Cameroun: les trois élèves condamnés à 10 ans de prison n’ont pas été libérés

La déclaration est du directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Alioune Tine

Suite à la déclaration du ministre de la Communication du Cameroun, Issa Tchiroma Bakary, qui indiquait vendredi 02 décembre que les trois jeunes condamnés le 02 novembre dernier seraient libres, Alioune Tine, directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a déclaré : « Plutôt que de nier, sur la base d’informations manifestement erronées, que Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob sont en détention pour avoir partagé un message de plaisanterie sur Boko Haram, nous invitons les autorités camerounaises à libérer immédiatement et sans condition ces prisonniers de conscience déclarés coupables de non-dénonciation d’actes terroristes et condamnés à 10 ans de prison. Leur libération ne serait que justice. »

Elle poursuit en disant : « Nous leur avons rendu visite en compagnie de leurs parents et de leur avocat à la prison principale de Yaoundé le 21 novembre dernier. Nous avons la confirmation qu’ils n’ont été ni relaxés ni libérés. Plus généralement, nous appelons les autorités camerounaises à faire la lumière sur l’ensemble des violations commises par les autorités et forces de sécurité dans le cadre de la lutte contre Boko Haram et notamment le cas des 130 personnes arrêtées dans les villages de Magdeme et Double le 27 décembre 2014 et dont les familles sont toujours sans nouvelle. »

Complément d’information
Réagissant vendredi 02 décembre à une déclaration du Secrétariat d’Etat américain, Issa Tchiroma, le ministre de la Communication du Cameroun, a déclaré, évoquant le cas de ces trois jeunes que : « les allégations relatives à des peines de dix ans de prison infligés à des jeunes pour avoir échangé des messages texte se référant à Boko Haram, sont infondées. En effet, l’instruction publique de cette affaire, en conformité avec la loi sur la répression du terrorisme, avait conduit à la relaxe de deux des trois mis en cause. Le dernier concerné, condamné à onze mois d’emprisonnement le 22 février 2016 pour propagation de fausses nouvelles, a été depuis lors remis en liberté. »


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Délibéré prorogé pour des jeunes inculpés pour une blague sur Boko Haram

Le Tribunal militaire de Yaoundé a renvoyé au 05 octobre la délibération du procès d’Afuh Nivelle, Azah Levis, Fumosoh Ivo et Celestin Avo, jugés pour complicité d’insurrection

Au Cameroun, le Tribunal militaire de Yaoundé a renvoyé au 05 octobre 2016 le verdict dans le procès de quatre jeunes inculpés pour avoir partagé un message de plaisanterie portant sur le recrutement de jeunes diplômés par Boko Haram. Contenu dudit message : «Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat».

L’issue de cette affaire était attendue ce mercredi, 21 septembre 2016.

Fumosoh Ivo, Azah Levis et Afuh Nivelle sont jugés depuis le 13 décembre 2014 pour «complicité d’insurrection» et «non dénonciation». Celestin Afo, un militaire – soupçonné d’être à l’origine de ce message – est aussi jugé pour «violation des consignes» et «comportement amoral susceptible de porter gravement atteinte à l’honneur et à la dignité militaire».

Selon la justice, ils auraient violé certaines dispositions du Code pénal camerounais, notamment les articles 74, 97 et 107 et 116. «Est puni de l’emprisonnement de dix à vingt ans celui qui dans un mouvement insurrectionnel provoque ou facilite le rassemblement des insurgés par quelque moyen que ce soit», stipule l’article 116.

Amnesty International, une ONG qui ne cesse de dénoncer des violations des droits de l’homme dans le cadre de la répression contre le terrorisme au Cameroun, a appelé hier, mardi 20 septembre, la justice à abandonner toutes les charges retenues contre ces trois jeunes civils, dont l’un est un élève.

«L’arrestation et le procès contre ces trois jeunes démontrent une fois de plus que le Cameroun utilise la lutte contre Boko Haram comme prétexte fallacieux pour procéder à des arrestations arbitraires», a déclaré Balkissa Ide Siddo, chargée de campagne sur l’Afrique centrale d’Amnesty international.


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Ils risquent 20 ans de prison pour un message de plaisanterie sur Boko Haram

Trois jeunes risquent cette sentence pour avoir partagé un message de plaisanterie portant sur le recrutement de jeunes diplômés par la secte, a déclaré Amnesty International à la veille du verdict

Les autorités camerounaises doivent abandonner toutes les charges retenues contre trois jeunes qui risquent 20 ans de prison pour avoir partagé un message de plaisanterie portant sur le recrutement de jeunes diplômés par Boko Haram, a déclaré Amnesty International à la veille du verdict de leur procès.

Le tribunal militaire de Yaoundé prononcera ce mercredi, 21 septembre 2016, le verdict du procès de Fomusoh Ivo Feh et de deux de ses amis, dont un élève. Arrêtés fin 2014, ils comparaissent depuis le 07 septembre dernier pour complicité d’insurrection et non-dénonciation.

« L’arrestation et le procès contre ces trois jeunes démontrent une fois de plus que le Cameroun utilise la lutte contre Boko Haram comme prétexte fallacieux pour procéder à des arrestations arbitraires », a déclaré Balkissa Ide Siddo, chargée de campagne sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Les autorités doivent abandonner les charges retenues contre Fomusoh Ivo Feh et ses amis et les libérer immédiatement. Elles doivent aussi à l’avenir mettre fin aux arrestations arbitraires, une arme qui réduit au silence ceux qui exercent pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, dans le contexte de la lutte contre Boko Haram ».

Le 13 décembre 2014, Fomusoh Ivo Feh, a été arrêté par la police dans la ville de Limbé au sud-ouest du pays, quelques semaines après avoir fait suivre à des amis, un SMS sarcastique reçu d’un ami militaire, qui disait : « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat ».

L’un des amis de Fomusoh a transféré le SMS à un lycéen, dont l’enseignant, qui avait confisqué le téléphone pendant un cours, en a pris connaissance. L’enseignant a montré le message à la police qui a d’abord arrêté le lycéen puis Fomusoh et son ami.

Le 14 janvier 2015, les trois jeunes ont été transférés à la prison principale de Yaoundé où ils étaient enchaînés, jusqu’en avril 2015, suite à une intervention de leur avocat auprès du régisseur de la prison.

Les trois jeunes ont été présentés plus de 6 fois devant le tribunal militaire de Yaoundé qui, à chaque fois, a renvoyé l’audience pour diverses raisons, la plus fréquente ayant été l’absence d’interprète. Le 7 septembre dernier, Fomusoh Ivo Feh et ses deux amis ont dû insister pour que l’audience se tienne et que les débats soient ouverts, malgré l’absence, une fois encore, d’interprète. Au cours du procès, qui a duré environ 4 heures, les trois jeunes ont nié tout lien et toute appartenance à Boko Haram.

Dans son rapport publié en juillet dernier, « Bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun », Amnesty International a démontré que les procédures judiciaires devant les tribunaux militaires visant les personnes suspectées d’appartenir à Boko Haram sont pour l’essentiel entachées de graves irrégularités de fond et de vices de procédure. Pour les personnes poursuivies, la charge de la preuve est en effet systématiquement inversée et les condamnations reposent très souvent sur des éléments limités et invérifiables.

« Le manque d’indépendance et d’impartialité inhérent aux tribunaux militaires suscite également de vives préoccupations quant au respect du droit à un procès équitable », a déclaré Balkissa Ide Siddo.


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RDC: Amnesty International dénonce la «répression systématique» de l’opposition

Dans un rapport, l’organisation de protection des droits de l’homme accuse les autorités de se servir des institutions publiques pour empêcher les opposants de s’exprimer et de manifester

En RDC, Amnesty International s’inquiète d’une « répression systématique » des personnes qui s’opposent au maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà de son mandat. Dans un rapport intitulé « Répression de la liberté d’expression sur fond de retard des élections en République démocratique du Congo », l’organisation de protection des droits de l’homme accuse les autorités de se servir des institutions publiques pour empêcher les opposants de s’exprimer et manifester.

Menaces, harcèlement, interdiction de manifester ou encore problèmes fiscaux et démêlés avec la justice, le dernier rapport d’Amnesty International est sans appel. A en croire l’organisation, la vie se complique dès qu’un Congolais choisit de s’opposer au maintien au pouvoir de Joseph Kabila.

« On a vu clairement à Lubumbashi que quand l’opposition veut accueillir son leader à l’aéroport, les autorités évoquent l’interdiction générale de manifestation politique. Mais quand deux jours ou une semaine plus tard, quelqu’un de la majorité présidentielle arrive à l’aéroport, cette manifestation est facilitée par les services de sécurité, explique Evie Franck, représentante d’Amnesty International à Nairobi. C’est une violation de la loi congolaise, mais aussi d’un droit humain, notamment le droit à la liberté d’association. »

Le porte-parole du gouvernement s’oppose à ces critiques. Pour Lambert Mendé, il est impossible de parler de campagne d’intimidations d’opposants politiques en RDC.

