Cameroun-Namibie (1-1) : analyse du match et les notes des Lions

Au terme du match de niveau moyen, qualificatif pour la Can «Côte d’ivoire 2023», les Lions ont été tenus en échec à domicile par les Brave Warriors.

Dévis Epassy : 4/10

Dans un match largement maîtrisé par les Lions indomptables, le gardien de but d’Abha Club, en Arabie Saoudite, n’a pas rassuré. Il s’est notamment montré peu précis dans ses relances au pied. Son déficit de communication sur un ballon mal négocié par sa charnière centrale a conduit à l’ouverture du score de l’attaquant namibien Peter Shalulile, à la 27ème minute. Face aux Namibiens peu entreprenants en attaque, il n’a pas eu beaucoup d’arrêts à faire.

Christopher Wooh : 4/10

Suite à une commotion cérébrale, le défenseur central de Rennes est sorti en fin de première mi-temps et conduit de toute urgence à l’hôpital général, où il devrait subir des examens approfondis. Malgré l’apport du public clairsemé du Stade Ahmadou Ahidjo qui n’a cessé de scander son nom à chacune de ses interventions, il a effectué quelques mauvaises relances. Dans la lignée de sa belle prestation face au PSG, il s’est montré très tonique dans les duels, notamment aériens. A sa sortie, il est remplacé par Nicolas Nkoulou.

Nicolas Nkoulou : 6/10

L’expérimenté défenseur du club grec d’Aris Salonique a apporté toute la sérénité dont les Lions avaient besoin. À ses côtés, Jean Charles Castelletto a retrouvé sa confiance. Il a pris le contrôle de la ligne défensive, n’hésitant pas à pousser très haut les autres lignes. En montant aux avant-postes, notamment sur les corners, il a loupé de peu, à deux reprises, de trouver le cadre sur ses coups de tête.

Nouhou Tolo : 6,5/10

Athlétique à souhait, il s’est montré Impérial sur son couloir gauche, où il n’a rien laissé passer. Attentif pour couvrir sa défense centrale, le latéral gauche des Sounders de Seattle en MLS a livré une copie intéressante de son match. Offensivement, il effectué quelques centres, mais qui ne trouvent pas preneur.

Jean-Charles Castelletto : 4,5/10

Si l’on excepte sa grosse hésitation qui a conduit à l’ouverture du score, le défenseur central de Nantes a fait du bon travail. Néanmoins, sa complémentarité avec Christopher Wooh a montré quelques erreurs de positionnement. Normal pour un duo qui était aligné pour la première fois en match officiel. Il devra continuer à travailler ses relances qui ont été parfois approximatives.

Malcom Bokele : 4/10

Avec les absences conjuguées de Fai Collins et Olivier Mbaïzo, l’habituel défenseur central de Bordeaux, en Ligue 2 française, a été titularisé au poste de latéral droit. En manque de repère offensif à ce poste, il a manqué son baptême de feu chez les Lions. Chargé d’animer le couloir droit, il ne s’est que rarement montré.  Il a cédé sa place pendant la pause à Jérôme  Ngom.

Jérôme Ngom : 4/10

L’entrée en jeu de Jérôme Ngom a conduit à un réajustement tactique du coach Rigobert Song. Le néo sociétaire de Beveren, club de deuxième division belge, a été positionné sur l’aile droite, obligeant Moumi Ngamaleu a joué derrière lui comme un piston. Techniquement limité, il a perdu de nombreux ballons et manqué presque tous ses centres.

Kunde Malong sur le coup-franc qui a conduit à l’égalisation

Zambo Anguissa : 6/10

Le capitaine du jour s’est montré assez entreprenant, en courant beaucoup et en touchant de nombreux ballons. Mais, l’excellent milieu de Naples a perdu la bataille tactique. Jouant dans l’entrejeu avec des joueurs (Nchamp et Kemen) ayant le même profil que lui, il aurait fallu qu’il joue un peu plus avancé, juste derrière Ganago, afin d’être à la retombée des seconds ballons. Il aurait pu être passeur décisif sur ce joli centre en fin de partie. Mais Ganago a buté sur le gardien namibien.

