Le fondateur du «Forum Républicain» rêve d’un destin présidentiel. Il nous parle de lui et de son programme politique pour le Cameroun
Pouvez-vous dire aux Camerounais qui est Roland Romain KOUOTOU?
Roland Romain KOUOTOU est Camerounais de souche bantou, marié et père de deux gosses, je suis diplômé en gestion d’entreprise. Mais, dans la vie courante, je suis un créateur et porteur d’idées nouvelles et novatrices. Je dirige une petite entreprise appelée MEDIA-FONE à Yaoundé.
Vous proclamez votre intention d’être candidat à l’élection présidentielle de 2011. Quels sont vos moyens et vos motivations?
Nous sommes un parti politique et pensons qu’exister juste pour occuper l’espace politique ne nous convient pas. Nous envisageons répondre présent à tout le processus électoral du Cameroun à court et à moyen terme.
Vous envisagez vous présenter sous la bannière du parti « Le Forum Républicain ». Parlez-nous de cette formation politique. Combien de membres compte-t-elle et, a-t-elle une existence légale?
Le Forum Républicain est un nouveau parti politique créé en Juillet 2009 par des jeunes, avec pour ambition l’animation de la vie politique du Cameroun et l’accession à différentes positions politiques et administratives de la République dont magistrature suprême. Le parti est légal. En fait, nous avons déposé nos dossiers le 9 juillet 2009, et selon la loi, si après 90 jours, l’on n’a pas reçu de réponse de l’administration, le parti est réputé légal. Notre dossier a été enregistré au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) sous le numéro 11439 DAP du 15/12/2009. Nous reconnaissons que notre parti ne compte pas encore le million de membres.
Quelles sont les grandes lignes de votre programme politique pour le Cameroun?
Notre programme politique a comme grandes lignes: L’amélioration du quotidien des Camerounais, les reformes institutionnelles et la conquête du leadership du Cameroun.
Dans votre programme politique, vous avez l’intention de revaloriser les revenus des agents de l’Etat. Comment comptez-vous y prendre si vous êtes élu?
La corruption aujourd’hui vient du fait que les agents cherchent toujours à joindre les deux bouts. Il est important comme première mesure de lutte contre ce fléau, d’améliorer le revenu des agents avant de réprimer. Pour ce faire, il serait judicieux de procéder à un audit des besoins réels de l’Etat et utiliser des ressources humaines proportionnellement à ces besoins. Ceci dit, il faut réduire la masse salariale par le nombre d’agents et augmenter le revenu de ceux qui feront fonctionner l’appareil de l’Etat. La question est celle savoir que faire des agents exclus?
Vous dites que vous voulez passer d’un système multipartiste à un système bi ou tripartiste. On peut vous faire le procès de vouloir torpiller la démocratie?
La démocratie ne se justifie pas par le nombre de partis politiques existants. Le Cameroun est une particularité dans l’espace politique mondial avec une diversité tribale qui parfois peut être un avantage mais, dans notre réalité politique et quotidienne, cette situation devient un danger pour la survie de la nation. Depuis l’avènement du multipartisme, les Camerounais se sont davantage divisés en parti polico-tribaux. Nous pouvons d’ailleurs, n’en déplaise à certains, dire que les formations politiques comme l’UDC, le RDPC, l’UPC, l’UNDP, le SDF s’apparentent à des partis tribaux (Bamoun, Béti, Bassa, Foulbé, Anglo-bamiléké, etc. .) Tout cela ne profite pas à la nation. Il est important et impératif de réduire cette fracture de la société et rendre les compatriotes plus responsables.
Vous avez aussi pour ambition de maintenir la politique de l’équilibre régionale à 70 % et d’instaurer une politique de méritocratie à 30 %. Vous reconnaissez donc ainsi que la politique de l’équilibre régional reste un recours judicieux pour le Cameroun?
La politique de l’équilibre régionale reste un recours comme vous le dites judicieux, ceci éviterait de créer des frustrations quelconques. Nul ne peut prétendre aimer ce pays plus que les autres. Et il s’en va dire que cette politique de l’équilibre régional permettrait une implication de tous dans la gestion de la chose publique. Il faut promouvoir l’excellence et toutefois, en pensant que de façon naturelle et culturelle, certains n’auront pas toujours les aptitudes compétitives. Il faudrait donc procéder à des ajustements de cette nature.
Comment comptez-vous procéder pour manager l’équilibre régional et la méritocratie?
Il suffit par exemple pour un concours de recevoir les 30 premiers sur le plan national suivant le mérite et régionaliser sur les 70% restants. Je veux dire prendre par exemple les 7 meilleurs du sud, de l’est, etc.
D’après vous, qu’est-ce qui mérite d’être réajusté dans la constitution du Cameroun?
