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Réponse aux prétendus sorciers du savoir absolu (Fin). Par Shanda Tonme

«Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga, apprenez à vous taire parfois!» D - Des évidences prémonitoires et troublantes Anti colonialiste,…

«Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga, apprenez à vous taire parfois!»

D – Des évidences prémonitoires et troublantes
Anti colonialiste, anti blanc, anti impérialiste, panafricaniste, on veut bien avaler tous ces qualificatifs d’une campagne de champ de guerre que l’on découvre et déroule après une défaite électorale sans appel. Quelques évidences nous préparent à bien comprendre la mécanique :

Première évidence : très peu de temps avant le l’ouverture officielle de la campagne, Laurent Gbagbo a tenu à refaire son image et ses relations avec la France. C’est ainsi qu’est reçu à grandes pompes à Abidjan accompagnée d’une forte délégation des proches du président français, monsieur Claude Guéan, le très puissant secrétaire général de l’Elysée. Vrai ou faux ?

Deuxième évidence : après Claude Guéan, ce sera le tour de Jack Lang, le très médiatique haut dignitaire du parti socialiste français. Gbagbo en prostitué rompu, va se pavoiser avec ce cher ami de l’international socialiste à travers les rues et les lieux symboles du pays. Vrai ou faux ?

Troisième évidence : La stratégie communicationnelle de la campagne du candidat Gbagbo a été conçue et élaborée en France, par des sociétés spécialisées proches du parti socialiste français. Vrai ou faux ?

Quatrième évidence : Le FPI de monsieur Laurent Gbagbo avait-il oui ou non des représentants dans tous les bureaux de vote ?

Cinquième évidence : Les arrangements relatifs à la publication des résultats prévoyaient que ceux-ci seraient annoncés au fur et à mesure par chaque bureau de vote le soir même des élections. Qui a empêché qu’il en soit ainsi, sinon monsieur Gbagbo ?

Sixième évidence : pour prévenir tout débordement et pour garantir la confiance mutuelle, mille cinq cent hommes des troupes de l’armée de Gbagbo avaient été envoyé au nord et vice versa. Au soir du premier tour comme du deuxième, aucun incident majeur n’avait été signalé par les troupes des deux côtés, et aucune provocation à l’endroit des uns et des autres n’avait eu lieu. Vrai ou faux ?

Septième évidence : c’est le haut représentant de l’ONU qui a certifié les résultats du premier tour, et ce conformément aux Accords. Vrai ou faux ?

Huitième évidence : Le total des voix réalisé par la coalition des houphouétistes au premier tour, ajouté à quelques autres même insignifiants des autres candidats anti Gbagbo, dépassait très nettement la majorité absolue, et de toute façon supérieure à 54%. Vrai ou faux ?

Neuvième évidence : L’ancien président de la république Konan Bédié, arrivé en troisième position, a clairement appelé à voter pour Ouattara, selon l’accord politique conclu avant le premier tour, et c’était suffisant pour la victoire, selon tous les calculs, y compris les plus pessimistes. Vrai ou faux ?

Onzième évidence : Laurent Gbagbo a accepté lors du débat avec Alassane Dramane Ouattara à la veille du deuxième tour, qu’il se plierait au verdict des urnes. Vrai ou faux ?

Douzième évidence : C’est le représentant de Laurent Gbagbo qui a empêché la proclamation des résultats du second tour par la Commission électorale dans les délais. Ses sbires avaient en effet envahi le siège de la Commission, brutalisé les journalistes, malmené certains membres de la commission. Le monde entier a pu voir un représentant de Gbagbo arracher et froisser les documents portant les résultats que le porte-parole de la Commission s’apprêtait à lire. Vrai ou faux ?

Treizième évidence : A la veille du deuxième tour, Laurent Gbagbo, conscient de sa défaite certaine, avait, dans ses plans contingents de confiscation du pouvoir, décrété l’institution du couvre feu, malgré l’opposition de son premier ministre, des partenaires internationaux, et des observateurs. Le pouvoir croyait entre autre, décourager les électeurs, les effrayer, les empêcher de sortir pour aller voter. Vrai ou faux ?

