Dans de nombreuses régions du pays les militants de ce parti qui possède le plus grand électorat des élections sénatoriales mènent une guerre silencieuse
La tâche n’est pas facile pour les chargés de mission du Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir et qui va techniquement favori aux prochaines élections sénatoriales du 14 avril prochain. Les sièges du Sénat semblent donner finalement un avant-goût de ce à quoi peut ressembler une bataille de succession au sein de ce parti qui domine la scène politique du Cameroun depuis trois décennies. Dans la région de l’Ouest, on rapporte que la Commission régionale de réception, d’analyse et d’évaluation des candidatures du RDPC a dû prolonger le délai jusqu’à presque 23h à la Maison du Parti de Bafoussam pour permettre à tous les candidats de déposer leurs listes. Une prorogation due à la difficulté pour les uns et les autres à s’accorder dans les 7 candidats principaux pour les 7 départements. Parmi les adversaires camarades, on retrouvait des noms connus, en quête de légitimité politique ou de seconde vie. C’est le cas de Dieudonné Bougne, le PDG de l’entreprise Bocom, Wantou Siantou Lucien, maire et propriétaire d’un gros centre de formation à Yaoundé, Victor Fotso, le milliardaire de Bandjoun ou encore Jean Bernard Sindeu ou Michael Nganko Tomdjio, ancien ministre. Des grosses têtes parmi lesquelles il était difficile de voir clair sur la répartition des postes de principaux et de titulaires. Chaque groupe de personnes déçus se regroupait pour proposer une autre liste.
La région du Nord a connu des situations similaires, faisant ressortir jusqu’à quatre listes. On retrouve parmi ces listes, des noms inconnus du public à Yaoundé, comme celle de Madame Aissatou épouse Djoubairou. Celle qu’on connait sous l’appellation dame de fer avait réussi en 2007, le tour de force de faire gagner le RDPC dans l’arrondissement de Garoua 1er contre l’UNDP tout puissant de l’époque. On y retrouve aussi des noms comme celui d’Hamidou Maurice, un ancien Secrétaire Général au ministère des affaires foncières et des domaines. Avec une bonne réputation au sein de la classe politico traditionnelle de sa région, il est pressenti comme un des favoris des populations locales comme futur délégué du gouvernement. Visiblement il ne voudrait pas attendre cette providence les bras croisés. Dans ces deux régions, le choix des listes sera difficile à faire. L’ouest présente la caractéristique d’avoir les gros contributeurs du parti. Il ne sera pas aisé pour le parti de choisir entre ces différents membres. Dans la région du nord, le choix des candidats aux sénatoriales se déroule dans un contexte marqué par les divisions issues de l’arrestation de Marafa. Le parti devra choisir entre tendre la main aux pros marafiste et calmer définitivement le jeu, ou alors satisfaire les fidèles purs et renforcer d’avantage les frustrations. La vraie bataille des sénatoriales semble se jouer au sein du RDPC avec des divergences qui risquent de laisser des marques. Heureusement Paul Biya pourra toujours panser les plaies, avec des nominations récompenses.