L’une des exigences les plus importantes de la Seleka, le départ des troupes sud-africaines du pays, n’est pour l’heure pas à l’ordre du jour
Barrières levées et prisonniers libérés
Le premier décret, signé vers 17h30 TU par le président François Bozizé, prévoit que toutes les barrières érigées à travers le pays lors de l’instauration du couvre-feu sont désormais levées. Le second décret prévoit que toutes les personnes arrêtées, détenues ou condamnées depuis le 15 mars 2012 recouvrent leur liberté. Cette dernière mesure de libération s’applique également aux prisonniers politiques et aux prisonniers de guerre. Toutes les personnes qui ont été interpellées dans le cadre de la récente crise qu’a connu le pays, a expliqué Gaston Mackouzangba, porte-parole de la présidence. Mais pour le colonel Oumar Bordas, l’un des porte-parole de la Seleka, ces décrets arrivent trop tard. La rébellion exige désormais le départ pur et simple du président Bozizé.
C’est lui (François Bozizé, ndlr) qui entraîne l’insécurité et les grands problèmes qui sévissent sur le territoire national, juge le colonel Oumar Bordas. Nous avons pour l’instant nos armes au pied, précise-t-il. Mais, pour lui, François Bozizé sera chassé par les armes. Il n’y a que ça: c’est le canon qui va le chercher. Il faut dire que l’une des exigences les plus importantes de la Seleka, le départ des troupes sud-africaines du pays, n’est pour l’heure pas à l’ordre du jour. Les rebelles mécontents, retiennent cinq ministres issus de la rébellion à Sibut, depuis dimanche 17 mars. Pour le colonel Bordas, «ils ne servent à rien dans un gouvernement, où ils n’ont pas les coudées franches pour travailler. A quoi bon y rester?».
Les acteurs politiques veulent une nouvelle concertation
De la majorité présidentielle à l’opposition démocratique, en passant par la société civile, les responsables appellent à une résolution pacifique de la crise. «Toutes les parties, et particulièrement la Seleka, qui est un mouvement de rébellion, doivent s’abstenir de pouvoir mener des actions qui sont de nature à mettre en péril cet accord, qui est un gage de paix pour le peuple centrafricain. Le peuple souffre véritablement», affirme ainsi Cyriaque Gonda, président du Parti national pour un Centrafrique nouveau et membre de la majorité présidentielle. L’opposition démocratique, qui s’est réunie en urgence ce mercredi après-midi à Bangui, a appelé les protagonistes à la raison. «Notre patrie est en danger. C’est pour cela que nous insistons, pour qu’ils fassent appel à la raison. Qu’ils utilisent les instruments juridiques qui sont à notre disposition pour une paix durable pour notre chère République centrafricaine», réclame Gabriel Koyambounou, l’un des leaders des partis de l’opposition.
Pour Fulgence Zeneth, membre du groupe de travail de la société civile sur les accords de Libreville, l’urgence voudrait que tous les acteurs puissent se réunir pour se parler franchement: « (Il faudrait que) le représentant du médiateur puisse réunir urgemment tous les acteurs au lieu de les rencontrer un à un, ce qui est une perte en terme de temps. L’urgence voudrait que tous les signataires de Libreville se retrouvent et qu’on commence à poser des actes concrets».
