Les femmes indexées comme la cause de tous les malheurs.
Impression des t-shirts, polos, casquettes, banderoles, parapluies, auto collants, ce sont là autant d’activités que s’attèlent quotidiennement à exercer des hommes et des femmes à travers le pays. Ces activités sont appelées la sérigraphie et les personnes qui l’exercent les sérigraphes. A l’instar des activités comme la vente des parapluies qui augmente en saison pluvieuse, la sérigraphie connaît également une affluence importante principalement lors des grandes manifestations. Pour preuve, qu’ils soient sérigraphes haut de gamme ou de fortune, c’est la pression au moment où arrive une grosse commande. Pierre Christophe Bikap, peintre sérigraphe installé à Akwa s’apprête à livre 300 tee-shirts à une entreprise de la place. Mais l’on ne reçoit pas de telle commande chaque jour. « Il n’y a pas de quantité précise, car les gens viennent avec une commande de 20 t-shirts, 5o ou 100. S’il y a du travail, je peux même faire 2 000 tee-shirts, mais on nous propose 20, 50, on est obligé de se mettre au travail », affirme M. Bikap. A l’instar des ses confrères, le sérigraphe regrette que le secteur ait connu des changements bien plus malencontreux notamment pour les sérigraphes de fortune comme lui. « Avant, il y avait beaucoup d’affluence, mais cette année, ça ne marche pas bien puisqu’il y a beaucoup de gens qui sont entrés dans le secteur. Ils font des démarchent dans des entreprises pour récupérer les travaux, et nous qui sommes sur place, on n’a plus beaucoup de commandes », regrette M. Bikap.
A l’origine de ces malheurs, les femmes
M. Bikap explique, « les femmes sont entrées dans le marché de la sérigraphie, elles vont rencontrer les patrons de société. Peut-être pour certaines fins, ils leur donnent le marché, elles viennent à notre niveau sous-traiter en nous donnant plus 100 F CFA ou 200 F CAF alors qu’elles ont gagné 500 F CFA ou 1 000 F CFA. On peut parfois faire une ou deux semaines sans avoir un marché ». Eric, un autre sérigraphe installé au carrefour ange Raphaël à Douala, partage le même avis et ne cache pas son amertume. « Les femmes ont saboté le marché et les impressions sont devenues tellement moins chère que d’autres sérigraphes n’arrivent même plus à s’en sortir. Certains ne veulent même plus accepter des commandes de cette façon, par ce que prendre un t-shirt à 100 F CFA, ce n’est pas normal avec tout le travail à fournir », souligne-t-il.
Un métier à l’avenir incertain
Malgré tous les désagréments sus cités, la sérigraphie nourrit-elle son homme ? A cette question, les réponses sont assez surprenantes. « Je ne trouve pas mon compte pour le moment, d’autres sérigraphes peuvent dire le contraire, mais moi particulièrement, je ne vis pas de ça car ce n’est pas ma principale activité. Je l’exerce quand c’est le moment des grandes fêtes comme la fête du travail, la fête nationale.», affirme Eric.
M. Bikap indique, « si on ne parvenait pas à joindre les deux bouts, on essaierait autre chose. J’estime tout simplement que le métier ne rapporte plus comme avant par ce qu’il y a beaucoup de gens qui se disent sérigraphes et pourtant quand ils prennent le marché, c’est pour aller sous traiter ».
Preuve que la sérigraphie reste un métier certes noble, mais qui tarde malheureusement à prendre ses lettres de noblesse dans notre pays.