«Messieurs Achile Bembé et Célestin Monga, apprenez à vous taire parfois!»
B – Le phénomène Gbagbo ou le boulanger impitoyable et roublard.
La Côte d’Ivoire à la tête de laquelle s’installe accidentellement Gbagbo, est déjà une gosse hypothèque. Le peuple célèbre la victoire, même étriquée d’un vieil opposant qui de surcroît, a du batailler dur contre un général devenu chatouilleux avec le pouvoir et ayant oublié sa promesse de balayer juste, et de s’en aller. C’est en réalité une célébration empoisonnée, puisque dans ce contexte, le problème de l’exclusion de Ouattara a ouvert une plaie béante. Mais à propos de plaie de béante, c’est en fait le dévoiement d’une stratégie cruelle de conservation du pouvoir par tous les moyens, qui s’exprime et s’exhibe. Le professeur d’histoire va se révéler un des pires exclusionnites et révisionnistes que l’on n’ait jamais vu en Afrique. C’est lui qui, déployant des trésors d’astuces et de malveillance, va enfoncer le clou de la division, renforcer les instituions de la marginalisation, et engager l’administration publique dans un sectarisme sans pareil. L’incompréhension est à son comble et le pays ne tarde donc pas à s’installer dans la crise, la guerre et un blocage évident. Le soulèvement du nord à travers le déclenchement de la lutte armée, a mis tous les partenaires internationaux en émoi et contraint les principales institutions diplomatiques à s’impliquer. La France quant à elle, et de concert avec les dites institutions, a d’abord pris les mesures qui s’imposaient éviter un changement brutal du pouvoir à Abidjan. Gbagbo est ainsi sauvé de justesse par les troupes françaises qui bloquent les rebelles aux portes d’Abidjan. La partition du pays e deux est consommée. Des négociations de toutes les formes et dans tous les sens peuvent se commencer.
La première initiative importante est la conférence de Marcoussis en territoire français. De mémoire d’internationaliste, rarement conférence internationale dans le cadre des efforts de paix, a été porté à bout de bras par autant d’institutions diplomatiques prestigieuses. Outre les différents acteurs de la crise ivoirienne, la conférence est parrainée et suivie de près par l’ONU, l’OUA, l’Union européenne, la CEDEAO. L’accord qui est issu de Marcoussis, est le symbole de tout ce qu’un pays en crise souhaite, et reprend dans toutes ses grandes lignes, tout ce que les militants et autres apôtres des conférences nationales ont de tout temps souhaité en Afrique:
– Gouvernement de transition impliquant toutes les parties
– Rédaction d’une nouvelle constitution excluant la notion d’ivoirité
– Mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois
– Election présidentielle à deux tours
– Participation de tous les candidats sans exclusive
– Commission électorale nationale indépendante
– Commission d’enquête sur les crimes commis de tous les côtés
– Commission réconciliation et vérité.
Mais coup de théâtre, une fois que Gbagbo est de retour à Abidjan, il dénonce les accords, traite tout cela de colonialisme et d’impérialisme, orchestre des manifestations et des marches de protestation immenses où l’on reprend les thèmes vengeurs contre la France, contre Jacques Chirac. On a vite oublié que ce sont les troupes françaises qui ont sauvé le régime. Les partenaires internationaux sont tout simplement stupéfaits, dépassés, pendant que les forces nouvelles menacent et dénoncent encore plus violemment. La délicatesse de la position française, a conduit à une implication déterminante de l’ONU. Le Conseil de sécurité a en effet décidé d’une force d’interposition qui a pris en charge le plus lourd fardeau des efforts de paix. En fait, Gbgbo est conscient de ce que tout ce qui va dans le sens de la transparence, veut dire pour lui perte de pouvoir. Alors il faut gagner du temps, distraire tout le monde, mener les partenaires en bateau. C’est le général Guéi qui trouvera les mots justes pour le qualifier et payera cette audace de sa vie. Gbagbo, dit le regretté officier supérieur, va vous rouler tous dans la farine. Les Accords se succèdent et se ressemblent, parce que d’un accord à un autre, le leader du FPI reste de marbre, roublard, rusé, arrogant à souhait, surfant sur un militantisme attrape nigaud qui enflamme les esprits faibles et quelques piètres intellectuels en mal de diatribes depuis l’échec retentissant des conférences nationales et la résurgence des présidents à vie. Il y aura Accra I, Accra II, Ouagadougou I, II, III. Mais le comble, c’est l’invention des complots à tout bout de champ, pour éliminer ses potentiels adversaires politiques devenus des ennemis jurés. Gbagbo peut compter sur une milice sanguinaire impitoyable à deux têtes. L’une représentée par son insatiable et remuante épouse Simone, et l’autre par l’agitateur estudiantin devenu tueur Blé Goudé. Les tralalas aboutissent un temps à un semblant de conférence de réconciliation qui permet des espoirs vite noyés dans la boulimie pouvoiriste du clan impitoyable. La grande messe qui se réunit à Abidjan, jouit d’un écho international sans égal. La paix est en jeu, et l’avenir de toute la sous région est en cause. Tout le monde joue très gros sur la Côte d’Ivoire. Ici, c’est le franc parlé qui domine, du moins le croit-on vraiment. Pourtant, c’est à cette occasion que l’on croyait être l’instant de vérité et de consécration de la survie de tous, que le pauvre Guei, devenu depuis président d’un parti politique, l’UDPDCI, va signer son arrêt de mort. En effet le Général se croyant ou se sentant vraiment en famille, n’a pas conscience de la flamme criminelle et vengeresse qui brûle dans l’âme de l’homme Gbagbo.
