L’Etat du Cameroun garde les écoles fermées, annule les festivités du 1er mai et de l’Unité nationale mais autorise la réouverture de certains lieux de loisirs. Or les regroupements populaires restent interdits pour limiter les risques de contamination.
Que peut-on attendre d’un citoyen ivre d’alcool tel qu’on en trouve souvent dans les bars et autres lieux de loisirs ? Assurément pas qu’il veille à observer une distance d’un mètre avec ceux qui l’entourent. Ou même qu’il s’assure que la personne qui lui transporte une bouteille a pris le soin de se laver les mains au préalable ou de s’appliquer le gel hydro-alcoolique.
Le weekend achevé a attesté que l’autorisation de rouvrir les débits de boisson constitue un risque de contamination massive. Le 1er mai, Journée internationale du travail, les bars, snacks et boites de nuit de la capitale ont été envahis par des milliers de consommateurs de produits brassicoles. L’essentiel, sans observance des mesures barrières, notamment le port de masques et la distanciation sociale.
En dehors du dispositif de lavage ou de désinfection des mains que l’on pouvait retrouver presque partout, très peu de tenanciers des milieux de loisirs ont pris des dispositions pour faire appliquer les mesures barrières. Cela pouvant réduire leur marge de gain, imagine-t-on, encore que plusieurs d’entre eux ont délibérément haussé les prix des boissons.
Pareil libertinage s’observe dans les rues où le port du masque semble devenu facultatif. A bord des taxis – où la surcharche a repris – ou même dans les quartiers, l’on compte du bout des doigts ceux qui les arborent convenablement. A croire que les mesures d’assouplissement prises le 30 avril dernier par le gouvernement ont décrété la mort du Covid-19 au Cameroun.
L’on en est à s’interroger sur la pertinence de la démarche du gouvernement. A se demander s’il a cédé aux pressions des lobbys brassicoles au détriment de la santé de la population qu’il doit défendre et protéger. Quelle est la pertinence de garder les écoles fermées jusqu’au 1er juin, d’annuler les festivités de la journée internationale du travail et du 20 mai, et d’autoriser la réouverture des débits de boisson où le risque de contamination est de toute évidence le plus élevé ?
En aménageant sept Centres annexes d’accueil des malades tels que ceux des stades militaire de Yaoundé et de Mbappé Leppe à Douala, est-ce en prévision à l’explosion du nombre d’infections du fait de la fin du confinement des débits de boisson ? Autant de questions qui appellent une communication du gouvernement.
En voulant sauver un pan de l’économie nationale, le risque d’une crise sociale plus pernicieuse est à redouter.