Les chefs d’Etat de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale ont été hier les invités du président français
Tous unis autour de Sarkozy
Ont été reçus à l’Élysée, Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, Idriss DEBY ITNO, Président de la République du Tchad, Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, François BOZIZE, Président de la République centrafricaine et Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République du Gabon. Etaient aussi présents Wangari MAATHAI, Prix Nobel de la Paix 2004 et les représentants de L’Angola, le Burundi, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le déjeuner de travail a également associé le Premier ministre britannique Gordon Brown. Selon des sources proches des milieux politiques en France et en grande Bretagne, la France et l’Angleterre ont rencontré leurs partenaires d’Afrique centrale pour obtenir leur adhésion contre la garantie d’une aide financière conséquente.
Un geste gratuit de la France?
Les observateurs dénoncent le « pragmatisme » dont Sarkozy fait montre, lorsqu’il a besoin de parvenir à certain résultats. Les chefs d’Etat et de gouvernement français et britannique introduisent une donnée spéciale pour mettre la pression sur ces Etats. C’est la façon la plus simple et la moins coûteuse de limiter les émission de CO2, explique le président français, rappelant que la déforestation représentait à elle seule 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Nous sommes d’accord sur la nécessité d’une véritable gouvernance mondiale dans le domaine de l’environnement, et nous avons décidé de coordonner tous nos efforts pour créer un véritable axe entre l’Afrique et l’Europe pour obtenir l’accord le plus ambitieux possible à Copenhague, avait expliqué Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse avec Gordon Brown, au deuxième jour du Conseil européen réuni à Bruxelles. Le président Français a promis des aides sous le couvert de l’Agence Française de Développement (AFD), plus spécialisée dans les financement à remboursement que dans les dons definitifs.
Sarkozy utiliserait-il l’Afrique dans sa confrontation contre les gros pollueurs?
Selon certains experts de la diplomatie climatique de la France, le président Sarkozy ne joue la carte africaine que pour renforcer sa position face à ses principaux adversaires lors de ce sommet, que sont la Chine et les Etats unis. De fait la réunion n’a pas donné lieu à des déclarations fortes. Nicolas Sarkozy a souligné que ses amis africains ont été déçus par des promesses qui n’ont pas été tenues par le passé et affirmé qu’au fond, l’Europe et l’Afrique, c’est la même famille. Denis Sassou Nguesso, a lui insisté sur l’optimisme africain. On a souvent dit que l’Afrique, c’est le problème. C’est sûrement vrai mais, pour une fois, l’Afrique peut être une partie de la solution, a-t-il affirmé, avant d’ajouter que les Africains n’allaient pas à Copenhague avec le sentiment de l’échec. Idriss Deby lui a souligné le rôle de son pays comme barrière contre l’avancée du Sahara vers l’Afrique subsaharienne. François Bozizé a insisté sur l’importance de l’appui français aux pays africains. Le président Biya s’est contenté de remercier son hôte.
L’Afrique une fois de plus décevante
Pour de nombreux observateurs, ce mini-sommet avant les négociations finales à Copenhague contient de nombreuses zones d’ombre. Si on met de côté les visites officielles entre les chefs d’Etat de la sous-région, il reste assez surprenant que ce soit à Paris sous l’égide de la France que les chefs d’Etat de la COMIFAC aient tenu leur sommet avant Copenhague et à deux jours des négociations finales. Tout cela fait penser à beaucoup de légèreté dans la prise de conscience par ces pays du rôle qui est le leur. Il y a quelques années, dans son rapport sur l’Observation Indépendante des Forêts (Independent Forest Monitoring, IFM) au Cameroun, Global Witness avaient conclu que le respect du code forestier s’améliorait. L`Observation Indépendante des Forets a eu un impact certain quant à la diminution de l’exploitation forestière illégale à grande échelle. Il trouvait toutes fois décevant de constater la lenteur des progrès réalisés par les autorités camerounaises pour améliorer le respect de la loi et punir les contrevenants. A partir de ce jour, les chefs d’Etat reçus par Sarkozy prononceront leurs discours à Copenhague. Pour de nombreux experts, l’Afrique s’est mise elle-même hors-jeux dans ce rendez-vous qui était pour elle une opportunité de revenir en force sur les négociations internationale. Au lieu de ça, elle continue une politique inefficace de demande d’assistance financière. Seule une bonne volonté des Etats-unis et de la Chine permettra un déblocage de la situation.
