Il est accusé, ainsi que 8 autres soldats, de viols en série d’une soixantaine de femmes
Neuf soldats de l’armée congolaise ont été condamnés lundi 21 février à vingt ans de réclusion pour le viol d’une soixantaine de femmes et des pillages début janvier dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Les faits se sont déroulés le jour du Nouvel An, dans la ville de Fizi, dans la province du Sud-Kivu où opèrent l’armée gouvernementale, des miliciens et des groupes rebelles locaux et étrangers. Les condamnés, le lieutenant-colonel Kibibi Mutware, un ancien rebelle, et huit de ses hommes ont été également mis à pied. Un militaire a été acquitté et un autre, âgé de 16 ans, sera jugé devant un tribunal pour mineurs. Au cours des débats, les prévenus avaient affirmé avoir reçu des ordres de leur chef et principal accusé, le lieutenant-colonel Daniel Kibibi Mutware, pour commettre les viols; mais ce dernier avait démenti et affirmé avoir été débordé par ses hommes. Les prévenus étaient accusés d’avoir participé à une expédition punitive après la mort d’un militaire qui avait blessé par balle un habitant à la suite d’une altercation. Les habitants avaient lapidé ce soldat puis l’avaient sorti de l’hôpital où il était soigné pour le tuer.
Le colonel Mutuare Daniel Kibibi, 46 ans, a été reconnu coupable de quatre chefs de crimes contre l’humanité et condamné à 20 ans de prison. Le procureur avait réclamé la peine de mort. D’après l’accusation, le commandant avait donné l’ordre à ses hommes d’attaquer le village de Fizi (à 35km au sud de Baraka) la nuit du Nouvel An. Les médecins qui sont ensuite intervenus sur place ont dû soigner 62 femmes qui avaient été violées. Durant le procès, à Baraka, 49 femmes ont témoigné. L’une d’elles a expliqué que le colonel Kibibi l’avait violée. Une autre a raconté avoir été battue à coups de poing et de crosse de fusil tandis que cinq militaires abusaient d’elles à tour de rôle. Une femme aux cheveux blancs a confié avoir été battue et violée par 12 soldats, par voies vaginale et anale, sous les yeux de son mari et de leurs enfants. «Les condamnations envoient un signal fort à tous les auteurs (de violences sexuelles) en RDC et au-delà que les violences sexuelles liées à des conflits ne sont pas acceptables et ne seront pas tolérées», écrit l’envoyée spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits, Margot Wallström, dans un communiqué reçu à Kinshasa. Il s’agit d’une «étape importante dans le lutte continue contre l’impunité pour ce type de crimes», a-t-elle estimé. L’émissaire de l’ONU a jugé «impératif» de «trouver et juger» les autres auteurs présumés des viols de Fizi comme des «atrocités» commises près de Walikale, dans le Nord-Kivu, où jusqu’à 500 personnes ont été violées fin juillet-début août 2010, par une coalition d’au moins 200 miliciens et des rebelles hutus rwandais. Un seul chef milicien a été arrêté début octobre 2010 pour ces derniers faits.