« Aujourd’hui, même si vous lisez la presse congolaise, vous trouverez probablement une dizaine de titres où le président est traité de tous les noms, mais personne ne réprime ces gens-là, affirme Lambert Mendé. Il y a bien sûr des opposants qui ont des problèmes de droit commun, des problèmes de spoliation de biens privés. Mais pourquoi voudriez-vous qu’on aille voir la justice pour lui dire de ne pas poursuivre quelqu’un parce qu’il fait de la politique ou qu’il est dans l’opposition ? »

Avec ce rapport, Amnesty International appelle les autorités congolaises à libérer, sans condition, tous les prisonniers politiques et abandonner les charges qui pèsent contre eux pour décrisper le climat politique. C’est aussi l’une des volontés de l’opposition congolaise dans le cadre du dialogue avec le pouvoir.

Affrontements entre police et jeunes du rassemblement de l’opposition autour des sièges des partis politiques d’opposition avant l’ouverture du dialogue.
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Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Boko Haram tue, enlève et pille

Un garçon de 20 ans a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi à Gouzoudou au cours d’un assaut attribué à la secte islamiste. Une fille de 20 ans et un garçon de huit ans été enlevés

Un garçon de 20 ans a été tué dans la nuit du 01er au 02 septembre 2016 dans la localité camerounaise de Gouzoudou (Extrême-Nord), au cours d’un assaut attribué à la secte islamiste Boko Haram, a-t-on appris de sources sécuritaires.

Au cours de cette incursion, une fille de 20 ans et un garçon de 8 ans ont également été enlevés alors que des boutiques étaient mises à sac par les assaillants, qui se sont repliés du côté nigérian de la frontière à l’arrivée des éléments de la Force mixte multinationale (FMM).

Quelques heures auparavant, une autre attaque, repoussée par l’armée camerounaise et qui n’a pas fait de victime, a été signalée à Kerawa, localité adossée à la frontière avec le Nigeria.

Face à la remontée des assauts et attentats-kamikazes attribués à Boko Haram dans la zone après deux mois d’accalmie relative, les forces de défense, auxquelles a été associée la police, ont mené jeudi une opération de ratissage dans les villes de Kolofata et Mora, où des attaques terroristes ont eu lieu voici quelques jours, à la recherche de présumés terroristes et autres informateurs.

Au terme de cette opération, 76 personnes dont une majorité de Nigérians et de Tchadiens, ont été interpellées pour défaut de carte nationale d’identité ou de séjour, ou encore pour vagabondage. Des ont également motocyclettes étaient saisies.

Une source locale, jointe au téléphone, a indiqué que la plupart des individus arrêtés restaient «en exploitation».

Mardi dernier, rappelle-t-on, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a appelé les autorités du pays à faire toute la lumière sur la situation de 130 hommes et garçons, toujours portés disparus 20 mois après leur arrestation durant une opération de répression contre des membres présumés de Boko Haram dans l’Extrême-Nord.

Dans son rapport, l’organisme affirme que les forces de sécurité camerounaises sont également responsables de très nombreuses violations des droits humains, notamment d’arrestations arbitraires, de recours à une force excessive, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions illégales et au secret, d’actes de torture et de disparitions forcées.

Selon Amnesty International, la région de l’Extrême-Nord est depuis fin 2013 la cible d’attaques répétées de Boko Haram, faisant plus de 200 assauts entre juillet 2015 et août 2016 dont près de 40 attentats-suicides, au cours desquelles au moins 500 personnes ont trouvé la mort.


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Cameroun: 130 personnes toujours portées manquantes 20 mois après leur arrestation

Par Amnesty International

Les autorités camerounaises doivent révéler où se trouvent les 130 hommes et garçons toujours portés manquants 20 mois après leur arrestation durant une opération de répression contre des membres présumés de Boko Haram, a déclaré Amnesty International le 30 août lors de la Journée internationale des personnes disparues.

«Les autorités camerounaises doivent dire la vérité sur ce qu’il est advenu de ces 130 hommes et garçons qui ont disparu. Le fait que les autorités continuent de s’abstenir de révéler où ils se trouvent est insultant à l’égard des familles qui attendent depuis longtemps déjà de savoir ce qu’il est advenu de leurs proches», a déclaré Alioune Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.

«Le pays doit cesser d’utiliser son combat contre Boko Haram comme argument pour justifier les violations flagrantes des droits humains dont il est responsable.»

Les disparus font partie des plus de 200 personnes arrêtées lors d’une opération de ratissage menée dans les villages de Magdeme et de Doublé, dans la région de l’Extrême-Nord, le 27 décembre 2014. Parmi les personnes arrêtées, 25 au moins sont mortes en détention la nuit de leur arrestation, et 45 ont été transférées à la prison de Maroua le lendemain. Trois sont mortes depuis en raison de conditions de détention très dures.

Lors de cette même opération, les forces de sécurité ont également tué de façon illégale au moins neuf civils, dont un enfant, et détruit plus de 70 maisons et autres bâtiments.

Amnesty International considère que les 130 personnes qui ont été arrêtées et sont toujours portées manquantes ont été victimes d’une disparition forcée, qui est un crime de droit international. L’organisation demande au Cameroun de révéler immédiatement où elles se trouvent, de diligenter des enquêtes indépendantes, exhaustives et efficaces sur ces disparitions, et de déférer les responsables à la justice dans le cadre de procès équitables et sans recours à la peine de mort.

Amnesty International a communiqué la liste complète des noms de tous les disparus aux ministres camerounais de la Défense et de la Justice, ainsi qu’au responsable des opérations militaires dans le nord du pays. Les familles n’ont cependant toujours pas obtenu d’informations de la part des autorités.

Une femme dont le mari et deux fils ont disparu, a déclaré à Amnesty International:

«Nous ne savons vraiment pas quoi faire (.) Je suis allée à la prison de Maroua huit fois (.) nous demandons de l’aide. Nous voulons que les autorités nous disent où se trouvent nos proches.»

Un homme a décrit l’opération militaire qui a abouti aux arrestations:

«Nous avons entendu des coups de feu tout autour de nous (.) Tout le monde se demandait ce qui se passait. Il y avait des soldats partout. Et puis, ils (les soldats) se sont emparés de certains hommes, et les ont déshabillés et roués de coups avant d’aller chercher ceux qui se cachaient chez eux. Ensuite, ils (les soldats) les ont rassemblés et les ont fait monter dans leurs camions. Nous les avons cherchés partout après ça, mais on n’a pas pu les retrouver.»

Selon les autorités, les 25 hommes et garçons morts en détention avaient été enfermés dans une cellule improvisée à la gendarmerie de Maroua, qui est la principale ville de la région de l’Extrême-Nord. L’identité des victimes n’a jamais été révélée, et les familles n’ont jamais été informées des causes et des circonstances de ces morts, ni du lieu d’inhumation des corps.

En mars 2015, les autorités ont annoncé qu’une enquête interne avait été ouverte au ministère de la Défense pour faire la lumière sur ces morts. Les résultats de cette enquête n’ont pas été rendus publics et une personne seulement – le colonel Zé Onguéné Charles, à la tête de la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord au moment des faits – a été déféré devant la justice en vue d’un procès. Cependant, les chefs retenus contre lui se limitent à ceux de négligence et de non-respect des règles en matière d’incarcération.

Amnesty International a également rassemblé des informations sur 17 cas de disparition forcée de personnes accusées de soutenir Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord entre juin 2014 et juin 2016.

«Les autorités doivent mener une enquête exhaustive et impartiale sur ce qui s’est passé à Magdeme et à Doublé, et veiller à ce que les responsables soient déférés à la justice. Elles doivent également accorder des réparations complètes et satisfaisantes aux familles des victimes», a déclaré Alioune Tine.

Complément d’information
La région de l’Extrême-Nord du Cameroun a été la cible d’attaques répétées de Boko Haram depuis fin 2013. Entre juillet 2015 et août 2016, Boko Haram a mené plus de 200 attaques, dont près de 40 attentats-suicides dans la région de l’Extrême-Nord, au cours desquelles au moins 500 personnes sont mortes.

Au moins 2 000 soldats de la BIR (Bataillon d’intervention rapide) ont été déployés aux côtés des forces de la BIM (Bataillon d’infanterie motorisée) pour lutter contre Boko Haram, dans la région de l’Extrême-Nord.

Les forces de sécurité jouent un rôle essentiel pour la protection de la population contre les attaques de Boko Haram, mais elles sont également responsables de très nombreuses violations des droits humains, notamment d’arrestations arbitraires, de recours à une force excessive, d’exécutions extrajudiciaires, de détentions illégales et au secret, d’actes de torture et de disparitions forcées.

