C’est sur cet ancien chef de la diplomatie guinéenne, qui prendra la tête du Bureau des Nations-Unies pour l’Afrique centrale dès le 1er novembre prochain, que s’est porté le choix de Ban Ki-Moon
Âgé de 67 ans, François Lonsény Fall, juriste formé à l’université de Conakry, qui y enseigna ensuite, en qualité de maître-assistant, de 1977 à 1979, a déjà accompli des missions pour les Nations-Unies. En mai 2005, par exemple, il fut nommé par Kofi Annan au poste de Représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies et Chef du Bureau politique des Nations-Unies pour la Somalie. C’est un diplomate «remarquable», qui a notamment servi comme Représentant permanent de la Guinée auprès de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) à New-York entre 2000 et 2002.
François Lonsény Fall fut ensuite nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération en 2002 – poste qu’il occupa jusqu’en 2004. Il devint alors Premier ministre en février 2004 et en démissionna de lors d’une réunion internationale à Paris en avril 2004. « Je pars parce qu’il est difficile de travailler avec le président Lansana Conté », avait-il déclaré. Une année plus tard, le système des Nations-Unies fit appel à ses compétences.
Pendant 60 jours, entre le 1er novembre et le 31 décembre 2016, il va en fait assumer l’intérim du Représentant spécial du secrétaire général des Nations-Unies et chef du Bureau des Nations-Unies en Afrique centrale dont le siège est à Libreville, en raison du départ précoce de l’actuel titulaire du poste, Abdoulaye Bathily, dont le mandat s’achevait en réalité à la fin du mois de décembre. François Lonsény Fall devrait ensuite être confirmé, en janvier 2017, par le successeur de Ban Ki-Moon.
Abdoulaye Bathily quittera Libreville le 31 octobre prochain après y avoir servi pendant 30 mois. L’ancien ministre d’Etat sénégalais qui avait succédé au Tchadien Abou Moussa, premier Responsable du Bureau des Nations-Unies pour l’Afrique centrale, va se consacrer pleinement à sa campagne pour le poste de président de la Commission de l’Union africaine.
François Lounceny Fall, alors ministre guinéen des Affaires étrangères, au siège de l’ONU, à New York, en septembre 2013.Droits réservés)/n
L’élection est fixée pour le mois de janvier 2017, à l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat et du gouvernement
Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies dans la sous-région d’Afrique centrale (UNOCA), le Sénégalais Abdoulaye Bathily en fin de mandat, quittera Libreville en fin décembre pour briguer le poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA).
Selon un communiqué officiel, le gouvernement sénégalais s’apprête à lancer Abdoulaye Bathily dans la course pour le poste du président de la Commission de l’Union africaine (UA), actuellement occupé par la Sud-Africaine Nkossazana Diamini Zuma.
L’élection à la tête de la présidence de l’Union africaine est fixée pour le mois de janvier 2017, à l’occasion d’un sommet des chefs d’Etat et du gouvernement.
La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a adoubé cette candidature du citoyen sénégalais qui occupe le poste du représentant du secrétaire général des Nations-Unies en Afrique centrale (UNOCA), dont la capitale gabonaise, Libreville abrite le siège.
Au Gabon, le diplomate sénégalais a multiplié des initiatives pour encourager les acteurs politiques, notamment le pouvoir et l’opposition, à la tenue d’un dialogue dans le but d’apaiser les tensions déjà perceptibles avant la tenue de l’élection présidentielle du 27 août dernier.
François Lousény Fall, ancien Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Guinée-Conacry, assurera l’intérim du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), à la place d’Abdoulaye Bathily.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale présente la situation sécuritaire actuelle sur le continent, et l’épineuse question des élections
Abdoulaye Bathily, du Sénégal, est depuis juin 2014 le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et le chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), dont les bureaux se trouvent à Libreville, au Gabon. A ce titre, M. Bathily a pour tâche d’aider les pays de la sous-région à promouvoir la paix et la stabilité. M. Bathily a rencontré la Radio des Nations Unies et le Centre d’actualités de l’ONU avec qui il a discuté de la crise au Burundi, des élections à venir dans plusieurs pays du continent africain et de l’impact du groupe Boko Haram dans les pays du bassin du lac Tchad.