| |||
Général Guei |
Mais Guei n’est pas la seule cible que l’on a programmé d’éliminer parce qu’il en sait trop. Ouattara est un autre témoin gênant, car entretemps, versé dans un repentir et une recherche de purification, le Général a fait des confidences sur leur deal avec Gbagbo à bien des gens. Tous ceux-là doivent disparaître, selon la logique impitoyable de condamnation à mort de tous les témoins d’un crime. Ouattara est encore plus gênant et il suffira de profiter d’un relatif désordre arrangé avec professionnalisme, pour en finir avec lui. Le patron du RDR ne devra son salut qu’à un dernier réflexe de survie qui l’amène à fuir son domicile juste avant l’arrivée des tueurs à gage qui ne le trouvant pas, mettent tout à sac et laissent le carré en fumée. Dès lors, et sentant sa vie menacée d’autant plus que le slogan TSO (tout sauf Ouattara est ventilé à coup de millions de CFA dans une presse aux ordres de l’argent détourné du cacao), l’ancien Directeur général adjoint du FMI est obligé de s’expatrier et d’élire momentanément domicile à, l’étranger. Rien n’arrête plus Gbagbo, et chaque jour qui passe, le renforce dans sa conviction de confiscation du pouvoir qui exclu tout compromis, et partant tout accord de paix véritable pour une sortie de crise effective pour le pays. Les incidents de l’hôtel ivoire lui donnent une occasion rêvée pour agiter la flamme nationaliste et jouer les gardiens de la dignité. Ces incidents très graves, les enquêtes le prouveront par la suite, sont pourtant instrumentés par les milices du régime conduites par l’homme de main Blé Goudé. Ce sont elles qui s’élancent contre un détachement des troupes françaises coincées et contraintes de riposter face à une foule surexcitée dans laquelle se cachent des hommes armées.
Gbagbo trouve alors sur le marché de la contrebande entretenue par les trafiquants des anciennes républiques de l’URSS devenues de véritables électrons libres dans les relations internationales obscures et mafieuses des armes, une nouvelle force, des moyens, des pilotes, et des mercenaires. Voilà, il ne tarde pas à s’en servir pour faire monter le niveau de tension, faisant des victimes au sein des forces françaises. Paris ripostera de façon sévère, en anéantissant une grande partie de cette piètre quincaillerie, que le maître manipulateur a utilisée comme un gamin jouant avec des allumettes. C’est le sommet de la colère factice, celle qui lui permet maintenant du colonialisme français. Dorénavant, il trouve la bonne excuse pour ses dérobades à propos des accords signés mais jamais respectés. Son régime aurait tourné le dos aux entreprises françaises et ce serait la raison pour laquelle, il est attaqué. Bêtement, et sana tenir compte qu’il s’agit d’un pays où plus 65% du PNB est formé par les entreprises françaises qui emploi presque six ivoiriens sur dix, quelques écervelés en Afrique croient à ce discours. Mais Gbagbo va plus loin, en achetant plusieurs directeurs de publication sur le continent, pour défendre sa cause et populariser son mensonge. Des charters sont organisés à Abidjan, avec tous frais payés et séjours dorés où le maître en personne, reçoit ses messagers. Le retour sera gagnant, car sans attendre, la presse du continent change de ton, et l’on voit des propagandistes pro Gbagbo fleurir partout. Le fond du problème, l’origine de la crise, n’est même plus évoqué.
A suivre C- L’Ultime Accord négocié en Afrique du Sud et la mise en uvre du mécanisme du Chapitre VII de la charte de l’ONU relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationale
