L’ancien directeur général des aéroports du Cameroun a été reconnu, le 23 octobre 2015, coupable du détournement de 1,093 milliards de FCFA.
L’ancien directeur général des aéroports du Cameroun (Adc), Ntongo Onguéné, jugé par le Tribunal Criminel Spécial a écopé le 23 octobre 2015, de 30 ans d’emprisonnement pour le détournement de 1, 093 milliards de FCFA au préjudice des structures citées.
Le quotidien Lejour dans son édition du 25 octobre 2015, rapportant les propos du juge Lucien Eyango, affirme que, ces fonds qui appartiennent aux Aéroports du Cameroun (Adc) auraient été « transférés dans des entités et des microfinances qui n’ont aucun lien avec les Adc ». Notamment les caisses du comité local de sûreté. Un organe placé sous la tutelle directe de l’Autorité aéronautique civile du Cameroun et chargé d’assurer la sécurité des Adc et aussi quelques travaux dans ses structures. Selon la justice Camerounaise, plusieurs retraits ont été effectués au profit de l’ex directeur des ADC et de certains complices.
C’est la troisième condamnation que Ntongo Onguéné écope depuis qu’il a été destitué de son poste de directeur des ADC. La première est survenue en 2010 pour le détournement de 350 millions de FCFA, destinés à la gestion de l’aéronautique civile. Une accusation qu’il a réfuté jusqu’au bout mais qui lui a valu une peine de 12 ans d’emprisonnement.
Ensuite en 2013, Ntongo Onguéné était à nouveau condamné. Mais cette fois-ci à 20 ans de prison pour une affaire de marché fictif. Il s’agissait de la réfection d’un salon Vip à l’aéroport de Douala en 2008. Au terme de son procès qui a eu lieu au tribunal criminel spécial, il a été reconnu coupable du détournement de 175 millions de FCFA.
Par Paul Biya, Président national du RDPC, Président de la République du Cameroun
Mes chers camarades, Le 24 mars 2015, Nous célébrons le 30ème anniversaire de notre grand parti national: le message du Président National.
Trente ans, c’est l’âge de la maturité, où l’on a encore la vigueur et l’enthousiasme de la jeunesse mais déjà le début de la sagesse. C’est surtout l’âge où tout parait possible et où l’on a envie d’entreprendre sans se laisser arrêter par un excès de prudence ou les obstacles prévisibles.
Je suis heureux de constater à ce sujet que le RDPC a bien résisté à l’érosion naturelle du temps et aux épreuves que notre pays a traversées. Il reste le socle sur lequel reposent à la fois notre unité nationale, nos aspirations démocratiques et notre progrès économique et social.
Mais revenons un instant en arrière. Quelle était la situation de notre pays en ce début de l’année 1985 ? Nous avions réussi à sortir d’une crise qui avait ébranlé notre société et nos institutions. Mais chacun sentait bien la nécessité d’un profond changement.
C’est à partir de cette aspiration qu’est né le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais ou RDPC. Dans cette association de termes, il y en a deux qui doivent retenir l’attention: rassemblement et démocratique.
Car tel était bien le défi qui nous était proposé: rassembler le plus largement possible notre peuple pour mettre la démocratie sur les rails.
Je n’entrerai pas dans le détail de ce qui a été un long et difficile cheminement pour atteindre ces deux objectifs. Mais aujourd’hui, en toute objectivité je crois que l’on peut dire que, pour l’essentiel, ils ont été atteints.
Nous sommes incontestablement une Nation, rassemblée autour de ses institutions, qui a fait de sa diversité une richesse. Le RDPC y a une large part de mérite. Certains de nos camarades ont choisi de créer d’autres formations. C’est leur droit et il est parfaitement respectable. Ils contribuent, eux aussi, à la bonne marche du système.
Nous sommes également un Etat démocratique doté d’institutions représentatives procédant d’élections libres et transparentes. Le premier, le RDPC a fait l’expérience du pluralisme.
On pourrait dire à cet égard qu’il a été le laboratoire de la démocratie au Cameroun. Qui aujourd’hui oserait prétendre que les Camerounais n’ont pas assimilé la culture démocratique? Le RDPC peut légitimement se déclarer satisfait de ce qui a été accompli.
Par la force des choses, le RDPC a hérité d’une responsabilité particulière. Immergés dans la population, ses militants se doivent d’être à l’écoute de celle-ci et de faire remonter à la direction du parti les aspirations et les doléances des simples citoyens. «Soldats de la démocratie », ils sont au service du peuple et non l’inverse. C’est ainsi que le RDPC, bénéficiant de la confiance des citoyens, restera fidèle à sa vocation originelle et pourra continuer à jouer le rôle historique qui est le sien.
Pour cela, il aura besoin de plus en plus de femmes et d’hommes de conviction, tant il est vrai que les institutions, aussi bonnes soient elles, ne valent que ce que valent ceux qui ont la charge de les animer.
Ces militantes et ces militants devront avoir pour seule ligne de conduite la satisfaction de l’intérêt général. Au sein du parti, ils auront à rationaliser la gestion, à responsabiliser les organes de base et à maitriser les effectifs. Le parti devra également s’ouvrir plus largement aux nouvelles générations, porteuses d’idées neuves et de propositions innovantes.
