Le tout en outrance de Duval Ebale contre la monnaie actuellement utilisée au Cameroun s’est heurté à la police antiémeute de la capitale
Dimanche 26 avril 2015 au matin, les habitants de Mfandena (quartier omnisports) n’ont pas pu justifier la présence de nombreux policiers et d’engins antiémeute à l’esplanade du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo. Evalués à plus de 300 (trois cents), les flics avaient occupé tous les espaces généralement utilisés par les sportifs du week†end. «Depuis 06 heures, ils sont postés là, on ne sait trop pourquoi. Il n’y a pourtant pas un match international ce jour», confie un conducteur d’engins lourds.
Au gré des miettes d’informations glanées auprès de quelques riverains, l’on apprend qu’une manifestation contre le franc CFA a été interdite par le sous-préfet territorialement compétent. Contre l’arrêt de l’autorité administrative, certains sont restés fermes, comme le leur avait commandé Duval Ebale (panafricanisteselon l’intéressé), sur les ondes d’une radio dénommée Voix du Christ.
Ces derniers temps sur cette radio émettant sur 102.9 Mhz dans la capitale camerounaise, la vedette de radio a fait une publicité brillante pour dénoncer «l’asservissement du Cameroun par la France».
Messages
Ce 26 avril 2015, quelques manifestants sont venus. Peu avant 10 heures, ils étaient presqu’une centaine. Enseignants d’université, étudiants, revendeuses (bayam†sellams), femmes au foyer, fonctionnaires et chômeurs formaient le gros de l’effectif, bien qu’ils ne soient pas regroupés à un endroit unique. En bonus, leurs messages. A l’avant de leurs tee†shirts blancs frappés du drapeau camerounais, l’on pouvait lire: «26 avril 2015, mort du Franc CFA, Le Patriote». A l’arrière, «26 avril 2015, Naissance du Cameroun souverain, vive la monnaie camerounaise, le Nationaliste».
Pour le Dr Anaba, enseignant à la faculté des sciences de l’Université de Yaoundé I et manifestant du jour, «ce sont des mots qui cadrent avec la finalité d’une action contre le sinistre franc CFA. Il est d’abord question pour nous de mettre ce débat sur la place publique camerounaise, et à l’échelle sous régionale voire continentale par la suite». Action de sensibilisation donc à défaut d’être une mobilisation populaire. En tout cas, chacun parmi eux refuse d’être considéré comme un lâche ou un casseur.
«Nous ne pouvons pas détruire notre pays», clame Noé Eyambè, étudiant et candidat à la marche du jour. «Seulement, ajoute†il, face à la surexploitation du Cameroun par la France, nous sommes survoltés». L’heure a sonné, pensent†ils, de «bouter l’ignoble symbole de la présence et de la domination française au Cameroun».
En face, une police sur les dents. Hommes en tenue et agents de renseignements avaient miné le secteur. Tant et si bien que les interpellations se faisaient plus facilement et étaient immédiatement suivies d’embarquements vers le commissariat central aux renseignements généraux du Mfoundi à Nlong†Kak. Au total, 93 personnes (dont 08 femmes) ont été entendues sur procès-verbal.
Par sa nature et sa dimension, l’interrogatoire s’articulait, selon un policier en poste, autour de sept principales questions: «Ne saviez†vous pas que votre manifestation a été interdite par le préfet du Mfoundi depuis le 16 avril dernier?] Quels rapports entretenez†vous avec Duval Ebalé? Savez†vous qui serait derrière lui ? Pouvez†vous nous préciser les circuits de vente de vos tee†shirts? Un homme politique serait†il à vos côtés? Pourquoi manifestez†vous contre le Franc CFA? Quel est le nom de la monnaie que vous aimeriez voir circuler au Cameroun?».
La série, a†t†on appris, obéissait à des exigences d’exploitation et de reconsidération d’un précédent fichier de renseignements sur les activistes. Selon nos informations, certains sont des récidivistes et beaucoup d’autres viennent de rallier le mouvement de Duval Eballé. Depuis 2010, la chronique policière recense 32 réunions organisées dans des cénacles disséminés dans le pays.

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