Olivier Ntcham : 4/10

Il n’a pas eu son impact habituel, comme face au Brésil en Coupe du monde. En jouant très simple, il a pris peu de risque offensif. Sur ses rares tentatives, ses  frappes manquèrent de précision et de puissance. Il est remplacé à la 71e par Kunde Malong, qui, en peu de temps, a apporté la variation dans le jeu, notamment à travers ses longues transversales. Il est d‘ailleurs le passeur sur le but de l’égalisation d’Olivier Kemen.

Olivier Kemen 7/10

Impressionnant de maturité dans son jeu, le milieu de Kayserispor a réussi son baptême du feu chez les Lions. Dans son travail de harcèlement, de récupération  et d’orientation du jeu, il a presque tout fait à la perfection. Il a aussi eu le timing parfait pour réussir son bon coup de tête à la 72ème minute. Un peu émoussé, l’ancien capitaine des U20 en France, est sorti à la 82ème minute, remplacé par Emmanuel Mahop, qui n’a rien apporté.

Bryan Mbeumo : 5,5/10

Sur une aire de jeu de l’antre de Mfandena qui est loin d’être comme celle des pelouses anglaises, l’attaquant de Brentford, qui découvrait les matchs à domicile, a éprouvé quelques difficultés pour entrer dans ce match. Percutant sur son côté droit de l’attaque camerounaise, il a multiplié les centres et apporté le danger dans le camp adverse. Son jeu de remise pourrait payer avec les meilleurs attaquants (Aboubakar, Toko Ekambi et Choupo- Moting) qui étaient absents ce vendredi.

Moumi Ngamaleu : 5,5/10

Déséquilibré sur le papier, le match opposant les Lions indomptables aux Brave Warriors de la Namibie a livré un vrai spectacle. Moumi Ngamaleu a alterné le bon, en deuxième mi-temps, et le moins bon, lors du premier acte. En reculant, le joueur de Dynamo Moscou a apporté de la vivacité dans son jeu. Il va surprendre par son intensité et sa qualité quand il vient de loin. Il aurait pu marquer, si son coup de tête de la 84ème minute n’avait pas échoué sa course sur la barre transversale.

Ignatius Ganago : 5/10

L’attaquant du FC Nantes, habituel remplaçant chez les Lions, n’a pu ou su tirer profit des absences de Vincent Aboubakar et Choupo-Moting. Entreprenant, véloce, mais imprécis, il s’est montré parfois brouillon. Il a notamment essayé des frappes qui n’ont pas trouvé le cadre. A sa décharge, il a joué trop esseulé sur le front de l’attaque, notamment en première mi-temps.

Cameroun : RFI analyse «les très hautes instructions» du président de la République

Dans un article publié ce mercredi 03 août, RFI décrypte les « très hautes instructions du président de la République dont use Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre d’Etat SGPR.

« Les « très hautes instructions du président de la République » ? La formule est désormais connue de tous les Camerounais et fait partie du vocabulaire populaire. C’est que, l’expression est contenue dans les correspondances officielles par lesquelles le ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, transmet directement aux ministres, les directives attribuées à Paul Biya, pour le traitement de certains dossiers de la République. Ces documents, souvent réputés confidentiels, sont autant l’objet de fuites sur les réseaux sociaux que d’analyses des conflits politiques au sein du système ».

« Cette «technique» de gestion des affaires étatiques a remis au goût du jour deux tendances observées depuis quelques années : l’accentuation de la mise à l’étroit du Premier ministre, et concomitamment, le renforcement du pouvoir du secrétaire général de la présidence. «Dans un exécutif bicéphale, président de la République/Premier ministre, le Premier ministre ne peut survivre politiquement que s’il sait rester dans l’ombre du président de la République ».

«Etre Premier ministre, c’est donc déjà accepter de ne gérer que la portion congrue du système de gouvernance. Ce qui advient par la suite n’est que la somme du contexte et de la personnalité. Le contexte, c’est celui où le président de la République est de moins en moins capable d’être constamment en première ligne du fait de l’âge (89 ans, NDLR). La personnalité, c’est celle du secrétaire général de la présidence qui, moins que ses prédécesseurs, eux, plus effacés et plus discrets, ne sait pas rester en retrait », analyse Stéphane Akoa ».