Vous avez été nommé en juin médiateur dans la crise au Burundi. Quelle est votre réaction s’agissant des récentes élections dans ce pays?
Ce que je peux constater en tant que responsable des questions politiques dans la région, c’est que les élections ne règlent pas le problème politique dans ce pays. Il y a un problème politique, il y a une méfiance, une crise politique, et cela, élections ou pas, quelle que soit la nature des élections, quoiqu’on pense des élections, il faut régler cette crise. On ne peut régler cette crise politique que par un dialogue, que par le consensus entre les acteurs, avec un accompagnement international. Le Burundi fait partie de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) et à ce titre, il fait partie des pays qui ressortent de mon mandat, dans le cadre de la mission que le Secrétaire général m’a confiée sur la base de la mission qui a été donnée au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale. A ce titre-là, je continue de suivre la situation au Burundi comme dans tous les autres pays d’Afrique centrale. Nous sommes préoccupés par cette crise au Burundi qui menace de s’étendre au reste de la région.
Est-ce que vous estimez que ces élections au Burundi ont été libres et démocratiques?
Ce que nous devons dire c’est que, aussi bien l’Union africaine que tous les observateurs sur place, ont constaté que les conditions n’étaient pas réunies pour des élections libres, démocratiques, transparentes et apaisées. Dans le rapport que nous avons fait en tant qu’équipe internationale de facilitation, nous avons dit que, s’il n’y a pas de dialogue entre les acteurs pour arriver à une solution consensuelle, il ne peut pas y avoir d’élections pouvant être considérées comme acceptables. Nous constatons aujourd’hui que les élections se sont bien déroulées mais tout le monde constate également qu’organiser des élections c’est une chose, mais apaiser la situation dans le pays en est une autre. Et c’est un objet de préoccupation pour tout le monde. L’Union africaine vient de faire une déclaration en ce sens appelant encore une fois au dialogue et à un processus consensuel pour résoudre la crise. Les Nations Unies sont parfaitement en phase avec cette position de l’Union africaine.
Le Secrétaire général de l’ONU a demandé à la veille des élections à ce que les acteurs burundais aient un dialogue franc. A l’heure actuelle, pensez-vous que c’est possible?
Non seulement c’est possible mais c’est incontournable. Si on ne veut pas que le Burundi sombre dans le chaos. Malheureusement l’histoire du Burundi dans le passé l’a montré, si le dialogue ne s’installe pas, si un minimum de consensus ne s’installe pas pour revenir à l’esprit et à la lettre des accords d’Arusha, nous n’arriverons pas à stabiliser ce pays. C’est pourquoi, je voudrais encore une fois lancer un appel à l’ensemble des acteurs burundais pour qu’au-delà de ces élections, qui sont loin d’être des élections consensuelles, ils se retrouvent pour sauver leur pays du chaos. On ne peut pas construire la démocratie sur une base non consensuelle, on ne peut pas construire la paix sur une base non consensuelle. Il faut qu’il y ait un souci de responsabilité de la part de tous les acteurs à tous les niveaux de l’espace politique et social burundais pour que le pays soit sauvé de cette catastrophe.
En tant que chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, quel serait votre rôle s’il y avait un dialogue, si la situation venait à s’améliorer? Quel rôle pouvez-vous jouer pour améliorer les choses?
