Par Joseph Bomda, psychosociologue
La côte d’Ivoire a depuis quelques jours deux présidents de la République : Monsieur Alassane Dramane Outtara, tête de file du RHDP, et Monsieur Lautent Bagbo, candidat de la majorité présidentielle et Président sortant. Sans revenir sur les péripéties qui ont conduit à cette curieuse et déconcertante dualité, on remarquera que la manipulation est fortement utilisée par les différentes parties impliquées dans cette crise. Chacun va de sa manière pour faire valoir ses arguments. Entre juristes, politiciens, géostratèges, africanistes, . on se perd dans les arguments. Et, embarrassé si ce n’est essoufflé, le citoyen lamda se perd dans les conjectures. À quel saint se vouer? Qui croire? Et pourquoi croire à tel plutôt qu’à un tel autre? Les plus futés, je veux dire celles et ceux qui sont capables de réfléchir par la raison et non par le c ur et les émotions, se rendent bien vite compte qu’ils sont manipulés, trompés et bernés par les différents experts et médias supposés leur dire la «vérité». Le psychosociologue en prend acte, et sans se positionner en faveur de Monsieur Ouattara ou de Monsieur Bagbo, ambitionne de dire sa part de «vérité». Quid à laisser chacun en penser ce qu’il veut et tirer aussi sa part de «vérité». Devant l’embarras auquel les parties nous contraignent, la seule solution semble être dans une quête personnelle de la vérité. Mais comment procéder et comment y accéder ? Déjà, la Côte d’Ivoire est victime du langage politique relayé par des chasseurs, des collectionneurs et des entreteneurs d’intérêts autres que ceux des ivoiriens. George Orwell me conforte dans cette lecture. Dit-il, « Political language is designed to make lies sound truthful and murder respectable, and to give the appearance of solidity to pure wind »: [le discours politique est conçu pour rendre le mensonge vrai, le meurtre respectable et donner une apparence de solidité à du vent]. Qu’est-ce à dire?
Je me permets de répondre en ccommençant par dévoiler ce que j’entends par comportement manipulateur et calculateur dans la crise ivoirienne. Ensuite, rendons-nous compte que l’information à des sources diverses, et de manière critique, est le chemin le plus sûr pour connaitre la vérité vraie. Quoi de plus normal diront certaines personnes ! Peut-être. Mais cette normalité, vérité de lapalissade et banale en soi, a disparu de l’analyse de la crise ivoirienne. Ceci est d’autant plus vrai que quand on analyse le discours de la nouvelle forme de communauté internationale, notamment celle des médias français pro-Sarkozy et françafrique, il y a plusieurs raisons de s’indigner. Dois-je rappeler que cette soi-disant communauté internationale n’est pas l’union des peuples du monde, mais le fait de deux capitales occidentales: Paris et Washington? Déjà, j’entends par comportement manipulateur et calculateur: Les agissements destinés à fausser la réalité. Les informations données pour induire en erreur ou cacher certains aspects de la vérité. Les faits inexacts explicitement déclarés comme exacts en s’appuyant sur des valeurs et des références socialement connues ou supposées crédibles: ONU, CEI, UE, Conseil constitutionnel. Les renseignements tronqués, erronés et destinés à duper. Les dissimulations sous le couvert desquelles on ne montre pas ce qui est et procède par la ruse et la feinte à la falsification de la vérité, les usages du faux pour amener les gens à participer à une mascarade tout en ayant conscience qu’ils pourraient refuser s’ils s’en rendaient compte. Le manipulateur veut faire passer l’interlocuteur pour un récepteur sans capacité critique. Dans un mépris total de l’Autre, le manipulateur n’ose pas avouer publiquement son forfait parce que conscient de l’ignominie de ses actes. Obstiné dans le faux et l’équivoque sciemment orchestrés, le manipulateur-calculateur croit pouvoir fabriquer la naïveté et espère l’utiliser pour faire agir dans le sens de ses intérêts. L’Humain n’est pas toujours pour lui une fin, mais toujours un moyen. Bref, dans le comportement manipulateur et calculateur, le manipulateur-calculateur est certain qu’il possède l’exclusivité de la raison. Il est convaincu qu’il a en face de lui un sujet ou des sujets sans jugeote appelé(s) à jouer un rôle dont lui seul a la maîtrise les rouages, les tenants et les aboutissants. Quelle(s) interprétations en faire? Le psychosociologue, que je voudrai être, y lit, sans aucune influence morale, l’infantilisation du récepteur de l’information manipulée et calculée; le mépris de la respectabilité à laquelle tout être humain a droit; le déni d’humanisme en l’Autre ici utilisé comme objet ou passerelle vers une action calculée dans son dos; la primauté des intérêts bassement humains et vaniteux sur la dignité humaine. Dans le cas ivoirien, comment le comprendre et en quoi ceci peut être vrai? Permettez-moi de partager les suivantes interrogations. En y répondant, chacun verra par lui-même d’où vient la manipulation et comment elle est réalisée.
