Depuis 1990, il dirige la chefferie traditionnelle du département d’Endon Ndikinimeki avec autorité.
Semouya Luc voit le jour à Ndikinimeki le 6 août 1956 dans le département du Mbam et Inoubou, situé au centre du Cameroun. Il fait ses études primaires à l’école principale de Ndikinimeki, où il obtient son CEPE en 1970. A cette époque, il ignorait qu’il présiderait un jour aux destinées du peuple Banen d’Endon. Après le collège il s’installe à Yaoundé et s’adonne de plus en plus à la chanson au point d’intégrer l’orchestre du collège Charles Atangana. Parallèlement, il côtoie l’Ensemble National au Centre Culturel Camerounais et s’initie à la guitare. Il fabriquera lui-même son premier instrument en 1969.
Un nouvel homme à la tête de la chefferie d’ Endon-Ndikinimeki
En 1984, Semouya Luc sort un album baptisé « Mokendapipu » (le solitaire). Mais c’est en 1990 que sa vie va réellement changer. Les chefs traditionnels de Ndikinimeki le choisissent alors pour remplacer le premier chef décédé. La même année, il est initié comme deuxième chef traditionnel et devient Sa Majesté Semouya Luc.C’est à lui que reviendra dorénavant la gestion des affaires de la chefferie d’Endon, l’une des trois chefferies qui constituent le Canton de Nimeka (et dont les habitants s’appellent originellement ndikinimeki). Dans ce canton, on retrouve aussi les chefferies de Bognobang et de Ndikinimeki. Selon sa Majesté, la forte croissance démographique a entraîné la naissance des autres chefferies car Ndikinimeki, à elle seule, ne pouvait plus contrôler ce vaste territoire, où on retrouve les Banen mais aussi d’autres ethnies comme les Haoussa, les Bamoun ou les Anglophones etc… La jeune chefferie d’Endon-ndikinimeki bénéficie quant à elle, du soutien des élites de la région comme Mbella Ebout, Directeur de la Recherche Extérieure, et Jean Baptiste Beléoken, Directeur du Cabinet Civil à la Présidence de la République. « Malgré tout la chefferie fait toujours face aux problèmes d’eau et d’électricité parce que les installations de Aes Sonel n’arrivent pas encore ici », affirme le chef traditionnel d’Endon. En 1995, il entame la construction d’un pont en béton avec l’appui des populations locales. « C’est ce pont qui a ouvert le développement de mon unité », lance fièrement sa majesté. Parmi les 2000 habitants de sa chefferie (selon le recensement de 1990), on retrouve un conseil, des notables et des sages. Pour le chef « c’est la chefferie la plus puissante de Ndikinimeki. Elle a été créée en 1977 après l’éclatement de la seule chefferie de l’époque ».
Objectif : Développer les infrastructures
Dans l’exercice de ses fonctions, Sa Majesté Semouya affirme avoir été arrêté en 2001 pendant 43 jours pour « destruction des biens » selon une décision du tribunal de grande instance de Bafia. Mais l’action de sa Majesté Semouya Luc reste remarquable : « Quand j’ai pris mes fonctions tout était enclavé. J’ai canalisé l’eau du de la rivière, qui bloquait les voies d’accès au centre ville, sur une distance de 2 km. J’ai également créé des routes », se vante le chef marié et père de neuf enfants. Ses proches le disent rigoureux, et louent sa simplicité et son ardeur au travail. Ce natif du signe du Lion, aime manger du kwem* et faire du sport et de la musique. Une passion qui ne l’a pas quitté et qui l’a amené à produire d’autres albums tels que « Owam » en 2000, « Messek » en 2003, des uvres dans lesquelles il parle de paix, d’amour pour son peuple et de moralisation des citoyens. Même si cela peut paraître encombrant pour le reporter de JDC, pour lui c’est simple car « il suffit de se conformer aux lois et règlements et faire la musique à ses heures libres » déclare t-il.
Le principal objectif de sa Majesté Semouya Luc est de mettre sur pied une chefferie traditionnelle avec des structures modernes. Située à 180km de Yaoundé soit à 2 heures de route, la chefferie d’Endon se veut un lieu touristique où les visiteurs pourront acquérir des connaissances diverses sur son fonctionnement, les coutumes locales et la vie des populations. Le chef traditionnel d’Endon, qui est par ailleurs le premier artiste à avoir réaliser un disque en langue Benn, compte mettre sur pied une maison de production appelée « Semthe music International» et qui sera basée à Ndikinimeki. C’est une autre manière de développer la région nous confie sa Majesté Semouya Luc.