Le comédien Landry Nguetsa rend hommage à Georges Anglade (homme de lettre et politicien haïtien) dans une pièce de théâtre

Il a présenté « Haïti » au public de Yaoundé le jeudi 28 juillet 2011

La mort ne prendra pas le nom D’Haïti : tel est le credo de cette pièce. Et pourtant si une autre catastrophe était annoncée, le même laxisme ou la même indifférence serait peut être observée. Telle est la caractéristique de plusieurs responsables qui préfèrent jouer aux sapeurs pompiers au lieu d’empêcher le feu. En effet c’est l’histoire d’un enfant qui décide de rencontrer pour la première fois l’homme qui lui aurait donné la vie. Accompagné de sa mère de Yaoundé jusqu’à Port-au-Prince, ils découvrent sous les décombres le corps froid, de ce poète jaloux de la culture haïtienne. L’homme déclarait plutôt lors d’une interview : [ i si on peut prédire une catastrophe de ce genre, on doit certainement avoir aussi les moyens de s’en protéger. A quoi ça sert de me prévenir d’un tremblement de terre lorsque vous savez que je n’ai que ma plume pour tromper ma faim. Vous attendez le moment « M » pour venir jouer aux consolateurs et aux sapeurs pompiers. Juste pour faire la publicité de vos propres nations.]. Ce spectacle n’est pas une pièce qui se monte de gaieté de c ur. Mais c’est le motif qui justifierait même la raison d’être du théâtre : apporter du bonheur à son spectateur tout en l’impliquant directement dans ce processus. Divisé en 12 séquences, « Haïti » est un spectacle qui est monté selon la théorie du Post dramatique de Hans Thies Lehmann.

La scénographie est construite de fils de tout genre et de toutes les couleurs, fragiles ou pas ; symbolisant la précarité des constructions haïtiennes. Il y a également une balançoire au centre de la scène qui est en mouvement du début du spectacle jusqu’à la fin. Elle est faite d’une roue reliée par trois fils. La balançoire vide en elle-même symbolise les jeux qui ont disparu. La roue représente un seul élément isolé d’un ensemble qui laisse à demander : où est passé le reste de l’ensemble ? Les rituels seront au programme, symbolisant la spiritualité Haïtienne très chère à ce peuple. Le cinéma ici est utilisé pour représenter les scènes impossibles à montrer dans le jeu vivant des comédiens. Il y’aura donc des extraits du film d’Arnold Antonin « chronique d’une catastrophe annoncée » et un tournage effectué juste pour assurer la continuité d’une situation de la vidéo à la scène. Bref tous ces motifs seulement pour agir sur les sens du spectateur et non sur son esprit.[ i Ce dernier sera par conséquent un participant et non un assistant comme on a coutume de voir. En gros, je veux faire un théâtre de la présence] déclare Landry Nguetsa.

Landry Nguetsa est un comédien professionnel et metteur en scène camerounais. Etudiant en art du spectacle à l’Université de Yaoundé 1, il est connu pour ses méthodes contemporaines de technique de la scène où l’on trouve très souvent tous les genres artistiques agencés dans une fusion extraordinaire. Il se dit être un adepte de Hans Thies Lehmann, le fondateur du théâtre post dramatique qui met en relation les autres disciplines telles que le cinéma, la chorégraphie, la poésie et bien entendu le théâtre. Ce à quoi landry Nguetsa ajoute très souvent les rituels initiatiques qu’il considère comme étant un héritage artistique pour ses créations contemporaines. Il a travaillé comme assistant metteur en scène dans la pièce « ndutu blues » aux côtés de Richard Pipa. Il a également joué le même rôle dans la pièce « un rat qui passe » aux côtés de valerie Sarrazin et maintenant, il monte une performance vivante sur la catastrophe qui a eu lieu à Haïti le 12 janvier dernier.

« Haïti », mis en scène par Landry Nguetsa
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