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Sécurité dans le Golfe de Guinée: Vers un statu quo après Yaoundé?

Les participants au sommet sur la piraterie et l'insécurité maritime vont essayer de valider le principe d'une réponse unique, un…

Les participants au sommet sur la piraterie et l’insécurité maritime vont essayer de valider le principe d’une réponse unique, un défi qui demande de surmonter le problème que constitue le Nigéria

Partir des avancées de la CEEAC
Le 6 mai 2009, quatre Etats du golfe de Guinée (Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale, et Sao Tomé) et membres de la CEEAC ont conclu un accord visant à leur participation commune dans une opération maritime nommée «zone D», dans le cadre de l’organisation sous régionale. La « zone D» délimite la zone d’action de cette opération, qui forme un triangle allant de Bakassi à Sao Tomé puis finissant au milieu du littoral gabonais. La « zone B » de la CEEAC descend elle jusqu’à la frontière angolaise au large de la moitié sud du Gabon, du Congo Brazzaville, de la RDC et de l’enclave de Cabinda, et la « zone A » porte sur le littoral angolais. L’objectif recherché par cette initiative était de lutter contre le crime organisé dans le golfe de Guinée, et surtout contre les actes de piraterie et de brigandage. Alors qu’ils discutaient de la question les ministres des pays concernés ont choisi l’axe sous régional du fait de la multiplicité de la localisation des menaces, et de la perspective d’une plus grande efficacité de la lutte avec davantage de moyens physiques. De nombreuses études sur les réponses nationales à la piraterie dans le Golfe de Guinée laissent ressortir un déséquilibre dans les moyens de réponse, une différenciation au niveau des conséquences des attaques et les objectifs recherchés dans la lutte contre la piraterie et l’insécurité maritime. De l’avis des experts, ces moyens restent modestes et parfois inopérant face à des bandes armées, qui eux ont de l’argent pour s’équiper du dernier cri de l’armement. Quoiqu’il en soit, on notera que la zone D de la CEEAC a pris une certaine avance grâce à la collaboration des pays partenaires comme la France et les Etats Unis qui il faut le rappeler ont un intérêt direct. « Notre engagement dans les man uvres militaires au Cameroun et dans les autres pays du golfe de guinée sont conforme à la stratégie de défense des Etats-Unis d’Amérique. Nous voulons que partout où se trouve des pirates, qu’ils aient face à eux la réponse américaine », expliquait Robert P Jackson l’Ambassadeur de ce pays au Cameroun, lors d’une interview accordée au site d’information www.journalducameroun.com. Cette avancée notée au sein de la CEEAC reste toutefois peu pertinent dans l’absolue, en raison de ce que le Golfe de Guinée qui est en zone maritime ne connait ni barrière ni frontière visible et s’étend jusqu’en Côte d’Ivoire zone CEDEAO qui n’a pas le même niveau d’expérience.

Pour contourner l’impasse de la CEDEAO
L’impasse CEDEAO sera au c ur des différentes négociations lors des rencontres formelles et informelles qui débutent ce jour à Yaoundé. La frontière virtuelle entre les deux organisations sous régionales est la frontière entre le Cameroun et le Nigeria, qui sont aussi les deux Etats les plus touchés par la piraterie et le brigandage, avec une plus grande présence au Nigeria. L’absence de participation conjointe de ces deux pays à la même organisation sous régionale est un gros défi qu’il faudra surmonter. En dehors des cadres globaux que constituent l’Union Africaine (UA) ou encore les Nations Unies, les deux pays ne peuvent s’accorder que par voie bilatérale, accord déjà rendu complexe par le fait qu’Abuja a du restituer Bakassi à Yaoundé, une décision qui ne fait pas l’unanimité de la classe politique au Nigéria. D’autre part, alors que la CEEAC a entrepris le projet de « zone D », la CEDEAO en est encore à des discours et propositions à ce sujet. À Yaoundé, les négociateurs devront convaincre le Nigéria de s’ouvrir à une solution sous régionale. Une tache qui ne sera pas aisée, car il est difficilement concevable que le Nigeria agrée d’un transfert de souveraineté sur ses eaux à ses pays voisins ou même à une organisation sur laquelle elle n’a pas de contrôle comme la Commission du Golfe de Guinée. Dans le même temps, le Nigeria des rapports issus de plusieurs rencontres sur le sujet font ressortir que même si les autorités d’Abuja partagent l’idée d’un initiative conjointe il faudra pouvoir les convaincre du jeu de rôle des uns et des autres, sans donner l’impression d’interférer dans le rôle déjà existant des organismes intérieurs du Nigéria, ni juger de leur efficacité. Lors du dernier conseil des ministres des pays membres du Golfe de guinée qui s’est déroulé à Cotonou au Benin il est ressorti du communiqué final que l’inquiétude d’une extension de la piraterie préoccupe de plus en plus de pays au sein de la CEDEAO et pourrait les amener à vouloir s’investir dans la lutte contre ce phénomène, à l’image de la CEEAC et de la « zone D ». Mais certains pays de cette zone politique qui sont trop dépendants du Nigéria ne risquent pas de vouloir le froisser pour préserver la stabilité des échanges économiques. On peut vouloir croire que la présence de la Côte d’Ivoire qui préside la CEDEAO sera d’un poids dans les discussions.


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Et convaincre le Nigéria
Au sein des délégations de l’ONU et de l’UA, on affiche un gros espoir sur la rencontre de Yaoundé avec la présence de fins négociateurs aux travaux. Mais lorsqu’on écoute certains ministres des pays riverains du golfe de guinée parler du problème, il ressort un certain malaise et même au niveau du Cameroun les acteurs se font très discret pour un sujet qui fera pourtant l’objet de débat publics le problème est réel en mer et aussi sur terre. Le Cameroun et le Nigéria ont démontré plusieurs fois qu’ils peuvent éradiquer la piraterie, mais pour plusieurs raisons ils ne s’engagent pas toujours à fond. La corruption de personnels publics dans les instances des pays membres de la CGG (armée, autorités locales) ou leur collusion avec les groupes est parfois utilisée comme explication de l’échec d’une partie des actions déjà entreprises. De son vivant, feu le président Yardua avait lancé une initiative qui a porté des fruits, la Joint Task Force. Les choses ont changé depuis la prise de fonction effective de Goodluck Jonathan qui est originaire du sud et de la tribu Ijwa fortement majoritaire dans l’Etat fédéré du Delta. D’un autre côté la délégation nigériane pourtant fortement représentée à Yaoundé n’aura pas les coudés franches en raison du dispositif de l’appareil institutionnel de ce pays et des enjeux du moment avec la crise dans le nord du pays
Un expert qui a pris part à la rencontre des ministres samedi 22 juin 2013 à Yaoundé, a indiqué que cette question nigériane effectivement préoccupait. Selon lui le Nigeria doit en permanence faire face à plusieurs sources de problème qui repose sur des équilibres entre les régions (Nord-Sud, pouvoir central – pouvoir local, répartition des revenus). Les affrontements récurrents dans le centre du pays (Etat du Plateau), souvent apparentés à des conflits ethnico – religieux – peut-être sont-ils davantage motivés par des questions foncières – sont considérés comme des situations à éviter par le gouvernement de Goodluck Jonathan qui est originaire du Sud du pays. Pour d’autres experts, les entreprises qui exploitent le pétrole doivent se mettre dans un partenariat réel avec les Etats pour assurer l’amélioration de la sécurité, mais aussi le développement locale des populations riveraines. Pour l’instant elles font du poncepilatisme et laisse les Etats gérer les problèmes de « Politiques Intérieure »

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