Le Cameroun présidait cette commission au cours de laquelle la plupart des Etats ne se sont pas accordés sur des engagements chiffrés
Aucun engagement politique d’envergure…
Malgré un constat de paralysie des négociations sur le désarmement, des États ont exprimé des points de vue divergents sur les priorités et les règles d’une relance des négociations sur le désarmement, lors de la conférence organisée à cet effet à l’ONU. Il faut mettre fin au scandale que constitue l’incapacité de la conférence du désarmement d’avancer dans ses travaux depuis 13 ans, a déclaré Kevin Ruud, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, au cours de la réunion de haut niveau organisée en vue de revitaliser les travaux de cette instance et de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement. Le fait que la Conférence du désarmement (CD), créée en 1978, n’ait pas pu faire de progrès démontre la nécessité de modifier ses méthodes de travail, a estimé la majorité des 70 délégations qui ont pris la parole. Parmi les solutions proposées, les délégations ont suggéré l’abandon de la pratique du consensus au niveau des négociations et l’élargissement de la composition de la CD au-delà des 65 membres actuels. Certains intervenants ont suggéré que la quatrième session spéciale de l’Assemblée générale consacrée au désarmement soit l’occasion de procéder à une évaluation du fonctionnement des mécanismes de la CD. Dans ses remarques de clôture, le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon a indiqué qu’il demanderait au Conseil consultatif pour les questions de désarmement d’examiner toutes les questions soulevées au cours de la Réunion, y compris la création d’un groupe de personnalités de haut niveau.
…Quelques évolutions tout de même
La plupart des délégations ont salué les évolutions positives récemment survenues en matière de contrôle des armements, comme l’Accord américano-russe du 8 juillet 2009 (START), la résolution 1887 du Conseil de sécurité du 24 septembre 2009, le sommet sur la sécurité nucléaire de Washington qui a eu lieu au mois d’avril 2010, ou encore l’entrée en vigueur de la convention sur les armes à sous-munitions. Elles ont jugé qu’il est urgent de lancer des négociations sur l’élaboration d’un traité sur l’arrêt de la production de matières fissiles à des fins militaires, et d’un autre sur la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. À cet égard, le responsable américain du contrôle des armements et des armes de destruction massive, de la prolifération et du terrorisme, a qualifié «d’indispensable» la négociation, l’adoption et l’entrée en vigueur d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires pour lutter contre la course aux armements et contre le terrorisme nucléaire. «Mais», a-t-il dit sur un ton de regret, «un seul pays bloque ce processus».
Le Ministre des affaires étrangères de l’Iran, Manouchehr Mottaki, a, quant à lui, proposé que soit négociée une convention interdisant la totalité des armes nucléaires d’ici à 2025 et la mise en place sans délai d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Le représentant israélien, Daniel Ayalon, a fustigé «les programmes clandestins d’armes de destruction massive» iraniens, en estimant que tout projet de désarmement au Moyen-Orient devait être accompagné de mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.
La solution camerounaise: Re-allouer les dépenses militaires vers la lutte contre la faim
Parlant au nom du Président Paul Biya de la République du Cameroun, Henri Eyebe Ayissi, le ministre en charge des relations extérieures a rappelé que son pays, depuis son indépendance, n’a cessé de cultiver les initiatives en vue de désamorcer les tensions dans le monde et de préserver la paix. Le gouvernement du Cameroun a ainsi pu résoudre son différend frontalier avec le Nigéria. Le problème du désarmement est très largement entre les mains des grandes puissances, a-t-il ajouté, estimant que cela explique la «sage lenteur» des grandes négociations multilatérales. Le ministre a néanmoins marqué son optimisme, expliquant que le choc de la seconde guerre mondiale a rendu consciente les grandes puissances des risques de la course à l’armement. Il a aussi insisté sur le lien qui existe entre l’armement et le développement, faisant référence au sommet sur les objectifs du Millénaire pour le développement qui vient de se tenir à New York. Si l’on rapproche le montant des contributions nécessaires pour réduire la pauvreté dans le monde, dans cinq ans, de celui que les États ont consacré aux dépenses militaires – 1 535 milliards de dollars pour 2009- une faible partie pourrait faire disparaître ces autres armes de destruction massive que sont la faim, la maladie, l’analphabétisme et la misère, a-t-il conclu. Les travaux en plénière de cette conférence se sont achevés une fois encore dans le désaccord. De nombreuses délégations ont jugé important de modifier les méthodes de travail de la conférence, tandis que d’autres ont estimé que la capacité d’action de la conférence reposait avant tout dans la volonté politique de ses membres.