Avait-il fallu que la Côte d’Ivoire accepte d’organiser les élections présidentielles dans un pays divisé et dans lequel le mandat de l’ONU n’a pas produit tous les résultats escomptés, notamment la résolution de l’épineux problème du désarmement des rebelles? Ceux qui motivaient ces élections avaient-ils mesuré la gravité des conséquences de ce qu’ils posaient comme acte? Avait-il fallu créer une commission électorale dite indépendante (CEI) alors qu’au fond elle n’a été et n’est qu’un regroupement d’opposants? Est-ce à dire qu’en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas d’Hommes et Femmes intègres et dignes? Avait-il fallu que le porte-parole de cette commission dépendante et partisane aille dans le fief de Monsieur Ouattara, délaissant le siège de la CEI, proclamer des résultats dits provisoires et présentés par certaines «démocraties» occidentales, notamment la France et les USA, comme définitives? Étant forclos, avait-elle encore le droit de le faire et surtout en dehors de son siège et dans le fiel d’un des candidats aux élections présidentielles? Avait-il fallu que les médias, français particulièrement, rendant compte de l’opposition de certains membres de la CEI, à l’hôtel du Golf, quant à la proclamation des supposés résultats provisoires par le porte-parole aient sélectionnés la partie relative à la destruction des procès verbaux comme si l’instant en question jaillissait de nulle part? Avait-il fallu que Monsieur You-ji Choi de l’ONUCI décida qui a gagné, au nom d’une certification dont il aurait le droit, et que le président français, Nicholas Sarkozy, depuis l’Inde nous livre par les médias européens et français en particuliers (RFI, France 24.) le nom du gagnant : Monsieur Ouattara en lieu et place du Conseil Constitutionnel ivoirien ? Pourquoi avoir dans leur proclamation desdits résultats au mépris du Conseil Constitutionnel Ivoirien, Nicolas Sarkozy, You-ji Choi et Obama n’ont pas fait cas des violences perpétrées par les Rebelles dans le Nord, des bourrages d’urnes, des totaux fictifs sur certains procès verbaux et de la curieuse augmentation du taux de participation qui était curieusement passée de 70% au premier tour à 81% au second? Avait-il fallu, sans s’interroger sur cette curieuse coïncidence des faits, que le Président Obama, menaça, disent les médias pro-Sarkozy et françAfraique, et que l’ONU et la «Communauté internationale» s’en mêlèrent? Que l’Union Africaine et la CEDEAO, suivistes opportunistes, leur emboitèrent le pas ? Avait-il fallu que le Conseil constitutionnel annule purement et simplement près de 630 000 voix en faveur de Monsieur Ouattara ? Pourquoi dans un souci d’équité n’avoir pas, autant du côté de l’ONUCI que du Conseil Constitutionnel, requis plutôt la reprise des décomptes ou des élections que de proclamer des gagnants ? La prestation de serment de Laurent GBagbo n’a-t-elle pas été trop précipitée pour donner raison à ceux qui le qualifient de tricheur ?