La campagne d’Amnesty International intitulée Protégez nos droits se déroulera du 30 août 2016 jusqu’au mois de décembre 2017. Cette campagne vise à protéger les droits fondamentaux des personnes victimes à la fois des violences perpétrées par Boko Haram et des violations des droits humains commises par les autorités et les forces de sécurité camerounaises dans le cadre de leur combat contre Boko Haram.


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Boko Haram a mené 200 attaques à l’Extrême Nord-Cameroun depuis juillet 2015

Amnesty International souligne que les combattants de ce groupe terroriste ont assassiné et enlevé des centaines de civils et ont attaqué et incendié des villes et des villages

Entre juillet 2015 et juillet 2016, environ 200 attaques ont été menées par Boko Haram, dont 46 attentats-suicides, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, tuant presque 500 personnes, indique, une note publiée le 30 juin 2016 sur le site d’ d’Amnesty International.

Depuis 2014 au moins, le groupe armé Boko Haram commet de graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire au Cameroun, ses combattants ont assassiné et enlevé des centaines de civils et ont attaqué et incendié des villes et des villages.

En dehors des civils, les attaques de Boko Haram au sein des forces de sécurité ont fait 67 morts depuis 2014.

En 2015, Boko Haram a sensiblement intensifié ses attaques au Cameroun, en recourant aussi aux attentats-suicides, révèle Amnesty.

La fréquence des attaques de Boko Haram dans le Nord du Cameroun a atteint son paroxysme entre novembre 2015 et fin janvier 2016, avec un record d’un attentat tous les trois jours, janvier dernier a été le mois le plus meurtrier, avec au moins neuf attentats-suicides, qui ont entraîné la mort de plus de 60 civils.

Les civils sont en première ligne des dommages causés par les attentats-suicides, ils sont délibérément ciblés par des attentats visant des marchés, des mosquées, des églises, des écoles et des gares routières.

Ainsi, le 10 février dernier, dans la ville de Nguéchéwé, à environ 60 km de Maroua, deux femmes se sont fait exploser lors d’un enterrement, tuant au moins neuf civils, dont un enfant, et blessant plus de 40 personnes, rapporte Amnesty.

Quelques jours plus tard, le 19 février dernier, deux autres femmes commettaient un attentat-suicide, qui a entraîné la mort de 24 civils au moins et en a blessé 112 autres, dans un marché du village de Mémé, non loin de Mora.

L’un des aspects les plus perturbants des attentats-suicides de Boko Haram au Cameroun, mais également au Nigeria, au Tchad et au Niger, est le recours à des enfants pour commettre ces attentats.

La plupart des attentats-suicides commis par Boko Haram au Cameroun impliquent des jeunes femmes et des filles et l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef) indique avoir recensé dans l’ensemble des pays affectés par Boko Haram 40 attentats-suicides impliquant un enfant au moins, entre janvier 2014 et février 2016.

L’agence des Nations unies a souligné que, parmi ces 40 attentats, 21 se sont déroulés au Cameroun, les forces de sécurité camerounaises ont expliqué à Amnesty International que des filles se déplaçant à pied sont de plus en plus utilisées pour commettre des attentats dans des endroits bondés, dans la mesure où elles franchissent les contrôles de sécurité plus facilement que les garçons.

Amnesty International a recueilli des informations sur les activités de Boko Haram et les a condamnées parce que les membres du groupe se sont rendus coupables d’atteintes aux droits humains et au droit humanitaire, qui constituent des crimes de guerre.

L’organisation a également appelé le gouvernement camerounais à prendre toutes les mesures légales nécessaires pour protéger les civils contre ces exactions.

Pour faire face à la menace que représente Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, les forces de sécurité camerounaises ont déployé des milliers d’agents supplémentaires pour tenter de protéger les civils des attaques et éviter que le territoire ne tombe aux mains du groupe armé.

Les tactiques violentes de Boko Haram et ses opérations transfrontalières ont compliqué les actions des forces de sécurité et l’identification de ses membres s’avère difficile.


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Détention « effroyable » pour des personnes accusées de soutenir Boko Haram

Par Amnesty international

Plus de 1 000 personnes, dont beaucoup ont été arrêtées arbitrairement, sont détenues dans des conditions épouvantables, et plusieurs dizaines d’entre elles meurent des suites de maladie, de malnutrition ou de torture dans le cadre des opérations de répression menées contre Boko Haram par les forces de sécurité et les autorités camerounaises, a révélé Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public jeudi 14 juillet.

Dans ce rapport, intitulé Bonne cause, mauvais moyens : atteintes aux droits humains et à la justice dans le cadre de la lutte contre Boko Haram au Cameroun, l’organisation montre que l’offensive militaire lancée contre Boko Haram a entraîné des violations des droits humains généralisées contre les civils dans la région de l’Extrême-Nord du pays.

Les conclusions des recherches d’Amnesty International sont publiées quelques semaines seulement après qu’un attentat-suicide perpétré à Djakana, près de Limani, a fait 11 morts. C’est la dernière attaque en date d’une longue série qui a provoqué la mort de 480 civils depuis le début de l’année. Sur les 46 attentats-suicides de Boko Haram, la moitié environ ont été perpétrés par des enfants.

Prison de Maroua : jusqu’à huit morts en détention chaque mois
Plus de 1 000 personnes accusées de soutenir Boko Haram sont actuellement détenues dans des prisons extrêmement surpeuplées et insalubres, où la malnutrition est monnaie courante. À la prison de Maroua, par exemple, entre six et huit personnes meurent chaque mois.

Malgré quelques efforts de rénovation de l’approvisionnement en eau et le début de travaux de construction de nouvelles cellules, les conditions carcérales demeurent inhumaines, avec près de 1 500 personnes détenues dans un bâtiment censé en accueillir 350. Les visites des familles sont strictement limitées.

Arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires
Les personnes arrêtées par les forces de sécurité, qui s’appuient souvent sur de minces éléments ou des motifs arbitraires et, parfois, visent des groupes entiers, sont venues gonfler la population carcérale. Ainsi, à Kossa, 32 hommes ont été rassemblés et arrêtés en février 2015, car le village était accusé de fournir de la nourriture à Boko Haram. La plupart ont été libérés ultérieurement, mais un homme est mort en détention.

Les interpellations sont souvent marquées par un recours injustifié ou excessif à la force. En novembre 2014, lors d’une opération dans le village de Bornori, des membres de la Brigade d’intervention rapide (BIR) ont exécuté illégalement sept civils non armés et en ont arrêté 15 autres, avant de revenir dans les semaines suivantes pour incendier des maisons. Lors d’une autre opération en juillet 2015 à Kouyapé, des soldats de l’armée régulière ont rassemblé environ 70 personnes avant de les agresser.

Décès des suites de torture en détention au secret
Amnesty International a recueilli des informations sur 29 personnes qui ont été torturées par des membres des forces de sécurité entre novembre 2014 et octobre 2015. Six sont mortes par la suite. Les actes de torture ont été infligés pour la plupart alors que les victimes étaient détenues au secret dans des lieux de détention illégaux, en particulier des bases militaires gérées par le BIR à Salak, non loin de Maroua, et à Mora, avant d’être transférées dans des prisons officielles. Elles ont raconté avoir été longuement frappées à coups de bâton, de fouet et de machette, parfois jusqu’à perdre connaissance.

Un vieil homme de 70 ans détenu à Salak a confié à Amnesty International qu’il avait vu des hommes en civil torturer son fils pendant 10 jours dans la base du BIR, et deux détenus être frappés à mort :

«Nous avons tous été interrogés dans la même pièce, l’un après l’autre, par un homme qui portait l’uniforme du BIR. Deux autres hommes en civil se chargeaient des passages à tabac et des autres tortures. Ce jour-là, deux détenus ont été si violemment battus qu’ils sont morts devant nous. Les hommes en civil leur donnaient de grands coups de pied, les giflaient violemment et les frappaient avec des bâtons en bois.»

Le vieil homme a ajouté :
«Je n’ai pas été battu, car je suis vieux. C’est donc moi qui les ai aidés à transporter les deux corps de la salle d’interrogatoire à la cellule. Cette nuit-là, nous avons dormi dans la cellule avec deux cadavres. Le lendemain, des membres du BIR sont arrivés, ils nous ont jeté des sacs en plastique, nous ont demandé d’y mettre les corps, puis sont venus les récupérer. Je ne sais pas où ont été emmenées les dépouilles, ni si elles ont été enterrées.»

Des actes de torture ont également été signalés à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) à Yaoundé. Après son arrestation en juillet 2015, le journaliste de Radio France Internationale (RFI) Ahmed Abba y a été déshabillé et passé à tabac.

Amnesty International a également recensé 17 cas de disparitions forcées. On ignore toujours ce qu’il est advenu des victimes depuis leur arrestation il y a près de deux ans.

Des lois antiterroristes draconiennes
Les poursuites se font généralement au titre de la loi antiterroriste adoptée en décembre 2014 et proposant des définitions ambiguës du terrorisme qui menacent la liberté d’expression.

