Georges Anicet Ekanè: «la politique c’est comme un vélo, il faut tout le temps pédaler, sinon on tombe»

Combattant, candidat à la présidentielle camerounaise, il a été témoin de l’assassinat du nationaliste Ernest Ouandie

« Le Kamerun est notre Patrie, l’Afrique est notre Avenir » telle est la devise du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), le parti politique pour lequel Georges Anicet Ekanè est candidat à la présidentielle de 2011. Sa vie se confond à l’histoire du nationalisme au Cameroun du moins depuis le 21 Septembre 1971, date à laquelle il dépose ses valises à Lille en France. C’est cette année-là qu’Anicet Ekanè épouse la philosophie de l’Unek (Union National des Etudiants « Kamerunais »), syndicat très actif dans la communauté camerounaise du nord de la France, c’est d’ailleurs le début de sa carrière de militant politique. Celui qui est né à l’hôpital Laquintinie de Douala le 17 Avril 1951 a été un enfant très choyé par sa famille. Comme la plupart des jeunes qui vivent à « petit paris » – le nom que portait la ville de Douala du fait de sa propreté – il fait tout son cycle primaire à l’école principale d’Akwa devenue école publique d’Akwa. Après l’obtention de son CEPE (Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaire), il rentre au Collège Libermann en classe de 6ème. Il termine son cycle secondaire au lycée Joss où il obtient son probatoire, puis au Collège Alfred Saker, et au Collège Saint Pierre de Lille où il obtient son Bac D. Diplômé en économie de l’université de Lille 1 et de l’Ecole Supérieure de Commerce et d’Administration des Entreprises (ESCAE) de Lille, Georges Anicet Ekanè rentre au Cameroun le 21 Avril 1983 quelques jours après son 32ème anniversaire.

Témoin d’un assassinat
Ce parcours a été marqué par des hauts et des bas, mais aussi par des faits qui ont influencé la vie de Georges Anicet Ekanè, des évènements qui certainement ont éveillé son sens de la politique. Parmi ceux-ci, on peut citer un épisode triste et fortuit qui s’est avéré heureux par la suite, et qui a marqué à jamais la vie de Georges Anicet Ekanè. En effet, élève en terminale au Collège Alfred Saker, il avait assisté le 15 Janvier 1971 à Bafoussam, sur la place publique, à l’exécution par fusillade d’Ernest Ouandie, dirigeant historique de l’UPC. Ce jour-là, Georges Anicet Ekanè se trouvait à Bafoussam, l’équipe de football du Collège Alfred Saker dont il faisait partie était venue disputer un match contre celle du Lycée de Bafoussam. Georges Anicet Ekanè va donc assister, médusé, à l’assassinat d’Ernest Ouandie, il en sera marqué à jamais. Et Ernest Ouandie, comme il le dit lui-même souvent, a donné un sens à sa vie. En 1973, il adhère à l’UPC (Union des Populations du Cameroun), qu’il ne quittera qu’en 1995 pour créer le Manidem (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie) avec d’autres cadres « Upécistes ».

Anicet Ekanè est candidat à la présidentielle au Cameroun
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Prisonnier politique
Quand il rentre au Cameroun en 1983, après l’arrivée du président Paul Biya au pouvoir (le 06 novembre 1982), c’est comme militant clandestin, chargé de développer et d’animer les structures clandestines du parti à l’intérieur. C’est dans le cadre de cette activité politique clandestine mais intense et sous la direction de l’UPC à l’intérieur, qu’il encadre le groupe de démocrates patriotes autour de Me Yondo Black à la fin de l’année 1989. Arrêté avec les membres de ce groupe le 19 Février 1990, Georges Anicet Ekanè est traduit devant le tribunal militaire de Yaoundé et condamné en Avril 1990. Il écope de quatre (4) ans de prison fermes ; vingt (20) millions d’amende ; l’obligation de payer les frais de tout le procès ; la déchéance des droits civiques. Pendant les six (6) mois de sa détention effective, Georges Anicet Ekanè séjournera, respectivement à la brigade mixte mobile (BMM) du Cener de Douala (police politique) ; à la BMM de Yaoundé ; à la prison productive de Batouri ; à la prison productive de Yokadouma ; à la prison d’Edéa. Il sera libéré, après la grâce présidentielle, le 14 Août 1990. Aussitôt sorti de prison, Georges Anicet Ekanè reprend de plus belle ses activités au sein de l’UPC. Il est élu au congrès de l’UPC de Décembre 1991 à Bamoungoum (Bafoussam) secrétaire national à la coordination et porte-parole de l’UPC-Manidem. Il est l’un des fondateurs, avec son parti UPC-Manidem, de la coordination nationale des partis politiques de l’opposition. Initiateur des cartons rouges, animateur influent des villes mortes, puis animateur de la campagne présidentielle de l’Union Pour le Changement en Octobre 1992, Anicet Ekanè a été de tous les combats de l’opposition camerounaise depuis l’avènement du multipartisme en 1990. La création le 3 mars 1995 du Manidem avec d’autres cadres de l’UPC, lui donne une plus grande efficacité dans le champ politico-social.

Candidat à la présidentielle de 2011
Président du Manidem depuis sa création, Georges Anicet Ekanè démissionne de la direction de ce parti en Novembre 2009 et devient conseiller politique au bureau politique du MANIDEM. Il a été investi par son parti comme candidat à l’élection présidentielle de 2011. Il a également été le candidat du Manidem à l’élection Présidentielle d’Octobre 2004. Ce père de famille de quatre enfants, partage ses loisirs entre le sport, la musique et la lecture. Passionné de football, Anicet Ekanè est ceinture noire d’aïkido 2ème dan. Son expression favorite: « la politique c’est comme un vélo, il faut tout le temps pédaler, sinon on tombe ».