Quatorzième évidence : Le conseil constitutionnel a, en violation de la substance des accords, en violation in extenso des propres textes ivoiriens qu’il prétendait incarner, en violation de toute logique juridique ainsi que de toute éthique morale dans un tel contexte, jugé les faits, ce qui ne relevait ni de ses compétences ni de ses attributions. Vrai ou faux ?

Quinzième évidence : Dans le droit international positif, les accords et conventions émettent à l’endroit des Etats, des obligations qui transcendent toute disposition légale ou règlementaire interne. En somme, aucun organe interne, fut-ce le conseil constitutionnel, ne peut avancer une prétention de prééminence face aux obligations de droit internationales librement souscrites par l’Etat. Les instruments internationaux dont il est question, sont d’autant plus contraignantes pour l’Etat, que leur validité et leur valeur juridique, sont dépendants de la ratification, acte suprême par lequel, la plus haute personnalité de l’exécutif, exprime, signifie, magnifie et consacre, l’acceptation, le consentement et la volonté de son pays, d’être lié. Vrai ou faux ?

E – Engageons maintenant le débat sur vos réflexions
D’abord, il est très important, de rappeler, pour votre gouverne propre et pour celle de vos adeptes, que je vous voue une admiration et un respect jamais démentis, du reste mérité. Vous incarnez un exemple de ce que l’Afrique a produit comme génie des sciences et des lettres, depuis que les maîtres pensants du monde, par ailleurs conquérants incontestables de la planète, des mers et des océans, ont ouvert les portes de leurs académies à ses fils et filles. Pour cela, je me suis toujours voulu prudent de ne pas répondre avec agitation, à quelques unes de vos multiples sorties. J’avoue ici la faiblesse de l’homme, la soumission à des penchants villageois rétrogrades, ces attitudes qui nous causent tant de torts aujourd’hui. Ensuite, c’est avec votre permission implicite, car offensé dans la force de mes principes, et frustré de vous voir jouer aussi imprudemment avec le socle de quelques vérités et partant les repères de quelques espérances, que j’ai vraiment pris la plume, pour sonner une forme de libération, une fin de recréation. J’estime, et beaucoup d’Africains avec moi, que notre destin commun est plus que jamais menacé, et notre dignité collective plus que jamais souillée, à travers ce qui se passe en Côte d’Ivoire. C’est dont en homme libre, et citoyen dégagé de toutes les contraintes amicales, fraternelles, villageoises et matérielles, que je m’exprime et vous invite au débat.

Voyons, il m’a semblé, en vous lisant, que vous saisissez l’occasion de ce qu’il est convenu de nommer la crise en Côte d’Ivoire, pour vous imposer en ultimes moralisateurs. Vous menez tambour battant, une juste gymnastique didactique sur ce que devrait être la démocratie en Afrique, avec ses repères éthiques et ses valeurs contextuellement modélisés. En somme, vous en êtes, à partir d’une lecture que vous voulez globale, à reposer le problème de modèle social et politique. Mais que se passe-t-il donc vraiment dans votre tête ? Il n me souvient point, durant la longue saignée de la Côte d’Ivoire depuis bientôt deux décennies, que quelqu’un de vous ait pris son temps, sa plume, son outil d’action, pour se pencher sur cette situation. Les drames se succèdent et se mettent en place chaque jours dans ce pays, avec au centre, Laurent Gbagbo comme moteur principal, pilote de l’apocalypse, et sans que vous ne soyez ni alertés ni inquiétés. Mais quel crédit entendez vous faire prévaloir, quand on ne vous entendu ni sur les charniers de Youpougon, ni sur les turpitudes de la notion abjecte, cruelle, criminogène et blasphématoire de l’ivoirité ? Il faut dire, redire, et le graver définitivement, que la querelle des modèles est dépassée depuis fort longtemps. Mais n’êtes vous pas donc au courant de la chute du mur de Berlin et de la réunification de l’Allemagne ? Je crois que vous êtes au moins au courant, que la Chine qui cheminait avec nous dans les années 1970 dans les dénonciations virulentes de l’impérialisme, de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, est devenue la deuxième puissance économique du monde ? J’espère que vous avez entendu parler du Brésil de Lula, pays qui dénonçait avec nous le colonialisme dans toutes les assemblées, mais qui en deux décennies, a sorti le tiers de sa population de la pauvreté ? Vous en êtes donc toujours à une vision passéiste, à une réflexion bloquées dans les temps anciens et sur des images et des croyances anciennes, alors que le monde a inventé la téléphonie mobile et internet. Mais à quoi voulez-vous destiner l’Afrique, en usant de prétextes de paresseux et de jaloux incapables de s’arrimer aux mutations décisives qui sont e train de transformer le vécu quotidien de l’humanité ? L’invention du discours revendicatif fait certes partie du discours révolutionnaire pour la nécessaire quête permanente de mutations dialectiques dans l’optique d’une amélioration constante de la cité, mais chez vous, nous en sommes à autre chose.

