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Réaction aux déclarations du ministre de la Communication sur le retour de la dépouille de M. Ahmadou Ahidjo

Par Shanda Tonme

Malgré toutes les apparences de quiétude et malgré tous les efforts de banalisation, le rapatriement des restes du premier président de la République du Cameroun, Amadou Ahidjo, mort et enterré à Dakar, reste une préoccupation importante dans le champ politique du pays.
En réponse aux attentes exprimées à ce propos dans l’hebdomadaire « Jeune Afrique » par sa veuve madame Germaine Ahidjo, monsieur Issa Tchiroma, ministre de la communication, en guise de réponse dans un autre entretien avec Radio France International, a fait un certain nombre d’affirmations dont deux principales ont retenu notre attention.
– La référence aux poubelles de l’histoire pour évoquer la mémoire de l’ancien président
– Le confinement de la question du rapatriement des restes de l’ancien président à la seule préoccupation, le seul intérêt, et la seule responsabilité de la famille de ce dernier.

Organisation citoyenne et républicaine profondément déterminée à lutter par tous les moyens légaux et pacifiques contre toutes les formes de marginalisation, et radicalement attaché à la promotion de la paix et de la justice, la Commission indépendante contre la corruption et la discrimination tient à faire la mise au point ci-après:

1) – Amadou Ahidjo, premier président de la République du Cameroun, considéré en homme d’Etat, en citoyen, en être humain, en acteur politique , en père de famille, en musulman et en compatriote avec tous ses états de services, ses qualités, ses fautes, ses succès, ses erreurs, ses jugements et ses ambitions, n’appartient pas et ne saurait point appartenir aux poubelles de l’histoire. L’homme dans toutes ses dimensions appartient à l’histoire du Cameroun tout court, une histoire inaltérable, inviolable et incontournable.
2) – Le rapatriement des restes de monsieur Amadou Ahidjo, premier président de la république du Cameroun, relève d’une préoccupation et d’une responsabilité collective de même que de l’intérêt de tous les citoyens et citoyennes du Cameroun. Il ne s’agit plus dès lors d’une affaire privée, il s’agit bien d’une affaire d’Etat, et les plus hautes autorités du pays devraient assumer, de la façon la plus officielle, la plus sérieuse et la plus protocolaire qui soit, et surtout sans détour ni travestissement sa résolution.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination juge inacceptables, regrettables, malheureuses et extraordinairement vexatoires les déclarations du ministre de la Communication. En effet cette sortie méritait et mérite toujours (il n’est pas tard), une correction du Premier ministre, dans la mesure où elle n’a fait qu’aggraver les tensions avec la famille du défunt chef de l’Etat, cultiver la fracture communautaire et projeter l’image d’une société d’ingratitude.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination saisit l’occasion, pour réitérer sa position selon laquelle, les préoccupations autour du rapatriement des restes du premier président du pays, devraient aller de paire, avec la réhabilitation complète des chefs nationalistes qui ont été sacrifiés dans la lutte pour l’indépendance du Cameroun. Une loi a certes été votée par l’assemblée nationale, mais celle-ci n’a pas été accompagnée de tous les effets et conséquences logiques. La dépouille du Dr. Félix Roland Moumié devrait également être rapatriée; la dépouille du Dr. Ossendé Afana devrait tout autant être retrouvée et honorée; Les circonstances effectives de l’assassinat de Ruben Um Nyobè devraient être définitivement et officiellement clarifiées, et le tout figurer dans les programmes d’enseignement d’histoire de la maternelle à l’université.

La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination recommande vivement au chef de l’Etat, de prendre un décret pour créer une commission d’historiens de haut niveau pour les besoins de la cause./.

Fait à Yaoundé, le 28 novembre 2014

Shanda Tonme
DR)/n


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