Tchad: 40.000 morts attribués au régime Hissène Habré

Ce sont les conclusions d’une commission d’enquête rendues publiques par la télévision tchadienne mercredi soir. La Commission a été saisie de 1700 plaintes pour assassinats et tortures

Quarante mille personnes ont trouvé la mort au Tchad sous le règne de l’ancien président Hissène Habré qui a dirigé le pays de 1982 à 1990, selon les conclusions d’une commission d’enquête rendues publiques par la télévision tchadienne, mercredi soir à N’Djaména,

« Nous avons estimé à plus de 40 000 morts, le nombre de personnes décédées ou éliminées intentionnellement », a déclaré à Télé-Tchad, M. Mahamat Hassan Abakar, président de la Commission mise sur pied pour enquêter sur les crimes et les tortures commis par Hissène Habré et ses complices.

Le sinistre bilan a été établi à moins de deux semaines de l’ouverture, le 20 juillet prochain à Dakar au Sénégal, du procès de l’ancien dictateur tchadien devant une juridiction spéciale, après audition des familles des victimes et des rescapés, par la commission d’enquête qui avait pour mission de mettre ses conclusions à la disposition de l’opinion nationale et internationale.

« Habré a tué tous ces gens pour rester au pouvoir et c’est malheureux. Il a fait beaucoup de dégâts », a déclaré M. Mahamat Hassan Abakar, ajoutant que la commission d’enquête a été saisie de 1700 plaintes pour assassinats et tortures.

Le Procureur de la République près le tribunal de N’Djaména, Alghassim Khamis, s’est dit soulagé par la détermination de la communauté internationale à juger Hissène Habré.

« Je suis bien soulagé parce que lorsqu’une seule personne est assassinée, l’ensemble de la justice se met en branle pour poursuivre l’assassin. Lorsqu’il y a plus de 40 000 personnes assassinées ou tuées, il faut bien poursuivre cet homme-là et le juger », a-t-il dit.

« C’est la moindre des choses et pour qu’à l’avenir les chefs d’Etat africains puissent savoir que quand on vient à la tête de l’Etat, ce n’est pas pour faire du mal à ses concitoyens mais c’est pour chercher leur bonheur », a plaidé le procureur.

« Ceux qui viennent à la ta tête de l’Etat pour confisquer le pouvoir, pour mettre leur tribu, leur ethnie au-dessus des autres se trompent », a-t-il conclu.

Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990
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Attentats de N’Djamena: Des Camerounais interpellés au Tchad

Deux semaines après le double attentat survenu dans la capitale du Tchad, une soixantaine de ressortissants du Cameroun, du Nigéria, du Mali et du Tchad ont été interpellés,a-ton appris dimanche

Deux semaines après le double attentat suicide survenu à N’Djamena, capitale du Tchad, une soixantaine de ressortissants du Cameroun, du Nigéria, du Mali et du Tchad ont été interpellés et plusieurs matériels de communication saisis dans le cadre de l’enquête sur l’attentat qui a fait 38 morts, a fait savoir dimanche Alghassim Khamis, procureur de la République de N’Djaména.

« Certaines interpellations ont été réalisées grâce au concours actif de la population qui a dénoncé à la police tout comportement suspect, et à la coopération judiciaire entre le Niger et le Tchad d’une part, et entre le Cameroun et le Tchad d’autre part », a précisé M. Khamis, avant d’ajouter qu’une cellule active d’un réseau terroriste a été identifiée et démantelée.

Selon le procureur de la République, l’un des kamikazes est déjà clairement identifié – un certain Issa Oumar alias Issa Tchouloum – et « les recherches sont en cours pour appréhender les principaux responsables du réseau terroriste clairement et nommément identifiés ».

Samedi, la police, la gendarmerie et la garde nomade tchadiennes ont transporté des convois de « sans-papiers » à la frontière camerounaise. Parmi ces étrangers présentés comme étant en « situation irrégulière », on retrouvait essentiellement des Camerounais, des Nigérians et d’autres ressortissants de pays de la sous-région.

Le 15 juin dernier, un kamikaze a fait exploser sa charge devant la Direction de la sécurité publique, en face du Commissariat central de N’Djaména. Dix minutes après, deux autres attaques de nature terroriste ont eu lieu à l’Ecole nationale de police où des élèves policiers étaient rassemblés.

Le bilan actualisé de ce double attentat, fourni par M. Alghassim Khamis, fait état de 38 morts, y compris les trois kamikazes, et une centaine de blessés dont un grave.

« Grâce à l’appui technique des enquêteurs américains du FBI, il a été établi que les fragments collectés sur la scène des attentats sont identiques, que la conception des engins mortels est aussi la même », a par ailleurs indiqué le magistrat tchadien.

« Ces fragments sont en ce moment confiés au FBI pour analyse et traitement dans un laboratoire spécialisé. Le résultat de ces analyses nous sera communiqué dès que possible », a-t-il conclu.

Le gouvernement tchadien avait attribué le double attentat-suicide, une première dans l’histoire de ce pays très actif dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, à la secte islamiste nigériane Boko Haram, alors même qu’il n’a eu aucune revendication à ce jour.

Depuis cinq mois, l’armée tchadienne s’est engagée dans les opérations, aux côtés des troupes issues des pays du bassin du Lac Tchad, pour éradiquer Boko Haram.

La gendarmerie tchadienne a appuyé la police samedi pour expulser de nombreux étrangers en situation irrégulière vers la frontière camerounaise
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