Avis de quelques experts
Les effets du changement climatiques sont aujourd’hui visibles à tous les niveaux et il est question que la communauté internationale se mobilise pour examiner cette question. Copenhague apparaît comme un lieu d’échange où les différentes parties devront rentrer avec des propositions concrètes de manière à ce que l’on puisse réduire les émissions de gaz à effet de serre et même proposer des stratégies d’adaptation au changement climatique. La position de l’Afrique est commune, c’est-à-dire qu’elle milite pour que les forêts par exemple en Afrique puissent être conservées et les terres moins dégradées.
Jean Jérôme Owon’ Owona, chef de brigade d’inspection environnementale de la délégation régionale de l’environnement pour le littoral
Pour le sommet de Copenhague les attentes et les enjeux de l’Afrique sont contenus essentiellement dans la déclaration de Ouagadougou qui a énoncé 26 résolutions qui vont constituer la plate forme de discussion pour notre continent. Et à ce niveau il faudrait que l’Afrique s’attende tout le moins à s’approprier l’ensemble des résolutions et décisions qui seront prises, à les rapprocher de celles qui ont été prises à Ouagadougou pour en tirer ce qui sera pour l’Afrique sa feuille de route, sa plate forme pour la mise en uvre des dispositions et la résolution des problèmes liés à au changement climatique. Je pense aussi que c’est l’occasion pour l’Afrique de donner une nouvelle impulsion à son développement, avec les mécanismes de développement propre (MDP) et de franchement trouver des sources de financement qui pourront accompagner cette nouvelle impulsion. Le développement s’est fait d’une autre manière, l’Afrique à rater ce premier train et il serait incongru qu’elle loupe encore cette seconde étape. Auquel cas ce sera terminée pour elle.
Mamert Aimé Mahob, environnementaliste
Les enjeux sont très important, parce qu’il s’agit de voir qu’est ce qu’on peut faire par rapport à tous les risques naturels qui nous menacent. Comment va-t-on faire pour se préparer à tout ce qui nous attend? Quelles sont les mesures qu’on va pouvoir prendre à l’issue de ce sommet? Des décisions importantes doivent être prises pour qu’on puisse survivre. Pour une fois l’Afrique y va en bloc, avec une position commune, une volonté de se faire entendre et surtout une volonté aussi d’aboutir à un résultat. Parce que jusqu’ici l’Afrique a été laissée pour compte. Cette fois-ci, il y a une prise de conscience pleine. Les africains sont dans une position où il faut faire pression, ce qui est rare. En général on arrive en victime, et on attend ce qu’on veut bien nous donner. Cette fois je pense qu’il y a une réelle volonté de faire changer le cour des choses et que ce n’est pas toujours les mêmes rapports de force. En tout cas si rien n’est fait, ce qui attend le monde, ce sont les changements climatiques que nous vivons au quotidien et il va falloir complètement se réorganiser. Il y aura des impacts au niveau de l’urbanisation, avec des inondations, des impacts au niveau de l’agriculture. Bref les impacts seront tels qu’il faudra une nouvelle organisation, un nouveau mode de vie. Malheureusement nous sommes dans un pays pauvre, donc ce ne sera pas évident.
Carole Tankeu, chef de département environnement et cadre de vie à la Communauté urbaine de Douala
C’est vrai que le sommet de Copenhague est un forum d’échanges et de partage, il y aura certes des résolutions, mais j’ai beaucoup d’inquiétudes par rapport à l’Afrique quand à l’adaptabilité même de ces résolutions. Je le dis parce qu’en Afrique nous avons un problème. Nos leaders même ne voient pas dans leurs projets de développement le maillon environnemental. L’environnement reste encore un slogan et la matérialisation même du phénomène n’est pas encore concrète. Depuis le sommet de Rio en 1992, on a sorti les agendas 21, on se bat comme on peut pour les appliquer, mais on est toujours coincé quelque part. parce que ce n’est pas impulsé. Les politiques doivent impulser le développement durable en insistant sur l’environnement. C’est-à-dire que prendre en considération tout ce qui peut nous permettre de ne pas polluer. Aujourd’hui en Afrique les conséquences ne sont pas encore graves comme en Europe ou aux Etats-Unis, mais j’ai peur que les conséquences se retournent contre nous. Ce forum donne donc l’opportunité à l’Afrique de parler fort, dans ce sens que nous constituons encore le réservoir de ces pays développés. Mon inquiétude c’est qu’ils sortent des lois pour circonscrire encore l’Afrique, la baliser comme une zone sécuritaire, ce qui sera un frein pour notre développement.
Bienvenu Yombo, ingénieur environnementaliste et responsable de la cellule des risques urbains, au département de l’environnement à la Communauté urbaine de Douala