C’est la conviction des autorites de la ville qui ont mal apprécié sa rencontre avec les imams.
En visite à Douala, Christine Robichon, ambassadeur de France au Cameroun, a rencontré le 06 février dernier, une vingtaine d’imams conduit par Ibrahim Moubarak Mbombo, coordinateur national de l’Union islamique du Cameroun (UIC) et du Conseil Camerounais des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques (Cocimai). Devant la presse, la diplomate française a justifié sa visite par son désir d’â ªexprimer à l’imam Ibrahim Moubarak Mbombo [ses] remerciements pour l’initiative de solidarité qu’il a prise après l’enlèvement du prêtre français Georges Vandenbeusch â « et de â ªnouer des relations avec les responsables des différentes communautés religieuses présentes au Camerounâ «. Au cours de cette rencontre, les discutions ont notamment porte sur â ªla résolution des crises interreligieuses â «. Selon nos informations, l’ambassadeur de France au Cameroun tenait à sonder â ªle regard que les imams du Cameroun ont de la situation des musulmans en Centrafrique â «. De manière précise, Robichon était soucieuse de savoir si â ªles imams du Cameroun sont solidaires des musulmans de la République centrafricaineâ « comme l’exige la religion musulmane. Il s’est aussi agi de faire l’état des lieux des relations entre les chrétiens et les musulmans au Cameroun; en revisitant par ailleurs l’état de sante de l’axe nord†sud. A ces préoccupations de la diplomate, les Imams auraient sagement répondu. D’abord, ils se sont dits peines par ce qui arrive à la Centrafrique. Ensuite, les chefs religieux musulmans ont indiqué être solidaires de â ªtous ceux qui souffrentâ « en RCA, leur religion leur recommandant la solidarité envers â ªtous ce qui souffrentâ «. Enfin, les imams ont assuré vivre « en bonne intelligence » avec les autres communautés religieuses « aujourd’hui comme hier et certainement Demain ».
Déstabilisation
Que leur a-t-elle dit par la suite ? Nous ne sommes pas, à ce jour, en mesure de le dire. Mais toujours est-il que, après cette rencontre, le préfet du Wouri est entre dans une colère noire et a fait appeler les responsables de l’UIC et du Cocimai. A la suite d’une conversation téléphonique, Naseri Paul Bea a demandé à voir les imams présents lors de la rencontre avec Robichon. Au cours de leur entrevue avec le chef de terre, les dignitaires religieux ont été mis en garde contre la démarche de l’ambassadeur de France au Cameroun. C’est qu’à Douala, les autorités qui incarnent là-bas le pouvoir de Yaoundé, sont convaincues que « la France veut gâter le pays comme elle l’a fait en République Centrafricaine ». Elles voient, dans la démarche de Robichon, la volonté de transporter au Cameroun, le conflit en RCA devenu ethnico-confessionnel.
Contexte favorable
En effet, selon nombre de géostratégies, le risque d’un tel scenario est réel, indépendamment même des man uvres que mèneraient la France. Car expliquent†ils, â ªle confit politique en Centrafrique s’est mue en un affrontement entre d’un cote les anti†Balaka,
Chrétiens et de l’autres les Seleka, musulmans. Et de part et d’autre de la longue frontière entre le Cameroun et la RCA, vous trouverez respectivement les Peuls, Arabes choa ou Rugas, proche des Seleka et les Bayas proche des anti†Balaka. Ce qui complexifie la situation avec le risque que les populations concernées coté Cameroun prennent le relai des affrontementsâ «. Sur le plan interne, les arrestations sur fond de batailles de pouvoir de Marafa Hamidou Yaya et de Iya Mohamed, tous deux Peuls, musulmans et barons du Nord ou encore la question du rapatriement de la dépouille de Ahmadou Ahidjo, l’ancien prédisent du Cameroun décédé et enterré au Senegal en 1989 (lui aussi Peul et musulman) ont jeté un froid sur l’axe Nord†Sud. C’est cette situation volatile que le Cameroun soupçonne la France de vouloir instrumentaliser pour mettre le feu à la baraque. D’ailleurs pour ce qui est du rapatriement de la dépouille de l’ancien président du Cameroun, des sources introduites affirment que l’ambassade de France au Cameroun ferait pression pour que la conférence se tienne. Ce colloque, qui a pour objectif au-delà â ªdes heurts et malheurs historiques lies a l’exercice du pouvoirâ « de trouver le moyen par lequel la nation peut être reconnaissante a Ahmadou Ahidjo, a pourtant été interdit au motif qu’il menacerait la paix sociale.
Les bonnes nouvelles
La visite de Robichon a Douala n’a pas été que controversée. Certains étaient même très contents de recevoir l’ambassadeur de France au Cameroun. Le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala (CUD) par exemple. Au cours du passage le 05 février de la diplomate française a la CUD, Fritz Ntone Ntone s’est rejoui de la â ªremarquable contribution de la France, a la regeneration de la ville de Doualaâ «. De fait â ªau titre du 1er et du 2e C2D, des prêts directs au gouvernement et de la coopération décentralisée sont déjà près de 350 milliards FCFA qui sont mobilisés en faveur de la ville de Doualaâ «, a indiqué le super maire de la ville. Un argent qui a par exemple servi à l’élaboration des documents de planification urbaine (le Plan directeur d’urbanisme, le Plan d’occupation des sols, la Strategie de développement de la ville de Douala et de son aire métropolitaine) et à la construction des infrastructures telles que (le réaménagement de l’avenue de l’Indépendance, la liaison Place Leclerc†Boulevard de la République†Carrefour deux églises, la réhabilitation de l’Avenue Roger Milla†Place des Douches municipales, etc.). Pour la période 2011†2016, de nouveaux engagements financiers ont été pris. Ils sont relatifs à la construction du 2e pont sur le Wouri (100 milliards), les accès Est et Ouest de la ville (67 milliards) et le projet de drainage des eaux pluviales d’un montant de plus de 109 milliards. Ce projet est, selon Jean Yango, directeur de la planification et du développement durable à la CUD, â ªle plus important, octroyé à une ville en Afrique au Sud du Saharaâ «. On parle en plus, de la construction dans les jours avenir, de 8 ecoles et autres centres de formation et 6 centres de soins.
Remy Binou et A.O

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