Changements climatiques: Marrakech, une étape dans un processus

Le Haut-commissaire des Eaux et Forêts, par ailleurs commissaire de la COP22, a détaillé, au cours d’une conférence de presse mercredi à Rabat, les attentes du Maroc liées à l’évènement

Offrir toutes les conditions pour que la COP22, qui démarre le 08 novembre 2016 à Marrakech, se passe dans les meilleures conditions, c’est la priorité actuelle du Maroc. « Les travaux de mise en forme, de construction du village de négociations sont très avancés », a indiqué le Haut-commissaire marocain des Eaux et Forêts au cours d’une conférence de presse tenue mercredi, 07 septembre 2016, à Rabat. Abdelâdim Lhafi, par ailleurs commissaire de la COP22 a souligné qu’actuellement « toutes les structures sont réalisées à plus de 85%. Et nous avons bon espoir que nous puissions livrer ce projet vers le 15 octobre ».

Sur le plan de l’organisation, « il y a un cahier de charge extrêmement précis » qui est concrétisé par l’accord de siège, signé entre le Maroc, pays hôte, et les Nations-Unies. Et qui prévoit dans les moindres détails ce qu’il faut réaliser en termes de salles, de sonorités, de communication, etc. Tous les aspects sont traités, y compris les aspects liés au développement durable. Donc « nous avançons conformément au programme », a souligné le commissaire de la COP22.

Dans le pays, l’évènement ne se prépare pas seulement sur le plan structurel. Les questions politiques et les thématiques à aborder à la rencontre de novembre font également l’objet de réflexion. Ces dernières seront traitées dans un ordre de « cohérence ». L’on apprend déjà qu’à l’ouverture de la COP, pendant la première journée, tous les débats seront axés sur l’eau et les forêts. Viendront ensuite des journées, une dizaine en tout, réservées à l’énergie sous toutes ses formes (énergies renouvelables, efficacité énergétique), l’urbanisation, le transport, les océans, le prix carbone, etc.

Les attentes du Maroc

Cette année, le Maroc, qui souhaite avant tout la ratification de l’Accord de Paris (qui doit arriver au mieux un mois avant la COP), veut entrer dans une forme de « développement de l’agenda d’action » qui va se construire autour des initiatives, des coalitions, évaluées à plus de 70. Ces coalitions se concrétisent autour des thématiques particulières. D’après les explications du commissaire de la COP22, Abdelâdim Lhafi, « elles vont se tenir selon les journées thématiques fixées, en collaboration et en cohérence avec celles décidées par les Nations Unies ». Mais ce qu’il y a de plus, c’est la tenue d’un débat large de toutes les parties. « Ce n’est pas comme dans le temps où les négociations se passaient entre les négociateurs uniquement. Actuellement elles font participer toutes les parties prenantes. Les responsables de la gestion du territoire, la société civile, le secteur privé. Ils vont tous agir de manière cohérente pour sortir des actions et des politiques concrètes », en présence « de tous les décideurs politiques ».

La désertification

Il y a une convention particulière des Nations Unies qui fait partie des trois grandes conventions du sommet de Rio, le sommet de la terre : la convention sur la biodiversité, la convention sur les changements climatiques et la convention sur la lutte contre la désertification. Dans ce dernier cas justement, « tous les pays africains sont censés présenter des actions nationales axées autour d’opérations précises », a souligné Abdelâdim Lhafi.

Selon lui, les actions qui peuvent être conduites en termes de lutte contre la désertification sont de plusieurs ordres :

– D’abord, les questions de l’eau. « Le Maroc est une expérience élaborée en terme de mobilisation des ressources hydriques notamment dans la politique de construction des barrages depuis les années 60. Grace à cette politique, le Maroc a pu traverser toute une série d’années extrêmement sèches », a expliqué le Haut-commissaire marocain des Eaux et Forêts. Aujourd’hui, le pays compte 33 barrages hydroélectriques. « Lorsque vous maitrisez l’eau et les terres, vous maitrisez la sécurité alimentaire. Pour produire il faut utiliser la technologie. Ce secteur au Maroc assure pratiquement 75% de la valeur ajoutée en saison sèche. C’est pour dire que l’axe centrale c’est d’abord la maitrise de la mobilisation de l’eau », a-t-il ajouté.

– Ensuite, le traitement des bassins versants pour lutter contre « l’érosion, protéger les sols, protéger les barrages et surtout la capacité de retenu des barrages ».