 

Yaya Touré : «les Camerounais sont un peu plus ou moins mal barrés au Mondial»

L’ex-star des Eléphants de Côte d’ivoire vante les mérites de ce Mondial qatari inhabituel. L’ex-milieu de terrain analyse les chances des pays africains. Entretien avec RFI.

RFI : Yaya Touré, la Coupe du monde de football 2022   débute dans cinq mois au Qatar (21 novembre-18 décembre). Vous attendez-vous à un Mondial très ouvert, avec des surprises, ou plutôt à un Mondial avec des grands favoris toujours présents ?

Yaya Touré : Les deux ! Un grand Mondial avec des surprises.

Ça va se jouer en novembre-décembre, ce qui est une première pour ce genre de compétition qui se joue d’habitude en juin-juillet. Tous les joueurs seront en forme physiquement, c’est très important. Et aussi, la compétition se jouera pour la première fois dans un pays musulman, ce qui est historique. Un petit pays comme le Qatar va accueillir moult pays, c’est incroyable.

Quand je suis allé au Qatar, j’ai vu que les déplacements seront très courts par rapport aux précédentes Coupes du monde, au Brésil, en Afrique du Sud, en Russie, où l’on voyageait deux ou trois heures, parfois quatre heures… C’était un peu difficile physiquement, car on était en fin de saison, en juin.

La meilleure équipe gagnera. Ce sera celle qui dominera tous ses adversaires. Là-bas, on aura une super température qui sera contrôlée dans les stades. Il fera à peu près 24°C. Physiquement et mentalement, les joueurs seront au top car ils viendront de finir leur présaison, n’auront qu’un ou deux mois de championnat dans les jambes. Ils vont physiquement monter en force.

Quelles sont les équipes favorites ?

On s’attend toujours à des équipes comme le Brésil, l’Argentine, la France ou l’Angleterre qui sort d’un très bon tournoi où ils ont terminé déçu en finale [l’Euro 2021, ndlr]. Je crois qu’ils iront loin. N’oublions pas l’Allemagne, une équipe très sérieuse et que l’on connaît bien ; ils font toujours de très bonnes choses au Mondial. L’Espagne aussi. La Belgique, on ne sait pas trop, mais c’est une équipe qui monte en puissance en Europe et qui est première au classement mondial de la Fifa.

Je pense qu’il y aura des équipes très joueuses et des outsiders derrière qui attendront les opportunités. Dans toutes les compétitions, on a toujours une ou deux équipes comme ça, qui effraient tout le monde. Cette Coupe du monde sera spéciale. J’ai foi en l’organisation du Qatar. De ce que j’ai vu, les installations, la sécurité, l’accueil, ce sera exceptionnel.

Et l’équipe nationale du Qatar peut-elle créer la surprise ?

Je ne la connais pas en tant que telle, mais je l’ai vue lors de la Coupe arabe [disputée en novembre-décembre 2021, le Qatar s’est classé troisième, ndlr]. C’est une belle équipe, joueuse, qui met beaucoup d’intensité. La Coupe du monde se jouera chez elle, ce sera donc le pays phare, celui sur lequel les yeux du monde seront braqués. Il y aura beaucoup d’engouement, d’envie et de passion car ce sera la première fois que la Coupe du monde s’y jouera […].

La Côte d’Ivoire n’est pas qualifiée pour cette Coupe du monde 2022. Est-ce une déception pour vous, un nouveau coup d’arrêt pour le football ivoirien ?

Oui. En ce moment, l’équipe nationale est très jeune. Pour dire vrai, on ne peut pas lui en demander beaucoup au niveau du mental et de la maturité. Cette équipe a besoin de stabilité. Un nouveau coach est arrivé il n’y a pas longtemps |Jean-Louis Gasset en mai 2022, ndlr]. Ça peut prendre du temps mais je suis sûr qu’on va y arriver. Après la génération dorée – mon frère (Kolo), Didier (Drogba), Salomon Kalou, Gervinho, moi  –, il y a eu un gros trou derrière. Il faut être patient avec eux. C’est vrai que ça ne va pas être facile. La Côte d’Ivoire s’était quand même qualifiée pour trois Coupes du monde d’affilée, ce qui n’était pas facile. Peut-être que la prochaine fois, les jeunes surmonteront cela. On verra bien.

