Thérèse LEUKOUE DJEUMAKO: Présidente de l’Afdaac

Discrète et réservée, Mme DJEUMAKO est une dame de c ur qui a fait de l’humanitaire son cheval de bataille

De son nom de jeune fille Thérèse LEUKOUE, Mme DJEUMAKO est une véritable amazone qui s’est très vite lancée dans le combat de la lutte contre la pauvreté. Mais seulement, comme elle le dit elle-même, «Je préfère vivre à l’ombre et c’est pourquoi je pratique l’adage qui dit que pour vivre heureux, il faut vivre caché». Et cet adage, elle le vit au quotidien au point d’être devenue casanière. «Je ne sors pas sans but précis, je ne m’assois nulle part pour bavarder inutilement mais j’exploite judicieusement chaque minute de la journée pour faire des activités positives», avoue-t-elle.

A la question de savoir comment fait-elle pour diriger une association aussi ambitieuse et dynamique comme celle dont elle a la charge, elle déclare «Je me suis entourée de femmes engagées ainsi que des hommes compétents comme conseillés, puisque je préfère laisser les autres prendre les devants. Ainsi, mon travaille est axé sur la conception, la coordination et le contrôle en coulisse. J’interviens beaucoup plus au téléphone et physiquement seulement lorsque ma présence est vraiment nécessaire. Mais par dessus tout je m’appuis sur Dieu. Sa puissance infinie m’inspire et me donne la force de travailler en permanence pour la bonne marche et la croissance de l’AFDAAC qui se veut être une organisation laïque et apolitique».

De ses premiers jours à Ngaoundéré après son affectation à l’ex délégation provinciale des travaux publics pour l’Adamaoua en 1989, elle se souvient encore comme si c’était hier. Et pourtant, 21 années se sont déjà écoulées. Pour celle qui avait été recrutée comme Secrétaire de direction et qui était une habituée des bureaux feutrés du cabinet du ministre des travaux publics à Yaoundé, la réadaptation ne fut pas du tout facile. Mais la réalité était bien là. Dans le cadre du regroupement familial, il fallait rejoindre son époux enseignant à l’ex ENSIAAC devenu aujourd’hui Ecole Nationale des Sciences Agro-industrielles (ENSAI) de l’Université de Ngaoundéré au Cameroun. «Je ne vais pas vous cacher que j’avais passé plusieurs jours à pleurer après la découverte de mon nouvel univers de travail, ce changement fût pour moi un suicide professionnel. C’était ça la dure réalité que je devais affronter». Heureusement, elle a toujours su bénéficier du soutien inconditionnel et de la patience de son époux M. DJEUMAKO Bonaventure pendant ces moments de dépression. «Mon époux m’a beaucoup supporté pendant ces moments difficiles parce que face à mes multiples échecs et à mes frustrations, je n’étais pas vraiment facile à vivre. Mon époux m’a beaucoup consolé et soutenu et il continue d’ailleurs à le faire. Je sais qu’en toute circonstance, je peux compter sur lui».

La période de dépaysement passée, elle a fini par s’y habituer au point de traduire dans la réalité son rêve dans le domaine humanitaire. La preuve, grâce à son initiative, l’Association du Personnel des Travaux Publics de l’Adamaoua (APETRAPA) a vue le jour et permet de promouvoir jusqu’à ce jour l’entraide sous toutes ses formes entre ses membres. Son rêve de créer une association altruiste, qui aide chaque membre à vaincre sa forme de pauvreté, elle le nourrit depuis les années 1984-1985 alors qu’elle était encore à Yaoundé. Elle avoue surtout avoir été fortement influencée par ses parents «Mon père était dynamique, pieux et en avance sur son temps par sa sagesse et sa vison des évènements. Ma mère était pieuse, douce et conciliante ; elle cultivait la paix et l’amour pour ses enfants, sa famille et ses proches. Alors, j’ai dû apprendre la maîtrise de soi pour atténuer mon caractère coléreux et la diplomatie pour faire tolérer ma manie de dire à haute voix les vérités qui dérangent, qui choquent ou blessent certaines personnes».

Thérèse LEUKOUE DJEUMAKO
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out part d’un constat saisissant qui ne l’a pas laissé indifférent. «Mon papa qui n’était qu’un tailleur au Ministère de la Santé Publique était pauvre financièrement, mais très riche mentalement. Il encadrait en permanence beaucoup d’enfants, et dans cette optique. Il avait recueilli et élevé un de ses neveux qui est devenu par la suite un expert comptable très riche. Pour retourner l’ascenseur, il nous a encadré, mon grand-frère et moi. C’est pourquoi j’ai eu la chance d’évoluer dans deux familles, l’une riche et l’autre pauvre».
Les contrastes et les inégalités, elle le vivait au quotidien. Pendant que l’on achetait un vêtement à 500 000 francs d’un côté, quelqu’un était en train de mourir de faim de l’autre côté parce qu’il n’avait pas pu avoir 500 francs pour acheter à manger ou pour acquérir ses médicaments. Ce qui a fait germer dans son esprit, l’idée de s’ériger en courroie de transmission entre riches et pauvres afin de diminuer ce fossé. Pour elle, «la vrai pauvreté est mentale et non financière ou matérielle. Car il n’ ya pas d’idiot, chacun a des potentialités et des dons que Dieu lui a donnés et qu’il doit mettre en valeur pour réaliser de grandes choses et avoir une vie meilleure. Notre devise : Travail – Foi- Amour correspond à cette vision car à l’AFDAAC, nous sommes convaincues que si chaque personne travaille avec foi et amour il réussira dans toutes ses entreprises. Chaque membre de l’association doit «apprendre à pêcher son poisson et se nourrir durant toute sa vie et non recevoir le poisson un jour et mourir de faim les jours suivants». On ne naît pas pauvre, on devient pauvre à cause de l’ignorance ou de la paresse qui nous oblige à adopter l’attitude d’un mendiant assis sur une mine d’or».

Tout ce qu’elle fait, elle le fait avec foi et conviction. «Je crois fermement que les actes d’amour qu’on pose chaque jour finissent par dissoudre la haine et surtout que le bien finit par vaincre le mal. L’amour et la foi c’est le moteur qui fournit l’énergie, la force et le dynamisme nécessaire pour se mettre au service des autres. La personne altruiste doit être généreuse et serviable car en aidant ceux qui sont dans le besoin, elle apprend à trouver les solutions simples et réalistes à ses propres problèmes. En conclusion nous faisons du bien à nous-mêmes et nous récoltons l’expérience, la compétence, la joie, le bonheur et la paix qui nous permettent d’avoir une bonne qualité de vie». Ce qui fait sa force, «c’est le soutien inconditionnel de ma grande famille constituée de mes frères et s urs, de mon mari, de mes enfants, de certains beaux frères et belles s urs, des ami(e)s sincères, et enfin de plusieurs équipes de femmes dynamiques et altruistes». Mais tout part de l’influence positive exercée sur elle par ses parents. Comme personnages préférés, elle dit admirer la lutte de Nelson MANDELA en Afrique du Sud et celle de Mère TERESA de Calcutta. Pourquoi ? «Parce qu’ils ont combattu paisiblement avec amour, foi et persévérance» conclue-t-elle. Son franc parlé, son dynamisme, son altruisme et sa passion pour les choses bien faites font d’elle aujourd’hui une femme qui suscite la curiosité de son entourage.


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