– Enfin, la dégradation des terres. D’après les informations communiquées par Abdelâdim Lhafi, de grandes initiatives liées à cet aspect et axées sur l’objectif 13 des ODD (Objectifs de développement durable) verront le jour à Marrakech. En résumé, l’objectif à l’horizon 2030, ratifié par les Nations unies en septembre 2015, se propose de garantir la neutralisé de la dégradation des sols. Autrement dit, comment « stopper cette régression et cette perte ». Pour ce faire, « il faut restaurer à travers le monde à peu près 12 millions d’hectares ». Une mesure de protection des sols qui laisse penser que « la désertification, au sens large est un processus très complexe sur lequel, néanmoins, la coopération Sud-Sud peut donner de grands résultats », soutient le commissaire de la COP22.

Le commissaire de la COP22, Abdelâdim Lhafi, par ailleurs Haut-commissaire des Eaux et Forêts du Maroc © Journalducameroun.com

Triple A : Adaptation de l’agriculture en Afrique

L’agriculture est le 1er utilisateur de l’eau dans le monde. Et chaque goutte d’eau est importante, il faut la retenir. Dans l’utilisation de cette eau, il faut travailler tous les systèmes économes, faire des spéculations agricoles économes en eau, revoir l’itinéraire technique. Dans ce cadre, le Maroc est porteur de l’initiative de triple A (Adaptation de l’agriculture en Afrique) qui « essaye de traiter tous ces aspects et veut transférer son savoir-faire dans ce cadre-là ». « L’eau devient rare et il faut la traiter avec le maximum d’attention », a reconnu Abdelâdim Lhafi. Tout en encourageant la construction des barrages pour un maximum de réservoir d’eau, le Haut-commissaire marocain des Eaux et Forêts, en considérant les conditions écologiques, prescrit qu’elle (la construction) soit « accompagnée par des études d’impact qui sont importantes sur tous les plans, y compris celui de la santé humaine par exemple. Parce que dans certains pays africains, la construction des barrages s’est parfois accompagnée de la prolifération de maladies », a-t-il souligné.

La muraille verte

Un grand projet en Afrique qui se propose de construire un rideau vert allant de l’Ouest jusqu’à l’Est. La muraille verte, c’est un projet qui doit prendre en considération la gestion de l’espace, les droits d’usage, l’usage du sol. Ce qui nécessitera « un consensus avec tous les partenaires dans le cadre du participatif et du partenariat », commente Abdelâdim Lhafi.

Après Marrakech, la deuxième rencontre importante sera celle de 2018. La clause de rendez-vous. Il s’agira de faire une évaluation « pour voir si nous sommes sur le bon chemin ». Et en 2020, « nous appliquerons par exemple le financement sur les 100 millions de dollars attendus ». Une somme, arrêtée à la COP de Paris en novembre 2015, qui doit provenir des dons des différents pays impliqués dans la lutte contre les changements climatiques. Pour Abdelâdim Lhafi, le point de départ c’est de « disposer des financements. et d’avoir une feuille de route la plus claire possible » pour atteindre un minimum. Il faudra ensuite pouvoir gérer les fonds de manière à avoir 50% pour l’adaptation et 50% pour l’atténuation, et les ingérer dans des projets porteurs.

Assurer une réconciliation du citoyen avec son environnement, c’est la motivation du Maroc. « La COP 22 se tient en Afrique et il est tout à fait normal que l’Afrique bénéficie de l’attention maximale. Pour moi, il est nécessaire que tous les Africains se mobilisent pour s’approprier cette COP et exprimer les grandes difficultés de leur continent », a conclu Abdelâdim Lhafi.

A l’heure actuelle, le budget global de l’organisation est estimé entre 800 millions et 1 milliard de Dirham (soit près de 80 millions d’euros). Ce coût intègre la part des autres pays, en plus de l’appui de l’Union européenne (UE), de la Banque africaine de développement (BAD), et autres organismes internationaux.

 

Climat: plus de 300.000 Camerounais touchés par les catastrophes naturelles

L’information est relevée dans un rapport du Plan national d’adaptation aux changements climatiques que vient de publier le gouvernement

Environ 320.000 Camerounais, sur une population totale de quelque 22 millions d’âmes, sont déjà touchés par les catastrophes liées au climat, selon le Plan national d’adaptation aux changements climatiques (PNACC) que vient de publier le gouvernement.

