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Rencontre avec Christian Bekamenga, le meilleur buteur de ligue 2 française

Après des débuts chez les Nassaras et Impôts de Yaoundé, puis un parcours en Asie, l'attaquant camerounais du club Laval…

Après des débuts chez les Nassaras et Impôts de Yaoundé, puis un parcours en Asie, l’attaquant camerounais du club Laval est aujourd’hui une star

Christian Bekamenga, actuellement meilleur buteur de ligue 2 en France avec 18 buts au bout de 33 journées, c’est l’histoire d’un footballeur au parcours atypique qui progresse à la force de son mental. S’il y a bien une preuve que rien n’est figé en matière de football, Christian Bekamenga en est l’exemple parfait. L’attaquant camerounais, qui aura 28 ans le 9 mai prochain, a dû affronter nombre d’épreuves au cours de sa carrière, déjà riche. Une carrière débutée dans un modeste club de Yaoundé, mais rapidement placée sous le signe de l’exil.

Rencontré le 12 avril 2014, chez lui à Laval, le lendemain d’une victoire face à Troyes (2-1), grâce à un doublé de l’inévitable Bekamenga, il raconte le long parcours qui l’a conduit jusqu’à la reconnaissance: «Orphelin dès mon plus jeune âge, j’ai passé une enfance difficile. A mes débuts à Nassaras, où sont passés les joueurs comme Salomon Olembé, Idriss Carlos Kameni, je jouais souvent pieds nus. Mais, il fallait s’accrocher et mon coach Belinga m’a permis de vite progresser. Quand mes camarades du Collège Siantou ont constaté mes absences à répétition en classe, ils ont compris que j’avais choisi le football comme gagne-pain. Je venais de réussir les tests à Impôts de Yaoundé devant près de 300 concurrents».

L’immense écran plasma dans son salon renvoie sans cesse, à travers une émission d’Eurosport, les images des buts de la 32ème journée de Ligue 2. La maisonnée sursaute chaque fois que le résumé des matches arrive autour de celui du stade Francis le Basser, l’antre de Laval. L’enfant de Nkol-Bisson, allongé sur son canapé noir, (grand angle), malgré la fatigue, continue de raconter son histoire, avec un brin de fierté: «A 18 ans, et après 30 matches et 20 buts en Ligue du Centre, grâce au coaching de Saidou, je suis approché par un agent, qui me propose l’exil, en Malaisie. J’ai sauté sur l’occasion, car j’avais envie d’améliorer mon niveau de vie et celui de ma famille ». Un choix qui s’est finalement avéré payant : en deux saisons en Malaisie au PKNS et Negeri Sembilan FA (70 matches, 46 buts), il est transféré en Indonésie. Ici, en 19 matches, il inscrira 17 buts avec le Persatuan Sepakbola Bandung.

Les performances de Christian Bekamenga en Asie ont fini par parvenir à Martin Ndtoungou Mpilé, le coach de l’équipe nationale espoir à cette époque-là. Régulièrement convoqué chez les moins de 23 ans, il deviendra le principal artisan du sacre des Camerounais aux Jeux africains «Alger 2007» et de la qualification pour les Jeux olympiques de Beijing 2008. «Nous avions une très bonne équipe, mais nous sommes tombés en 1/8ème de finale sur le Brésil», reconnait-il.

Qu’importe, ses performances, tant en club qu’en sélection, vont lui ouvrir les portes de l’Europe, via le FC Nantes, qui l’acquiert en janvier 2008. C’est là, que la carrière de Bekamenga prendra un tournant inattendu. Promis à exploser, notamment sur la base d’une première saison réussie dans l’élite française (5 buts en 27 rencontres sur la campagne 2008/2009), le Camerounais va néanmoins être stoppé dans sa progression par la maladie. Une maladie cardiaque congénitale, qui ira jusqu’à remettre en cause la suite de sa carrière. «Pendant ces moments très difficiles, j’ai pensé à mon épouse Marguerite, qui me soutient depuis mon enfance, à nos deux merveilleux enfants (Durel et Megane) et à ma mère, et je me suis dit : « je dois m’en sortir, par la grâce de Dieu » ».

Une opération et trois mois de récupération plus tard, il reprend la compétition avec les Canaris, cette fois en Ligue 2. Mais un mauvais choix va venir contrarier la suite. «Avec le recul, mon choix de partir en Grèce, au Skoda Xanthi ne fut pas judicieux. C’est la plus grosse erreur que j’ai commise dans ma carrière. » Loin des siens, Bekamenga ne parvient pas à s’adapter à son nouvel environnement. « Je suis attaché à ma famille, pour que ça marche, il faut que j’aie mes proches autour de moi. En Grèce, on ne parlait pas français, et les dirigeants du club ne parlaient pas anglais non plus, ce qui était aussi le cas en Asie. C’était très difficile pour moi, je ne suis pas parvenu à m’adapter ». Dès lors, l’attaquant s’est retrouvé confronté à une nouvelle difficulté : celle de convaincre un club de lui accorder une nouvelle chance.

Bekamenga, avec son épouse, (au centre), première supportrice
Journalducameroun.com)/n

En écoutant son conseiller, Bernard Collignon, il consent à recommencer plus bas. Plus bas, c’est Orléans, et le National, l’équivalent ailleurs de la troisième division. Une saison timide, un transfert à Carquefou, et là, enfin, intervient la renaissance. Il plante (17 buts en 33 matches) et s’offre un strapontin pour l’échelon supérieur, à Laval, où il fait aujourd’hui preuve de la même efficacité, lui qui est le meilleur réalisateur de Ligue 2 avec 18 buts. A Laval en ce moment, Bekamenga est une véritable star. Tant au stade, où les supporters de Laval, n’ont cessé de demander au reporter camerounais si Bekamenga ira en Coupe du monde, que dans les rues du chef-lieu du département de la Mayenne, où à bord de son 4 X 4 Land Rover, il est incessamment sollicité pour les photos et les autographes.

Mieux, les performances de l’ancien joueur d’Impôts de Yaoundé attirent vers lui de nombreux clubs d’élites, autant bien en France qu’à l’étranger. Les nombreux appels des recruteurs de clubs viennent quelques peu jeter le trouble dans l’esprit de l’enfant de Nkol-Bisson, en ce moment: «Je ne sais pas pourquoi c’est moi qu’on appelle. Ils connaissent bien mes agents. Je suis concentré sur la fin de saison. Il faut absolument que Laval se maintienne. A la fin de la saison, avec mes agents, nous analyserons toutes les propositions. Je veux prouver en Ligue 1, avant de penser de nouveau à l’exil. Le coup de fil qui m’a bien fait plaisir ces derniers temps, c’est celui du team manager des Lions, Rigobert Song. Il m’a dit : «on te suit, il faut continuer». De quoi faire rêver Bekamenga.

Bekamenga, L’ultime espoir de Laval
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