Avec la Côte d’Ivoire, vous avez disputé trois Coupes du monde d’affilée, dont la première de 2006. Avec du recul, qu’est-ce qui avait manqué aux Eléphants pour passer le premier tour ?

Tout y était, mais quand on regarde les poules [1], on ne peut pas trop se plaindre. C’était déjà un plaisir de jouer contre le Brésil et l’Argentine. En 2006, on était dans la poule de l’Argentine avec des joueurs comme Roberto Ayala, Lionel Messi, Hernan Crespo… C’étaient de gros joueurs. On préfère jouer en Coupe du monde contre l’Argentine que contre une équipe méconnue. Mais quand tu tombes dans une poule avec l’Argentine, les Pays-Bas et la Serbie, ce n’est pas évident quand même !

Nous étions une équipe jeune, nous n’avions pas assez d’expérience au niveau international. On n’a presque jamais eu la chance de tomber dans une bonne poule. On voulait faire bonne figure mais ce n’était pas évident parce qu’il y avait en face de gros joueurs expérimentés, de vraies machines. On avait la bonne attitude mais contre ces équipes, il fallait être très concentré pendant 95 minutes. Des joueurs comme Kaka ou Cristiano Ronaldo pouvaient faire la différence en un rien de temps.

Y a-t-il une des cinq équipes africaines qui peut créer la surprise au Qatar ?

Dans le groupe A, il y a Qatar, l’Équateur, le Sénégal et les Pays-Bas. Je crois que le Sénégal est une très bonne équipe actuellement en Afrique. Elle vient d’être sacrée championne d’Afrique, elle peut faire bonne figure. Mais il faut rester concentré, ne pas sous-estimer des équipes comme l’Équateur et le Qatar. Les Pays-Bas sont favoris de ce groupe mais le Sénégal a un bon coup à jouer.

En ce qui concerne la Tunisie, ils sont dans la poule de la France et du Danemark. C’est quand même du costaud. Ce ne sera pas évident et ce sera assez difficile pour les Tunisiens.

Ensuite, tu as le groupe G avec le Brésil, la Suisse, la Serbie et le Cameroun. Je crois que les Camerounais sont un peu plus ou moins mal barrés parce qu’ils ont un groupe costaud. Ce sera très très difficile.

Après, tu as le Ghana, qui est avec le Portugal, l’Uruguay et la Corée du Sud. Je pense que ce sera quand même assez difficile aussi parce que les Uruguayens sont des habitués, les Portugais aussi. Je crois que le Ghana peut quand même peut-être faire bonne figure, voire créer la surprise. On ne sait jamais… Mais voir ce que la Tunisie et le Cameroun vont faire, c’est assez difficile.

Enfin, il y a le Maroc qui figure dans un groupe où ça peut passer. Tu as la Belgique, le Canada et la Croatie. Le Maroc a un bon coup à jouer, je pense, même si la Croatie est une grosse équipe, une grosse machine. Tout peut se passer dans ce groupe.

Pour moi, le Sénégal est plus ou moins bien placé. Pour moi, c’est jouable. Mais il ne faut pas sous-estimer l’Équateur. Je crains tout le temps les équipes sud-américaines car elles sont très joueuses, très difficiles à contourner. Elles ont l’habitude de jouer contre des équipes comme l’Argentine et le Brésil. Elles ont la capacité de stopper ces grosses nations. Si elles sont au Mondial, ce n’est pas par hasard, c’est qu’elles le méritent. Mais je veux que le Sénégal passe, ainsi que le Cameroun, le Maroc et la Tunisie. Mais ce ne sera pas facile.

Dans l’équipe du Sénégal, il y a un joueur phare, Sadio Mané, qui sort d’une saison de très haut niveau avec Liverpool et le Sénégal. Ce Mondial peut-il être son Mondial ?

Je pense que oui. Là, il vient d’être transféré d’un gros club vers un gros club, puisqu’il quitte une grosse machine et un grand entraîneur à Liverpool pour le Bayern Munich. Et ensuite, il y a le Mondial. Il sait qu’il sera très attendu.

