Le président camerounais a profité de cette tribune internationale pour porter haut les travaux de la conférence Africa 21 de Yaoundé
La déclaration de Yaoundé comme «guide»
Le chef de l’Etat Paul Biya a profité de l’occasion que lui donnaient les réunions de New-York pour présenter sa vision du développement de l’Afrique, notamment à travers la déclaration dite de Yaoundé, qui est elle-même issue de la conférence Africa 21, organisée au mois de mai dernier, à l’occasion de la célébration des cinquantenaires des indépendances du Cameroun. Il fait le constat que la mauvaise situation de l’Afrique est le fait de plusieurs facteurs, dont certains sont attribuables aux Africains et d’autres aux anciennes puissances coloniales dont les héritiers sont aujourd’hui les pays développés. C’est cette préoccupation qui a amené le Cameroun, à l’occasion du Cinquantenaire de son accession à la souveraineté, à organiser à Yaoundé une Conférence internationale -Africa 21- au cours de laquelle a été dressé un bilan sans complaisance des 50 années d’indépendances africaines et ont été évaluées les chances qui vont s’ouvrir à l’avenir à notre continent a fait savoir le président du Cameroun. Il estime que toutes ces difficultés doivent être aplanies et prône pour un nouveau départ de ces ruines qui empêchent l’Afrique de se développer. La déclaration finale de la Conférence que ma délégation tient à votre disposition, se présente comme une sorte de «guide» pour la réhabilitation de l’Afrique, tant en ce qui concerne son redressement économique que sa participation à la vie internationale. La conférence internationale «Africa 21» avait porté sur le thème «l’Afrique, une chance pour le monde».
Une Afrique capable mais qui a besoin d’assistance
Depuis ce moment-là, le président Biya ne cesse de plaider sa cause sur la scène internationale. Il l’avait déjà fait lors du sommet Afrique France à Nice en France, il l’a fait quelques mois plus tard lors de la rencontre en France entre Nicholas Sarkozy et les chefs d’Etat de l’espace francophone, au Brésil lors de la rencontre avec le président Lula et à chaque fois qu’une personnalité est venue lui rendre visite dans la capitale camerounaise. Plusieurs recommandations avaient été faites à l’issue des travaux qui avaient connu la participation de certaines personnalités de la communauté internationale. La Déclaration a permis de faire le point sur le chemin parcouru par l’Afrique en 50 ans et d’envisager les perspectives d’avenir pour le continent. À travers elle, les personnalités signataires refusent la marginalisation du continent et sa sous-représentation dans les instances internationales. Elle indique aussi que le réveil africain doit s’appuyer sur le développement de l’agriculture vivrière, afin que le continent cesse d’importer pour manger, mais aussi sur la nécessité de protéger son agriculture. Le rôle du développement des partenariats public/privé et des échanges entre pays émergents est souligné en ce qui concerne l’amélioration de la croissance et de l’emploi. La Déclaration de Yaoundé reconnaît la paix et la sécurité comme étant les facteurs essentiels de la conduite d’une politique de progrès. Elle appelle la nécessité d’une gouvernance publique transparente et rigoureuse pour faire face à l’urbanisation non maîtrisée, l’expansion des risques sanitaires et la perte des valeurs culturelles. La déclaration relève enfin que [l’Afrique est maintenant capable de réaliser son unité dans la plupart des domaines] et soutient qu’ [il est temps qu’elle contribue de manière significative à l’émergence de ces solutions].

Un parcours difficile pour le document
Pour de nombreux commentateurs, l’idée pour le président camerounais de capitaliser les fruits de la conférence Africa 21, que certains soupçonnent d’avoir plombé le budget 2010, reste une chose louable. Mais ils doutent de la capacité du Cameroun à mener seul ce combat à bien. Plusieurs d’entre eux estiment que le président aurait dû d’abord défendre sa cause auprès des autres présidents africains, pour avoir plus de poids. Mais on se souvient aussi que le Cameroun n’était pas présent lors du dernier sommet de l’Union Africaine. Difficile donc pour le Cameroun de demander l’adhésion de ses pairs africains si le projet ne leur est pas soumis. D’un autre côté, sans le dire, la Déclaration soulève plusieurs points très sensibles pour les pays développés. Elle appelle à une refonte des relations entre ces pays et le continent africain. Les gouvernements occidentaux ne semblent pas partager cette opinion. Pour beaucoup d’entre eux, l’Amérique en tête, l’Afrique doit encore prouver qu’elle peut être crédible. Un premier facteur de ce test de crédibilité est déjà faussé d’avance, les dirigeants du continent ne réussissent pas à s’accorder sur des objectifs communs. Difficile dans ce cas de constituer un bloc solide et fort sur la scène internationale. Une manifestation claire de cette absence d’entente est la position de la place de l’Afrique sur la scène internationale. Alors que le président Biya parlait d’une place au conseil de sécurité, le président du Malawi président en exercice de l’Union Africaine a plaidé pour deux places dans ce conseil.

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