Le Cameroun traverse actuellement une phase délicate de son histoire. Confronté à la pression de Boko Haram à ses frontières septentrionales, en 4 même temps qu’il consacre d’énormes efforts à la relance de la croissance pour rester sur la trajectoire de l’émergence, le gouvernement doit pouvoir compter sur l’appui sans restriction de l’ensemble de la population. De tous les horizons du pays et de tous les milieux, des messages de soutien lui parviennent.
Dans ce processus de rassemblement des forces vives de la Nation, le RDPC a une nouvelle fois l’occasion d’apporter sa contribution à la manifestation de notre unité nationale. Je ne doute pas un seul instant qu’il sera à la hauteur de sa tâche.
Je souhaite à toutes et à tous un heureux et joyeux anniversaire.
Paul Biya, Président national du RDPCrdpcpdm.cm)/n
De nombreuses manifestations du parti au pouvoir ont eu lieu dans le pays, mais la réunion publique du Sdf a été interdite à Douala
La célébration des trente ans au pouvoir de Paul Biya donné lieu à des actions à deux vitesses. Au sein du parti au pouvoir, c’était l’extase complète, la grande communion. Dans la capitale Yaoundé, le parti a organisé une marche pour réaffirmer son soutien à son leader. Dans les rangs, tous les acteurs du régime en marché serrée. La soirée s’est achevée avec la tenue d’un grand concert au palais des congrès de Yaoundé. Les échos qui viennent des zones reculées sont identiques. A Obala la fête a pris des allures de mobilisation pour une inscription massive sur les listes électorales. A Ngoumou toujours dans la région du centre, on a magnifié la paix et la stabilité, acquis reconnu et revendiqué des 30 ans. À Monatélé, on a choisi de renouveler le pacte de confiance. Enfin à Garoua et dans une perspective non exhaustive, on a parlé d’une exaltation du renouveau. Dans certaines localités, on a plutôt choisi de célébrer l’émergence. Toutes les régions du pays ont vu arriver des délégations du comité central venues communier et partager en réflexion le thème retenu « Cap sur l’émergence », mais aussi le gateau d’anniversaire des 30 ans du renouveau. Et à l’étranger, les échos sont venus de Brazzaville en république du Congo, où l’ambassade s’est transformée en salle de meeting politique. Une chose marque cependant, le président Biya n’a été vu nulle part dans ces activités de célébration. Les pontes du parti ont à chaque fois représenté le Président.
Ils sont nombreux les camerounais qui ont vécu le 30ème anniversaire de la présidence Biya de très mauvaise humeur. Dans les administrations, les principaux responsables avaient déserté les lieux, mis en mission par le parti pour aller réchauffer les masses dans les zones reculées. « Je veux bien qu’on célèbre l’anniversaire de qui on veut mais là j’avais des documents à retirer au ministère des enseignements secondaires, il n’y avait personne dans les services où j’entrai. C’est franchement terrible surtout que rien ni personne ne vous informe que ce jour-là sera férié dans l’administration », s’est plaint un usager visiblement décontenancé. Pour certains autres acteurs politiques, la célébration ou alors la contre célébration de ce 30ème anniversaire a fait l’objet d’une solide répression. Le Social Democratic Front (SDF) de l’opposant historique John Fru Ndi en a payé les frais. « En date du 05 Novembre 2012, M. Ekoa Mbarga Jean Marc, Sous-Préfet de Douala 1er a signé une décision portant interdiction de la tenue d’une manifestation publique dans l’arrondissement de Douala 1er. Cette décision porte interdiction du Grand Meeting Public et Pacifique que se propose d’organiser le SDF Littoral ce jour 06 Novembre 2012 à la Salle des Fêtes d’Akwa dès 12H00 sous la présidence de l’Hon. Jean Michel Nintcheu, son Président. Malgré toutes les garanties présentées par le SDF Littoral et toute l’assurance visant à préserver l’ordre publique et à garantir la sécurité des hommes et des biens, M. Ekoa Mbarga Jean Marc justifie sa décision : « en raison des risques graves d’affrontement entre militants de formations politiques diverses », peut-on lire dans un communiqué de ce parti. De fait ses militants ont essayé de marcher, une initiative stoppée net. Mais grande est la majorité de personnes qui n’ont pas eu souvenir d’une quelconque fête. « Je sais pas de quoi tu parles mon frère. Moi je suis là pour me débrouiller et je ne vois pas en quoi la fête dont vous parlez là m’intéresse. S’il a fait 30 ans au pouvoir c’est bien. Moi je suis encore en train de me chercher donc on n’a pas les mêmes soucis », s’exprime Frank un vendeur à la sauvette à l’avenue Kennedy à Yaoundé la capitale du pays. « En tout cas si on me dit qu’il y a le vin quelque part, je ne fabrique pas l’autre, je fonce et je vais boire, c’est toujours ça de gagné », enchaîne son voisin lui aussi vendeur à la sauvette. A Garoua, de nombreux tracts demandant le départ de Paul Biya ont circulé dans la ville au cours de cette journée. Donnant à cette célébration dans la ville, deux teintes différentes.