Tenez donc, vous qui vivez loin de notre terroir, vous qui écrivez parfois sur le manioc en vous postant dans les cafés de Paris, Washington, et Londres, vous qui ne pouvez pas, j’en suis certain, connaître le prix du régime de banane plantain à Douala, ni le nombre de pays Africains qui produisent effectivement le manioc, n’avez-vous pas remarqué ce que fait la Corée du sud ? J’attends toujours de voir la marque de téléphone qui aura été produite à Dakar, Kampala, Kinshasa ou Lomé, par des gens comme vous revenus en Afrique pour investir leur intelligence. C’est dommage que cela tarde trop, et je crains que vous ne remontriez votre bout de nez ici, que lorsque vous aurez perdu la force de travail, c’est-à-dire au moment de votre retraite. Le monde avance, et vous en êtes donc à pleurnicher, pleurnicher, accuser, accuser, accuser, et accuser, toujours accuser. Mais chers amis, il me semble que nous sommes dorénavant, en présence d’un lourd dilemme, celui de votre trouble profond à cause de votre incapacité à gérer vos propres contradictions internes cruelles. Voulez-vous venir ici travailler à changer l’Afrique, à appliquer les modèles flous dont vous si bien pétris en théorie ? Désirez-vous au contraire, continuer cette agitation stérile à distance qui trouve dans de vieux discours accusateurs, un fond de commerce plutôt maladroit ?

Lorsque vous n’êtes pas en mesure, dans une situation comme celle qui prévaut en Côte d’Ivoire, de désigner clairement le camp fautif, le camp coupable, l’auteur de la misère et des souffrances des populations, vous n’emportez plus notre conviction sur votre sérieux, sur votre disponibilité ou sur votre qualification dans la quête de dirigeants salvateurs pour le continent. Jouer avec la vérité, avec les principes, là où des individus ont voulu utiliser la discrimination et l’exclusion ethnique à des fins politiciennes sanglantes, relève d’intentions criminelles. La Crise en Côte d’Ivoire ne met pas en face des voleurs de b ufs et des voleurs de poules, comme l’un de vos Dieux a cru schématiser. La crise en Côte d’Ivoire pose le problème fondamental du respect des principes, de la parole donnée, de l’honnêtété. Il n y a pas et il n saurait y avoir, de principes démocratiques applicables à l’Afrique, et d’autres applicables à l’Europe, à l’Asie ou à l’Amérique. Votre discours spécificateur, préfigure des méthodes de gestion sociale dangereuses dont on souvient des ravages dans un passé pas très lointain, sous l’empire des affirmations d’authenticité.