Le rôle des Nations Unies c’est d’accompagner la région, la communauté est-africaine d’abord, accompagner l’Union africaine, qui est l’organisation régionale. Et à ce titre, nous allons apporter toute notre contribution. Car les Nations Unies ont une mission principale, c’est de ramener la paix dans tous les coins du globe, y compris évidemment au Burundi. En coopération avec les organisations sous régionales et l’organisation continentale, nous allons continuer de travailler pour apporter la paix, que ce soit sur le plan politique, que ce soit sur le plan humanitaire. Il ne faut pas oublier qu’aujourd’hui, on est à plus de 160.000 réfugiés dans les pays voisins. Et cela, ce n’est pas la région seule qui peut apporter une contribution pour régler ce problème des réfugiés. Il faut que les Nations Unies interviennent. S’agissant de la question des droits de l’homme, il y a des centaines de prisonniers politiques aujourd’hui au Burundi. La situation économique s’est beaucoup dégradée au Burundi ces derniers mois. A cause de tout cela, le Burundi a besoin de l’ensemble de ses partenaires, y compris les partenaires internationaux. Ce pays, jusqu’ici, dépend, pour 52% de son budget, de l’aide internationale. Quand on est dans une situation comme celle-là, on ne peut pas faire fi de l’accompagnement international. Donc, j’appelle à une prise de responsabilités, à ce que le souci soit affiché concernant ces milliers de Burundais qui souffrent dans les camps de réfugiés. Ce sont des milliers de Burundais qui sont aujourd’hui dans un système, il faut le dire, de terreur. Il faut penser aujourd’hui à ces Burundais qui voient leurs perspectives économiques bouchées. C’est un souci de responsabilité qui doit nous concerner tous, aussi bien les acteurs burundais que les acteurs internationaux.
Dans les années à venir plusieurs pays de la sous-région organisent des élections, y-a-t-il, selon vous, une « maladie du troisième mandat » en ce qui concerne les dirigeants au pouvoir?
Ce n’est pas seulement la question du troisième mandat qui se pose. Par rapport à mon expérience, je dis qu’on ne peut pas construire la démocratie sans que les acteurs politiques ne s’accordent sur un minimum de règles adoptées de manière consensuelle et que les uns et les autres appliquent de manière fidèle. C’est cela la question capitale, c’est cela le problème de fond, que ce soit pour un troisième mandat ou contre un troisième mandat, pour un mandat illimité ou pas, s’il n’y a pas de consensus politique, les pays sont exposés à des crises politiques graves. Et aujourd’hui, quand vous regardez la géographie politique du continent africain, au-delà même de cette région d’Afrique centrale, la principale source de conflit, ce sont les élections, à travers tout le continent, depuis au moins une décennie. Tous les conflits ont pratiquement éclaté à partir des élections, soit avant, soit pendant, soit après les élections. Donc la question électorale est devenue une question de fond pour la sauvegarde de la paix, pour la consolidation de la démocratie sur le continent. Et il en va de la responsabilité de l’ensemble des acteurs, à commencer par les dirigeants eux-mêmes.
Abdoulaye Bathily (au centre) fait un exposé à Libreville, en mai 2015, devant le corps diplomatique sur la situation géopolitique et sécuritaire en Afrique centrale.UNOCA)/n
Concernant les troubles causés par le groupe Boko Haram, où en est la lutte contre ce groupe extrémiste?