La Une de Cameroon Truibune de ce 07 novembre illustre bien la célébration pour le parti au pouvoircameroon-tribune.cm)/n
Par Thierry Amougou, président de la fondation Moumié
« Liberté, Liberté, Liberté, nous sommes libre merci » chantait, il y a quelques années, la diva camerounaise Anne Marie Ndzié. Pour elle comme pour plusieurs Camerounais, l’arrivée au pouvoir de Paul Biya en 1982 était le début d’une nouvelle ère, l’ère de la liberté. Aussi, lorsqu’en 1992 le SDF utilisa cette belle mélodie pour ponctuer sa campagne lors de l’élection présidentielle, le RDPC demanda à la diva Anne Marie Ndzié de dire aux antennes de la CRTV que cette chanson était la propriété privée du régime en place. Le SDF abandonna cet hymne à la liberté pour le non moins mobilisateur « get up stand up » de Bob Marley. Personne d’autre ne pouvait se targuer d’apporter la liberté au Cameroun en lieu et place de Paul Biya, le parangon attitré de celle-ci. Le Renouveau National était donc un énoncé politique qui se présenta en rupture totale avec le régime Ahidjo sur le plan des libertés. Des ténèbres et de l’ombre de la dictature politique, le Cameroun et les Camerounais passaient à la lumière du soleil du Renouveau. L’accession de Paul Biya à la magistrature suprême était synonyme de la fin des expéditions punitives dans les campus universitaires, le terminus de la mise sous tutelle politique des intellectuels, la fin des atermoiements des stratégies économiques du pays, le début du règne de la souveraineté populaire, les bases de la presse libre, le tremplin vers une alternance politique à la tête de l’Etat, le fondement du respect de la légalité constitutionnelle, les bases du bien-être de nos paysans et le début des politiques publiques en faveur de la jeunesse érigée en fer de lance. Qui plus est, la rigueur dans la gestion et la moralisation des comportements étaient précurseurs d’une scène politique ou l’accountability allait régner en maître et expulser la corruption des arcanes institutionnelles du Cameroun : le Cameroun était bien parti car piloté par un homme éclairé parce que dit intellectuel, doté d’une moralité impeccable parce que fils de catéchiste et démocrate parce que ses discours le disaient.
Trente ans après, le grand soir de la révolution politique, culturelle et économique qu’annonça le Renouveau National montre un petit matin calamiteux. Ce que ce pays espérait être la base durable d’une envolée vers le développement social, politique et économique se donne à voir de nos jours comme la fondation de l’occupation de l’Etat camerounais par une autocratie depuis trente ans. Le Cameroun est en effet occupé par des forces politiques du Renouveau National ayant réalisé le Renouveau en l’envers en mettant sous tutelle endogène un peuple camerounais qui pensait être sortie de la tutelle exogène des Occidentaux depuis 1960. En conséquence, après l’occupation coloniale, le Cameroun est sous occupation néocoloniale endogène orchestrée par un régime qui mit les habits de la liberté par le discours pour mieux tisser l’asservissement d’un peuple depuis trente ans. Cette occupation se matérialise par la confiscation du pouvoir politique par modifications constitutionnelles successives, par obstruction obsessionnelle du jeu politique par refus d’une commission électorale indépendante, par transformation de l’armée du pays en milice chargée de la répression des manifestants, par la promotion de la pensée de connivence des intellectuels de système, la clochardisation des paysans à la merci de la pression foncière de fonctionnaires milliardaires, l’embastillement des journalistes et par la transformation des jeunes camerounais en éternels chômeurs dans un pays lui-même transformé en PPTE. Puisque le pays est sous occupation, seuls les collabos et les forces dominatrices s’expriment et détiennent la vérité. Le Renouveau National est donc devenu l’endroit où seuls « les créatures » en état de grâce auprès du « créateur » nous disent combien vont vite « les grandes réalisations » dont un peuple éberlué et médusé ne voit que les premières pierres dans les coins de brousse côtoyant la détresse paysanne. La liberté que chanta avec talent Anne Marie Ndzié est devenue un mirage. Elle n’est plus appréciée par le peuple camerounais que lorsqu’il se rend compte que plusieurs « gros poissons » (créatures tombées en disgrâce auprès du créateur) ne parlent plus qu’à travers les barreaux de la prison centrale de Yaoundé parce que la rigueur et la moralisation des comportements ne furent que du vent depuis 1982.
Le Cameroun est sous occupation depuis 30 anscamer.be)/n
A la place des dividendes économiques, politiques et sociaux qu’attendait le Cameroun suite à l’évènement du Renouveau National, le peuple camerounais a entendu parler des milliards de Fcfa sortis des caisses de l’Etat pour une petite ballade sans retour dans les comptes des serviteurs du Renouveau National. A la place de la démocratie, ce peuple a connu un pouvoir à vie de celui qui qualifia son prédécesseur de dictateur. A la place du plat politique constitué de liberté, ce peuple mange chaque jour de l’Albatros présidentiel et reçoit en dessert les excréments que rejette sur lui le rapace Epervier dont une opération coloniale contre la lutte pour l’indépendance portait déjà le nom au Cameroun en 1960. Une occupation peut donc en cacher une autre tout comme à la colonisation des Camerounais par les Français, les Anglais et les Allemands, succède celle des mêmes Camerounais par le Renouveau National depuis trente ans. Seules les forces d’occupation et leurs collaborateurs doivent donc fêter le 6 novembre 1982. Um Nyobè pour résister à l’occupation a choisi le brousse comme lieu de résistance. Le régime actuel pose ses premières pierres en brousse pour refonder les bases politiques d’une occupation trentenaire. L’usage opposé de la brousse entre la résistance et l’occupation montre le décalage entre ceux qui ont eu le pouvoir en 1960 et le fête le 6 novembre 2012, et ceux qui ont donné leur vie pour que ce pouvoir soit au service de la vie.