Le pays, apprend-on, fait d’ores et déjà face à une récurrence anormale de phénomènes climatiques extrêmes tels que la violence des vents, les températures élevées ou de fortes précipitations, qui mettent en danger les communautés humaines, les écosystèmes et les services qu’ils fournissent.

Les changements climatiques observés au Cameroun les 50 dernières années, indique le document, se caractérisent par la régression (-2,2%), par décennie, des précipitations depuis 1960, la diminution de la pluviométrie concernant en particulier la zone agro écologiques (ZAE) des hauts plateaux (Ouest et Nord-Ouest), et surtout la ZAE soudano sahélienne.

Le rapport signale aussi une augmentation (+0,7°C) de la température moyenne annuelle de 1960 à 2007, les zones agro écologiques les plus touchées par la hausse des températures étant la ZAE forestière à pluviométrie bimodale et la ZAE des hautes savanes guinéennes.

Le PNACC pointe également la recrudescence d’événements extrêmes dans tout le pays : les sécheresses, surtout dans la ZAE soudano sahélienne et la ZAE hautes savanes guinéennes, les tempêtes plus fréquentes et plus violentes, les inondations et les mouvements de masse c’est-à-dire les glissements de terrain, coulées de boue, chute de pierres, éboulements, etc. provoqués par les intenses précipitations.

En termes de perspectives, les experts locaux s’attendent à un climat plus sec au Nord et plus chaud et humide au Sud, avec cependant une forte variabilité sur l’ensemble du territoire camerounais. Les mêmes scénarios prévoient un climat plus chaud dans tout le pays mais en particulier au Nord, une augmentation de la fréquence et de l’amplitude, une élévation du niveau de la mer entre 9 à 38 centimètres en 2050, puis 86 centimètres en 2100.

Le PNACC, dont le processus d’élaboration de la stratégie s’est déroulé d’octobre 2012 à mai 2015, ambitionne de faciliter l’intégration, de manière cohérente, de l’adaptation aux changements climatiques dans les politiques, programmes et travaux pertinents, nouveaux ou en cours, en particulier les processus et stratégies de planification du développement, dans tous les secteurs concernés et à différents niveaux, selon qu’il convient.

Comportant 4 axes stratégiques, il a été appuyé financièrement par le gouvernement japonais dans le cadre de l’initiative «Cool Earth Partnership», et sur le plan technique et opérationnel par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dans le but de réduire la vulnérabilité du pays aux incidences des changements climatiques en renforçant sa capacité d’adaptation et de résilience.


Droits réservés)/n

Cameroun: Le nouveau visage du Gicam

Une session mixte de l’Assemblée générale du Gicam a validé les statuts et le règlement intérieur

Dans son exposé des motifs le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a clairement reconnu que les dernières élections du bureau intervenues il y a environ deux ans ont été dommages pour l’ensemble de la structure, tellement les séquelles sont profondes. C’est l’une des principales raisons qui ont suscité les réformes adoptées[i Les soubresauts qui ont ponctué le renouvellement du Bureau du Groupement il y a environ deux ans ont mis en lumière quelques faiblesses dans la gouvernance de l’Organisation.

Plusieurs dispositions des textes fondateurs du GICAM se sont en effet avérées inadaptées au contexte et aux mutations de l’environnement global. D’où le besoin d’actualisation, besoin d’autant plus urgent que les défis sont non seulement plus nombreux, mais aussi et surtout plus complexes et plus pressants] a justifié Olivier Behlè. Conformément au texte adopté ce 17 Juin 2001, la réforme porte sur trois principaux points, d’abord le bureau exécutif; il est remplacé par un conseil d’administration de 12 membres dont un président; un 1er vice-président; un 2e vice-président; quatre membres experts; cinq autres membres. A cela s’ajoute la création d’un conseil de stratégie.