Est-il possible de croire que parce que l’ONU a investi financièrement, matériellement et humainement dans les élections ivoiriennes que cet État cesse d’être indépendant et doit se voir gérer par un fonctionnaire, You-ji Choi, d’un organisme pour lequel il paye des cotisations, l’ONU? Le financement de l’ONU donne-t-il d’ailleurs un quelconque droit à la France et aux USA pour rompre le devoir de neutralité, de réserve et de s’ingérer dans les problèmes ivoiro-ivoiriens? Que valent les menaces de l’ONU et de certaines puissances occidentales confondues à la communauté internationale médiatiquement pro-français et FrançAfrique quand on sait qu’elles ont autorisé le massacre des irakiens à cause d’un mensonge d’Etat perpétré par Georges W. Bush? Le président soudanais, Mohamed El Bechir, encore en service est poursuivi par la CPI pour génocide et crime contre l’humanité. Dans le même temps, les soldats américains de la prison d’Abou Ghraïb et George W. Bush sont tranquilles! C’est quoi donc cette soi-disant «communauté internationale» que les médias profrançais et américains clament haut et fort tout en ignorant que le monde entier est informé de sa politique de deux poids deux mesures? La France, les responsables de la fameuse opération turquoise, François Mitterrand, Edouard Balladur, Alain Juppé, treize (13) autres français identifiés dans le rapport rwandais du génocide de 1994 ont-ils été inquiétés? Avait-il fallu, enfin, que Monsieur You-ji Choi de l’ONUCI parla d’observateurs crédibles et d’observateurs non crédibles alors que tous avaient été formellement mandatés? Que penser quand les observateurs dits crédibles sont Blancs et surtout de l’Union Européenne et les non-crédibles des Noirs de l’Afrique Noire? La raison continue-t-elle d’être Hélène et l’émotion Nègre comme le pensait Senghor, ce civilisé français dans l’esprit et noir de corps parce que noir de couleur? Trop de questions peuvent encore être posées. À l’occasion, constate-t-on aussi que très peu de réponses sont données aux précédentes. Quand bien même il y en a, le défaut de neutralité trahit la suprématie de la subjectivité sur l’objectivité. Les médias pro-Ouattara veulent faire croire que tout a été rose jusqu’à ce que l’antidémocrate Gbagbo dépossède l’ange ouattara de sa légitimité de président «démocratiquement élu». Du côté des Progbagbo, tout a été fait pour écarter leur mentor, lui le nationaliste qui veut rompre avec la françafrique, ce machin que Ouattara serait prêt à servir aux prix d’innocents ivoiriens pour garantir les intérêts des puissances économiques européennes françaises et américaines. Est-ce seulement vrai? Partageons mes humbles réponses aux précédentes questions et répondons, chacun en toute liberté!
L’ONU et l’État ivoirien n’auraient jamais dû accepter l’organisation des élections dans un pays divisé. La division de ce pays, avec au nord les Forces Nouvelles, une rébellion armée, et au sud les loyalistes, faussait déjà l’issu des élections et sapait les cinq critères d’une vraie démocratie. Je veux dire: La souveraineté du peuple; la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire; l’égalité devant la loi ou le règne de la loi; la garantie des libertés fondamentales individuelles: Liberté de conscience, d’opinion, de presse, de réunion.; et enfin, l’alternance du pouvoir. À voir l’ignorance que les communautés internationale médiatiquement portée par la France en fait, il y a lieu de suspecter que ceux qui insistaient l’organisation des élections dans ce contexte savaient où ils allaient. La CEI dans sa composition actuelle n’aurait jamais dû exister. Il parait que sur les 05 personnes qui constitueraient son noyau dur, le RHDP de Monsieur Ouattara compterait 04 membres et la majorité présidentielle de GBagbo, 01. Au niveau central de la CEI, c’est-à-dire au niveau de l’organe délibérante, on compterait 22 membres avec seulement 6 du côté de GBagbo. La CEI régional couvrirait 19 régions et tous les membres seraient encore du RHDP. La CEI au niveau local compterait 415 membres. 380 seraient du RHDP de Ouattara et 35 de la majorité présidentielle de GBagbo. Face à ce déséquilibre, y a-t-il indépendance? Y a-t-il l’ombre de la neutralité? Pourquoi avoir confié l’avenir d’une nation à un tel machin? Le porte-parole d’une CEI aussi dépendante n’aurait jamais dû, parce que forclos, abandonner le siège de la CEI pour lire des résultats provisoires à l’Hôtel Golf, le QG de Monsieur Alassane Dramane Ouattara et du RHDP. La CEI avait trois jours pour proclamer les résultats provisoires. Après ces trois jours, la charge revenait au Conseil Constitutionnel qui devait, même si lesdits résultats avaient été connus dans les délais, les valider et leur donner force de loi. Faute d’une entente en interne, les divisions de la CEI l’ont conduit à dépasser les délais. Néanmoins, dans le fief d’Ouattara, son porte-parole, empêché par certains commissionnaires de la CEI, n’a pu lire les fameux résultats provisoirement définitifs.
