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Ricky James: Le chanteur accidentellement francophone d’inspiration africaine

Après "Kora Kola" sorti en 2006, le chanteur très célèbre au Canada livre cette année son tout nouvel album Plus…

Après « Kora Kola » sorti en 2006, le chanteur très célèbre au Canada livre cette année son tout nouvel album

Plus fort, plus emportant
Le son doux rappelle les ambiances et les couleurs urbaines des grandes villes africaines. Fidèle à son label, la musique n’a de francophone que les paroles. Le mélange parfois très rythmé ou très posé des percussions et des sons acoustiques plonge celui qui l’écoute dans un univers de plénitude absolue. Avec des textes très incisifs, Ricky-James invite ses fans et ceux qui ne le connaissent pas à un nouveau rendez-vous avec les contradictions de l’africain moderne. Ses chansons nous interrogent sur notre époque, sur la place qui est la nôtre. Des grands noms de la composition et de l’arrangement l’accompagnent. Mokhtar Samba, Amrat Hussain, Wilfrid Etoundi, Robin Vassy, Ben Lecomte et Sébastien Rambaud, parmi de multiples talents ont contribué à renforcer ce nouveau métissage. Fortement recommandés, les titres Sanaga, il ne dépend pas de nous, ou encore tectonique des Black. Mais le message est plus profond et plonge celui qui écoute au c ur de sa personnalité.

Un pur camerounais d’origine
De son vrai nom Ricky James Guifo Fotso, ce chanteur camerounais a eu un parcours plutôt atypique, un peu éparpillé, un poil brouillon diront certains. En réalité bien avant d’être transformé par la musique, il avait cultivé longtemps un goût poussé pour le labyrinthe. Naissance à Yaoundé (le 27 juin 1969) où il vit jusqu’à ses 19 ans. Pas très en harmonie avec les études, il leur préfère le basket et sera champion junior du Cameroun en 1987. Résultat, il rate par deux fois son Baccalauréat. Il est alors sorti du Cameroun par ses parents vers Toulouse en France, où il est stagiaire journaliste à La Dépêche du Midi. Obtention du Bac en candidat libre et inscription à la Fac de Droit, puis d’histoire, où il ne met jamais les pieds puisqu’il s’intéresse à tout sauf à ces disciplines. Il s’essaie en philosophie et sociologie. Il crée deux journaux universitaires: Négropolis, puis Papyrus. Après six années passées à Toulouse, il déménage à Grenoble, puis à Albertville, où il commence l’aventure Vote Graduel. C’est sa rencontre avec Mourad Rouabah qui le décide à médiatiser son travail de recherche. S’en suivent conférences et séances de travail à l’Assemblée nationale et au Sénat ainsi qu’une petite campagne de presse. Il est par ailleurs animateur d’un Café Philo à la même époque.

Un parcours des dieux
Cependant, il manifeste un intérêt grandissant pour la musique. Et cela prend la forme de Soul Divine (2000), un premier groupe avec sept musiciens, qui aboutit à la réalisation d’un CD de sept titres et quelques concerts. Il participe également à l’organisation de différents événements musicaux autour d’Albertville. Il rejoint Mourad à Chambéry (fin 2000), rencontre Anis, bassiste de son état, pour créer, en juin 2001, le groupe Cépadupipo. Ce groupe marque le début d’un engagement inconditionnel. Ils expérimentent un mélange de World Music et chanson française. Déjà Ricky-James écrit et compose l’essentiel du répertoire et le groupe connaît une ascension fulgurante au point de représenter la France lors d’un festival international de musique à Bizerke en Tunisie. Le départ d’Alexandre (guitare) entraîne un recentrage africain de la musique de Cépadupipo. Mais la difficulté de vivre de cette expérience a fini par avoir raison des efforts des membres du groupe. Il est accueilli comme auteur et interprète au sein du groupe La Louma.

Mélange de conte et d’ambiance africaine avec des instruments modernes
Les choses se précisent, Ricky-James apprend beaucoup. Et c’est la mort de son père, en mars 2004, qui opère en lui un changement radical. Il a désormais un réel besoin de retrouver ce qui le rapproche le plus de lui-même: sa double culture franco-africaine éclairée par des conversations régulières avec des amis bouddhistes. Ainsi s’est exprimée la teneur de Kora Kola, album authentiquement africain, contemporain et ouvert sur la nécessaire connivence entre les traditions du monde. Kora Kola était la synthèse entre la puissance rythmique de Cépadupipo et le délire harmonique de Ricky-James. Ses références sont Richard Bona, Manu Dibango et Gilberto Gil comme compositeurs. Pour l’écriture, ce sont Claude Nougaro, Alain Souchon, Georges Brassens et Michel Jonasz. La suite se devine, mais s’apprécie mieux à l’écoute. Les experts du signe ont fait le reste. Kora Kola est décortiqué et présente le chanteur sous un nouveau jour. Un conteur des temps modernes, un conteur engagé. Le Kora est un instrument à corde très usité en Afrique de l’ouest et preuve s’il en est de la subtilité des approches africaines. La Kola elle est la noix du kolatier, rompue et distribuée en Afrique pour marquer le retour de la paix. Le Kora Kola symbolise l’idée africaine selon laquelle quand arrive la musique, c’est que la paix n’est pas loin. Il fallait y penser.

Ricky James Guifo Fotso
Journalducameroun.com)/n