Ce texte a été invoqué pour poursuivre en justice un homme de 27 ans, Fomusoh Ivo Feh, arrêté après avoir envoyé à des amis un SMS sarcastique, où il plaisantait sur le recrutement de jeunes diplômés par Boko Haram. Il est actuellement jugé par le tribunal militaire de Yaoundé et risque la peine de mort.

«Si un étudiant peut encourir la peine de mort à cause d’un SMS sarcastique, les dispositions de la loi antiterroriste camerounaise et l’utilisation qui en est faite posent de toute évidence un grave problème. Les autorités doivent modifier ce texte et veiller à ce qu’il offre un cadre de protection de la population sans pour autant les priver de ses droits», a déclaré Alioune Tine.

«En cherchant à protéger la population de la violence de Boko Haram, le Cameroun vise le bon objectif, mais en arrêtant arbitrairement des gens, en les torturant et en les soumettant à des disparitions forcées, il n’emploie pas les bons moyens pour parvenir à l’objectif visé», a déclaré Alioune Tine, directeur du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique centrale et de l’Ouest.

«Des centaines de personnes sont arrêtées en l’absence de tout motif raisonnable permettant de penser qu’elles ont commis une infraction, et des morts en détention sont signalées chaque semaine dans les prisons surpeuplées du pays : le gouvernement camerounais doit agir de toute urgence s’il veut tenir la promesse qu’il avait faite de respecter les droits humains dans son combat contre Boko Haram.»

Amnesty International demande au gouvernement de mettre en uvre de toute urgence une série de mesures pour prévenir les violations des droits humains dans le cadre de son combat contre Boko Haram. L’organisation l’exhorte en particulier à : mettre fin aux arrestations arbitraires et massives ; conduire les suspects directement dans des centres de détention officiels ; ne plus pratiquer la torture ; veiller à ce que les détenus puissent entrer en contact avec leur famille et leur avocat ; créer un registre centralisé de toutes les personnes détenues ; améliorer les conditions carcérales ; modifier la loi antiterroriste et enquêter sur toutes les allégations de violations des droits humains.

Complément d’information
Entre octobre 2015 et juillet 2016, Amnesty International a rencontré plus de 200 personnes dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord. L’organisation a recueilli des informations sur plusieurs centaines d’arrestations, s’est rendue dans des établissements pénitentiaires, a assisté à des procès et a rassemblé des éléments précis sur 82 cas individuels d’atteintes aux droits fondamentaux de la part des autorités et des forces de sécurité camerounaises. Elle a également analysé des images satellite d’un village où des maisons avaient été incendiées par les forces de sécurité. Les principales conclusions du rapport ont été reprises dans un courrier envoyé aux autorités camerounaises le 7 mai 2016, sans réponse à ce jour.

Les exactions perpétrées par Boko Haram ont amené plus de 170 000 personnes au Cameroun, principalement des femmes et des enfants, à quitter leur foyer : elles sont à présent déplacées à l’intérieur de leur pays, dans toute la région de l’Extrême-Nord. Plus de 65 000 réfugiés qui ont fui les attaques du groupe armé au Nigeria vivent également au Cameroun.


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Amnesty International dénonce des disparitions au Cameroun

Selon son directeur général, Alioune Tine, l’organisation a identifié 131 personnes qui n’ont plus donné signe de vie depuis leur arrestation dans le nord du pays par des soldats de l’armée

AI a « identifié » 131 personnes qui n’ont plus donné signe de vie depuis leur arrestation dans le nord du Cameroun par des soldats de l’armée camerounaise, a déclaré Alioune Tine, le directeur général de cette organisation de défense des droits de l’homme, pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

« Mille (autres) personnes ont été arrêtées dans le nord du Cameroun », a-t-il ajouté, dénonçant les « dénégations molles » des autorités de ce pays, en ce qui concerne ces arrestations.

Ces dernières ont eu lieu dans le cadre de la lutte menée par l’armée camerounaise contre le groupe djihadiste nigérian Boko Haram, dans le nord du pays, selon Alioune Tine.

« Oui, nous sommes d’accord avec les autorités camerounaises qu’il faut combattre les groupes armés (.) Mais cela doit être fait dans le respect des obligations internationales du Cameroun en matière de droits humains », a-t-il précisé.

M. Tine appelle le gouvernement de ce pays d’Afrique centrale à « édifier l’opinion internationale sur le sort des 131 personnes portées disparues ». « Nous verrons ensuite ce qu’il faudra faire. »

Le dirigeant d’Amnesty International affirme que « 25 personnes sont mortes en détention » au Cameroun, dans le cadre de la lutte contre Boko Haram dans le nord du pays.

Interrogé par BBC Afrique, le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, a fait état d’arrestations basées sur « la loi antiterroriste » et le « Code de procédure pénale » du Cameroun.

« L’ignorance de ces deux instruments légaux, qui président à la marche de notre justice, amène probablement les dirigeants d’Amnesty International de dire tout et son contraire », a soutenu M. Bakary.

« La séparation des pouvoirs ne m’autorise pas de dire quoi que ce soit. (.) Je ne peux faire la moindre déclaration, car il relève de la compétence d’un pouvoir différent de celui dont je suis le représentant », a-t-il ajouté.


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Affaire Ahmed Abba: le Mincom explique!

L’intervention d’Issa Tchiroma fait suite au rapport publié vendredi par Amnesty International qui reproche au gouvernement de détenir illégalement le correspondant de RFI depuis le 28 juillet 2015

Amnesty International reproche au gouvernement camerounais de détenir secrètement et illégalement le correspondant de RFI Ahmed Abba depuis le 28 juillet 2015. Des accusations rejetées samedi, 31 octobre, par le ministre camerounais de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary.

Dans un rapport publié vendredi 30 octobre 2015, l’Organisation non gouvernementale (Ong) accuse les autorités camerounaises de placer en détention secrète le journaliste Ahmed Abba, correspondant de langue Hausa pour la radio française Radio France Internationale (RFI). Elle demande également au Cameroun d’indiquer son état de santé, en même temps que les charges retenues contre le journaliste.

Le ministre camerounais de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, en réponse à ces accusations, a donné des précisions sur RFI et dans le quotidien national, en rapport avec ce journaliste, aux arrêts depuis trois mois, dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun.

Selon le Mincom, le journaliste Ahmed Abba n’a pas été arrêté du fait de l’exercice de sa profession de journaliste, comme affirme Amnesty International. Selon Issa Tchiroma il est sous exploitation: «Monsieur Ahmed Abba est encore sous investigation. Grâce à l’exploitation de ce monsieur, on est en train de démanteler des réseaux. S’il n’y avait pas des faits suffisamment convaincants, on ne l’aurait pas gardé un seul jour. Et cette détention obéit aux dispositions de la loi anti-terroriste».

Pour ce qui est de l’état de santé du détenu, le porte-parole du Gouvernement rassure. «Ahmed Abba se porte très bien». Le ministre ajoute, en ce qui concerne le statut du détenu que «pour l’instant la présomption d’innocence lui est accordé.»

A la question de savoir pourquoi Ahmed Abba n’a pas accès à son conseil, Issa Tchiroma affirme que «son avocat aura accès à lui lorsqu’au terme de son exploitation, il sera remis par exemple à la gendarmerie pour l’enquête conformément à la loi anti-terroriste»

Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication
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Les autorités camerounaises doivent dire ce qu’il advient d’un journaliste arrêté il y a trois mois

Par Amnesty International

Les autorités du Cameroun doivent sans plus attendre révéler ce qu’il est advenu d’un journaliste placé en détention secrète depuis son arrestation il y a trois mois et lui permettre d’entrer en contact avec son avocat et sa famille, a déclaré Amnesty International vendredi 30 octobre 2015.

Le journaliste Ahmed Abba, correspondant de langue Hausa pour la radio française Radio France Internationale (RFI), a été arrêté le 28 juillet dans la ville de Maroua, alors qu’il enquêtait sur le conflit avec Boko Haram dans le nord du pays. Malgré plusieurs tentatives de son avocat, de RFI et de sa famille, les autorités lui refusent tout contact avec le monde extérieur et le soumettent à une détention secrète – qui est prohibée par le droit international. En outre, Ahmed Abba est privé du droit de comparaître rapidement devant un tribunal civil de droit commun, ainsi que du droit de contester la légalité de sa détention. Amnesty International ignore quelles charges sont retenues contre lui.

«Quel que soit le motif de l’arrestation d’Ahmed Abba, rien ne saurait justifier sa détention secrète. Le droit international relatif aux droits humains et le droit camerounais exigent qu’il puisse contacter régulièrement un avocat et qu’il soit informé des charges dont il est accusé», a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

«Le fait de maintenir un prisonnier en détention secrète augmente les risques qu’il subisse des actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements. Les autorités camerounaises se sont engagées à respecter les normes relatives aux droits humains en toutes circonstances, et son cas ne peut faire exception.»