L’Afrique n’a pas besoin de moralisateurs lointains, ni de génies omniscients. L’Afrique a besoin de travail et de détermination, de lucidité et d’engagement résolu pour sortir de sa triste situation, laquelle ne doit pas tant aux autres, contrairement à vos thèses rétrogrades. La rencontre de l’Afrique et de l’Europe a tourné au désavantage de la première, parce que certainement celle-ci était moins bien préparée, moins bine outillée, moins bien rusée. Il y a déjà plusieurs siècles que cela a eu lieu, et nous aurions du déjà du, à ce jour, en tirer toutes les conséquences. Lorsque votre fils a été tabassé par son camarade à l’école, vos devez le préparer pour que cela ne se produise plus, et non pour qu’il passe sa vie à détester, à jalouser et haïr le dit camarade. Voulez-vous vraiment passer par des séances de psychanalyse pour vous refaire, pour replacer dans une dynamique positive, pour monter dans le train du monde ? Mais qui donc vous interdit de rentrer dans votre pays pour y créer une scillicon valley ? Plus que jamais, l’Afrique vous attend pour participer sur place à la réussite de sa révolution. C’est ici, sur la terre d’Afrique, que cette révolution devrait et mériterait d’être conduite, et non sur les ondes des radios internationales, sur les sites internet, dans les salons cossus de quelques capitales lointaines où l’on n’entend, ni les gémissements des misérables Africains qui crèvent faute de traitement de paludisme, faute d’un bout de pain, faute d’un toit, ni les plaintes des milliers qui crient leur colère, face aux abus sévères, des préposés subalternes de l’Etat autocratique.

Et puis, dans votre expansionnisme intellectuel attentatoire à la vérité des faits en Côte d’Ivoire, évitez de dévoyer le très précieux idéal du panafricanisme, par la confusion à laquelle vous vous laisser aller, entre quelques saltimbanques assoiffés de pouvoir absolu comme Gbagbo, et ses honnêtes promoteurs que sont les Nkrumah, Nyerere, Lumumba, et autres. Faites vous plus méthodiques, plus réfléchis, plus raisonnablement impliqués sur le terrain des réalités objectives, et moins spectaculaires. Ce qui est en cause, n’est pas la promotion d’une marque de savon dont vous seriez fabricant et distributeur saisonnier. Ce qui est en cause, c’est fondamentalement et profondément l’Afrique et les Africains face aux exigences d’un monde qui va vite, change vite, se transforme vite, et n’attend pas les cancres, les paresseux et les pleurnichards. C’est le nombre de kilomètres d’autoroute et le nombre de familles ayant accès à l’électricité et à l’eau courante, qui servent de référence pour la considération des nations, et non la coloration de l’ethnie qui gère le pouvoir. C’est le seuil de rentabilisation et d’implication des intellectuels dans le processus concret de développement de leur société qui constituent le premier critère de considération et de crédibilité de ceux-ci, et non le nombre de conférences, de déclarations, de diatribes, de versets inutilement moralisant et de critiques purement académiques. Gbagbo a perdu dix précieuses années à la Côte d’Ivoire, uniquement et seulement parce qu’il entendait barrer la route du pouvoir par tous les moyens à un certain Alassane Ouattara plus populaire, mieux préparé, plus expérimenté, et mieux outillé. Qu’il dégage, il a perdu les élections.

Enfin, puisque vous séjournez depuis si longtemps chez les blancs, en Occident, et que vous avez eu suffisamment le temps de les espionner, de les comprendre, de découvrir pourquoi ils sont comme vous le laissez croire, la source des malheurs de l’Afrique, vous pouvez maintenant proposer des solutions pratiques pour les contrer, pour nous libérer définitivement de leur joug. Venez donc les appliquer sur place en Afrique. On compte sur vous pour en finir. Et puis, pourquoi n’irions-nous pas coloniser à notre tour l’Occident, maintenant que vous avez assez de génie, de vision, et de capacité prospective ? Ce serait bien dommage que vous ne fassiez rien. En tout cas, à défaut de cette démarche, et à défaut d’avoir le courage de lire, d’exprimer et d’indiquer la vérité sur la situation en Côte d’Ivoire, il faut apprendre à vous taire parfois. C’est une injonction./.

Shanda Tonme