Nous avons constaté que Boko Haram a changé de modus operandi après sa défaite militaire, après avoir tenté de conquérir des territoires, du mois décembre jusqu’à il y a quelques semaines. Maintenant, le mode d’action de Boko Haram, ce sont les opérations kamikazes, des actes ignobles, des femmes qui sont transformées en bombes ambulantes, des enfants qui sont transformés en bombes ambulantes. Rien ne justifie ces actes barbares, insoutenables. Et aujourd’hui, c’est cela qui crée la situation au Tchad, au Cameroun. Aujourd’hui encore, Boko Haram a sévi à Maroua, dans l’extrême-nord du Cameroun. Et malheureusement, on observe les mêmes formes d’action au Nigéria. Il faut encore plus de collaboration, pas seulement militaire, parce que la force internationale conjointe, qui devait être mise en place et qui est actuellement en train de se positionner, n’est pas suffisante. Ce n’est pas le seul mode opératoire. On voit maintenant que face à ces actions kamikazes, il faut d’autres formes de collaboration, en matière par exemple de renseignement. Il faut une association plus étroite entre les forces de police, les forces de renseignement dans les différents pays de la région du bassin du lac Tchad pour éradiquer ce phénomène, pas seulement au niveau d’ailleurs des Etats, des structures formelles en tant que telles des Etats. Il faut aussi que les populations elles-mêmes soient impliquées dans ce processus d’éradication de Boko Haram, parce qu’il faut l’adhésion effective des populations pour isoler ce mouvement terroriste, en tenant compte évidemment des droits de la personne humaine. Car il faut bien faire attention dans la lutte contre Boko Haram de ne pas, de manière indiscriminée, s’attaquer aux populations parce que ces dernières pourraient se retourner contre ceux qui utilisent ce type de méthodes. Il faut une réflexion approfondie sur la manière aujourd’hui d’isoler Boko Haram.
Abdoulaye Bathily (au centre), lorsqu’il était Représentant spécial adjoint au sein de la MINUSMA au Mali, en visite à Kidal dans le nord du pays en novembre 2013.ONU / Marco Dormino)/n
Est-ce que l’un des problèmes avec l’apparition du Boko Haram n’est pas le sous-développement du nord du Nigéria par rapport au sud du pays?
Oui, il y a un problème de gouvernance globale qui se pose par rapport à ces mouvements terroristes, que ce soit au Tchad, que ce soit au Nigéria, que ce soit au Cameroun, dans les pays du bassin du lac Tchad en général. Mais on voit aussi ce type de mouvements ailleurs dans le monde où il y a quand même des ressources, que ce soit en Iraq, en Syrie, dans d’autres pays du Moyen-Orient, en Afghanistan. C’est vrai que de manière globale, la pauvreté est le terreau le plus fertile, mais au-delà de la question économique de la pauvreté, il y a une dimension gouvernance, la gestion de la diversité politique, de la diversité sociale, de la diversité culturelle, de la diversité religieuse, sous ses différentes formes. Il y a donc un problème global de gouvernance. C’est pourquoi aujourd’hui, la lutte contre Boko Haram ne peut pas être seulement une question militaire, une question de renseignement, c’est aussi une question globale, comment tirer ces populations de la pauvreté, comment les intégrer dans un ensemble national pour leur permettre de s’épanouir en tant que populations.
Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale, devant le Conseil de sécurité en juin 2015.ONU/Loey Felipe)/n
Par Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale et Chef de l’UNOCA
Discours du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale et Chef de l’UNOCA, Abdoulaye Bathily, lu par le Conseiller militaire (Colonel Francois Ndiaye) lors de la cérémonie officielle d’ouverture du séminaire sous-régional sur le rôle des médias dans la promotion des processus électoraux pacifiques, mercredi 06 mai 2015, à Douala.
Monsieur le Ministre de la Communication, Monsieur le Représentant de la CEEAC, Monsieur le Directeur régional du Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique centrale, Monsieur le Représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, Distingués experts et facilitateurs, Chers participants, amis et partenaires de la presse, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord exprimer ma gratitude aux autorités camerounaises pour les facilités qu’elles ont déployées pour favoriser la bonne tenue de ce séminaire sur le rôle des médias dans la conduite et la promotion des processus électoraux pacifiques en Afrique centrale.
Je tiens également à remercier le Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique centrale pour le soutien inestimable apporté au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) dans la mise en uvre de cette importante activité. Je suis persuadé que cette tradition perdurera et que nous consoliderons davantage l’esprit «ONE UN» qui caractérise nos actions depuis deux ans.
A cet égard, je suis aussi heureux de noter la participation de l’UNESCO à cet atelier, d’autant plus que, comme vous le savez, elle est l’agence spécialisée des Nations Unies en matière de communication. Je souligne aussi avec satisfaction la présence de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et celle du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest (UNOWA).