Combattant UPC, il a créé son parti, le Manidem en 1995
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Mise au point du Manidem (Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie)

« Non aux convulsions et aux élucubrations d’un régime en perte de vitesse »

L’hebdomadaire « La Nouvelle » dans son N° 126 du 11 juillet 2011 a publié à la grande une de son journal : Accusations contre le Mindef ; Ekane Anicet voulait-il manipuler certains barons du régime ? De hautes personnalités de la République ciblées ». Le traitement de cette information à la page 3 du journal fait état de multiples rencontres du camarade Ekane Anicet, candidat du Manidem à la présidentielle de 2011 avec certains hauts responsables des services spéciaux de la République à qui il aurait raconté « qu’il a été approché par le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, pour déstabiliser le régime Biya en organisant les casses et le désordre dans certaines villes du Cameroun ». Le journal La Nouvelle dans son argumentaire présente ce qu’il considère comme le stratagème qui devait aboutir à « un coup d’Etat militaire qui amènerait le Mindef et certains hauts gradés des forces de défense à prendre le pouvoir et organiser par la suite la transition grâce aux réseaux français qui ont commencé à lui faire confiance depuis l’affaire des otages français du groupe Bourbon ».

Sur les rencontres et les déclarations du camarade Ekane Anicet
Les responsables du Manidem rencontrent souvent des autorités dans le cadre normal des échanges républicains. Cela est d’ailleurs de notoriété publique et le Manidem ne rate pas l’occasion d’en faire état chaque fois. S’agissant précisément du Mindef Edgar Alain Mebe Ngo’o, sa dernière rencontre avec le camarade Ekane Anicet date de plus de deux ans à Douala à l’époque où il était encore DGSN. Le camarade assistait avec d’autres personnalités aux obsèques de sa s ur au quartier Bonadibong où il est né et a grandi.

Le Manidem et son candidat ne sauraient être les arbitres des guerres de succession que se livrent depuis quelques temps les clans au sein du régime. Nous ne saurons par ailleurs servir de fusil d’épaule à des journaux à sensation qui sont régulièrement sollicités par les thuriféraires du RDPC pour se régler des comptes.

Le Manidem compte sur l’intelligence des Kamerunais qui reconnaissent ceux qui aiment véritablement ce pays, les patriotes. Notre parti compte sur la mobilisation des Kamerunais autour de ces patriotes pour changer le rapport de force dans notre pays. Les voies qui seront choisies pour assurer le changement dans ce pays dépendront totalement de l’implication de tous les fils du Kamerun. De nombreux patriotes existent bel et bien dans le camp du pouvoir, le camp de l’oppression. Pour différentes raisons plus moins compréhensibles, comme c’est le cas pour certains fonctionnaires et éléments des forces de l’ordre, ils hésitent à s’engager résolument dans la lutte pour le changement. Le patriotisme ne s’accommode jamais avec un quelconque parrainage fût-il de le France ou des Etats-Unis.

Nous allons gagner les prochaines élections, justement parce que l’heure des patriotes a sonné. Le temps des ruptures avec l’ordre ancien, le système néocolonial, pour un Kamerun nouveau pointe à l’horizon. Nous ne nous laisserons pas distraire ni par les convulsions, ni par les élucubrations d’un régime en perte de vitesse, en fin de parcours. Les kamerunais savent qu’ils peuvent compter sur le Manidem. Tout dépend des Kamerunais.

Le Manidem dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.

Investiture de Barack Obama au Cameroun: L’avis d’Anicet Ekane, président du Manidem

ça va permettre d’impulser le triomphe des valeurs et des idées sur les replis identitaires au Cameroun

C’est toujours très émouvant de participer de visu comme ça à la prestation de serment du président des Etats-unis qui est quand même le président du pays le plus puissant du monde. C’est d’autant plus émouvant qu’il s’agit de Barack Obama, d’origine africaine. C’est une véritable révolution. Je pense que tous les espoirs que Barack Obama suscitent dans le monde entier au delà de la couleur de sa peau, peuvent avoir un impact sur la vie du monde plus tard. Il sera de plus en plus difficile aujourd’hui de marginaliser les minorités. D’autant plus qu’aux Etats-unis, c’est le représentant d’une minorité qui est au pouvoir. La deuxième remarque qui m’arrive à l’esprit à propos d’Obama c’est le fait que ses idées ont transcendé et supplanté les données subjectives liées à la peau et à la race. Rapporté à notre pays, c’est une bonne leçon. Notre pays où la politique est encore colonisé par le régionalisme et le tribalisme. Car vous savez bien que quand on regarde de façon précise, la plupart des partis sont attelés à des régions. La plupart des combinaisons politiques dans le pays que ce soit dans la coalition présidentielle ou dans certaines coalitions de l’opposition, sont arrimées où construites en fonction des régions. Les fameux axes nord-sud sont basés sur des considérations régionales, pas sur des considérations idéologiques ou politiques. Et dans cette atmosphère ne peuvent pas prospérer des partis comme le notre qui voudraient faire confiance à l’intelligence des camerounais, à leur regroupement en fonction de leurs intérêts économiques, professionnels ou politiques en dehors de toute considération régionale. Je pense que l’élection de Barack Obama aujourd’hui est une leçon pour les africains. Ça va ouvrir des perspectives. ça va permettre à ce que dans notre pays aussi, ce soient les valeurs, les idées qui triomphent sur les replis identitaires.

MANIDEM: Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie

Anicet Ekane, président du Manidem
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