Au moment où le Kamerun, fait le bilan des trente ans au pouvoir de Paul Biya, il me revient une chanson: Le texte écrit par Yves Beng, accompagné de sa précieuse compagne Bernadette Ngono, racontait l’espoir que suscita alors Paul Biya lorsqu’il jura de faire du Kamerun, une terre de liberté. Yves Beng, alias Djala Li Lon avait alors écrit ce texte magnifique. Lisez plutôt : « Il vint un homme qui enfin parlait d’amour, de libertés de vie nouvelle. Plus d’hommes sans toit, plus d’hommes sans sous, plus d’exilés, la vie ici, serait meilleure au pays. Avec mes frères de tribus ils ont volé l’espoir, il n’y eut plus que la haine, le sang, la torture. Quand le soleil était là-haut vers le ciel, aux sauveteurs, aux pauvres les larmes. Habre la puerta, habré, habré que vengua la libertad»… C’étaient ces années 80-90, où l’on osait encore espérer changer le monde à force de paroles et de convictions jetées à la hâte, sur une feuille de discours ou le conducteur d’un meeting. C’était… Mais l’actualité de cette semaine a été marquée. Secouée. Dispersée. Disposée à faire le bilan d’un homme dont l’entrée en scène fut une esquisse, un frémissement, la presse a survolé ces 20 ans !! Pour ou contre ? Progrès ou pas progrès ? Le débat enfermé dans les logiques partisanes ne pouvait rien révéler de ce que le Kamerun a vécu en ces 30 ans. La critique est acerbe. Les acteurs se sont alignés. Personne n’est content. Trop de choses ne vont pas. Reste une question : que va faire Biya ? Les reproches qui lui sont faits, les critiques de ses adversaires, laissent trop d’initiatives à ce vieil homme de 80 ans, qui a traversé pratiquement un siècle de l’histoire de l’Afrique contemporaine. Il a encore certes à dire, mais sans doute plus grand-chose à faire. Il aurait donc tout à gagner à rendre plus explicites ses intentions et les sortir de la gangue des v ux pieux et téléguidés de la Banque Mondiale, du Fmi, et de toutes ces officines qui pensent l’Afrique par le bout de leur braguette (dixit Patrick Besson, dans son excellent livre » Mais le fleuve tuera l’Homme blanc ». Fayard. 2009). C’est en lisant récemment le livre du chroniqueur sulfureux Patrick Besson, que je me suis rendue compte du discours hypocrite de la BM, le Fmi et de beaucoup d’hommes de gauches européens. Leur vision du continent a quelque chose d’édulcoré. D’artificiel, voire d’exotique. Les catégorisations qu’ils font des systèmes politiques de chez nous sont rigides là où ils sont indulgents avec les leurs (comment expliquer par exemple qu’aux USA, les Républicains et les démocrates se partagent alternativement le pouvoir sans qu’il n’y ait des intrus ??) La barbarie dont ils s’émeuvent chez nous, ne les choque pas lorsqu’on bombarde la Lybie, la Côte d’Ivoire et même la Syrie. La dictature de la norme occidentale en matière de démocratie a gagné de nombreux activistes. Ceux-ci, sans réfléchir se servent de leurs slogans. Sortent leurs paradigmes et l’Afrique marque le pas, comme le Cameroun de Paul Biya, certes, mais comme sans doute la pensée alternative africaine. Celle-ci plus tribunitienne que prospective se repose et se repait des explications des autres pour penser l’Afrique. Ah, elle a bon dos, l’Afrique : avec ses dictateurs. Ses sanguinaires. Ses opposants chaque jour emprisonnés, torturés malmenés… Il faut décidément sortir de la nuit… Comme l’écrivit Achille Mbembé. Mais pour voir quel jour? Force est de constater que depuis le mouvement «Présence Africaine» en 1948, il n’y a plus jamais eu un mouvement coordonné, conscient et pensé de la pensée africaine. Des partis politiques se sont tus. Certains se sont réclamés d’un marxisme léniniste frileux où sous couvert de l’indigénisation, ont fini par amalgamer les concepts, les compactant en les rendant plus inutiles les uns des autres .Seuls les mouvements comme l’Anc, le Mpla, le Frelimo, ont pu enfin accéder au pouvoir !! Pourquoi ? La question vaut d’être posée au moment où il faut faire le bilan de Paul Biya, 30 ans après son accession à la magistrature suprême!! Pourquoi l’Upc, le Sdf, l’Undp, ont-ils pour le moment échoué au Kamerun ? Pourquoi n’arrivent-ils pas à fonder une alternative ? A former une autre génération de kamerunais, disposés à changer le monde ? Pourquoi se sont-ils englués dans des référentiels d’opposition qui ne leur permettaient pas de s’émanciper des paradigmes apparemment anti quelque chose, et qui ne leur ont servi qu’à théoriser leur esclavage philosophique ?