Les médias occidentalement et mondialement français ou profrançais, relayés par de nombreux médias africains et autres, n’auraient jamais dû tourner en boucle la destruction des PV supposés provisoires tout en omettant de rappeler qu’avant cette scène, il y avait eu des dénonciations et que faute d’être écouté, le commissionnaire Damana Pickass n’avait eu pour seul recours que ses biceps. Par leur attitude, ces médias ont sciemment envenimé la situation. La restitution d’information VRAIE aurait pris en compte le stimulus du comportement qu’ils veulent faire passer, à raison, pour dangereux, anti-démocrate et pro-GBagbo. Eu égard au principe de non ingérence dans les affaires internes d’un pays indépendant, Monsieur You-ji Choi, les Présidents Sarkozy et Obama avec, n’aurait jamais dû se substituer au Conseil Constitutionnel ivoirien pour décider qui a été élu entre GBagbo et Ouattara. Certes l’ONUCI par la personne de You-ji Choi devait certifier les résultats. Mais il devait certifier des résultats validés par le Conseil Constitutionnel ivoirien. Il n’a jamais été question dans ces prérogatives de se substituer en ce Conseil. Un pédant qui se dit politologue expert et le clame à moindre occasion parce qu’enseignant à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun, par ailleurs régulier invité de deux émissions à succès, Zappresse et Policam, sur une chaine de radio privée camerounaise, Radio Siantou, croit savoir que les accords internationaux ont priorité sur la constitution. Même si ceci était vrai, ces accords doivent être ratifiés et leur constitutionalité validée par le Conseil Constitutionnel (art 95 de la constitution ivoirienne). L’accord sur la certification des résultats des élections présidentielles en Côte d’Ivoire l’a-t-il été? Et même s’il l’avait été, et j’en doute, est-ce pour autant dire qu’un pays indépendant cesse de l’être parce qu’il sollicite les services des fonctionnaires d’un organisme pour lequel il paye ces cotisations? Je veux dire l’ONU. Le président Obama a semblé à un moment être un partenaire opportun pour un changement VRAI dans la gestion des affaires publiques des pays africains. Légaliste, d’où vient-il que de par ces déclarations il veuille rejoindre Georges W. Bush qui, usant, de la menace, a conduit ses alliés dans un imbroglio en Afghanistan et en Irak? Et cette «Communauté Internationale» dont les médias parlent tant, de qui s’agit-il ? Prenons le cas de la CEDAO pour nous rendre compte qu’il ne s’agit que de quelques pays. À la réunion de la CEDAO où il a été décidé de suspendre la Côte d’Ivoire, seuls 4 d’États chefs sur 15 étaient présents: Le sénégalais Wade; le nigérian Godlove; le Burkinabé Compaoré et la libérienne Ellen Johnson Sirleaf. Que vaut leur décision ? Il en est de même de la soi-disant «communauté internationale» qui n’est rien d’autre que la France et quelques pays acquis à sa cause: Les USA et l’UE. Manipulés aussi? Faute d’avoir eu une résolution de sanction contre la Côte d’Ivoire du fait du véto russe, la déclaration qui en a suivie est présentée par les médias partisans et pro-français comme une résolution. Une déclaration est-elle une résolution? Non! Ce n’est rien d’autre qu’un communiqué de presse.