On voit que le Sénégal a un effectif assez costaud avec beaucoup de joueurs évoluant dans de grosses équipes en Europe. On voit Kalidou Koulibaly à Naples, un joueur déjà confirmé, recherché par tous les grands clubs, qui figure parmi les meilleurs du monde. Il y a Gana Gueye qui joue à Paris. C’est un peu comme la Côte d’Ivoire du temps où on jouait la CAN et le Mondial. Il y a aussi le gardien Edouard Mendy de Chelsea qui a gagné la Ligue des champions… A côté de lui, Sadio Mané a tous ces joueurs intéressants.

Je vois qu’il a enchaîné pas mal de matches, qu’il a souffert de très peu de blessures. Il n’est pratiquement jamais blessé, il est très fort physiquement. C’est aussi un bon gars, une bonne personne que je connais personnellement. Je veux le meilleur pour lui, j’espère qu’il fera un bon tournoi. Et j’espère qu’il ne sera pas juste bien classé mais qu’il gagnera le Ballon d’Or. Sadio Mané est un super joueur et une super personne.

Cette Coupe du monde va se jouer en novembre-décembre. Vous-même avez connu des situations un peu similaires avec ces Coupes d’Afrique des nations qui se tenaient en janvier-février. Est-ce vraiment très différent de disputer une phase finale d’un grand tournoi en pleine saison plutôt qu’en juin-juillet ?

Oui, pour moi, il y a une grande différence. Prenez la Premier League anglaise : si tu joues tous les matches, y compris le Boxing Day, et ainsi jusqu’à la fin de la saison, tu arrives émoussé, fatigué. Bon, ça dépend aussi du staff de chaque pays. Là, le Mondial va se jouer en novembre. La présaison va commencer pour certains clubs début juillet. Après, il y aura deux-trois mois de championnat où les joueurs seront en jambes, où les joueurs vont gagner en puissance, en physique. Arrivés en novembre, ils seront en pleine forme physique et mentale […]

Il s’agira de la dernière Coupe du monde à 32 équipes. Pour vous, quel est le mieux : un Mondial à 32 équipes ou à 48 équipes ?

Quand une Coupe du monde se joue en fin de saison, c’est assez difficile physiquement. Et si on va jusqu’à 48 équipes, ça va être un peu compliqué. Ce sera plus long et je ne pense pas que ça donnera plus d’engouement. Mais les choses sont en train d’avancer. On peut s’attendre à ce que demain, la Fifa décide de rajouter un joueur en plus dans la compétition, qu’elle la rende plus alléchante ou qu’il y ait plus de concurrence entre les équipes. On verra. On était habitué à 32 équipes, c’était pas mal, c’était même assez bien. Quand on arrive en fin de saison avec près de 60 matches dans les pieds et que la compétition arrive avec je ne sais combien de matches en plus, c’est difficile pour l’organisme. J’en ai fait l’expérience. On verra ce qui sera décidé après la Coupe du monde au Qatar.

Pour finir, vous vous êtes reconverti entraîneur. Cela vous plairait-il d’être coach au Qatar, comme l’Algérien Djamel Belmadi, un autre ancien de Manchester City, l’a été ?

Pour le moment, je ne me plains pas car je travaille avec l’Academy de Tottenham. Je pense que j’ai encore beaucoup à apprendre. Je n’ai pas envie de griller les étapes. Beaucoup de personnes m’interrogent sur la possibilité de commencer à coacher avec une équipe senior […], comme Vincent Kompany [ex-défenseur belge de Manchester City, nldr] qui a commencé à Anderlecht et qui est aujourd’hui à Burnley. Pour moi, tout dépend du temps en fait. Pour le moment, je n’ai pas de proposition venant du Qatar ! (rires)

Mais on ne sait jamais. Comme je suis un vrai croyant, pour moi, c’est le temps le plus important. En ce moment, je suis à l’Academy de Tottenham où je me plais bien, où j’apprends beaucoup à côté de coaches expérimentés qui ont travaillé en Premier League, en Championship [deuxième division anglaise, ndlr] et dans le monde entier. Être à côté d’eux m’aide beaucoup. Ça me permet de comprendre beaucoup de choses, de connaître l’industrie.