Je salue par ailleurs la collaboration de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Elle est en droite ligne avec la résolution biennale sur la coopération entre l’ONU et l’OIF adoptée le 2 avril 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette coopération met l’accent sur plusieurs points d’intérêt communs comme la prévention, la gestion et le règlement des crises et des conflits, la promotion de la paix et le soutien à la démocratie et à l’état de droit, du plein respect des droits de l’Homme et de la bonne gouvernance. Elle exprime également la volonté de la Francophonie de s’engager activement aux côtés des Nations Unies pour relever les défis majeurs auxquels la Communauté internationale doit faire face.
La présence à cet atelier d’un expert de la Francophonie est l’une des manifestations concrètes de cette volonté. Elle traduit le dynamisme de nos relations, puisqu’en octobre 2014, elle s’était déjà associée à un séminaire organisé ici à Douala sur la problématique de la représentativité des femmes dans la sphère politique.
La CEEAC y avait également activement pris part. Aujourd’hui encore, elle est avec nous. Nous continuerons à cheminer ensemble, conformément à notre mandat et dans le respect du partenariat que nous avons scellé le 3 mai 2012. Je remercie le Secrétaire général de la CEEAC pour sa sollicitude ainsi que le Chef de l’Unité d’appui électoral de cette institution pour sa disponibilité. Je me souviens que lors de la 38e réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC), du 29 juillet au 2 août 2014 à Malabo (Guinee équatoriale), il avait animé le débat sur le thème spécial consacré aux élections en Afrique centrale.
Dans le message du Secrétaire général des Nations Unies que j’avais lu lors de la session ministérielle dudit Comité, M. Ban Ki-moon avait rappelé, pour le déplorer, que les élections sont souvent l’occasion de tensions sociopolitiques accrues. Il soulignait alors la nécessité impérieuse pour les États de disposer de ressources et d’institutions adéquates pour garantir des élections libres, démocratiques et transparentes. Dans ce contexte, il a évoqué l’urgence d’un renforcement du rôle positif de toutes les structures impliquées dans les processus électoraux, y compris les commissions électorales, les juridictions chargées de régler les contentieux, ainsi que les entités techniques, politiques et médiatiques concernées. Le Secrétaire général des Nations Unies fait observer que ces entités ont le potentiel de contribuer de manière constructive à la consolidation de la paix, de la sécurité et de la démocratie en Afrique centrale.
L’atelier qui s’ouvre aujourd’hui à Douala me donne l’opportunité de réaffirmer la profondeur et la pertinence de ces propos, particulièrement en ce moment où, dans les semaines à venir et dans les trois prochaines années, l’agenda politique de plusieurs pays de la sous -région est marqué par des rendez-vous électoraux cruciaux. Cet atelier constitue une étape capitale dans nos actions de sensibilisation des parties prenantes par rapport à leurs responsabilités avant, pendant et après ces élections.
Les journalistes ont un rôle décisif à jouer durant cette période, notamment dans le domaine de la protection des droits de l’Homme, de la prévention des violences et de l’éducation des citoyens sur les questions électorales. Au-delà du monitoring de la campagne électorale, ils doivent veiller à la bonne conduite du processus électoral non seulement en rappelant les
droits civiques et politiques des uns et des autres, mais aussi en suscitant et en encourageant la participation des citoyens au vote. Il s’agit en effet de donner aux électeurs et aux électrices des renseignements sur la procédure d’inscription sur les listes électorales ainsi que des informations équilibrées/impartiales sur les enjeux du scrutin, le déroulement et le financement de la campagne électorale, les programmes politiques des candidat(es) en lice, l’opération de dépouillement des votes, etc.
