Par Denis A. Foretia, camerounais résidant aux USA
La date du 9 octobre est arrivée et s’en est allée. L’élection présidentielle s’est vécue puis est rentrée dans l’histoire et, le Président Paul a été reconduit au pouvoir par un écrasant suffrage de 78 pourcent de l’électorat d’après les résultats annoncés par le Premier Président de la Cours Suprême, Alexis DIPANDA MOUELLE. Je sais que beaucoup de Camerounais, de par leur nature même, ont de sérieux doutes concernant ce pourcentage des résultats mais il est ce qu’il est, montage ou réalité. De nombreux politologues à l’instar du célèbre Achille MBEMBE, ne peuvent s’empêcher de penser à un Cameroun après BIYA sans effusion du sang camerounais. Cependant, je pense que l’opposition camerounaise sera entièrement responsable de cette situation, ou qu’elle sera imputée à l’absence d’une opposition crédible au Cameroun. Plusieurs raisons ont été avancées, qui expliquent la faiblesse de l’opposition, partant des problèmes des rentrées de fonds, de quête de postes ministériels, à la politique de satisfaction personnelle ou plus simplement de la politique du ventre. Malgré tous ces arguments la véritable raison se trouve ailleurs.
A dire vrai, le parti au pouvoir a usé de plusieurs stratagèmes pour s’assurer que l’opposition demeure dans la confusion. Leur incapacité à s’adapter à cet environnement changeant témoigne à suffisance de leur naïveté en ce qui concerne le positionnement en politique. S’il elle était avertie, l’opposition aurait perçu ces man uvres des années auparavant et y préparer des voies de contournement. Elle aurait pris des leçons des expériences des élections des années 1990 et 2004. Comme une grande société ripostant à une concurrence sur le marché, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir s’est montré vicieux dans sa lutte pour conserver fermement sa position sur la scène. Le problème fondamental au Cameroun et avec les parties d’opposition est l’absence totale de visionnaires au sein des partis, surtout dans la classe dirigeante. Si ce n’est pas le cas, comment donc expliquer la stupidité stratégique dont ont fait preuve les 22 partis d’opposition au cours de la dernière consultation électorale ? Pourquoi ont-il du attendre jusqu’au 16 septembre pour lancer véritablement la campagne ? N’étaient-ils pas avertis cinq ans plutôt que les élections présidentielles allaient se tenir avant le 6 novembre 2011 ? Et comment ont-ils exploité cette information ? A quoi se sont-ils occupés durant les cinq ans, en vue de la préparation de ces élections et pourquoi comptaient-ils sur la minable somme de 15 millions à pourvoir par le gouvernement pour mener leur campagne ? Existe-t-il un seul Camerounais qui soit au courant de ce pourquoi ces partis se sont présentés, et quelles étaient leur (s) projet(s) économique(s) ? Pouvons-nous réellement justifier la raison pour laquelle un individu candidat à la Magistrature suprême du Cameroun n’ait pas pu visiter toutes les 10 régions à de multiples occasions ? Et, en réalité sommes- nous surpris de l’issue ? Vous ne devriez pas. Les interrogations sont interminables et très révoltantes. Les Camerounais ne sont pas si lâches pour devoir voter pour un candidat tout simplement parce qu’il n’est pas BIYA, même si ce candidat a passé 20 années à la tête de son parti.
Une autre incohérence palpable de l’opposition est qu’elle espère une victoire qui leur soit gratuitement et librement attribuée. Même pas Dieu le Tout-Puissant ne donnerai une récompense pour l’incompétence. Si tel n’est pas le cas, comment donc expliquer ce manque criard de vision de la part des dirigeants du parti ? Ils semblent tous être trop portés sur une stratégie tactique et progressive qui s’est avérée être un échec pour cause au fil du temps. Les Camerounais ont besoin d’être dirigés par une personne ambitieuse et les partis de l’opposition ont le devoir de cesser les faux combats et de mettre en marche une restructuration de l’environnement politique. Ils doivent cesser de s’engager dans la conquête du Palais d’Etoudi et de se focaliser plutôt sur la reconquête des c urs et de l’intellect des Camerounais. La première phase étant la réévaluation de leurs attributions fondamentales et le rétablissement d’un processus électoral crédible au sein même de la structure de leurs partis, qui se trouvent être la vitrine de leur vision de la gestion du pays et partant, d’ELECAM. Une démonstration forte du respect des normes démocratiques au sein de leur parti sera le premier élément qui redonnera espoir au peuple et suscitera un redéploiement politique, ragaillardissant les Camerounais en assurant que le taux de participation des électeurs ne soit plus lamentable comme cela a été le cas au cours de la dernière Présidentielle.
