le relèvement à 200 kWh de la tranche sociale de consommation d’électricité. Outre ces préalables insatisfaits, nous trouvons inconvenant que ce soit après coup et sous votre égide que les organisations de défense des consommateurs se réunissent pour former une pseudo-plateforme de dialogue avec AES/SONEL» explique la lettre de l’association.
Des exigences qui radicalisent les positions et ne permettent aucun consensus en l’état actuel des choses. Dans une lettre adressée à ses consommateurs, l’opérateur s’était justifié sur la récente hausse. «Nous ne pouvions plus différer cette hausse des tarifs! La consommation d’électricité a doublé au cours des 10 dernières années et son rythme de croissance va se renforcer. Entre 2009 et 2011, les charges de combustible ont cru de plus de 100% et les besoins d’entretien et de renouvellement de nos ouvrages ont suivi la même tendance; au cours de la même période, l’inflation cumulée sur nos charges a été d’environ 7%» explique son directeur général dans cette lettre. Jean David Bile évoque aussi les contraintes conjoncturelles telles que la baisse de l’hydrographie, et l’augmentation de la demande camerounaise en énergie. Aux antipodes de cette confrontation désormais ouverte, le consommateur final ne détient finalement pas la vérité. Des experts affirment qu’une des raisons des prix hauts de l’énergie est liée aux coûts de sa production, auxquels il faut associer des pertes jusqu’à 35% de l’énergie produite, en raison des mauvaises infrastructures. D’autres experts eux avancent qu’un audit général et indépendant de la consommation d’énergie doit être fait au Cameroun, afin d’établir les différents points de failles qui nécessitent une certaine amélioration. Ces observateurs affirment que les résultats d’une telle opération peuvent surprendre. Elle prendrait en compte l’impact du gaspillage d’énergie par les ménages et les entreprises, la mauvaise gouvernance de l’Etat et la recherche de toujours plus de profit propre à l’opérateur comme à tous les autres. Ni AES ni le gouvernement n’ont jamais discuté publiquement des clauses dites et non-dites qui encadrent leur partenariat. Pour sa part, le gouvernement a annoncé la construction d’infrastructures. Mais il faudra attendre encore six ans pour qu’elles puissent apporter leur part à la production, une part qui d’ailleurs restera modeste au regard de la demande. Le groupe AES a annoncé en grande pompe la construction d’une centrale à gaz à haute capacité, avec cependant de forts soupçons d’un investissement corporatiste, visant à satisfaire une demande précise. En attendant qu’une solution survienne, il y a désormais de l’électricité dans l’air entre l’opérateur et les consommateurs. Ceux qui ne protestent pas, risqueront de multiplier les stratégies de fraude.