Au moment où le Kamerun, fait le bilan des trente ans au pouvoir de Paul Biya, il me revient une chanson: Le texte écrit par Yves Beng, accompagné de sa précieuse compagne Bernadette Ngono, racontait l’espoir que suscita alors Paul Biya lorsqu’il jura de faire du Kamerun, une terre de liberté. Yves Beng, alias Djala Li Lon avait alors écrit ce texte magnifique. Lisez plutôt : « Il vint un homme qui enfin parlait d’amour, de libertés de vie nouvelle. Plus d’hommes sans toit, plus d’hommes sans sous, plus d’exilés, la vie ici, serait meilleure au pays. Avec mes frères de tribus ils ont volé l’espoir, il n’y eut plus que la haine, le sang, la torture. Quand le soleil était là-haut vers le ciel, aux sauveteurs, aux pauvres les larmes. Habre la puerta, habré, habré que vengua la libertad»… C’étaient ces années 80-90, où l’on osait encore espérer changer le monde à force de paroles et de convictions jetées à la hâte, sur une feuille de discours ou le conducteur d’un meeting. C’était… Mais l’actualité de cette semaine a été marquée. Secouée. Dispersée. Disposée à faire le bilan d’un homme dont l’entrée en scène fut une esquisse, un frémissement, la presse a survolé ces 20 ans !! Pour ou contre ? Progrès ou pas progrès ? Le débat enfermé dans les logiques partisanes ne pouvait rien révéler de ce que le Kamerun a vécu en ces 30 ans. La critique est acerbe. Les acteurs se sont alignés. Personne n’est content. Trop de choses ne vont pas. Reste une question : que va faire Biya ? Les reproches qui lui sont faits, les critiques de ses adversaires, laissent trop d’initiatives à ce vieil homme de 80 ans, qui a traversé pratiquement un siècle de l’histoire de l’Afrique contemporaine. Il a encore certes à dire, mais sans doute plus grand-chose à faire. Il aurait donc tout à gagner à rendre plus explicites ses intentions et les sortir de la gangue des v ux pieux et téléguidés de la Banque Mondiale, du Fmi, et de toutes ces officines qui pensent l’Afrique par le bout de leur braguette (dixit Patrick Besson, dans son excellent livre » Mais le fleuve tuera l’Homme blanc ». Fayard. 2009). C’est en lisant récemment le livre du chroniqueur sulfureux Patrick Besson, que je me suis rendue compte du discours hypocrite de la BM, le Fmi et de beaucoup d’hommes de gauches européens. Leur vision du continent a quelque chose d’édulcoré. D’artificiel, voire d’exotique. Les catégorisations qu’ils font des systèmes politiques de chez nous sont rigides là où ils sont indulgents avec les leurs (comment expliquer par exemple qu’aux USA, les Républicains et les démocrates se partagent alternativement le pouvoir sans qu’il n’y ait des intrus ??) La barbarie dont ils s’émeuvent chez nous, ne les choque pas lorsqu’on bombarde la Lybie, la Côte d’Ivoire et même la Syrie. La dictature de la norme occidentale en matière de démocratie a gagné de nombreux activistes. Ceux-ci, sans réfléchir se servent de leurs slogans. Sortent leurs paradigmes et l’Afrique marque le pas, comme le Cameroun de Paul Biya, certes, mais comme sans doute la pensée alternative africaine. Celle-ci plus tribunitienne que prospective se repose et se repait des explications des autres pour penser l’Afrique. Ah, elle a bon dos, l’Afrique : avec ses dictateurs. Ses sanguinaires. Ses opposants chaque jour emprisonnés, torturés malmenés… Il faut décidément sortir de la nuit… Comme l’écrivit Achille Mbembé.
