Le 1er octobre 1960, les deux Cameroun, anglophone et francophone, se réunissaient. Cette année devait être célébré le cinquantenaire. Mais rien n’a eu lieu… Pour le moment !
Ce lundi 1er octobre, jour de célébration de la réunification, est apparu comme un jour ordinaire pour le commun des camerounais, vivant dans la partie francophone du pays. Il y a 50 ans pourtant, c’était un grand jour de fête au Cameroun. Au prix de longues négociations, Ahmadou Ahidjo le premier président de la partie francophone du pays, réussissait à convaincre son homologue anglophone John Ngu Foncha de l’utilité de se mettre ensemble pour ne faire qu’un. Pourtant le Président de la République, dans son discours de fin d’année à la nation, avait annoncé des célébrations dès que possible et un comité d’organisation avait été mis en place. Le Président Biya parlait de donner toute la dignité et la ferveur à cette célébration. Il indiquait que la réunification a été le premier pas de la nation camerounaise dans la construction de son unité : Je voudrais dire que le cinquantenaire de notre Réunification, intervenue comme vous le savez le 1er octobre 1961, sera célébré avec toute la solennité nécessaire. Seule la concomitance de la date de l’anniversaire de cet évènement historique avec celle de l’élection présidentielle nous a empêchés de le commémorer au moment où nous l’aurions souhaité. Il le sera dès que possible, à Buea, avec toute la dignité et la ferveur voulues, car nous ne devons jamais oublier que la Réunification fut le premier pas de notre Nation vers son unité faisait savoir Paul Biya.
A Yaoundé où on retrouve le monument de la réunification, aucune activité n’a été menée, pas de levée spécial de drapeau, en somme un jour ordinaire pour de nombreux camerounais. Les échos de la réunification sont venus comme à l’habitude, du côté de la région du sud-ouest. Selon les médias qui rapportent les faits, un groupe de près de 100 personnes se trouvant dans une église a été encerclé par la police : Nous avons été mis aux arrêts le matin. Nous étions en train de prier lorsque les policiers sont arrivés. Dans un premier temps, ils ont quadrillé l’église. Nous avons continué de prier. Par la suite, des cars de police sont arrivés et sans nous faire prier, on nous a embarqué comme des voleurs de grands chemins. Arrivés à la police judiciaire, nous avons été contraints d’apposer nos empreintes digitales sur du papier. Il nous est revenu que les ordres sont venus de Yaoundé. Tout ce que nous voulons c’est de manifester en toute quiétude, indique Emmanuel Ndong du bureau du Southern Cameroon National Council (SCNC), selon une information rapportée par le journal Le Messager. Au sein de la police, on assure que le renseignement a marché et que l’église était un subterfuge. Une marche devait suivre par la suite. Le rituel ne varie pas des autres années.
Les partisans du Southern Cameroon National Council choisissent le 1er octobre pour manifester surtout leur désapprobation de la réunification. Ces manifestations sont régulièrement interdites par le gouvernement. Les historiens affirment que la protestation tire ses origines des fondements même de la réunification du Pays. En 1961 lorsque l’ancien président Ahmadou Ahidjo du Cameroun francophone et son homologue John Ngu Foncha du Cameroun anglophone signent l’acte de réunification, les deux hommes ne s’étaient pas accordés sur la même vision du fédéralisme. Foncha aurait accepté la fédération tout en pensant à une confédération où Buea jouerait véritablement le rôle de capitale d’un Cameroun occidental suffisamment autonome. Ahmadou Ahidjo, quant à lui, acceptait la fédération tout en considérant qu’elle n’était qu’une étape vers un État unitaire où Yaoundé deviendrait la seule et véritable capitale du Cameroun. Bien que non officiellement reconnu, Le Southern Cameroon National Council se veut être un mouvement politique qui prône la sécession du Cameroun anglophone et la création de l’état indépendant d’Ambazonie, du nom de l’ancien territoire du Cameroun occidental. C’est depuis 1999 que le SCNC commémore chaque année ce que ses dirigeants appellent le jour de la grande tristesse. Le gouvernement a toujours interdit et réprimé ces manifestations, mais se déclare ouvert au dialogue pacifique et fraternel.