Pour statuer sur la question de savoir si le Conseil Constitutionnel était dans son droit d’annuler les voies de certains électeurs plutôt que de proposer de nouvelles élections dans les neuf (09) zones à problème, il est souhaitable de savoir ce qui est attendu de lui dans ces conditions. Le Conseil Constitutionnel, ailleurs nommé Cours Suprême, rend des décisions de reformation et d’annulation en matière électorale. En matière de contrôle juridictionnel des actes, il rend des décisions et avis d’inconstitutionnalité. Ses décisions entrainent une annulation partielle ou totale de la loi dont certaines dispositions ont été déclarées anticonstitutionnelles. Pour ce faire, son action est organisée et doit l’être parce que ces décisions sont indiscutables (Art 98 constitution ivoirienne (C)). Pour ce qui est du contentieux électoral relatif aux élections présidentielles, le Conseil Constitutionnel a compétence (Art 94 C). À cet effet, il reçoit la plainte de tout candidat dans les trois (3) jours suivant la clôture du scrutin (Art 60 commission électorale (CE)). Il a sept (07) jours à compter de la saisine (Art 62 C & Art 61 CE) pour se prononcer. Ce qui ne veut pas dire qu’il doit travailler pendant les sept jours et proclamer les résultats le huitième jour suivant. Il proclame les résultats définitifs (Art 94 C) dans un maximum de sept (07) jours après réception des procès verbaux (Art 62 et 63 CE). Aussi, à raison, il réceptionne le serment du président élu (Art 39 C) dans les 48 heures qui suivent la déclaration définitive des résultats. Organe neutre, le Conseil Constitutionnel peut avant la décision finale du scrutin présidentiel, constater les évènements graves de nature à entacher la sincérité des élections (Art. 38 C & 47 CE). La personne qui l’en informe, instantanément et dans les 24 heures, est la Commission Électorale (Art. 38 C & 47 CE). Le Conseil Constitutionnel peut, et non doit, décider dans les 24 heures de l’arrêt, de la poursuite ou de la suspension des opérations électorales. Le président de la République demeure en fonction et en informe la nation par message. Et, « dans le cas où le Conseil Constitutionnel ordonne l’arrêt des opérations électorales ou décide de la suspension de la proclamation des résultats, la Commission chargée des élections établit et lui communique quotidiennement un état de l’évolution de la situation. Lorsque le Conseil Constitutionnel constate la cessation de ces événements ou de circonstances graves, il fixe un nouveau délai qui ne peut excéder trente jours pour la proclamation des résultats et quatre vingt dix jours pour la tenue des élections. » (Art.38 C). Un regard rétrospectif sur le contenu des informations relayées ici et là fait remarquer que la délation empêche de dire qui est dans le droit ou pas ? Le droit pouvait-il seulement être dit quand sur la base des résultats provisoires non consensuels au sein de la commission électorale dépendante et partisane, la France ameutait déjà l’Occident pour soutenir son président Ouattara ? Loin delà, comment expliquer que le taux de 70% de participation au 1er tour soit curieusement passé à 81% au second tour ? Le surplus de 11% ne pourrait-il pas justifier l’annulation des 630 000 voix qui en résulte pour Ouattara par le Conseil Constitutionnel? La présence Onusienne en Côte d’Ivoire n’est pas synonyme de déni de l’existence de cet État qui fête ses 50 ans d’indépendance cette année. Certains sont convaincus et veulent convaincre que dès lors où l’ONU a investi quelques milliards dans les élections ivoiriennes, elle a droit de décision. C’est se mentir que de le croire car, où a-t-il mis le principe de non ingérence? La Côte d’Ivoire a bénéficié de sa part de cotisation ! Est-ce parce que l’Union Européenne a aidé la Grèce à gérer une crise économique qui la menaçait que la Grèce cesse d’être indépendante?
Devant la politique de deux poids deux mesures que pratiquent l’ONU, la France et les donneurs de leçons de démocratie de l’UE, les frustrations des pauvres et faibles, volés et déshumanisés par les multinationales occidentales, sont exacerbées. Les législatives en Egypte ont donné lieu à de nombreuses irrégularités et d’arrestations arbitraires. Ces puissances à la solde leurs propres intérêts et aux mépris de la personne humaine n’ont rien dit et n’ont pas fait grand cas du problème comme elles le font avec la Côte d’Ivoire. Au Togo, on a vu les urnes être bourrées. Le Hamas a gagné démocratiquement les élections législatives en Palestine en 2006 et n’a pu jouir du fruit du fait de la «communauté internationale». Hamid Karzaï, en Afghanistan, a volé la victoire de son rival Abdullah Abdullah avec la bénédiction