Nous n’avons pas la prétention de réviser la constitution du Cameroun pour satisfaire notre vision du monde. C’est une préoccupation de tous les Camerounais. Il est question de convoquer les forces vives de la nation à tous les échelons afin de réfléchir sur ce qu’il conviendrait de faire de façon globale.
Pouvez-vous dire quelques mots sur ces sujets qui font la une de l’actualité camerounaise: la lutte contre la corruption (opération épervier), l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, l’organisation des élections par ELECAM, l’insécurité , le scandale de 19 milliards à la BEAC, le mystère sur le salaire de l’entraîneur Paul Le Guen, la position du Cameroun dans la CEMAC et les relations entre la France et l’Afrique.
L’opération épervier dans sa forme est une bonne chose pour notre société, car il y a eu un laisser-aller qui a permis à certains compatriotes de se servir au lieu de servir le peuple. Mais, le fonds de l’opération me semble tout à fait inquiétant car, on a plutôt l’impression d’assister à un règlement des comptes, à une élimination des éventuelles épines politiques. Il était important pour les gouvernants de mettre en place une réelle politique de lutte contre la corruption. Pas en nous offrant le show auquel nous assistons mais, en affichant une réelle volonté de mettre fin à ce fléau. A propos de l’organisation d’une éventuelle élection anticipée, je ne pense pas que les Camerounais soient prêts. Déjà, les registres électoraux ne sont pas disponibles, et Elecam n’est toujours pas en possession des anciennes listes. Donc, rien ne présage d’une élection à court terme. Surtout que le pouvoir attend les retombées sur l’engagement des Lions indomptables pour battre campagne. La CAN, c’est en janvier, puis, il faut aller en coupe du monde en Afrique du Sud. Je ne crois pas possible l’organisation d’une élection responsable, respectant les standards internationaux, à moins que le pouvoir ne soit comme par le passé déterminé à offrir une élection complètement truquée au peuple. oncernant le salaire de l’entraineur des Lions indomptables, je crois que nos dirigeants, pour satisfaire leurs desseins, sont prêts à davantage de gabegie. C’est un salaire ou une prime électoraliste. Le pouvoir veut profiter du triomphe des lions indomptables pour des raisons politiques évidentes. Tout cela est un comportement ma foi irresponsable dans un pays pauvre très endetté. Ce luxe valait-il la peine ? Le nouvel entraineur n’a pas fabriqué de nouveaux joueurs, il a juste remis de l’ordre. Cela coûte au contribuable environ 71 millions FCA tous les mois? Dans la CEMAC, le Cameroun devait être un pays leader de part sa position géographique, la densité de sa population, et même le dynamisme de celles-ci. Se voir traîner dans la boue par de petits Etats est pour moi inacceptable et notre gouvernement devrait reconquérir son leadership dans la sous-région et en Afrique. Regardez l’offensive américaine sur le plan mondial. Enfin, parlant des relations entre la France et l’Afrique. Ce sont les intérêts qui comptent. La France entretient des relations intéressées avec ceux qu’elle appelle ses amis Africains. Une remise en cause totale et brusque ne ferait pas du bien pour notre société. Il faut simplement savoir tirer son épingle du jeu.
Vous êtes très actif sur Internet à travers le site web de votre parti et les réseaux sociaux comme Facebook. Cette offensive communicationnelle par voie cybernétique vous semble-t-elle appropriée pour un pays comme le Cameroun où le taux de pénétration des TIC reste très faible?
Le taux de pénétration de la cybernétique est faible au Cameroun certes, mais pour nous c’est une porte d’entrée dans l’arène politique. Apres Internet, nous pensons pouvoir nous introduire dans le monde du media audiovisuel, c’est une question de style.
Que pensez-vous de l’idée d’une candidature unique de l’opposition au Cameroun dans la perspective de la prochaine élection présidentielle?
Ce n’est pas le problème d’une candidature unique qui pourrait résoudre le problème d’alternance au sommet de l’Etat du Cameroun. Ce que vous devez comprendre, c’est que nous avons affaire à une machine de tricherie qui passe par tous les moyens. Il faudrait plutôt réfléchir comment venir à bout de cette machine.
Etes-vous prêt à désister en faveur d’un autre candidat si oui lequel?
Je ne suis pas un fonceur. Toutefois, si une offre politique confiante, honnête et sérieuse se présente, je crois qu’une entente n’est pas exclue.
Les Camerounais manifestent depuis quelques années, un désintérêt extraordinaire pour la politique. Avec pour conséquence un taux d’abstention qui grimpe en flèche. Que peut-on, que doit-on, qu’allez-vous faire pour que les Camerounais reprennent goût à la politique et aillent voter en 2011 ou avant si les élections présidentielles étaient anticipées?
Il faut communiquez avec les Camerounais, et leur montrer l’intérêt qu’il y a, à participer à la vie politique. Je crois qu’ils sont prêts à écouter. Nous entendons développer des actions que je ne dévoilerais pas ici.