Depuis 2014, elles ont arrêté plus de 1 000 personnes soupçonnées de soutenir Boko Haram. Beaucoup sont détenues dans des conditions inhumaines, dans des prisons surpeuplées, et les délais avant de comparaître en justice sont extrêmement longs.

En septembre 2015, Amnesty International a rencontré un certain nombre de détenus à Yaoundé qui ont déclaré avoir subi des mauvais traitements pendant qu’ils étaient détenus sans pouvoir contacter leurs avocats ni leurs familles.


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Amnesty International lance un rapport sur les exactions de Boko Haram au Cameroun

Le document, qui sera présenté mercredi à Yaoundé, démontre comment près de 400 civils ont été tuées au cours de plusieurs attaques de la secte islamiste depuis janvier 2014

Amnesty International lance, mercredi à Yaoundé, un rapport sur le thème «Cameroun: les droits humains en ligne de mire: la lutte contre Boko Haram et ses conséquences», a indiqué, lundi, les responsables de cette institution.

Le rapport démontre comment près de 400 personnes civiles ont été tuées au cours de plusieurs attaques de Boko Haram depuis janvier 2014. Il s’intéresse aussi à la réponse violemment menée par les forces de sécurité.

Lors de la conférence de presse, l’auteur du rapport et le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre vont partager avec les médias, les résultats du rapport et rendre publiques les recommandations, souligne le responsable de la communication à Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Sadibou Marone.


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Des Casques bleus rwandais et camerounais suspectés de viol d’une fillette de 12 ans à Bangui

Par Amnesty International

Amnesty International, Nouvelles, 11 août 2015. Il faut que le viol d’une fillette de 12 ans et ce qui s’apparente à l’homicide sans discrimination d’un adolescent de 16 ans et de son père, qui auraient été commis par les forces de maintien de la paix sous mandat des Nations unies en République centrafricaine, fassent l’objet d’une enquête de toute urgence et que les responsables présumés de ces agissements soient suspendus immédiatement, a déclaré Amnesty International.

Les faits se sont déroulés les 2 et 3 août, alors que les forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la paix en République centrafricaine (MINUSCA) effectuaient une opération dans l’enclave musulmane du PK5 à Bangui, la capitale.

[i «D’après les éléments dont nous disposons, tout porte à croire qu’un casque bleu a violé une fillette et que d’autres ont tué deux civils de façon aveugle, a déclaré Joanne Mariner, conseillère principale sur la réaction aux crises à Amnesty International.

«Il faut qu’une enquête indépendante soit menée de toute urgence par la justice civile et que les responsables présumés de ces crimes soient suspendus sans délai et pour toute la durée des investigations.»

Amnesty International s’est entretenue avec 15 témoins immédiatement après les faits, ainsi qu’avec la fillette concernée et des membres de sa famille. L’infirmière qui a examiné la fillette a relevé des éléments qui pourraient être imputables à une agression sexuelle.

Pendant une perquisition effectuée dans une maison le 2 août vers 2 heures du matin, la fillette s’était cachée dans la salle de bain. Un homme portant, semble-t-il, un casque bleu et un gilet des forces de maintien de la paix des Nations unies l’a emmenée à l’extérieur et violée derrière un camion.

«Je me suis mise à pleurer, alors il m’a giflée fort et a mis une main sur ma bouche», a expliqué la fillette aux délégués d’Amnesty International.

Un porte-parole de la MINUSCA a indiqué à Amnesty International que l’opération avait été menée par des policiers et des gendarmes rwandais et camerounais sous mandat des Nations unies.

Le 2 août en début de matinée, un soldat camerounais a été tué et neuf soldats ont été blessés lors d’affrontements armés avec des habitants de l’enclave.Le lendemain, des casques bleus sont retournés au PK5. Des témoins ont déclaré à Amnesty International que les casques bleus n’étaient aucunement menacés mais avaient ouvert le feu de façon aveugle dans la rue où des coups de feu avaient été tirés le 2 août.

Balla Hadji (61 ans) et son fils Souleimane Hadji (16 ans) ont été atteints par des tirs devant leur maison. Balla a été, semble-t-il, touché au dos et Souleiman, à la poitrine. Un voisin ayant assisté à la scène à indiqué à Amnesty International qu’«ils (les casques bleus) allaient tirer sur tout ce qui bougeait».

Sans répondre sur le fond aux questions d’Amnesty International concernant l’opération menée au PK5, un porte-parole de la MINUSCA a déclaré qu’une enquête préliminaire avait été ouverte en interne.

Ces derniers mois, les Nations unies ont été critiquées pour n’avoir pas correctement réagi aux allégations de violences sexuelles à l’encontre de mineurs visant des membres des forces militaires internationales en République centrafricaine. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a chargé récemment un panel d’experts indépendant d’examiner la façon dont les Nations unies avaient réagi aux allégations d’exploitation et de violences sexuelles et de faire des recommandations sur la manière dont l’ONU devrait traiter de telles allégations dans le futur. Les Nations unies ainsi que tous les pays qui envoient des contingents doivent pleinement mettre en uvre leur politique de «tolérance zéro» face à l’exploitation et aux violences sexuelles.

«Les récentes allégations visant des casques bleus sont étayées par des preuves matérielles et de multiples témoignages. Une enquête rapide et approfondie doit être menée par une autorité civile compétente, et la fillette doit bénéficier d’un soutien médical et psychologique adéquat», a déclaré Joanne Mariner.

«Les forces de maintien de la paix sous mandat des Nations unies à Bangui doivent revoir leurs règles d’engagement afin de veiller à ce que toutes les précautions possibles soient prises pour éviter de faire accidentellement des victimes civiles.»

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Viol d’une fillette de 12 ans le 2 août
Une opération de police des Nations unies qui visait à appréhender un suspect vivant dans l’enclave du PK5, à Bangui, a commencé le 2 août après 1 heure du matin. Plus de 10 000 musulmans, mais aussi de nombreux chrétiens, vivent dans le quartier.

Pendant une perquisition effectuée dans le cadre de l’opération, les hommes de la famille ont été emmenés et les femmes et les enfants, rassemblés dans une pièce. Les casques bleus criaient, les enfants pleuraient : il régnait un véritable chaos. Les femmes n’ont pas remarqué tout de suite que la fillette de 12 ans n’était pas là.

Celle-ci a expliqué aux délégués d’Amnesty International qu’elle avait eu peur et s’était cachée dans la salle de bain au début de la perquisition, et qu’un casque bleu l’y avait trouvée. Il l’avait tirée hors de la pièce et l’avait giflée parce qu’elle s’était mise à pleurer.

Il l’avait ensuite entraînée dans un coin au fond de la cour, derrière un camion. Là, il lui avait touché la poitrine et arraché ses vêtements. La fillette a montré ses sous-vêtements déchirés aux délégués d’Amnesty International.

Elle a déclaré: «Il m’a jetée par terre et s’est couché sur moi.»

Alors qu’il était en train de la violer, des coups de feu ont retenti à l’extérieur et il a rejoint son groupe.

Des proches qui se trouvaient dans la maison pendant la perquisition ont expliqué à Amnesty International que la fillette avait été séparée du reste de la famille pendant une vingtaine ou une trentaine de minutes. L’une de ses s urs s’est rappelé: «Lorsqu’elle est revenue du fond de la cour, elle a crié « maman » avant de s’évanouir. On l’a portée à l’intérieur et aspergée d’eau pour lui faire reprendre connaissance.»

La mère de la fillette a indiqué à Amnesty International qu’après les faits sa fille pleurait et était totalement bouleversée. «Je l’ai fait asseoir dans une cuvette d’eau chaude», a-t-elle expliqué. Il s’agit d’une méthode traditionnelle utilisée en cas d’agression sexuelle.

Elle a ensuite été examinée par une infirmière, sous la supervision d’un médecin. Celle-ci a relevé des éléments qui pourraient être imputables à une agression sexuelle.

Homicide de deux civils non armés le 3 août
À la suite d’affrontements armés avec des habitants le 2 août, des casques bleus sont retournés au PK5 le lendemain matin. Des jeunes avaient construit des barricades sur l’avenue principale pour tenter d’empêcher les forces de maintien de la paix de se déplacer dans le quartier. Ils auraient échangé des tirs avec les soldats à quelques pâtés de maisons du rond-point principal.

Cependant, d’après des témoins, il n’y a pas eu de coups de feu en direction des soldats et ceux-ci n’ont pas été menacés d’une quelconque autre manière dans la rue où les homicides ont eu lieu, dans le quartier de Yambassa. Les soldats marchaient en deux colonnes, de part et d’autre de la rue, et tiraient fréquemment à mesure qu’ils avançaient.

Un mécanicien qui travaillait à un pâté de maisons de là a déclaré que les forces de la MINUSCA avaient tiré deux fois sur lui et sur l’un de ses collègues. «L’une des balles a même brisé une vitre de la voiture sur laquelle je travaillais», a-t-il déclaré. Son collègue et lui ont levé les mains en l’air, a-t-il expliqué à Amnesty International, et les soldats ont cessé de tirer, ce qui leur a permis de se mettre à l’abri.