Faire face à la concurrence
Une structuration qui s’explique par un souci d’efficacité, ce que confirme Olivier Behlè: [i le nombre réduit des membres du conseil d’administration obéit au souci d’efficacité. En effet, le bureau actuel compte 24 membres pour une moyenne de participation aux réunions d’environ 8 à 10 membres seulement. Par ailleurs, très peu sont les membres qui s’impliquent véritablement dans le fonctionnement du bureau. Le conseil de stratégie est un organe intermédiaire constitué de 24 membres dont les 12 membres du conseil d’administration et 12 autres membres. Ce conseil est l’organe de réflexion stratégique du groupement dont la mission générale est l’identification des dispositions et des moyens visant à améliorer les performances du Gicam». La deuxième réforme concerne la plus grande prise en compte des PME. Même les observateurs y voient une contrattaque à la stratégie des organisations patronales concurrentes qui en ont fait leur champ de récolte notamment Entreprise du Cameroun (e.cam) mis en place par des anciens membres du bureau du Gicam dont la liste a été battue lors des dernières élections. Au Gicam on ne partage pas cette lecture il est question pour le Gicam de promouvoir en son sein une organisation de cette catégorie d’entreprises par filières. Cette structuration devrait ensuite permettre -à court ou à moyen terme- aux pme ainsi organisées de solliciter une adhésion au Gicam au titre d’organisations professionnelles, le but visé ici étant une défense plus appropriée des intérêts des pme par le groupement. La troisième et dernière réforme préconise: «l’avènement d’un conseil d’administration plus solidaire et professionnel». Ces textes ont été adoptés dans le cadre de l’Assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue juste après celle ordinaire ayant eu lieu quelques minutes plutôt, cette dernière assise a validé les comptes de l’exercice clos au 31 décembre 2010.

Olivier Behlè, Président du Gicam, face à la Presse
journalducameroun)/n

Cameroun: Le Gicam à l’heure de la révolution

Olivier Behlè a dévoilé les nouvelles réformes de cette structure ce vendredi, en fond de toile l’adaptation à l’environnement

Jamais réforme n’avait été aussi profonde et radicale. Mieux, en 54 ans d’existence, le Groupement Interpatronal du Cameroun (Gicam) n’était jamais allé aussi loin dans sa restructuration, excepté peut être les changements intervenus en novembre 1992. Dans le fond, ce sont les structures de fonctionnement qui vont connaitre ces grandes mutations, Olivier Behlè le président du Gicam justifie ces réformes comme étant une démarche dynamique et constructive basée sur cinq piliers que sont l’avènement d’un conseil exécutif, la multiplication du grand nombre de commissions, la création d’un conseil de stratégie, une plus grande implication des Pme et l’amélioration du cadre et des modalités de l’information financière du Gicam. A l’observation, la 1ère modification vient de la composition du Bureau exécutif: De 24 membres cette instance qui devient le Conseil exécutif aura désormais 12 membres, dont 4 représentant les organisations professionnelles adhérentes et 8 représentant les entreprises des divers secteurs d’activité, de même le Gicam passe de 6 à 11 commissions les membres du Conseil exécutif seront choisis en fonction de leur profil et de leur expérience au regard des missions stratégiques qui leur sont dévolues au sein du Conseil exécutif dans le cadre de l’animation des commissions laisse entendre Olivier Behlè, pour qui les commissions ont pour vocation de soutenir la force de proposition du Groupement, question d’assurer les nombreuses sollicitations. On peut aussi y voir la volonté de responsabiliser les conseillers exécutifs.

E.cam dans la ligne de mire
Le 3e volet de la réforme est la création d’un conseil de stratégie, celui-ci comprend le Conseil exécutif élargi aux présidents des organisations professionnelles membres du Groupement, aux anciens présidents et vice-présidents du bureau ou Conseil exécutif, et aux présidents et membres honoraires. L’une de ses missions fondamentales est le renforcement de la représentativité, c’est aussi là qu’est développée la vision stratégique du Gicam. Des modifications annoncées on retiendra surtout «la plus grande prise en compte des Pme», cet aspect fait resurgir un vieux débat au sein du Gicam accusé de la mise à l’écart ou de la petite considération jusqu’ici accordée aux Pme. Quelques observateurs n’ont pas manqué de faire remarquer que ladite «prise en compte» est une réponse directe aux autres mouvements patronaux qui puisent la majeur partie de leurs adhérents dans ce secteur, comme Entreprise du Cameroun (e.cam) dont les dirigeants sont des anciens membres du bureau du Gicam. Pourtant au Gicam on se défend de cette lecture le but visé ici étant une plus grande accessibilité et une défense mieux appropriée des intérêts des Pme par le Groupement explique son président, en même temps l’enjeu est de ratisser large au sein des Pme. La dernière grande réforme fait référence à la gestion financière. Toutes ces modifications seront présentées en vue de leur adoption le 17 juin prochain lors de l’Assemblée générale extraordinaire du Gicam.


Journalducameroun.com)/n