J’ai connu l’industrie en tant que joueur, certes, mais en tant que coach, c’est quelque chose de totalement différent. Quand j’ai travaillé en Russie et en Ukraine en tant qu’adjoint, j’ai senti la différence. Mais ce n’est pas assez évident, c’est pour ça que je me donne le temps d’apprendre avec les jeunes. Après, s’il y a une possibilité d’aller au Qatar pour me perfectionner, pourquoi pas ? Mais il n’y a pas d’offre pour le moment et je préfère avancer pas à pas, en restant à côté de la famille et des gens qui me supportent. Je veux commencer tranquillement. Joueur, je voulais être ainsi comme entraîneur : un leader qui gagne et aide au développement des joueurs. Et pour l’instant, ça se passe bien avec Tottenham.

Paul Alphonse Soppo: «Rattacher la croissance au budget est un leurre»

L’ancien député, expert financier et liquidateur de la défunte Biao Cameroun fait une analyse de la loi de finances 2011

Le nouveau budget de l’état du Cameroun connaît une légère augmentation par rapport au précédent qui était de 2570 milliards de Fcfa, quelle lecture vous en faites?
Cette petite augmentation qui en valeur absolue n’est que d’un milliard ne peut avoir aucune incidence en tant que tel, je crois une fois de plus que le gouvernement a voulu respecter la tendance haussière de toujours augmenter le budget mais augmenter de 0,04% ne change rien, c’est la même chose.

N’est-ce pas cette tendance à la hausse qui a conduit au correctif du budget de 2010 et qui pourrait également rendre la nouvelle LF flexible en 2011?
Cette année ça n’a pas été un correctif, l’état a lancé comme vous le savez le comice agropastoral d’Ebolawa mais on s’est rendu compte que c’était dans une impréparation totale, il fallait donc trouver de l’argent quelque part, on a prélevé 50 milliards du budget qui était déjà affecté à un autre poste pour financer le comice agropastoral 2010, le budget est donc resté tel quel mais a connu une petite réaffectation de ce montant là. C’est ce que nous déplorons parce que la décision du comice n’avait pas été budgétisée d’où ce coté impréparation.

Le gouvernement s’appuie sur certains indicateurs pour expliquer la hausse; le cours du pétrole autour de 80 dollars, un taux de croissance de 3,8%, un taux d’inflation autour de 3%, un PIB de 3,5% qu’est ce que tout ceci vous inspire?
Lorsqu’on établit un budget on se fixe des objectifs, par exemple l’état peut effectivement situer le Produit intérieur brut (PIB) autour de 3,5%, mais cela ne veut pas dire que c’est systématiquement réalisable ce n’est qu’une prévision. Moi il y a une réflexion qui me vient à l’esprit, ce n’est pas le budget qui définit l’activité c’est la LF votée par l’assemblée qui va définir les objectifs, donc le budget est une traduction comptable de la vision économique et sociale du gouvernement fondée sur des éléments pas toujours certains, c’est dire que les indicateurs ne donnent pas la manifestation de la réalisation véritable on ne peut donc pas prédire que tout sera tel que annoncé.

Et si on analysait ce budget.
Effectivement avec un PIB de 3,5% qui sera obtenu à partir des recettes prévisionnelles du pétrole et à partir des recettes prévisionnelles fiscales. Ces dernières étant des recettes des entreprises en production, nous nous rendons compte que des entreprises en production nous en perdons de plus en plus. D’autre part on a tablé sur une moyenne de recette pétrolière et ce n’est pas nous qui fixons les prix du pétrole, ça veut dire que l’évaluation sur 80 dollars est biaisée en tout état de cause. L’état doit trouver des sources de financement certaines pour être à la hauteur de la LF 2011

Paul Alphonse Soppo
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Concrètement il est alloué 59,12% aux dépenses de fonctionnement, 26,46% à l’investissement et 14,42% au remboursement de la dette. Est-ce réaliste?
S’agissant des dépenses de fonctionnement vous n’êtes pas sans ignorer que l’état est le plus gros employeur de notre pays, lorsqu’on regarde les effectifs de la fonction publique ça saute à l’ il mais ceci n’implique pas qu’il faille tout mettre dans les charges de fonctionnement car l’état a ses missions régaliennes, aménager les routes, construire des écoles, construire des hôpitaux, électrifier des parties du territoire. C’est ça l’investissement. Il ne faudrait pas confondre cet investissement avec les grands projets de l’état car ceux-ci ne sont pas financés par le budget, des projets comme que le port en eau profonde de Kribi, ils se font en 3-4 ans or l’investissement prévu ici ce sont les réalisations à court terme que l’état peut faire, en clair le budget sert d’abord au fonctionnement de l’état d’où le pourcentage important alloué à ce poste.