Balla Hadji, un routier de 61 ans, prenait son petit-déjeuner avec son épouse lorsque les soldats sont arrivés. Leur fille se trouvait chez un voisin. Quand il a entendu les coups de feu et s’est rendu compte que sa fille n’était pas à la maison, Balla Hadji est sorti de chez lui pour lui dire de revenir. «À ce moment précis, a déclaré le voisin, les soldats sont arrivés au coin de la rue. Ils ont tiré dans le dos de Hadji alors qu’il se tournait pour essayer de rentrer chez lui.»

Souleimane (16 ans), le fils de Balla Hadji, se trouvait alors à l’intérieur de la propriété. Il a couru vers son père, qui était en train de s’écrouler. Il a aussi été pris pour cible.

Des délégués d’Amnesty International se sont rendus sur place et ont constaté deux impacts de balle dans la porte en fer et le mur de clôture.

Des membres de la famille ont expliqué à Amnesty International que les casques bleus ne les avaient pas aidés à transporter les deux blessés à l’hôpital. Au lieu de leur prêter assistance, ont raconté des témoins, ils avaient tiré une nouvelle salve lorsque la fille de Balla Hadji avait tenté de traverser la rue pour rejoindre son père et son frère.

Balla Hadji a perdu beaucoup de sang en peu de temps ; il est décédé sur place. Des voisins ont réussi à emmener Souleimane à l’hôpital afin qu’il soit pris en charge en urgence mais l’adolescent a succombé à ses blessures vers 15 h 30.


Amnesty.org)/n

Libération de 84 enfants arrêtés dans des écoles coraniques

Les autorités camerounaises ont décidé, le 24 juin, de libérer 84 enfants arrêtés dans des écoles coraniques à l’Extrême-Nord. Soupçonnés d’appartenir à Boko Haram, ils ont passé 06 mois en détention

Les autorités camerounaises ont commencé la libération des 84 enfants détenus depuis six mois à la suite de descentes effectuées par les forces de sécurité dans des écoles coraniques de l’extrême nord du pays, a déclaré Amnesty International hier, mercredi 1er juillet.

«Même s’ils n’auraient jamais dû être détenus aussi longtemps, nous nous réjouissons de voir le gouvernement prendre cette bonne décision. Il a souvent prôné que le respect des droits humains sera au c ur de tout effort de protection des populations civiles contre Boko Haram. On espère que la libération de ces enfants qui vont ainsi rejoindre leurs parents et leurs maisons, peut être considérée comme le premier d’une série d’actes concrets dans ce sens», a déclaré Steve Cockburn, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale.

Le 20 décembre 2014, les forces de sécurité camerounaises ont effectué des descentes dans plusieurs écoles de la ville de Guirvidig, dans l’extrême nord. Elles ont arrêté 84 enfants et 43 hommes, dont de nombreux enseignants. Les enfants étaient détenus dans un centre pour mineurs à Maroua, le chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord, alors qu’ils n’ont été inculpés d’aucune infraction. Les autorités affirmaient que les écoles en question servaient de couverture à des camps de recrutement pour Boko Haram.

Des chercheurs d’Amnesty International ont effectué une mission au nord du Cameroun et ont rencontré ces enfants. L’organisation a dénoncé leur détention et mené un vibrant plaidoyer pour leur libération.

La majorité de ces enfants (47) avaient moins de 10 ans. Seul trois avaient plus de quinze ans. L’organisation internationale avait demandé, le 19 juin 2015, la libération et remise de ces enfants à leurs parents, en vertu de conventions internationales ratifiées par le Cameroun. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle le Cameroun est partie, fixe l’âge de la responsabilité pénale à 15 ans.

La décision a été prise le 24 juin dernier. Sur les 84 enfants, 41 ont déjà rejoint leurs domiciles, tandis que le reste est en train d’attendre la disponibilité des moyens pour retourner chez leurs parents.


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Cameroun: Amnesty demande la libération de 84 enfants d’une école coranique détenus depuis six mois

Par Amnesty International

Les autorités camerounaises doivent libérer immédiatement quatre-vingt-quatre enfants – dont certains n’ont que cinq ans – qui sont détenus depuis six mois à la suite de descentes effectuées dans des écoles coraniques de l’extrême nord du pays.

Le 20 décembre 2014, les forces de sécurité camerounaises ont effectué des descentes dans plusieurs écoles de la ville de Guirvidig; elles ont arrêté quatre-vingt enfants et quarante-trois hommes, dont de nombreux enseignants. Seuls trois de ces enfants ont plus de quinze ans, et quarante-sept ont moins de 10 ans. Les autorités affirment que les écoles en question servaient de couverture à des «camps d’entraînement de Boko Haram».

Six mois de détention
Six mois après leur arrestation, les enfants concernés sont toujours détenus dans un centre pour mineurs à Maroua, la principale ville du nord, alors qu’ils n’ont été inculpés d’aucune infraction. Pour pallier la défaillance des autorités locales, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a fourni des matelas au centre, et le Programme alimentaire mondial (PAM), de la nourriture – dont les stocks commencent à s’épuiser.

«Il est impensable de maintenir des enfants de cet âge loin de leurs parents pendant si longtemps, en leur apportant si peu de soutien. Ils ne veulent rien d’autre que rentrer chez eux et être avec leurs familles. Ils ne méritent pas de subir les dommages collatéraux de la guerre contre Boko Haram», a déclaré Steve Cockburn, directeur régional adjoint d’Amnesty International pour l’Afrique occidentale et centrale.

Lutte contre Boko Haram
«Détenir de jeunes enfants ne permettra aucunement de protéger les Camerounais qui vivent sous la menace de Boko Haram. Le gouvernement doit tenir son engagement à respecter les droits humains dans la lutte contre Boko Haram, et libérer ces enfants afin qu’ils puissent retrouver leurs familles sans délai.»

En 2014, le Cameroun a considérablement renforcé la présence des forces de sécurité dans l’extrême nord du pays à la suite d’une série d’attaques de grande ampleur perpétrées par Boko Haram sur son territoire. De nombreux civils avaient été exécutés et enlevés.

Descentes dans les écoles
Le 20 décembre 2014, une force mixte réunissant des policiers, des gendarmes et des militaires a bouclé des quartiers de Guirvidig et effectué des descentes dans des écoles que les autorités locales accusaient de recruter des enfants pour le compte de Boko Haram. Or, aucune attaque n’avait été signalée dans la ville.

Des témoins ont rapporté que, pendant l’opération, les hommes et les garçons avaient été rassemblés et avaient attendu plusieurs heures sur une place publique, avant qu’on ne les fasse monter de force dans des camions. Les enfants ont été maintenus en détention au quartier général de la gendarmerie pendant quatre jours, puis transférés dans un centre pour mineurs dirigé par le ministère des Affaires sociales. Les hommes ont été emmenés à la prison centrale de Maroua, où ils sont toujours détenus dans des conditions extrêmement précaires.

Un enfant a expliqué à un chercheur d’Amnesty International ce qui s’était passé: «Nous étions en train de lire le Coran lorsque des agents des forces de sécurité ont fait irruption dans notre école. Ils ont demandé nos cartes d’identité et nous ont interrogés. Ils ont dit qu’ils allaient creuser une tombe et nous jeter dedans. Nous étions terrorisés. Ensuite, ils ont brutalisé nos professeurs… certains avaient le visage couvert de sang.»

Confiscation de biens et pots-de-vin
Selon les témoignages recueillis par Amnesty International, les agents sont aussi entrés de force dans plusieurs maisons, où ils ont confisqué des biens et réclamé des pots-de-vin. Un père a vu des personnes remettre de l’argent aux forces de sécurité pour faire relâcher leurs fils. «Ce jour-là, je n’avais pas d’argent alors ils ont emmené mon fils», a-t-il déclaré.

Plusieurs hommes ont été battus au moment de leur arrestation, notamment un professeur de 39 ans enseignant dans une école coranique. On lui a asséné de multiples coups de crosse de pistolet, jusqu’à ce qu’il commence à vomir du sang. Des délégués d’Amnesty International l’ont rencontré à la prison de Maroua. Il n’arrivait pas à tenir sa tête droite et avait besoin d’aide pour marcher. Il a été hospitalisé pour traiter une tuberculose mais ses blessures n’ont pas encore été soignées.

Les mineurs doivent être libérés
Les spécialistes d’Amnesty International ont soulevé directement la question des mineurs détenus auprès de nombreuses autorités camerounaises. Bien que la plupart d’entre elles reconnaissent que ces enfants ne constituent pas une menace, aucune n’a pris la responsabilité de faciliter leur libération ni leur réintégration, les laissant ainsi dans le flou.

