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Selon Issa Tchiroma, Lydienne Eyoum n’aura pas de grâce présidentielle, avant «50 ans

Le porte-parole du gouvernement camerounais a indiqué mercredi sur la CRTV qu’une telle demande ne pourrait être envisagée qu’avec «les successeurs du président Paul Biya»

Le verdict rendu par la Cour suprême du Cameroun hier, mardi 09 juin, sur le pourvoi en cassation introduit par Me Yen-Eyoum, a été pris «en toute liberté», «en toute équité» sans immixtion du pouvoir exécutif, a défendu le porte-parole du Gouvernement camerounais ce mercredi, 10 juin, au cours du journal de la mi-journée sur la radio publique nationale.

La Haute juridiction a confirmé mardi la condamnation à 25 ans de prison de l’avocate française d’origine camerounaise. La peine avait été prononcée par le Tribunal criminel spécial le 26 septembre 2014 en reconnaissant Lydienne Eyoum coupable du détournement de deniers publics estimés à 1,07 milliard de F CFA.

«On reproche à Mme Lydienne Eyoum d’avoir détourné de l’argent. Elle était commise par les ministres des Finances de l’époque pour recouvrer de l’argent qui revenait au gouvernement camerounais (.) Lorsqu’elle a récupéré cet argent, alors que de manière claire et objective le ministre de l’époque lui avait instruit de déposer cet argent dans le Trésor public, cet argent elle l’a déposé dans son compte. Ce qui constitue un détournement établi. Et ensuite elle en a fait ce qu’elle voulait, une partie elle l’a reversé, et une autre partie, plus importante, elle l’a conservé pour elle-même», a tenu à résumer Issa Tchiroma ce 10 juin.

L’avocate a désormais épuisé toutes les voies de recours judiciaires. Seule hypothèse envisageable pour qu’elle soit libre à présent: la remise de peine par le président de la République. Maître Wasserman, l’un des avocats français de Lydienne Eyoum, a indiqué sur RFI qu’il comptait sur une pression de la diplomatie française sur le Cameroun dans ce sens. Le Franco-camerounais Michel Thierry Atangana a bénéficié d’une grâce présidentielle le 18 février 2014 après 17 années passées dans les geôles camerounaises. Grâce qui lui a permis de recouvrer la liberté en même temps que de nombreuses autres personnalités et condamnés. Michel Thierry Atangana, reconnaissant le rôle joué par la France pour sa libération, a mis sur pied, le 20 mars 2014 un comité de soutien à Lydienne Yen Eyoum, cette autre «Française», espérant aussi voir sa libération.

Revenant sur la libération de Michel Thierry Atangana, le porte-parole du gouvernement camerounais a indiqué ce mercredi qu’«il s’est agi d’un cas exceptionnel qui ne se répète que tous les 50 ans.» «C’était dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de notre indépendance», a-t-il souligné.

«Je ne vois pas en quoi ça pourrait créer une jurisprudence, si jurisprudence il y a. Au bout de 50 ans probablement, les successeurs du président Paul Biya, s’ils en ont convenance, s’il y avait de telles circonstances, pourraient peut-être accéder à une telle demande», a affirmé Issa Tchiroma Bakary sur la Crtv Radio (Poste national).

«Traitement asymétrique»
D’autres acteurs s’intéressent également à cette affaire. Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire – qui avait émis un avis sur la détention de Michel Thierry Atangana peu avant sa libération – a demandé mardi, 09 juin 2015, au Cameroun, de «prendre des mesures nécessaires afin de remédier au préjudice matériel et moral» subi par l’avocate franco-camerounaise dans le cadre de sa détention.

Interpellé sur cette actualité, le ministre de la Communication a répondu: «Je mets quiconque au défi de prouver qu’il y a eu une faille dans le respect du code de procédure pénale ou du Code pénal de notre nation». Ajoutant qu’il faut «qu’ils cessent de faire un procès à notre tribunal», «qu’ils cessent de procéder à des accusations diffamatoires, attentatoires à l’honneur de notre gouvernement, de notre pays, et du chef de notre Nation.»

M. Tchiroma s’est par ailleurs plaint de «l’iniquité dans le traitement de l’information», qu’il dit avoir observé sur RFI. Le porte-parole du gouvernement a expliqué avoir été interviewé hier par la radio française, après le verdict de la Cour suprême, pendant «plus de 7min» ; et d’avoir écouté en tout moins de 1min30s de son intervention, contrairement aux avocats et proches de Lydienne Eyoum qui auraient eu du temps d’antenne plus long. Le ministre a dénoncé un «traitement inacceptable, inamical, asymétrique, injuste», avant de lier France 24 également à sa critique.

«RFI comme France 24 ne représentent pas la voix de la France. La voix de la France est portée par le président français, par le ministre des Affaires étrangères, par les plénipotentiaires désignés par le gouvernement français», a affirmé Issa Tchiroma. Pour lui, le cas Lydienne Eyoum ne devrait pas entacher les relations entre la France et le Cameroun. «Les relations sont au beau fixe: de gouvernement à gouvernement, de président à président; de nation à nation, a-t-il relevé.

«A l’heure où nous parlons, il y a beaucoup de Camerounais qui se trouvent dans les prisons françaises. Mais jamais, au grand jamais, le gouvernement camerounais ou le chef de notre Nation n’a eu à interférer, à intervenir sur le processus judiciaire qui aboutit à la condamnation de tous ceux qui ont commis des délits de droit commun» et qui se retrouvent «dans les prisons françaises»,a conclut le porte-parole du Gouvernement camerounais.

Issa Tchiroma, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement camerounais
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