A l’occasion de cette 65ème assemblée générale où il a pourtant beaucoup été question d’elle, l’Afrique a manqué l’occasion de présenter un projet unique
Légère divergence sur la vision actuelle du continent
Concernant la situation socio-économique du continent, les dirigeants africains sont apparus divisés sur les causes et parfois même sur les solutions. On a vu d’un côté le Camerounais Paul Biya, attirer l’attention sur la perspective des risques de drame à venir sur le continent. La communauté internationale, a-t-il indiqué, ne peut rester indifférente devant la menace des «émeutes de la faim» qui risquent de miner les efforts réalisés vers l’objectif de faire progresser la démocratie et assurer le développement en Afrique. De son côté, le président Bingu Mutharika du Malawi et président en exercice de l’Union Africaine, s’est refusé à se prêter aux jeux des médias qui présentent l’Afrique comme un continent de désespoir. Nous n’entendons pas parler des succès en matière de participation démocratique et de bonne gouvernance, de la tenue d’élections multipartistes et pacifiques, des taux élevés de croissance macroéconomique dans certains pays africains, a-t-il dénoncé relevant que dans la plupart des médias, l’Afrique ne soit un sujet intéressant que lorsqu’il faut parler de conflits ethniques ou de famine. Autre point de divergence, la question de la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. Alors que le président Biya par exemple parle d’une place permanente au conseil de sécurité, le président du Malawi a poussé la demande à deux places, avec droit de véto. Une troisième voix s’est ajoutée, celle de l’Afrique du sud. Son ministre des Affaires étrangères a plutôt proposé la solution d’une refonte de l’Assemblée générale. Nous soutiendrons les mesures qui sont destinées à améliorer l’efficacité de l’Assemblée générale, spécialement celles concernant son rôle dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationale, a déclaré Mme Nkoana-Mashabane.
Afrique forte ou Afrique assistée?
Divisés sur la nature des problèmes globaux au continent, les dirigeants africains l’ont aussi été sur les solutions proposées pour une amélioration de la condition actuelle. Parlant au nom de l’Afrique toute entière, le président Paul Biya a proposé une refonte des rapports internationaux et un départ sur des nouvelles bases. Il a tenté dans son discours de démontrer qu’il n’accusait pas directement les occidentaux de la situation qui prévalait actuellement en Afrique, mais qu’on en était pas loin et qu’un tribu devrait être payé pour réparer le chaos dans lequel le continent avait été plongé. L’Afrique a indiqué Monsieur Biya, est prête pour le «plan Marshall africain». Un plan Marshall en Afrique ce serait pour éviter qui ? Les observateurs voient les Chinois, les Turcs et même l’Inde et le Brésil, des pays qui ont cessé d’être émergents et dont les économies sont de plus en plus puissantes.
Contrairement au président camerounais et à de nombreux autres présidents francophones qui ont émis des v ux similaires, le président du Malawi, président en exercice de l’Union Africaine et fidèle à la pensée anglo-saxonne, a choisi de présenter une Afrique prête à affronter les défis qui se présentent à elle. Une Afrique qui a hâte de participer à la prise en main de son destin. Elle est prête, non pas à recevoir une aide massive, mais plutôt à se prendre résolument en main. Soulignant la «vision claire» qu’ont les dirigeants du continent de cette «nouvelle Afrique» qui a décidé de passer de l’afro-pessimisme à «l’afro-optimisme», l’Afrique, a expliqué le président du Malawi.