L’opposition se doit de garder à l’esprit la responsabilité qui est la sienne de motiver les populations et les convier aux urnes si leur volonté est véritablement de déloger le président en exercice. Tandis que plusieurs commentateurs ont littéralement rejeté cette éventualité pour le Cameroun, il est évident que les candidats de l’opposition aux présidentielles ne semblent pas avoir compris ce qui s’entend par « candidature à la Magistrature suprême ». A la question de savoir pourquoi il estimait que sa vision pour l’économie et pour l’agriculture était différente de celle de du candidat Paul Biya, un candidat sur Equinoxe TV a réagi en déclarant que le peuple le saura lorsqu’il sera élu président ! Lorsqu’à un autre candidat on a posé la question de savoir pourquoi avoir attendu jusqu’en septembre pour lancer sa campagne, il a déclaré, très enthousiaste, que le Président Paul Biya n’avait pas encore déclaré la saison de la campagne ouverte ! Alors que devons-nous être surpris de ce que le Président ait attendu septembre pour lancer la campagne électorale ? Et pour quelles raisons devraient-ils eau préalable attendre ce lancement officiel ?
Les partis d’opposition doivent se rendre compte que le peuple Camerounais n’est pas pressé de renier un parti pour le remplacer par un autre de la même espèce. La plupart des parties d’opposition aujourd’hui sont malheureusement une copie du parti au pouvoir. En fait, si l’on devait changer de président de parti politique, plusieurs seraient incapables de percevoir la différence. Ils sont tous aussi dictateurs. Si tel n’est pas le cas, qu’est-ce qui expliquerait que John Fru Ndi et Adamou Ndam Njoya aient tous deux été à la tête de leur parti depuis 1991 ? Lorsque M. Adamou NDAM NJOYA ne pouvait cumuler les deux fonctions de Député et de Maire de Foumban, il a cédé son poste de Député à son épouse ! Comment est-ce cette man uvre démocratique ? Pensons-nous que les Camerounais soient si aveugles ? De plus, quand est-ce que Fru Ndi, Ndam Njoya, Jean Jaques Ekindi, Kah Walla, Ayah paul, Bernard Muna, Olivier et Albert Nzongang ont-ils été investit comme le candidat de leur parti ? Tout ce que nous savons c’est qu’ils auraient été investis ou désigné par une poignée de militants. Alors devrions-nous être surpris lorsque le RDPC parle de son » candidat naturel « ? Pour quelle raison l’opposition s’attendrait-elle à ce que le RDPC agisse différemment ? Les partis d’opposition doivent essentiellement se démarquer de toutes les manières possibles afin de pouvoir gagner leur place sur l’arène politique. Ils sont tenus d’évoluer et de se départir du spectre régional/tribal pour devenir des organisations fortes, à couverture nationale avec un programme politique consistant.
Ceci pourrait être possible, en premier lieu, si abandonnant leur stratégie lamentable consistant à une confrontation directe avec le parti au pouvoir, les opposants se concentraient plutôt sur des ressources telles que la proposition d’alternatives crédibles, la présentation d’un plan concret de croissance et de développement au Camerounais. En second lieu, si les leaders de partis politiques actuels ont offert des services d’envergure aux Camerounais, il est néanmoins temps pour eux de faire profil bas, devenir d’anciens hommes d’Etat et laisser la place aux jeunes dynamiques afin qu’ils puissent apporter leurs idées.
Troisième point et plus important, les partis se devraient de mettre en place un processus transparent d’investiture du candidat, de préférence à travers une consultation nationale. Une telle procédure d’investiture nationale et même internationale permettra aux Camerounais d’être plus activement impliqués au processus qui conduit à une plus grande participation au processus électoral.
Une opposition forte est indispensable à toute démocratie. Avec une opposition aussi ferme prête à prendre les rênes du pouvoir, le parti au pouvoir sera obligé de tenir ses nombreuses promesses, ce qui profitera directement ou indirectement à tous les Camerounais. Les Camerounais ont besoin d’une opposition plus tenace pour accélérer les réformes économiques et politiques qui s’imposent. Ce moment est arrivé.