Selon le ministre du Commerce, les acteurs du secteur se seraient entendus pour imposer au gouvernement le prix homologué. Une étude sera menée sur dix jours pour y voir clair
Avec une offre locale actuelle estimée à près de 5 millions de tonnes (production et importations), pour une demande nationale qui culmine à environ 3 millions de tonnes, l’offre en ciment au Cameroun est largement supérieure à la demande. Ceci, grâce à l’installation de deux nouvelles cimenteries dans le pays (Dangote et Cimaf). Lesquelles usines sont venues mettre un terme à près d’un demi-siècle de monopole du groupe Lafarge sur le marché.
Cependant, malgré la supériorité de l’offre et la multiplication des opérateurs, les prix du ciment au Cameroun continuent d’être alignés à ceux d’il y a 5 ans (4800 FCfa), avec une légère variation de plus ou moins 100 francs Cfa sur le sac de 50 Kg. En rencontrant récemment les opérateurs de la filière des matériaux de construction pour préparer l’approvisionnement des marchés pendant les fêtes de fin d’année, le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana s’est interrogé sur cette curiosité aux antipodes de la logique de la concurrence, mais surtout de celle de l’offre et de la demande.
Après avoir requis des explications auprès des producteurs présents dans la salle, lesquels opérateurs ont préféré jouer la carte de la confidentialité des «prix sortie usine» pour se murer dans le silence, le Mincommerce a révélé son propre point de vue. «Il y a un jeu autour du prix du ciment que le gouvernement ne peut plus cautionner. Visiblement, vous vous êtes entendus pour nous imposer le prix homologué. On va donc revoir tout cela», a-t-il déclaré.
Amende égale à 50% du bénéfice ou à 20% du chiffre d’affaires
En clair, précise-t-on on ministère du Commerce, une étude sera menée sur ce phénomène sous 10 jours, afin de comprendre qui des producteurs, des distributeurs ou des gérants de quincailleries bloque la baisse des prix du ciment au Cameroun. Une situation qui rend éphémère l’euphorie qui s’était emparée des consommateurs au lendemain de l’arrivée de nouveaux producteurs sur le marché camerounais.
Aussi, toute entente entre entreprises, avec pour but de fausser le jeu de la concurrence est jugée illicite selon la loi du 14 juillet 1998 relative à la concurrence. Depuis mai 2005, une Commission nationale de la concurrence a même été créée au Cameroun pour réprimer toutes les atteintes à la libre concurrence entre les entreprises.
La création de cette structure est, elle-même, une application de la loi du 14 juillet 1998 relative à la concurrence, qui stipule en son article 27 que les ententes illicites «sont passibles d’une amende égale à 50% du bénéfice ou à 20% du chiffre d’affaires réalisé sur le marché camerounais au cours de l’exercice précédant l’année durant laquelle l’infraction a été commise».

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