Projet de Budget 2010: Les camerounais pourront-ils assumer?

Malgré un contexte économique difficile, le gouvernement a opté pour un budget que le pays ne pourra suivre Un retard…

Malgré un contexte économique difficile, le gouvernement a opté pour un budget que le pays ne pourra suivre

Un retard préjudiciable sur la transmission du projet de loi de finance
Le Premier ministre Philémon Yang a présenté hier mercredi 18 novembre 2009, devant les Députés à l’Assemblée Nationale, le programme économique financier, social et culturel du Cameroun pour l’année 2010. Cette présentation faisait suite à la transmission aux députés, du projet de loi de finance pour l’année prochaine. Le retard accusé par la transmission du dit projet ne manque pas de susciter des interrogations chez les observateurs. Les textes portant régime financier de l’Etat disposent que le projet de budget devrait leur parvenir 15 jours avant le début de la session. Les députés qui déjà pour la majorité ne sont pas souvent suffisamment outillés ou conseillés sur les questions économiques et financières, n’ont en plus pas eu le temps de lire le document sur lequel doit s’opérer leur contrôle.

Un budget à la hausse malgré la crise
Il ressort du discours du premier ministre, que le programme économique pour l’année 2010 a été élaboré dans le contexte de reprise économique mondiale. Sur cette base, le gouvernement a misé sur taux de croissance du PIB réel de 3,9 % ; taux d’inflation de l’ordre de 3 % en moyenne annuelle ; un prix du baril de pétrole à 70 dollars US ; et un taux de change du dollar fixé à 446 FCFA. Le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2010 s’élève ainsi à 2 570 milliards de FCFA contre 2 301,4 milliards de FCFA pour l’exercice 2009, soit une augmentation de 268,6 milliards de FCFA en valeur absolue et 11,7% en valeur relative. Le pays compte ainsi poursuivre son programme de contractualisation du personnel temporaire de l’Etat et intensifier la politique de maîtrise des prix des biens de première nécessité. Le premier ministre camerounais a aussi indiqué que l’économie nationale devrait s’orienter vers la recherche d’une croissance forte à travers la relance de l’investissement public, la mise en uvre de projets structurants et la recherche de nouvelles sources de financement. Afin de maîtriser l’inflation, le Cameroun poursuivra une «politique d’endettement prudente», mais efficace ainsi que l’amélioration de la compétitivité de ses produits de rente.

Les camerounais replongés dans l’endettement
Les experts de la finance publique trouvent que contrairement à ses prétentions, le gouvernement continuera en 2010 avec une politique économique inadaptée aux contraintes du moment. Beaucoup d’entre eux s’attendaient à ce que le budget 2010 soit basé sur une réelle prudence. Au contraire, les dépenses courantes ont été revues à la hausse. Sur la base des répartitions énoncées par le premier ministre, près de 60% du budget ira au fonctionnement, environ 26% pour les investissements, et 14% pour le service de la dette. Des chiffres qui sous cette forme relative ne signifient pas grand-chose, mais qui sur le plan réelle amènent des expert à s’interroger sur les choix économiques du Cameroun.

Le Cameroun visiblement est encore en train de rentrer dans le cycle d’endettement qui a paralysé son économie pendant deux décennies. Il est certes à relever que pour l’année 2010, les contribuables ne sentiront pas le poids de ces mesures jugées incohérentes (seulement 2 milliards en plus sur l’assiette fiscale). C’est sur le long terme que la situation est préoccupante. Pour exemple 397 milliards de FCFA sont consacrés au service de la dette, pourtant parallèlement, l’Etat mise sur des emprunts de près de 421 milliards. Un choix totalement incompréhensible pour les experts, qui rappellent qu’au cours de l’année 2009 le Cameroun a pris des engagements financiers de près de 900 milliards, dont seul le quart a servi directement au financement de l’économie (Agriculture, PME et artisanat).

Le premier ministre défend le budget devant le parlement
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De nombreuses incohérences relevées
Autre point et autre contradiction selon les experts, la politique énergétique du Cameroun et les investissements qui l’accompagnent. Le choix d’un investissement sur une centrale thermique à Kribi qui de toute évidence ne produira pas les retours sur investissement escomptés, divisent les experts. Ceux-ci se demandent pourquoi ces financements n’ont pas été affectés à la construction de nouvelles installations hydroélectriques, où à l’amélioration de celles existantes. La construction d’une centrale thermique impliquera un recours aux hydrocarbures dont le gouvernement n’a aucune maitrise sur les prix et dont les coûts d’après utilisation (Dépollution et autres) sont tout aussi importants. De même les experts relèvent pour critiquer le fait que le projet de loi de finance pour l’année 2010 soit fondé sur des paramètres tels le prix du pétrole brut ou encore le taux de change du dollar. Cela revient à soumettre l’économie à des variables incontrôlés et susceptibles des changements les plus radicaux (crise de 2008).

Une facture lourde pour le contribuable
Ces experts en concluent que comme les dix années précédentes, le projet de budget 2010 s’appuie sur le creusement du déficit public extérieur et intérieur. Un déficit qui malheureusement ne sert pas à financer l’économie, mais plutôt à satisfaire le train de vie de plus en plus élevé de l’Etat. Ils estiment aussi que les différentes projections de croissance ne seront pas atteintes, en raison d’un nombre important de variables non maitrisée au niveau interne. Aucun objectif chiffré de création d’emploi n’a été avancé, aucun objectif chiffré de création ou de soutient de PME. Quant aux projets routiers ils sont plus au service de l’entretient que de la construction de nouvelles. Au final, seul le contribuable camerounais continuera de payer pour une dette dont il ne partage pas toujours l’utilisation.

marché de Yaoundé
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