Selon des études, le Cameroun fera face à un sérieux problème énergétique l’année prochaine. Est-ce que les prévisions de croissance dans ce cas ne seront pas revues à la baisse?
C’est l’une des failles de la prochaine LF parce que rattacher la croissance au budget c’est un leurre, c’est mal apprécier le fonctionnement de l’économie car la croissance est une conjonction de plusieurs facteurs, ce n’est pas seulement l’argent que l’on veut injecter dans l’investissement qui en réalité ne crée que des emplois précaires, c’est une conjonction de plusieurs facteurs parmi lesquels l’entreprise industrielle prend une grande part, or l’entreprise industrielle a fortement besoin d’énergie nous nous rendons donc compte dans notre pays que l’entreprise industrielle ne fonctionne pas en pleine capacité, elle ne fonctionne pas de manière à ce que sa capacité maximale soit exploitée faute d’énergie suffisante. Lorsqu’on dit que l’on veut atteindre 3,5% de croissance il faudrait s’en rendre compte et c’est ce qui va se passer tant que le problème énergétique n’est pas résolu la prévision de croissance est très incertaine, en plus on ne voit pas les dispositions prises par le gouvernement pour faire face à cette situation.

Paul Alphonse Soppo
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Le Cameroun a élaboré un «document de stratégie pour la croissance et l’emploi DSCE» et 2010 est la première année de la mise en uvre de ce programme au regard de la LF 2011. Avez-vous le sentiment que le pays pourrait être émergent en 2035?
Je dis tout de suite non! Cette loi là ne permet pas d’apprécier parce que vous dites que vous voulez être émergent en 2035 la première année de référence est 2010 et nous venons de le voir nous aurons certainement un taux du PIB d’environ 3,5%, 2011 nous prévoyons également un taux de 3,5%, en faisant abstraction de tous les aléas dont on a parlé plus haut notamment les prix des matières premières, le cours du pétrole et autres produits vendus à l’extérieur et pour lesquels nous ne sommes pas maître de la fixation des prix. Nos industries ne sont pas compétitives, donc si nous voulons être émergents en 2035 il ne faudrait pas qu’on continue de naviguer à vue parce que dans le DSCE on n’y voit pas clair, il y a certes une idée mais comment allons-nous procéder concrètement pour la réaliser? Avant 2035, il faudrait élaborer des objectifs à brève échéance qui mis ensemble nous conduirons à l’émergence, les experts du Minfi doivent donc nous proposer une programmation du DSCE auquel cas cette ambition tombera sous le coup des multiples slogans qu’on a déjà entendu jusqu’aujourd’hui. Par ailleurs, il faut expliquer comment va être financé le DSCE. Va-t-on désormais systématiquement faire appel à un emprunt obligataire? Là aussi il y a un problème qui se posera parce que lorsque vous intégrez comme en 2010 l’épargne public de 200 milliards dans le budget et que vous clôturez votre budget en septembre ou octobre vous voyez que vous courrez le risque de ne pas obtenir les 200 milliards donc votre budget est amputé de cette somme. En clair ça été une grave erreur d’imputer l’emprunt dans les LF 2010 et 2011 car on ne peut pas mettre le financement des projets structurants dans une programmation à court terme.

Paul Alphonse Soppo
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Paul Le Guen: Le coaching perdant

Sous sa direction, le Cameroun a connu le plus gros passage à vide de son histoire: les Lions indomptables n’ont pas gagné un de leurs neufs derniers matchs!