Amnesty International demande que tous les enfants de moins de 15 ans soient immédiatement libérés et rendus à leurs familles et que ceux de plus de 15 ans soient libérés sans délai, à moins qu’ils ne soient inculpés d’une infraction dûment reconnue par la loi. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle le Cameroun est partie, fixe l’âge de la responsabilité pénale à 15 ans.

En outre, Amnesty International appelle les autorités camerounaises à diligenter une enquête indépendante sur les arrestations collectives qui ont eu lieu à Guirvidig et les placements en détention qui ont suivi, ainsi qu’à veiller à ce que les hommes interpellés pendant l’opération bénéficient d’un procès équitable et de conditions de détention respectueuses de la dignité humaine.


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Le rapport 2015 d’Amnesty International insuffisamment précis sur le Cameroun

Par le Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P)

Y compris lorsque l’on milite contre les atteintes graves et répétées aux droits de l’Homme dans un État comme le Cameroun, la rigueur d’analyse n’autorise pas de relayer un rapport, fut-il d’Amnesty International, à l’évidence « bâclé » sur la partie qui traite de ce pays.

En effet les affirmations de l’ONG internationale semblent un peu trop généralistes, vagues, voire approximatives sur les auteurs, les lieux, et la nature des exactions mentionnés.

La première des conclusions qui vient immédiatement à l’esprit, est que cette organisation n’a visiblement pas jugé nécessaire de dépêcher ses enquêteurs au Cameroun, et s’est donc contentée de rédiger ses observations sur la base d’informations insuffisamment vérifiées; précisément à un moment pourtant sensible où l’armée du Cameroun combattait (encore) seule le groupe terroriste Boko Haram dans le Septentrion.

Dommage!


CL2P)/n

Les droits de l’homme au Cameroun en 2014, vus par Amnesty International

L’ONG a rendu public mercredi son rapport annuel 2014/2015 passant au crible la situation des droits humains dans 160 pays. Au Cameroun :

L’organisation non-gouvernementale Amnesty International a rendu public mercredi, 25 février, son rapport annuel 2014/2015 passant au crible la situation des droits de l’homme dans 160 pays. Pour Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, 2014 aura été la pire année pour les droits de l’homme dans le monde. «L’année écoulée a été terrible pour ceux et celles qui cherchent à défendre les droits humains, et aussi pour les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans des régions en proie à la guerre», écrit l’ONG. «Nous devons nourrir un espoir : au cours des années à venir, lorsque nous nous souviendrons de 2014, ce que nous avons vécu cette année-là sera jugé comme le point le plus bas, d’où nous nous serons élevés vers un avenir meilleur», espère le SG d’Amnesty International. Journalducameroun.com a reproduit, ci-dessous, l’intégralité de la présentation sur le Cameroun telle qu’elle figure dans ce rapport annuel.

La liberté d’association et de réunion restait soumise à des restrictions. Les défenseurs des droits humains faisaient souvent l’objet de man uvres d’intimidation et de harcèlement de la part d’agents des forces de sécurité gouvernementales. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées (LGBTI) étaient toujours en butte à la discrimination, à des man uvres d’intimidation, au harcèlement et à d’autres formes d’agression. Le groupe armé islamiste nigérian Boko Haram a intensifié ses attaques dans le nord-est du Cameroun ; il a notamment commis des homicides, incendié des villages et réalisé des prises d’otages. Des personnes soupçonnées d’appartenir à Boko Haram auraient été arrêtées arbitrairement, placées en détention ou exécutées de manière extrajudiciaire par des membres des forces de sécurité. Des centaines de milliers de réfugiés venus du Nigeria et de la République centrafricaine vivaient dans des camps surpeuplés, où les conditions étaient très difficiles.

Contexte
Des signes d’instabilité étaient perceptibles à travers le pays du fait de tensions politiques internes et de l’évolution de la situation extérieure, notamment les attaques transfrontières lancées par Boko Haram et les violences dans la République centrafricaine voisine. Les forces de sécurité, y compris la Brigade d’intervention rapide (BIR), se sont rendues coupables de violations des droits humains, dont des homicides, des exécutions extrajudiciaires, des disparitions forcées, des arrestations arbitraires et des détentions illégales. La plupart de ces violations ont été commises dans le contexte de la lutte contre Boko Haram.

Exécutions extrajudiciaires
Plusieurs personnes soupçonnées d’être liées à Boko Haram auraient été tuées par les forces de sécurité, notamment par des agents de la BIR, dans le nord du Cameroun. Le 1er juin, Nzouane Clair René, un infirmier, a été abattu près de la ville de Mora après avoir été arrêté par les forces de sécurité. Le même jour, Ousmane Djibrine et Gréma Abakar, des négociants se rendant au marché du village de Zigagué, auraient été tués par des membres de la BIR dans le village de Dabanga. Le 15 juin, Malloum Abba a été tué par des membres de la BIR dans le village de Tolkomari. Le 20 juin, Oumaté Kola aurait été retrouvé mort dans la forêt de Mozogo; arrêté par des membres de la BIR quelques jours plus tôt, il aurait été tué par balle. Le même jour Boukar Madjo a été abattu, par des membres de la BIR semble-t-il, dans la ville de Nguetchewé.

Disparitions forcées
Plusieurs cas de disparition forcée ont été signalés, en particulier dans l’extrême nord du pays, où les forces de sécurité combattaient Boko Haram. La plupart de ces disparitions seraient imputables à la BIR. Le 2 juin, Abakar Kamsouloum aurait été arrêté par les forces de sécurité à son domicile de Kousseri et transféré dans un camp militaire. À la fin de l’année, sa famille et les organisations locales de la société civile ignoraient toujours tout sur ce qu’il était advenu de lui, et ce malgré les nombreuses demandes d’informations adressées aux autorités locales.

Exactions perpétrées par des groupes armés
Boko Haram s’est rendu coupable d’atteintes aux droits humains, en particulier dans le nord-est du pays. Ce groupe a incendié des habitations et tué plusieurs personnes lors de raids dans desvillages, souvent menés à des fins punitives en cas de coopération, réelle ou supposée, avec les forces de sécurité camerounaises. Ses combattants ont enlevé plusieurs personnes au Cameroun pendant l’année. Certaines ont été relâchées, souvent contre le paiement d’une rançon par le gouvernement, semble-t-il. Les autorités continuaient toutefois de nier cette allégation. Le 27 juillet, des membres de Boko Haram ont attaqué la résidence du vice-Premier ministre camerounais, Amadou Ali, dans le village de Kolofata, près de la frontière nigériane. Dixsept personnes ont été enlevées, y compris l’épouse du vice-Premier ministre. Plusieurs autres, dont des policiers, ont été tuées lors de l’attaque. Toutes les personnes enlevées ont été relâchées en octobre, de même que 10 travailleurs chinois enlevés en mai.

Droits des réfugiés et des migrants
Des milliers de réfugiés qui avaient fui les violences en République centrafricaine et au Nigeria subissaient des conditions de vie pénibles dans des camps surpeuplés, situés en zone frontalière. À la fin de l’année, le Cameroun comptait environ 40 000 réfugiés du Nigeria et 238 517 de la République centrafricaine. Parmi ces derniers, au moins 130 000 étaient entrés au Cameroun à la suite des violences qui avaient éclaté en décembre 2013 dans leur pays entre les anti-balaka et la Séléka, deux groupes armés. Dans les camps, les conditions étaient difficiles et des attaques perpétrées par des groupes armés non identifiés ont été signalées. Ces attaques ont conduit le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à transférer des personnes vers des endroits plus sûrs du pays.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées
La discrimination, les man uvres d’intimidation, le harcèlement et les violences visant des LGBTI demeuraient un sujet de préoccupation grave. Des LGBTI, principalement des hommes mais aussi des femmes, ont été arrêtés parce qu’ils étaient accusés d’avoir eu des relations sexuelles avec des personnes du même sexe. Plusieurs d’entre eux ont été condamnés à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans. D’autres ont été détenus arbitrairement et
remis en liberté par la suite.

Le 1er octobre, cinq personnes, dont une personne transgenre, ont été arrêtées à l’issue d’une descente de police dans une habitation de Yaoundé, la capitale. Elles ont ensuite été placées en détention dans un poste de police voisin et une sixième personne a connu le même sort lorsqu’elle leur a rendu visite. Deux ont été relâchées le jour même. Les quatre autres ont été inculpées de prostitution et de « trouble de jouissance ». Elles ont été maintenues en détention jusqu’au 7 octobre, date à laquelle elles ont été libérées dans l’attente des résultats d’une enquête.

