Ils ont commencé un arrêt des vacations de trois jours depuis mardi 11 février 2013, et réclament le paiement de leurs émoluments depuis 2010
Il s’agit du collectif des vacataires purs et durs de l’Université de Bangui, qui a pour mot d’ordre pas de vacation égal pas de cours. Ce mouvement de cessation des enseignements est appliqué sur tout le campus, avec l’appui de quelques enseignants titulaires. Nous avons lancé ce mouvement de grève sur le campus juste pour revendiquer le versement de nos frais de vacation qui tarde à venir depuis l’année 2010. C’est notre droit le plus absolu. Ces vacations nous permettent de prendre en charge nos familles. C’est notre unique source de revenus. Comme dit cet adage toute peine mérite salaire, nous exigeons le versement de ces frais pour notre bien-être, a confirmé l’un des vacataires qui ont lancé ce mouvement de grève. La même source ajoute qu’une équipe de surveillance a été mise en place pour contrôler l’effectivité de cette grève. Ce matin nous avons sillonné pour demander à quelques uns de nos collègues qui dispensaient leurs enseignements ou composaient leurs étudiants d’arrêter, a-t-il signalé.
Les étudiants se disent surpris et consternés par ce mouvement de grève
Je suis surpris et déconcerté de ce mouvement de grève des enseignants vacataires. La situation du pays est telle que nous n’en avons plus besoin. Là, c’est pour trois jours d’arrêt de cours, peut-être nous ne le souhaitons pas, cela peut s’allonger encore. Ce sera très dommage. Dans beaucoup de facultés, l’année académique qui vient de s’achever pour d’autres n’a pas encore pris fin définitivement, s’est plaint Grâce à Dieu Sathé, étudiant en droit. Pour lui, l’université a connu ce genre de grève dans le passé et aussi les conséquences qui sont des retards énormes. Lorsqu’on tente de les résorber en peu de temps, on crée d’autres situations et d’autres difficultés du genre de baisse de niveau. Ce matin, on devait avoir un examen mais jusqu’à maintenant nous sommes tous dehors. Je ne sais pas si c’est à cause de cette grève. Même les étudiants de la 4ème année des Sciences économiques sont informés par leur professeur ce matin qu’il soutient ses collègues, donc il ne peut pas faire cours. La conséquence de ce genre de situation est que nous sommes toujours en retard sur les autres universités du monde, a déclaré Martinien Ulrich Zabanga, étudiant en année de licence en Administration et gestion des entreprises.
Certains étudiants souhaitent que le collectif des vacataires purs et durs et le gouvernement puissent s’entendre pour la bonne marche de l’enseignement supérieur en Centrafrique. Ceux qui sont dans le gouvernement et le collectif des enseignants vacataires ont des enfants, des cousins, voire des parents qui étudient sur le campus universitaire.ils savent pertinemment comment les choses se passent ici et comment les conditions d’études sont dures, la précarité totale. Nous leur demanderons de revenir aux meilleurs sentiments afin de sauver la situation déjà désastreuse. Notre avenir est entre leur main, a expliqué Francis Mogonbé, président le l’Association syndicale de la faculté des lettres.
Une responsabilité déclinée par le SYNAES
Interrogés par le RJDH, les membres du Syndicat autonome des Enseignants du Supérieur (SYNAES), décline la responsabilité de ce mouvement de grève orchestré par le collectif des vacataires et se disent aussi surpris et non informés. «C’est à la radio que j’ai été également informé de ce mouvement de grève. Le motif, dit-on est lié, au non-paiement de frais de leurs vacations qui remontent aux années académiques 2010-2011 et 2011-2012. Je crois que pour la plupart c’est leur source de revenus, ils ont attendu en vain. C’est leur droit», a dit Marcel Kembé, premier rapporteur du SYNAES. Il y a un cadre juridique et institutionnel bien défini au sein duquel tous les enseignants du supérieur doivent présenter leurs problèmes au gouvernement, qui est le SYNAES. «Pour le moment, le SYNAES n’a pas encore déclenché un mouvement de grève sur le campus. Je confirme que ce mouvement a été décidé par le collectif de ceux qui sont appelés vacataires purs et durs et qui sont au nombre de 4O personnes. Comme ils ne peuvent que vivre à travers ces frais de vacation, ces collègues se sont désolidarisés du SYNAES pour mettre ce collectif en place enfin de revendiquer leur droit», a soutenu Bertrand Kenguetona, le Secrétaire Adjoint du SYNAES.
Il a par ailleurs indiqué qu’en amont de ce mouvement de grève, le SYNAES leur a conseillé de patienter jusqu’à l’assemblée générale qui va se tenir le 15 février prochain, enfin de décider ensemble de cette situation, mais ils sont passés outre. «C’est de leur droit mais cela ne concerne pas vraiment le SYNAES pour l’heure, puisque ces revendications sont faites hors du cadre légal. Nous leur demanderons de participer massivement à l’assemblée générale du 15 février à l’occasion de laquelle nous aurons tous ensemble à prendre des décisions dans ce cadre là», a-t-il conclu. Cette grève des enseignants vacataires a surpris tout le monde. Les premiers défavorisés sont les étudiants. Les uns vont manquer les séances de cours et d’autres vont certainement rater leurs examens puisque sur le campus ce n’est pas tous les enseignants qui vont respecter ce mouvement lancé par le collectif des vacataires purs et durs.