Les pays africains ont pendant quelques heures suspendu leur participation aux travaux
Suspension des négociations
Hier lundi 14 décembre 2009, les pays africains, soutenus par les pays en développement du G77 (Chine, Inde Afrique du sud et Brésil en tête), ont manifesté leur colère en suspendant pendant quelques heures leur participation aux groupes de travail. Ces derniers estiment que la conférence de Copenhague néglige l’importance du renouvellement des engagements, au-delà de 2012, des pays industrialisés dans le cadre du protocole de Kyoto qui est, à ce jour, le seul instrument légal contraignant contre le réchauffement climatique. La séance plénière a repris peu après 14h00 GMT après que les délégués africains ont reçu l’assurance de la présidente danoise de la conférence, Connie Hedegaard, qu’une partie des travaux serait consacrée exclusivement au Protocole de Kyoto.
Persistance des blocages
La présidente danoise de la conférence Connie Hedegaard a dédramatisé la colère des Africains, prédisant que d’autres « mini-crises » viendraient encore d’ici vendredi. « Ça paraît dramatique mais cela ne l’est pas tant que ça », a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision danoise TV2 News. Le protocole de Kyoto, adopté en 1997, contraint tous les pays industrialisés, à l’exception des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5,2% par rapport à 1990 d’ici 2012, année où prend fin sa première phase. Les experts comprennent la colère des africains, dont les intérêts sont négligés au milieu de cette bataille entre gros pollueurs. Les blocages persistent entre pays en développement et pays industrialisés, en particulier les Etats-Unis, sur le partage des responsabilités.
L’Afrique accusée de légèreté
Selon d’autres analyses par contre ce qui gêne dans la position africaine c’est qu’elle n’est pas fondée totalement sur la trop grosse crainte des effets du changement climatique. Certains pays du continent auraient obtenu la promesse des gros acteurs des mécanismes de souplesse autorisé par le protocole de Kyoto, d’augmenter considérablement la part du continent. Des solutions comme le Mécanisme pour le Développement Propre (MDP) ont généré un marché de plusieurs milliards de dollars. Une solution de financement contre le réchauffement climatique qui elle, au moins existe. Seulement la solution de Kyoto semble ne pas être la meilleure, dans la mesure où le protocole n’a pas été ratifié par les Etats-unis et la Chine, les deux plus gros pollueur de la planète avec 40% de taux d’émission de Gaz carbonique. D’un autre côté, le MDP et les solutions de financement contre les changements climatiques qu’il a généré ne s’exécute qu’à hauteur de 4% sur le continent africain, dont de nombreux pays ne parviennent pas à réunir les conditions d’éligibilité.
Bataille entre gros pollueurs
Les Etats-Unis considèrent, sans le rejeter, que le premier projet d’accord mis vendredi sur la table par les responsables des négociations avantage les pays en développement – et surtout la Chine. Ils insistent en particulier sur l’adoption de mécanismes internationaux de vérification des engagements, qui s’appliqueraient indifféremment aux riches et aux autres. D’avance, la Chine a exclu toute responsabilité dans un éventuel échec. « Je sais que certains diront que c’est la faute de la Chine s’il n’y pas d’accord. C’est une ruse des pays développés », a lancé le vice-ministre des Affaires étrangères He Yafei, dans une interview au Financial Times. De leur côté, le Japon et l’Australie ont averti qu’ils refusaient de discuter d’une deuxième période d’engagement de Kyoto tant que les discussions ne progressent pas sur les engagements des Etats-Unis et des grands pays émergents. Plus de 110 chefs d’Etat sont attendus à Copenhague d’ici à vendredi pour la dernière journée du sommet et les ministres des différentes délégations vont poursuivre les négociations toute la semaine.
Déjà, les experts pensent de plus en plus que chacun voulant tirer la couverture de son côté, les chances d’un accord à l’issue du sommet de Copenhague sont très mince. Ban Ki Moon le secrétaire général des Nations Unies a appelé les différents délégués à redoubler d’efforts, car c’est l’avenir de la planète qui se joue dans quatre jours.