Défenseurs des droits humains
Des individus et des groupes défendant les droits humains ont été fréquemment la cible de man uvres d’intimidation, de harcèlement et de menaces. Les locaux de certaines organisations de défense des droits humains ont été placés sous surveillance. Ils ont parfois été attaqués, apparemment par des agents des forces de sécurité. Dans la nuit du 12 juin, les bureaux du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (REDHAC) ont été cambriolés par huit hommes armés, qui n’ont pas été identifiés. Ces derniers ont menacé de tuer le gardien avant de s’introduire de force dans les locaux ; ils ont fouillé parmi les documents et auraient emporté deux postes de télévision, trois ordinateurs portables, un iPad et de l’argent. C’était la quatrième fois que les locaux du REDHAC étaient attaqués. Bien que l’organisation ait déposé des plaintes auprès de la police, les autorités n’ont pris aucune mesure concrète pour mener une enquête approfondie et véritable sur ces faits.

Arrestations et détentions arbitraires
Des personnes étaient encore arrêtées et détenues sans inculpation par les forces de sécurité, notamment par des agents de la Brigade d’intervention rapide dans le cadre de l’opération qu’elle menait contre Boko Haram dans les régions septentrionales. On a relevé plusieurs cas de détention au secret. La plupart des détenus n’étaient pas autorisés à recevoir la visite de leurs proches ni à consulter un médecin ou un avocat. D’autres personnes ont été arrêtées arbitrairement et détenues par la police ou la gendarmerie dans le cadre d’affaires civiles, en violation de certaines dispositions de la Constitution et du droit camerounais.

Liberté d’association et de réunion
Des opposants au régime, réels ou supposés, continuaient d’être privés du droit d’organiser des activités et des manifestations pacifiques. Le 3 octobre, le chanteur de reggae Joe de Vinci Kameni, surnommé Joe la Conscience, a été arrêté par la police devant le consulat de France à Douala, alors qu’il s’apprêtait à manifester pacifiquement. Un journaliste local a été arrêté en même temps que lui, puis remis en liberté. Joe de Vinci Kameni a été remis en liberté sans inculpation le 9 octobre.

La page de garde du rapport annuel 2014/2015 d’Amnesty International
Journalducameroun.com)/n

Nigéria: L’armée accusée de violer les droits de l’homme

Dans un rapport publié mardi, l’ONG Amnesty international critique de nombreuses exécutions extrajudiciaires menées dans le cadre de la lutte contre Boko Haram

L’organisation non gouvernementale Amnesty International a accusé mardi 5 août l’armée nigériane et les milices civiles qui la soutiennent de «violations massives des droits de l’homme» dans leur combat contre le mouvement islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays.

Selon l’ONG, des vidéos (que nous avons décidé de ne pas diffuser en raison de leur violence), des images et des témoignages recueillis lors d’une récente mission dans l’Etat de Borno ont fourni «de nouvelles preuves d’exécutions extrajudiciaires et de graves violations des droits humains» par de présumés soldats et d’autres groupes armés. Les enregistrements comprennent des images de détenus égorgés et jetés dans des fosses communes «par des hommes qui semblent appartenir à l’armée nigériane et aux milices de la « Force opérationnelle interarmées civile » (CJTF), soutenues par l’Etat», a précisé Amnesty.

«Ce ne sont pas les images que l’on attend d’un gouvernement qui entend jouer les premiers rôles en Afrique», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International. Une vidéo montre par ailleurs les conséquences d’un raid de Boko Haram sur un village, où le groupe armé a tué près de 100 personnes et détruit de nombreuses habitations, a-t-il ajouté.

« Scènes étrangères à notre opération »
Le quartier général de l’armée nigériane a rapidement fait savoir dans un communiqué qu’il considérait «très sérieusement les graves allégations» d’Amnesty, qui touchent à «l’intégrité de l’opération antiterroriste en cours» Le haut commandement militaire a réuni une équipe d’officiers supérieurs et d’experts judiciaires et médico-légaux pour étudier les enregistrements et «les allégations d’infractions afin de vérifier la véracité des affirmations et d’identifier les responsables de ces actes».

D’après Amnesty, plus de 4 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans le conflit opposant l’armée nigériane et Boko Haram. Ce décompte inclut plus de 600 exécutions sommaires commises après l’attaque d’une caserne le 14 mars à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno.

L’ONG et d’autres associations locales ont déjà accusé l’armée et la police nigérianes d’exécutions extrajudiciaires et de violations des droits de l’homme ces dernières années, mais les autorités nient souvent ces accusations. La police nigériane a récemment annoncé l’introduction de cours sur les droits de l’homme dans le programme de ses écoles d’entraînement.

‘après Amnesty, plus de 4 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans le conflit opposant l’armée nigériane et Boko Haram
AFP)/n

Le Cameroun, «un apartheid anti-homosexuels», selon Me Alice Nkom

Dans le cadre du prix des droits de l’homme qu’elle vient de recevoir, l’avocate a comparé les homosexuels au Cameroun à l’esclavage

« Quand tout un pays utilise les armes, la police et tout le dispositif judiciaire et pénitentiaire contre une partie de sa population alors qu’il a l’engagement de protection », c’est un apartheid, explique la juriste de 69 ans dans un entretien à l’AFP à Berlin.

Venue dans la capitale allemande pour recevoir son prix mardi prochain, Alice Nkom compare également la situation des homosexuels dans son pays à l’esclavage aux États-Unis jusqu’au XIXe siècle « quand on a dénié toute humanité à des êtres humains parce qu’ils étaient noirs ».

L’homosexualité est interdite au Cameroun et, depuis 1972, passible d’une peine de cinq ans de prison. Souvent, un simple soupçon suffit à déclencher des poursuites devant les tribunaux et même à des condamnations, selon Amnesty International. La société camerounaise reste très hostile vis-à-vis des gays et lesbiennes.

« Quel est le peuple qui peut se bâtir sur la discrimination et espérer survivre? » s’interroge cette femme affable, dans son boubou jaune vif, le regard pétillant derrière de sérieuses lunettes en écaille.

L’avocate camerounaise assure que le combat qu’elle mène depuis dix ans pour défendre les gays est plus largement « un problème des droits de l’Homme ». Car paraphrasant le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, elle souligne: « chaque fois qu’on touche à un homosexuel, on touche à toute l’humanité, c’est comme ça qu’il faut prendre le problème ».

Alice Nkom refuse en outre de considérer l’homophobie comme « une affaire africaine ou l’affaire d’un pays ».

Les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont actuellement illégales dans au moins 76 pays, dont 36 en Afrique, selon l’organisation de défense des droits de l’Homme.

« Il n’y a rien d’ancré dans les coutumes ou la culture africaine. Jusqu’à nouvel ordre, les valeurs africaines, c’est la non-discrimination », affirme-t-elle. Elle donne en exemple l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, qui s’est battu pour « l’amour, la tolérance et le respect de la différence ».

L’attitude des Occidentaux vis-à-vis des pays répressifs en matière d’homosexualité est répréhensible, selon elle. « Les Européens ont tort de se laisser intimider lorsque les Africains leur disent ‘ne vous en mêlez pas’ ou ‘c’est vous qui nous avez apporté ça ‘ », poursuit-elle, puisqu’il est parfois prétendu en Afrique que l’homosexualité est une « importation » occidentale.

Elle appelle notamment à une réaction forte des Occidentaux après les lois anti-homosexuels promulguées fin février en Ouganda. Le président Yoweri Museveni a fait interdire notamment toute « promotion » de l’homosexualité et fait rendre obligatoire la dénonciation des homosexuels dans un pays où ils risquent déjà la prison à vie.

« Vous ne pouvez pas le laisser exercer une telle barbarie sur une partie de son peuple sans rien dire », s’insurge-t-elle, en réclamant « un certain nombre de sanctions » contre le président et sa famille, notamment en lui refusant tout visa pour se rendre à l’étranger.

Depuis son cabinet de Douala, la grande cité portuaire du Cameroun, elle préside également l’Association de défense des droits des homosexuels ADEFHO, qui fournit aide médicale et soutien psychologique aux gays et lesbiennes souvent en situation de détresse.

Le quotidien des homosexuels dans son pays? « Vous devez vivre dans la totale clandestinité, vous devez surveiller le moindre de vos gestes parce que ça commence à la maison » », raconte-t-elle.

Par exemple, « si votre maman est très pieuse (…) pour elle, l’abomination, c’est l’homosexualité, c’est ce qu’on lui a mis dans la tête. Et elle commence par ne plus vous reconnaître comme son enfant ».

« Il y a aussi tout un métier de racketteur des homosexuels. On les traque sur les réseaux sociaux, on les traque partout. Il y a toute une organisation autour des dénonciateurs, de tous ces skinheads qui prononcent la haine, l’extermination, la violence contre les homosexuels à haute voix, dans les médias », dénonce-t-elle.

La juriste note toutefois que le combat qu’elle mène au Cameroun depuis dix ans a permis une certaine avancée: « Ceux qu’on arrêtait (il y a dix ans) avaient intériorisé qu’ils étaient des sous-citoyens. On a mis le sujet sur le tapis et on a brisé un tabou ».

Alice Nkom à Berlin le 14 mars 2014
AFP / Johannes Eisele)/n