Cameroun: Martin Luther Njanga accusé de détournement de fonds

L’administrateur provisoire de la CBC est visé par deux procédures devant le Tribunal Criminel spécial pour cause de détournement de près de 3 milliards de FCFA

L’administrateur provisoire de la Commercial Bank Cameroon (CBC), Martin Luther Njanga Njoh, est actuellement visé par deux procédures devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour des faits de détournement de fonds portant sur plus de 3 milliards FCFA, apprend-t-on de sources proches du dossier.

Le premier dossier, objet d’une audition devant cette cour le 16 décembre dernier, découle de la découverte d’un «trop perçu» de 108 millions FCFA par une mission de contrôle de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC) ayant enquêté entre le 23 septembre et le 18 octobre 2013, une somme qui selon les mêmes sources s’est alourdie depuis lors.

Les 21 mars et 9 avril 2014, et selon certaines correspondances, l’autorité des banques de la sous-région a enjoint Martin Luther Njanga Njoh de «procéder, sans délai, au remboursement de toutes les sommes qui lui ont été versées au titre de sa rémunération en dehors de celles expressément visées dans la décision COBAC fixant celle-ci», des ordres manifestement restés lettre morte à ce jour.

L’administrateur provisoire de la CBC est également poursuivi, apprend-on, pour dissimulation d’une somme de 3 milliards FCFA destinés au paiement des loyers, tant du siège que des agences de l’établissement dont il a la charge et qui, pour la seule période allant du 1er octobre au 30 septembre 2015, se chiffraient à plus de 2,7 milliards FCFA hors taxes.

En mi-août 2015, et répondant à son bailleur, M. Njanga Njoh jugeait la réclamation de loyers tantôt «intempestive», tantôt invoquait pas une «compensation» pour des travaux réalisés au siège à Douala, la métropole économique, ou alors dénonçait «la désignation illicite de nouveaux organes » à la tête de la société immobilière Ekitagroup, objet d’une procédure judiciaire pendante.

«Aucun des prétextes que vous mentionnez ne peut justifier que vous ayez cessé depuis deux ans d’honorer vos obligations au titre de bail, et votre comportement démontre au contraire que vous utilisez volontairement, et en toute connaissance de cause, ces circonstances pour asphyxier économiquement la société Ekitagroup en marge de toute légalité», lui avait alors répondu le patron d’Ekitagroup, Michel Dupouy.

Nommé dès la mise sous administration provisoire de la CBC, en 2009, alors que l’établissement accusait un déficit en fonds propres de 60 milliards FCFA, le mandat de Martin Luther Njanga Njoh a été renouvelé à six reprises au grand dam du président de la COBAC et non moins gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Lucas Abaga Nchama.

Le 30 janvier 2015, dans une lettre sans fards au ministre camerounais des Finances, M. Abaga Nchama constatait qu’à l’issue de l’assemblée générale mixte des actionnaires, convoquée par l’administrateur provisoire de la CBC, «l’Etat n’a toujours pas désigné ses représentants au conseil d’administration, qui à son tour devrait désigner les membres de la direction générale».

Après avoir rappelé que la fin de la restructuration de banque camerounaise était fixée au 31 décembre 2014, et après avoir instamment demandé à son correspondant de bien vouloir user de son autorité «pour faire avancer ce dossier», il avait proféré une menace à peine voilée : «La période de restructuration étant achevée sans que CBC respecte la règlementation prudentielle, je soumettrai ce dossier à l’appréciation de la Commission bancaire qui en tirera toutes les conséquences malgré les énormes efforts consentis par l’Etat».

L’actionnaire majoritaire de la CBC, l’homme d’affaires Yves Michel Fotso, aujourd’hui en prison dans le cadre de sa gestion de la Cameroon Airlines (CAMAIR), a pour sa part toujours affirmé que la mise sous administration séquestre visait à le dépouiller de sa banque au même titre que les actionnaires historiques et majoritaires.


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