Les journalistes engagés dans la couverture médiatique des processus électoraux participent en quelque sorte à l’observation électorale, en accordant une attention soutenue au suivi de la transparence, de la crédibilité et de la fiabilité du scrutin. Ils ont le pouvoir ou la responsabilité de dénoncer des éventuels dysfonctionnements ou de mettre en relief des cas de violations de la loi et des droits de l’Homme, y compris à travers des interviews des experts et des témoins. Cette posture ne consiste pas à envenimer la situation, mais à attirer l’attention sur des situations qui peuvent déboucher sur des élections contestées, un facteur qui constitue souvent le point de départ d’une instabilité politique, de l’anarchie ou de la guerre civile.
Vous avez sans doute constaté que dans la plupart des déclarations des Nations Unies pendant les périodes électorales, un accent est mis sur cette nécessité de ne rien faire, dire ou écrire qui puisse occasionner des débordements. Le 28 avril 2015, suite aux manifestations qui ont accompagné l’annonce officielle de la candidature du Chef de l’Etat burundais à la présidentielle de juin 2015, M. Ban Ki-moon a par exemple exhorté les « parties à rejeter la violence et à éviter d’utiliser un langage incendiaire ou de haine qui pourrait accroître davantage les tensions ». Je suis particulièrement préoccupé par la tournure des événements dans ce pays et lance un appel à la retenue, à la sagesse et au respect des lois ainsi que des accords unanimement adoptés et reconnus. Ce sont des conditions essentielles pour des élections pacifiques, honnêtes et inclusives au Burundi et dans tous les autres pays concernés; c’est-à-dire celles dont les résultats reflètent le ou les choix librement exprimés par le peuple.
Pour conclure, je voudrais rendre hommage au travail que vous réalisez, parfois dans des conditions insoutenables, pour promouvoir ces valeurs fondamentales. Je vous encourage à continuer dans cette voie et, chaque fois que le cas se présente, à tirer la sonnette d’alarme sur des problèmes pouvant fausser le jeu électoral. Votre attitude et votre rôle peuvent en effet avoir une influence sur le processus électoral, que ce soit de façon positive ou négative.
Vous êtes dès lors invités à garantir la liberté d’expression tout en évitant la diffusion de (fausses) informations susceptibles de porter atteinte à l’ordre public et de compromettre les progrès démocratiques. Toutes ces responsabilités éditoriales exigent une grande rigueur professionnelle. Comme vous le savez, celle-ci est nécessaire pour éviter tout dérapage ou manquement à l’éthique et à la déontologie de votre beau métier. C’est cet impératif et la prise en compte du rôle majeur des médias dans les processus électoraux pacifiques qui ont amené le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale à organiser cet atelier, dont le but est aussi de vous sensibiliser sur ce que fait l’ONU en matière d’assistance électorale aux États membres. Le récent Rapport du Secrétaire général intitulé «Renforcer l’action des Nations Unies dans la tenue effective d’élections périodiques et honnêtes, selon le principe établi, et dans la promotion de la démocratie», soumis à l’Assemblée générale des Nations Unies en aout 2013, vous édifiera sur ce sujet.
Je voudrais une fois de plus remercier les partenaires et les collègues du Système des Nations Unies qui ont soutenu l’initiative de cette rencontre de Douala. J’exprime également ma gratitude aux experts et aux facilitateurs pour leur disponibilité.
J’encourage les participants à être attentifs à leurs présentations et à mettre en pratique les recommandations de cet atelier lorsqu’ils rentreront dans leurs pays respectifs. Je les invite par ailleurs à partager les expériences reçues avec leurs confrères et leurs cons urs.
Je vous remercie de votre aimable attention, en souhaitant que vous ayez des discussions fécondes, dans le prolongement des débats qui ont dominé la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai dernier. J’ai une pensée particulière pour les victimes de cette liberté et renouvelle la ferme détermination des Nations Unies à continuer à la défendre.