30 ans au pouvoir de Paul Biya, l ‘espoir volé !journalducameroun.com)/n
Mais pour voir quel jour? Force est de constater que depuis le mouvement «Présence Africaine» en 1948, il n’y a plus jamais eu un mouvement coordonné, conscient et pensé de la pensée africaine. Des partis politiques se sont tus. Certains se sont réclamés d’un marxisme léniniste frileux où sous couvert de l’indigénisation, ont fini par amalgamer les concepts, les compactant en les rendant plus inutiles les uns des autres .Seuls les mouvements comme l’Anc, le Mpla, le Frelimo, ont pu enfin accéder au pouvoir !! Pourquoi ? La question vaut d’être posée au moment où il faut faire le bilan de Paul Biya, 30 ans après son accession à la magistrature suprême!! Pourquoi l’Upc, le Sdf, l’Undp, ont-ils pour le moment échoué au Kamerun ? Pourquoi n’arrivent-ils pas à fonder une alternative ? A former une autre génération de kamerunais, disposés à changer le monde ? Pourquoi se sont-ils englués dans des référentiels d’opposition qui ne leur permettaient pas de s’émanciper des paradigmes apparemment anti quelque chose, et qui ne leur ont servi qu’à théoriser leur esclavage philosophique ? 6 novembre 1982-6 novembre 2012 : quelle que soit l’incurie de ses adversaires, Paul Biya doit faire le point. La manière précautionneuse de mener le Cameroun, cette manière où l’on a le sentiment qu’il n’y a aucun pilote dans l’avion, sauf dans un avion présidentiel plombé, doit changer. Mais la transformation de toute société est une démarche dialectique. Faite de chocs, de concessions, d’explications, de conflits, de dialogues. Et il faut qu’il y ait des acteurs, des actrices, déterminé(e)s à changer l’ordre des choses. Sincères. Clairs sur leurs intentions. Imprégné(e)s de leur idéologie. L’opposition après les années de braise a basculé dans un conformisme au nom du culturalisme et n’a jamais su potentialiser tous les comportements novateurs implémentés par des mouvements en marge du champ des analyses politiques traditionnelles. Ceux-ci, enfermés dans les croyances judéo-chrétiennes ont une approche totalement normatives et prescriptives des questions de société. La société camerounaise est dominée par les bien-pensants cathos, qui distillent dans un élan de prosélytisme organisé une vision conservatrice de la société en voulant placer l’Eglise comme un acteur du développement. Les discours sont diffus. Le bilan critique aussi. Mais les problèmes sont constants. La crise du monde met Obama en face de ses limites à lui le politique. Le système néolibéral a phagocyté les rythmes de production. Les idéologies servent à alimenter les rêves. Mais les politiques ont volé l’espoir !! . Je me rappelle encore de cette chanson de Djala li Lon : « Il vint un homme qui enfin, parlait d’amour, de liberté, de vie nouvelle. Plus d’homme sans toit, plus d’hommes sans sous, plus d’exilé »… Le titre c’était « L’espoir volé » dans « Manidem Songs » c’était en 1986. De Djala Li lon, alias Yves Beng… Merci Yves d’avoir vu si vite, si clair.
Le régime actuel au pouvoir au Cameroun est passé maître dans l’art de manipuler les concepts, les individus et au besoin les urnes pour se maintenir
En ce 06 novembre, Paul Biya 79 ans célèbre ses trente ans de pouvoir à la tête du Cameroun. L’ancien président Ahmadou Ahidjo lui laisse un pays qu’il a gouverné d’une main de fer et dans lequel la participation et le droit à la contestation du et pour le peuple, sont fortement réglementés. Dès la prise de pouvoir de Paul Biya, « la liberté d’expression est effective, le Cameroun compte plusieurs partis politique et les gens peuvent librement adhérer aux formations politiques de leurs choix, la séparation des pouvoirs est effective, donc nous pouvons dire que la démocratie est effective au Cameroun », affirmait Jacques Fame Ndongo lors d’un débat télévisé avant les élections présidentielles de 2011. Le président Paul Biya lui-même ne tarît pas d’éloges sur son action au profit de la démocratie :« Mon devoir, en tant que chef de l’Etat est de mettre en place et de renforcer les institutions qui permettent à la démocratie camerounaise de s’enraciner dans nos comportements. Les mécanismes de fonctionnement de cette démocratie sont prévus dans la Constitution, que ce soit en ce qui concerne l’élection du président de la République ou la succession à la tête de l’Etat en cas de vacance du pouvoir. Nous comptons sur la maturité des Camerounais – et ils en ont fait preuve lorsque nécessaire – pour respecter l’esprit et la lettre de nos institutions», a-t-il déclaré lors d’une interview accordée au magazine panafricain LesAfriques, à la veille du sommet de la francophonie de Genève en 2010.
Tant pis pour le peuple…
Paul Biya et son équipe, ne doutent donc pas de leur apport sur l’évolution de la démocratie, en 30 ans de pouvoir. Au sein de l’opinion publique, la perception est toute autre. De nombreux acteurs estiment que si la démocratie existe bel bien au Cameroun, les mécanismes qui en permettent un fonctionnement optimal ont été complètement verrouillés. De nombreux observateurs expriment souvent l’idée selon laquelle, ils ne comprennent pas comment une démocratie peut permettre à des chefs d’Etat de faire 30 ans au pouvoir. « Lorsque je raconte cela à des amis aux Etats unis, ils n’en reviennent pas. Ils me disent soit ce peuple-là aime trop son chef, soit il y a d’autres types de problèmes. C’est difficile à comprendre », s’est exprimé un jour un responsable de l’ambassade américaine, dans le cadre d’une formation donnée à des journalistes camerounais. Un retour en arrière permet de faire une précision, la démocratie au Cameroun, ne doit rien au régime Biya. Dans les faits ce sont les acteurs du renouveau qui ont implanté la pratique et c’est justement là le problème pour des analystes. La démocratie au Cameroun n’a jamais été une adhésion aux aspirations du peuple, mais une manière pour un gouvernement incapable de mettre en place un cadre macro-économique productif, de ne pas perdre la manne de l’aide au développement. En 1989, un rapport de la Banque Mondiale, le Rapport Berg, fixe comme conditions, les réformes institutionnelles et l’assainissement des économies auxquelles devaient s’astreindre les pays en voie de développement, s’ils voulaient continuer à compter sur les financements de cette institution. Un an plus tard, François Mitterrand l’ancien président Français, dans son fameux discours de la Baule, posait comme condition de l’octroi de l’Aide au développement, la démocratisation politique des pays africains. C’est dans ce contexte qu’advient en Afrique francophone et donc au Cameroun, une démocratie avec comme base le pluralisme des partis politiques.
