Un peu plus de 2 millions seulement d’inscrits, à moins de 50 jours de la fin du processus des inscriptions sur les listes électorales au Cameroun
L’année électorale ne semble pas être la chose la mieux partagée pour une grande majorité des camerounais. Au 08 janvier 2013, le nombre d’inscriptions sur les listes électorales fait l’objet d’une grande inquiétude. Les meilleures statistiques rapportent que seulement 2 millions à peine de personnes se sont effectivement inscrites sur les listes, alors que la date butoir de fin février 2013 approche. Le président Biya lui-même est monté au créneau, pour inviter les populations à s’inscrire. « Dans notre souci permanent de moderniser notre processus démocratique et de renforcer la transparence et la crédibilité de nos élections, il a été décidé de refondre le fichier électoral et d’introduire la biométrie dans la confection des documents électoraux. Il est impératif que cette opération soit menée à bien dans les délais prévus. C’est le lieu pour moi d’adresser une invitation pressante aux Camerounais de s’inscrire massivement sur les listes électorales », a indiqué monsieur Biya, lors de son discours à la nation le 31 décembre dernier. L’enjeu est de taille. Lors de l’élection présidentielle de 2011 qui a vu le président Biya obtenir un 6ème mandat à la tête du pays, les organisateurs des élections (ELECAM) ont défendu becs et ongles le chiffre de quatre millions de personnes inscrites sur les listes électorales réaménagées. Or aujourd’hui, on n’arrive même pas à faire 60% des inscrits. D’un autre côté, le gouvernement et le régime qu’il sert a toujours défendu le concept d’un président largement élu par ses populations, le taux d’inscription est la preuve parfaite du désintérêt des camerounais pour la classe politique. « On va s’inscrire et puis quoi ? Si Biya et ses gens n’achètent pas les voix, ils vont tricher pour gagner et après justifier la victoire tout en réprimant les contestations. Qu’ils votent eux-mêmes, on espère que cela va durer », affirme Eric N, un jeune étudiant de l’université de Yaoundé 1
La situation préoccupe au plus haut niveau de l’Etat. Ministres et hauts membres de l’administration sont aujourd’hui en mission pour sensibiliser le maximum de personnes. Au poste national, on annonçait une réunion autour du ministre Bakang Mbock des affaires sociales, qui délaissera sa responsabilité gouvernementale, pour aller mobiliser les populations dans sa région. Plusieurs ministres sont eux aussi investis de cette mission. La société civile n’est pas en reste. Avec l’Union Européenne, une association de la société civile a organisé à Yaoundé une campagne d’information et d’appel aux médias, en vue de la sensibilisation des populations. C’est dans la ville de Douala que le paradoxe est le plus grand. Seulement 300 000 inscrits sur une population de près de 5 millions d’habitants et loin du chiffre de près de 2 millions d’inscrits que lui attribuait ELECAM à la présidentielle. Les partis politiques semblent aussi rentrer dans la danse. Un revirement important, celui du SDF. Par la voix de son premier vice-président, il invite à nouveau ses militants à aller s’inscrire. « Même si le code électoral n’est pas bien, même si Elecam n’est pas crédible, nous demandons aux gens d’aller s’inscrire pour se rendre aux élections à venir », a indiqué Joshua Osih dans une interview accordée à la CRTV. Le président de la République semble avoir identifié la cause de la faiblesse des inscriptions. « Afin de faciliter ce processus, j’ai décidé de la gratuité de l’établissement des cartes nationales d’identité à compter du 1er janvier 2013 », a-t-il déclaré. Mais c’est compter sans les problèmes de fonds dans cette affaire. « C’est bien qu’on ait des cartes gratuites, moi je suis absolument content. Mais je n’irai pas m’inscrire. De toutes les façons je n’attends rien du Cameroun qui n’a rien à attendre de moi donc on est quitte », poursuit le jeune Eric. 30 ans de pouvoir après le président Biya ne séduit plus. Pour de nombreux jeunes son modèle est inopérant et les promesses ne sont presque jamais ressenties par la majorité. Au sein de l’opposition, il n’y a plus de leader véritable et les camerounais ne croient plus qu’en eux même. En attendant Elecam fait face à un gros défi.