Par le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA)
Libreville (Gabon), 19 janvier 2015 – Le Représentant spécial du Secrétaire-général de l’ONU et chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), M. Abdoulaye Bathily, salue la décision prise par le Tchad de déployer des troupes au Cameroun pour participer à la lutte contre Boko Haram, dont les activités criminelles ont déjà occasionné l’arrivée de plus de 36 000 réfugiés nigérians dans l’Extrême-Nord du Cameroun ainsi que de nombreux déplacés internes.
«Cette initiative remarquable est aussi importante pour le Tchad dont l’économie et la sécurité sont également menacées par les attaques répétées de Boko Haram. Je félicite les autorités tchadiennes pour leur engagement résolu dans la lutte contre le terrorisme en Afrique centrale et au-delà», affirme M. Bathily, rendant aussi hommage à la communauté internationale et en particulier aux pays amis de l’Afrique, qui ont annoncé leur aide et exprimé leur solidarité au Cameroun. En outre, le Chef de l’UNOCA encourage tous les Etats du Bassin du lac Tchad et ceux d’Afrique centrale en général à renforcer leur coopération, y compris avec le Nigeria, afin d’apporter une réponse régionale et coordonnée à ce fléau, qui représente un cancer dangereux pour la sous-région.
Par ailleurs, M. Bathily soutient les démarches entreprises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), notamment celle consistant «à saisir les hautes instances du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Afrique Centrale (COPAX) pour que des actions concrètes soient menées en vue de soutenir le Cameroun et d’éliminer la menace que constitue Boko Haram».
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale rappelle que «Boko Haram est une menace sérieuse contre la paix, la sécurité et la stabilité des régions d’Afrique de l’Ouest et du Centre, mais aussi contre l’économie et les services sociaux de base des zones affectées». Il demande aux populations des régions où sévit cette secte islamiste d’être vigilantes, compte tenu des actions imprévisibles et lâches des insurgés.
M. Bathily saisit cette occasion pour inviter les éléments de Boko Haram à cesser immédiatement leurs agressions et à libérer toutes les personnes abusivement enlevées. Il est particulièrement préoccupé par le sort des femmes et des enfants victimes de ces rapts injustifiables. Les plus récents ont eu lieu dimanche 18 janvier 2015 lors d’une nouvelle attaque dans des villages camerounais frontaliers avec le Nigeria. «Je déplore cette situation. Elle montre la nécessité d’une plus grande mobilisation pour soutenir les efforts louables du Cameroun dans la lutte contre Boko Haram», souligne le chef de l’UNOCA, renouvelant sa gratitude au Tchad et aux autres pays pour leur appui important.
Le chef du Bureau régional des Nations-Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) se dit vivement préoccupé par l’impact des attaques
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), Abdoulaye Bathily, se dit «vivement préoccupé» par l’impact des activités de Boko-Haram «sur certains pays de la sous-région», dans un communiqué de presse publié lundi, 10 novembre.
«Nous allons alerter le Conseil de sécurité sur l’ampleur des réalités observées sur le terrain. Les pays concernés ont besoin d’un soutien à la hauteur des défis auxquels ils font face dans la lutte acharnée contre Boko Haram», explique Abdoulaye Bathily, en parlant spécifiquement du Tchad et du Cameroun, pays frontaliers au Nigéria.
«Le cas du Cameroun retient particulièrement l’attention. Ces derniers temps, Boko Haram multiplie des attaques dans l’Extrême-Nord, occasionnant parfois des enlèvements et des morts. Ces actes criminels, qui touchent aussi bien les civils que les militaires, sont intolérables tout comme l’enrôlement des jeunes par ce mouvement terroriste», souligne le communiqué.
Une aide internationale serait salutaire pour les 17.000 réfugiés nigérians qui vivent au camp de Minawao à l’Extrême-Nord, dans «des conditions précaires», ajoute le chef du Bureau régional des Nations-Unies pour l’Afrique centrale. L’effort de guerre du Cameroun contre la secte Boko-Haram est pour l’heure essentiellement supporté par le budget de l’Etat, sans aide extérieure.
Abdoulaye Bathily, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Afrique centraleniarela.net)/n