Ngaoundéré, quand prendre le train devient un casse-tête chinois
Il y a de cela une semaine que nous avons emprunté le train camrail à destination de Ngaoundéré. Un véritable parcours du combattant, à quelques jours seulement de la rentrée académique 2009/2010 à l’Université de Ngaoundéré. Il est 16 heures ce samedi 30 septembre lorsque nous arrivons à la gare voyageurs d’Elig-Essono à Yaoundé. L’affluence est à son paroxysme. A l’extérieur, taximen et moto-taximen arrivaient par dizaines pour déposer leurs clients aussitôt assaillis par les chargeurs vêtus de chasubles de couleur verte ou rouge. Plus à l’intérieur, la salle d’attente est noire de monde. Une véritable marrée humaine dans laquelle se frayer un passage n’est pas du tout aisé. Ceux qui avaient déjà leur ticket de transport étaient assis à même le sol, les plus chanceux sur quelques bancs qui se trouvent dans le grand hall de la gare, d’autres encore sur leurs bagages pendant que les retardataires cherchaient désespérément à avoir accès au guichet pour se procurer un billet »debout ». L’air était surchauffé et les cris de quelques bébés sur le dos de leurs mères le témoignait à suffisance. Et c’est justement dans cette ambiance surchauffée faite de bousculades que les pique-pockets se dissimulent pour dépouiller les voyageurs. Aux environs de 17 heures, la locomotive fait son apparition et une voix de speakerine fend l’air pour annoncer l’heure de départ du train. Quelques minutes plus tard, les grilles s’ouvrent pour l’embarquement des passagers. C’est la débandade totale, la bousculade, de véritables échauffourées. C’est le moment idéal que tous les »soutireurs » attendent pour accomplir leur salle besogne. Portes monnaies éventrés, mèches arrachées des têtes de femmes, vol ou confusion de bagages.
A l’intérieur même du train, c’est tout un autre scénario. Les bagages sont empilés à l’entrée des wagons, bloquant par là même la bonne circulation des voyageurs. Les passagers et les bagages se côtoient allégrement, les uns se confondent aux autres, lorsque ce n’est pas un même numéro de siège qui a été attribué à plusieurs passagers, c’est parfois un billet debout qui a été attribué à un passager à son insu et au même prix. Et l’on se demande bien comment pourrait-on voyager debout durant toute une nuit de Yaoundé à Ngaoundéré ?
A 18 heures, la voix de notre speakerine s’élève une fois de plus pour annoncer que le départ du train initialement prévu à 18 heures 20 aura plutôt lieu à 22 heures. Ce qui provoque quelques grincements de dents et des éclats de voix parmi les voyageurs. A 22 heures comme annoncé plus tôt, la locomotive s’ébranle en direction de Ngaoundéré, et c’est là le début d’un véritable calvaire qui a duré toute une nuit et dont le dénouement n’aura finalement lieu que le lendemain aux environs de 17 heures, heure à laquelle nous arrivons finalement à la gare terminus de Ngaoundéré. Dieu merci pour nous, il n’y a pas eu de déraillement ce jour là. C’est ça le train train quotidien des voyageurs qui empruntent le train CAMRAIL en provenance ou en direction de Yaoundé. Alors, s’il vous arrive un jour de faire ce parcours du combattant, armez-vous de beaucoup de patience et de courage, priez tout simplement pour que les choses se passent bien.