. Tant qu’on pille sans problème le pays
En 30 ans, Paul Biya a vu passer quatre présidents en Chine, pourtant un régime à parti unique, 5 présidents américains, 4 présidents français, dont certains ont passé entre 12 et 14 ans au pouvoir, 4 Premiers ministres britanniques. Plusieurs observateurs s’accordent à dire aujourd’hui, que d’une manière ou d’une autre, cet échec de la démocratie au Cameroun a été favorisé par la présence d’une opposition moribonde, et d’une certaine société « Si vile ». En 1992 et 1994, cette opposition avait le pouvoir de faire changer les choses ne fût-ce qu’au parlement, mais elle n’a pas pu. Aujourd’hui la dispute politique que propose l’opposition indique clairement qu’elle a du mal à définir une véritable stratégie d’alternance et des alternatives, pour sortir le Cameroun du joug Rdpc/Biya. La société camerounaise semble diffuse dans la construction politique des opposants. À chaque fois, ils critiquent les systèmes de compétition politique par les urnes, mais ne crachent pas devant les 30 millions de la campagne électorale. Dans un de ses livres, intitulé « Le Président de la République du Cameroun (1982-1996) » l’intellectuel camerounais Luc Sindjoun aujourd’hui conseiller du président a posé un problème de fond pour la démocratie au Cameroun. « L’alternance néo-patrimoniale de novembre 1982 par laquelle Paul Biya remplace Ahmadou Ahidjo à la tête de l’Etat d’une part, la « libéralisation politique » d’autre part, permettent de faire un retour réflexif sur le rôle de président de la République. Rôle institutionnel qui survit aux acteurs, qui offre des ressources dont les usages sont au fondement de la régulation de la crise de succession présidentielle. Bien qu’éprouvé par la crise de légitimité du régime politique camerounais consécutive à la relative libéralisation politique, le rôle de président de la République conserve son importance à travers la fascination exercée sur la classe politique et l’avantage compétitif conféré à l’actuel faisant fonction », peut-on y lire en résumé.
Il avait fait des promesses en 1982, il a fallu 30 ans pour débuter les réalisations dans un Cameroun qui avait entamé sa construction
Pour plusieurs camerounais, les années Biya sur le plan économique donnent lieu à des avis divers : Le vide pour ceux qui ont vécu durant les 25 ans du régime Ahidjo. Un régime qui a connu la construction d’une économie en développement. En face il y a la misère progressive pour les 30 ans des années Biya qui donne rendez-vous en 2035 pour accéder à l’émergence. Dans la plupart de ses discours, le président, au contraire de ses collaborateurs, ne rejette pas cette contre-performance en matière économique. C’est fort de cela qu’il a annoncé son mandat actuel, le sixième depuis 1982, sous le signe de grandes réalisations et du chemin vers l’émergence. Aujourd’hui la moindre infrastructure construite ou à construire fait l’objet de grandes annonces à l’adresse d’une population qui dénonce des conditions de vie difficiles dans l’un des Etats les plus corrompus au monde. Plus de 60 des collaborateurs de Paul Biya, dont certains les plus proches, sont en prison pour avoir officiellement détourné de l’argent public. Lorsqu’il arrivait en 1982, Paul Biya avait placé sa présidence sous le règne de la rigueur et de la moralisation. Il promettait de mettre en place un cadre transparent de la dépense publique. Entre 1982 et 1994, la dette publique a atteint les 110% de la richesse globale produite. Officiellement on invoque la détérioration des termes de l’échange, c’est-à-dire la baisse des cours des matières premières qui avait ponctionné les ressources de l’Etat. De nombreux observateurs estiment pourtant que les difficultés de conjoncture qui étaient inévitables, sont devenues des catastrophes du fait de l’imprécision et des choix macroéconomiques peu pertinents, dans lesquelles se mêlaient politiques et intérêts de rente.
Absence de prévision…
Les choses n’ont pas beaucoup changé et aujourd’hui les liens entre la classe des affaires et celle de la politique sont encore marqués par des compromis et des alliances, qui détruisent les fondements même de l’économie moderne comme l’égalité devant la compétition. Les difficultés économiques sont si nombreuses et si complexes, qu’on a du mal à s’y retrouver. Quelques points permettront d’aborder la question. Le gouvernement se dit fier du succès de la réforme du secteur bancaire. Or aujourd’hui 3 banques se partagent 86% du marché et les établissements de micro finance sont aussi nombreuses qu’incompétentes. Autre succès présenté, la réforme fiscalo-douanière à travers la mise en place d’un guichet unique et le succès du service des douanes. La vérité est que le Guichet Unique en 10 ans n’a pas encore amorcé son véritable rôle, réduire les délais de passage au port de Douala et on note des améliorations dans le secteur des Douanes. La lutte contre la corruption est l’un des objectifs les plus controversés et les plus critiqués des années Biya. Le gouvernement a multiplié la création des organismes et autres sigles de luttes contre la corruption en lieu et place d’une réelle réflexion sur les facteurs d’alimentation de cette gangrène. De phénomène sociologique, elle s’est transformée en pratique naturelle dans un environnement où les gens refusent de changer. Dans ce panier on retrouve, l’insolence de la richesse de quelques-uns et le profond incivisme des fonctionnaires convaincus d’obtenir juste rétribution de leurs services en lieu et place de charges afférentes à leur mission de service public.