Que retiendra-t-on du passage de Paul Le Guen au Cameroun? D’abord les points négatifs. A cause de son coaching, malgré une génération de joueurs talentueux et des moyens colossaux, il a fait louper aux Lions indomptables le Mondial Sud africain. Incapable de faire gagner au Cameroun le moindre match depuis six mois. Malgré un traitement princier, le sélectionneur des Lions indomptables a fait étalage de ses lacunes tactiques, d’abord face au Japon, (0-1), puis contre le Danemark (1-2). Depuis le 17 janvier à Lubango lors de la victoire contre la Zambie (2-3), le Cameroun n’a plus gagné de match en neuf confrontations. Lors du dernier match de poule de la Can angolaise, Camerounais et Tunisiens se sont séparés sur un score de parité (2-2), puis ont été défaits (1-3), face à l’Egypte, en huitième de finale. Lors de son premier match de préparation au mondial, le Cameroun a fait nul contre l’Italie (0-0). Un autre nul vierge sanctionnera également le match amical contre le Géorgie, le 25 mai. Quatre jours plus tard, le Cameroun fera jeu égal contre le Slovaquie (1-1). Le 2 juin, le Cameroun s’est incliné contre le Portugal (1-3), avant d’essuyer une autre défaite contre le Serbie, (3-4). Dans son style de communication peu convainquant, il avait mis toutes ses contre performances sous le signe: «De simple matchs amicaux sans grand enjeu».

Le Cameroun à la déroute
Au delà des deux défaites en terre sud africaine, c’est le manque d’intelligence tactique observé contre le Japon qui a le plus intrigué de nombreux observateurs. Ce jour là, pour le compte du premier match du Cameroun dans le groupe G, le technicien français s’est mis, comme d’habitude, à faire de nombreux essais. En manager il a laissé Song Bilong sur le banc, pour titulariser Joël Matip. Un frêle enfant de 18 ans, sans aucune expérience internationale. Le comble c’est que l’ex-coach du Psg et de Lyon, s’inspirant maladroitement de José Mourinho, a positionné Samuel Eto’o sur le couloir droit face au Japon. Comment dans une formation comme celle du Cameroun, Paul le Guen s’est il obstiné à ne pas construire le jeu de son équipe autour de Samuel Eto’o, le leader technique? Il ne savait certainement pas que ce n’est pas en jouant sur le couloir que le Pichichi 2006 de Liga, recordman de buts en sélection nationale du Cameroun, s’est construit un palmarès individuel honorable. Paul Le Guen n’a pas compris que si José Mourinho, dans ses schémas parfois ultra défensif, positionnait parfois Samuel Eto’o sur le couloir droit dans un rôle «d’aide latéral», c’est qu’il avait dans son effectif un attaquant de la trempe de Diego Milito et un meneur de jeu clairvoyant comme Sjneider.

Paul Le Guen sur la ligne
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Il aura fallu plusieurs conciliabules pour que le breton aligne Samuel Eto’o dans l’axe contre le Danemark, en abandonnant son 4-3-3, inopérant, pour opter un 4-4-2, mieux adapté au profil de ses hommes. Dans ce dernier système, les Camerounais ont joué un meilleur football, bien que battu (2-1). Mais les Lions avaient déjà loupé le match qui aurait pu les mettre en confiance dans la compétition.
Néanmoins, l’on gardera de Paul le Guen, donc le contrat avec le Cameroun s’achève en fin juillet 2010, l’image du coach qui aura permis aux Lions indomptables de se qualifier pour une sixième phase finale de Coupe du monde. Arrivé au pays de Roger Milla en juillet 2009, alors que le Cameroun était dernier de son groupe des éliminatoires, il a contribué à redresser un navire qui tanguait. En intégrant de nouveaux jeunes, Eric Maxim Choupo-Moting, Vincent Aboubakar, Gaétan Bong, Guy Roland Ndy Assembé et Joël Matip, il a posé les jalons d’une fondation qui pourra permettre d’envisager des lendemains meilleurs. Si le Cameroun veut se montrer ambitieux, les autorités sportives doivent intégrer lors du recrutement du prochain sélectionneur le fait qu’aucune nation n’a déjà gagné une Coupe du monde avec un entraîneur étranger.

Joueur camerounais contre le Danemark
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