de ces donneurs de leçon démocratique. Qui ignore comment George W. Bush a gagné les élections contre Al Gore en 2000 aux USA ? Qu’a pu faire l’ONU et ses alliés en République Démocratique du Congo ? Au Rwanda ? Il y a trop d’exemples ! Et, devant l’injustice bénie par la soi-disant communauté internationale, on en arrive à se demander l’utilité de son discours. Le choléra tue en Haïti alors que le monde entier a cotisé pour aider ce peuple et l’ONU y est! La «communauté internationale» y est curieusement! Ne devrait-on pas au vu de tout ceci donner raison à Thomas Sankara pour qui, les organismes d’assistance à l’Afrique, venant de ces donneurs de leçons, ne sont rien d’autre que des programmes d’assassinat de l’Afrique à leur profit? Somme tout ce qui précède, il me parait évident que Monsieur You-ji Choi de l’ONUCI a failli dans sa mission de fonctionnaire international payé aussi par la Côte d’Ivoire pour accompagner et non décider. Qu’a-t-il fait du principe de non ingérence? Sarkozy et Obama ont-ils fait mieux? La réalité montre que non ! Qu’est-ce que You-ji Choi, Sarkozy et Obama ont fait du rapport de Cristian Preda, observateurs de l’UE qui relevait le 30/10/2010, «un second tour sous tension»? Si je m’arrête ici, on peut se rendre à l’évidence et sans que je ne l’impose que la dualité présidentielle en Côte d’Ivoire et les conséquences qui en émergent ou en émergeront sont le fruit d’un comportement manipulateur et calculateur des différents intervenants. La France de Sarkozy a donné le ton à la suite de You-ji Choi de l’ONUCI. Cette même France aurait tout fait pour qu’on en arrive à cette situation (Propos de Alcide Djédjé, Ministre ivoirien des affaires étrangères, 15/12/2010 à la radio Kernews). Une fois de plus, l’Afrique présente une image de vache à lait. Je dirai qu’elle apparait comme le bouc qui féconde et reçoit des cailloux sur le dos en récompense. En Côte d’Ivoire se joue en grandeur nature les réalités d’une ignominie longtemps entretenue: La FrançAfrique. Est-ce sa déchéance parce que désormais le peuple est informé? J’ai des raisons de le croire encore plus qu’un documentaire réalisé par Patrick Benquet, diffusé le 9 décembre 2010 sur France 2, informe dans les moindres détails, preuves à l’appui, sur les réseaux qui existent aux côtés des relations diplomatiques formelles dans le but de surveiller les pays africains après leurs indépendances et de garantir les intérêts économiques, politiques, financiers et géostratégiques de la France. Grace à la multiplicité des sources d’informations, j’ai encore foi que le peuple, une fois informé, constituera comme le disait Mao, l’ouragan qui impulsera sa libération du joug des exploitants. Comme un chien acculé et dos au mur, ce peuple se réveillera et devrait le faire le plus tôt pour agir comme cet animal qui dépasse ses peurs et utilise toutes ses énergies pour se défendre. Désormais l’Africain cultivé sait pourquoi et surtout qui a tué Thomas Sankara; Ruben Um Nyobé; Patrice Lumumba.; bref, tous ceux qui ont eu l’idée d’extirper l’Afrique des griffes des néocolons français et de la soi-disant communauté internationale. Je sais que je serai critiqué de vouloir faire passer l’Afrique pour une éternelle victime jamais responsable de rien. Loin de moi cette intention. Cependant, même si les responsabilités sont partagées, la situation ivoirienne; les discours français et américains à propos; les positions suivistes et opportunistes de certains africains; la partialité de la «communauté internationale» et récemment, les révélations de Wikileaks démontrent que les guerres qui tuent l’Afrique noire sont orchestrées et planifiées de l’extérieur avec le soutien de certains africains. La Côte d’Ivoire actuelle est un exemple patent. Wikileaks nous a informés sur la manière dont les manigances françaises et américaines ont éloigné Dadis Camara du pouvoir en Guinée Conakry. Toujours, Wikileaks nous informe de l’action des diplomaties occidentales et de leur participation dans des situations humanitaires regrettables. Serait-ce le tour de Gbagbo? De grâce chers manipulateurs-calculateurs, l’Afrique a besoin de paix et de considération. Heureusement que plusieurs personnes le comprennent. Le cas de la communauté française vivant en Côte d’Ivoire est très instructif. Dans une lettre adressée au Président Sarkozy, la section ivoirienne de l’Association Français du Monde (AFDE) et le Conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), Bernard Sadet, demandent à la France de continuer de jouer son rôle de «grande s ur» en donnant des conseils précieux et en faisant preuve d’impartialité et de non ingérence dans les problèmes ivoiro-ivoiriens.