Personnage éclectique, il s’exerce au théâtre, au conte, à la mode, à la réalisation, à la mise en scène…
Chercher ses marques…
Le nom d’Eshu est intimement lié à celui de l’émission just for fun à travers laquelle le grand public le découvre sur les écrans de la télévision camerounaise (Crtv) en 1998. Au cours de ce programme satirique, l’artiste dénonce les travers de la société camerounaise dans un style qui contraste avec ce qu’il présente quelques années plutôt au sortir du lycée en 1991. Pendant cette période de crise sociale au Cameroun, le tout nouveau bachelier qu’est Rigobert TAMWA goûte aux saveurs de la liberté d’expression à la faveur du « vent de l’Est » qui souffle à travers le monde. Eshu et ses compagnons se risquent au théâtre d’engagement. C’est ainsi qu’en 1991, ils se produisent au premier congrès du front social démocrate (Sdf, principal parti d’opposition, alors réputé pour son radicalisme). Nous étions manipulés et ne mesurions pas les risques encourus s’insurge désormais Eshu en pensant à ses débuts approximatifs.
Eshu qui reconnaît n’avoir jamais été inquiété par les autorités a tourné le dos à l’engagement primaire de ses débuts qui le séparait d’une grande partie du public. Je continue de dénoncer mais à travers une méthode du 2nd degré affirme-t-il. Cette méthode consiste à exposer le monde tel qu’il est et non tel qu’il devrait être. D’après lui, la réalité n’a pas changé mais elle est juste présentée autrement et tout est dans la méthode utilisée pour faire passer le message. Eshu dénonce par ailleurs les opportunistes qui prétendent porter des combats populaires mais qui ne s’en servent que comme tremplin pour obtenir des positions de pouvoir ou de privilège en trompant le peuple sur leurs réelles intentions égoïstes.
… Et les trouver
Conseiller de jeunesse et d’animation (diplômé de l’institut national de la jeunesse et des sports de Yaoundé), Eshu exploite ses aptitudes de pédagogue pour se façonner un style propre qui se veut à la fois proche des populations par le langage et soutenu de part la méthode. Les contes d’Eshu tout en puisant dans les traditions camerounaises (africaines en général), embrassent l’universalité en dénonçant les déséquilibres des relations Nord-Sud. Depuis le début de sa carrière, il effectue plusieurs tournées en Afrique, Europe, Amérique (au Canada qu’il dit beaucoup apprécier) en jumelant les représentations théâtrales avec les défilés de ses modèles de vêtements, sans oublier les contes et les mises en scène de quelques uvres. Le voyage m’apporte un équilibre mental révèle-t-il et ajoute, dans la même optique que ça fait du aussi du bien de savoir que ce qu’on dit est suivi. Par exemple lorsque les gens vous abordent dans le rue pour vous demander de parler de tel ou tel problème social. Ça permet de comprendre le sérieux du travail accompli.
Eshu confie que chaque fois que son génie voudra s’exprimer dans un domaine, il suivra son instinct. Il nourrit encore plusieurs projets notamment en direction du Canada mais n’envisage pas de s’y installer.