. Et débrouillardise
En 2011, s’appuyant sur le rapport Doing Business, le gouvernement ne manquait pas de mettre à l’actif de son bilan l’amélioration du climat des investissements. Le dernier rapport de référence est moins encourageant. La pression fiscale demeure un problème, l’accès au crédit est très limité, l’import et l’export très contraignants et la création de nouveaux emplois reste limitée. Les défenseurs du gouvernement refusent pourtant toute critique. Or, rien qu’en 2011, les importations ont dépassé les exportations de 1079 milliards de FCFA. Preuve que face à une population qui a des besoins, le tissu économique local a du mal à satisfaire la demande tant en quantité qu’en qualité. En matière de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les chiffres sont aussi alarmants. Le taux de pauvreté monétaire est de 39,9% de la population et l’indice de développement humain indique que nous avons 10 millions de personnes qui vivent avec moins de 500 FCFA par jour. En matière agricole, le gouvernement affirme qu’en 2010, soit 28 ans après qu’il ait pris le pouvoir en pleine révolution verte, le secteur a contribué en 19% de la richesse du pays. Une aberration pour les économistes. Car 79% de la main d’ uvre y est consacrée. Ce qui veut dire que le segment le plus actifs de l’économie, produit le moins de richesse.
Les autorités camerounaises grugent des fans sevrés de victoires alors que le potentiel ne fait point défaut, donnant au Renouveau un visage décadent
Lorsque le président Biya prend les rennes du pouvoir, l’état des deux principales infrastructures sportives à savoir les stades omnisports de Douala et de Yaoundé nécessitent déjà qu’on se penche sur leur entretien qui pourrait en appeler la construction d’autres. Dans le même temps, un paradoxe travaille les fans sans visiblement préoccuper le gouvernement : le football de club est aux avant-postes, dans la foulée de la victoire pionnière d’Oryx Club de Douala, sur la scène africaine alors que les sélections nationales traversent une mauvaise passe depuis la réception de la seule Coupe d’Afrique des nations jamais organisée au Cameroun avec la déculottée subie face au Congo en demi-finale. On en est donc là au moment de l’installation du Renouveau qui connaîtra lui aussi un contraste. Cette fois-ci, les clubs passent le relais aux sélections qui vont aligner des victoires respectables. Montrant au passage que ces victoires ne sont rien d’autre qu’un arbre qui cache une forêt où le manque de vision stratégique apparaît tel un gros bouton d’acné sur un visage juvénile. Grisés par les victoires et le talent qui n’a jamais quitté le Cameroun sportif, les autorités gouvernementales successives croisent les bras. Pis, ils se parent des atours de ces victoires comme instrument de propagande. Ce qui peut se comprendre, sauf que personne ne travaille sur le long terme. C’est l’ouverture d’une boîte de Pandore qui verra ainsi s’échapper la décrépitude des infrastructures, l’amateurisme dans la gestion sportive, l’oubli de l’utilisation des sports comme instrument pour booster l’économie, etc.
Le Renouveau sportif s’en ira ainsi au petit bonheur la chance, guettant la victoire que personne ne travaille à faire advenir. Certes la crise économique et les programmes d’ajustement structurel (Pas) et autres Initiative des pays pauvres et très endettés (Ippte) constitueront plus que des pesanteurs, mais qui auraient pu être retournées favorablement pour peu qu’une prévision ait été faite ou que la volonté politique ait été claire et forte. Au lieu de cela, on continuera à parier sur le hasard, l’illusion et la chance. Cruellement. A tel point que depuis que le Cameroun a dans ses rangs l’un des plus grands footballeurs de son temps, on ne gagne plus rien. Pis on peut même se passer de deux non qualifications à la Can sans que cela ne soulève le courroux du gouvernement ou les aménagements nécessaires qui auraient été décidés partout ailleurs, sauf au Cameroun donc. Et dire que les Camerounais ont été perçus sur la scène sportive mondiale comme des sorciers. Cela dans plusieurs disciplines d’ailleurs du fait des victoires qui n’ont pas manqué ! Dans d’autres pays pourtant, et pour ne rester que sur le continent, l’on a travaillé à rattraper l’ogre Cameroun, jusqu’à le dépasser ; lui qui s’est complu dans une ankylose incompréhensible. Surtout depuis que la corruption est devenu un phénomène public aux dévastations inimaginables. Groggys, les autorités en charge de la question sportive n’en sont pourtant pas au stade de leur mea culpa que les fans désabusés demandent de tous leurs v ux. Question d’exorciser une situation qui n’a que trop duré et qui continue de profiter seulement aux flibustiers et autres margoulins qui ont pris le sport national en otage. Dévoyant au passage les rêves d’une jeunesse talentueuse qui ne demande qu’à s’exprimer et à hisser à nouveau le drapeau national sur le toit du monde. Mais à dire vrai, ce qui se passe dans le sport est-il différent de ce qui se passe dans les autres secteurs de la vie nationale ?