La cigarette en illégalité au Cameroun

Plusieurs organisations de la société civile montent au créneau pour dénoncer le non-respect des producteurs de cigarettes qui refuse mettre en vigueur la loi sur les marquages graphiques sanitaires relativement au danger que courent les fumeurs.

La cigarette tue. Plusieurs le savent. Mais d’autres ignorent les risques que fumer un mégot comporte. Pour remédier à cette situation, le ministère de la Santé publique et celui du Commerce ont le 03 janvier 2018 signé un arrêté conjoint portant marquage sanitaire graphique de sensibilisation sur le conditionnement des emballages des produits commercialisés au Cameroun pour ce qui est de la cigarette. Ces marquages graphiques sont des images qui illustrent les effets néfastes de la consommation de la cigarette.
Ainsi, la loi précise que ces images doivent obligatoirement figurer sur les paquets de cigarettes. Plus loin, comme l’explique Prince Mpondo, responsable de la communication de la Coalition camerounaise contre le tabac (C3T), « des manœuvres d’interférences de l’industrie du tabac sur la mise en œuvre adéquate des politiques publiques du contrôle de tabac et la tolérance administrative empêchent la mise en œuvre effective du marquage sanitaire à date convenue par voie réglementaire ou consensus. »
En d’autres mots, C3T dénonce le non-respect par les producteurs de cigarettes de la réglementation en vigueur. Or, cela obéit à la convention cadre de l’organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac qui a mis sur pied une série d’images qui est entrée en vigueur depuis le 12 juin 2019 pour une durée de 24 mois. Elle devra donc s’achever le 12 juin 2021 avec l’arrivée d’une nouvelle série qui devra s’achever le 12 juin 2023.
Mais les producteurs jusqu’à présent n’ont pas encore daigné imprimé les emballages de leurs produits avec ces nouvelles illustrations, « on fait une rotation après 24 mois pour que le message ne soit plus banal. Un message qui dure, n’est plus efficace, » renseigne Prince Mpondo.

Lutte contre le tabagisme: Des députés sensibilisés

Avec le soutien du ministère de la santé, la coalition camerounaise antitabac a organisé une rencontre d’information dans le but d’expliquer les enjeux d’une loi sur la question

La coalition contre le tabac au Cameroun (C3T), a organisé le jeudi 29 novembre 2012, un débat pour expliquer aux députés l’importance de leur implication dans l’adoption d’une loi anti-tabac au Cameroun: « Pour nous, il est question au cours de cette rencontre, de sensibiliser les parlementaires sur les méfaits du tabac et la nécessité de leur implication dans la sensibilisation de leurs populations, leur parler des actions que nous menons et de la nécessité d’adopter une loi. Il est question enfin de mobiliser les parlementaires pour un plaidoyer en faveur de cette loi anti-tabac auprès des autorités compétentes», a expliqué Flore Ndembiyembe, la présidente de cette coalition, aux journalistes. Aux côtés de madame Ndembiyembe, le Directeur de la Promotion de la Santé au ministère de la santé publique. « Mes chers honorables, le tabagisme est un fléau bien plus grave qu’on ne peut l’imaginer et c’est avec grand espoir que nous travaillons encore et avons travaillé à l’élaboration du projet de loi à cet effet, et qui pourrait bientôt être soumis à votre validation. Mon rêve c’est de me lever un jour et de découvrir que le tabagisme n’existe plus» a expliqué le Docteur Sa’a, Directeur de la lutte contre la maladie au ministère de la santé publique.

Le responsable de l’administration de la santé est aussi revenu sur le projet de loi anti-tabac. Il expliquera aux députés que ce texte, s’il est adopté par l’Assemblée nationale, prévoit de nombreuses restrictions comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics et collectifs, ainsi que dans les formations sanitaires et lieux de travail. « Les interdictions devraient aussi s’appliquer aux établissements scolaires et universitaires, aux transports publics, bars, restaurants, aéroports, boites de nuit et autres lieux de convergence. De même qu’il sera interdit de fumer dans tous les lieux en présence de personnes non-fumeurs ou de personnes à risque (nourrissons, mineurs, femmes enceintes et malades) », a expliqué Monsieur Sa’a. Les députés se sont aussi vus informés de ce qu’un des défis de la coalition était d’arriver à interdire la vente des cigarettes aux mineurs et dans les établissements scolaires. Au cours des échanges, les députés sont revenus sur la vente de cigarette comme ressource pour l’Etat et aussi pour les individus qui se livrent à cette activité. « je vais aller plus loin et vous dire que ce n’est pas tout. Le commerce des cigarettes pour les majors dans le monde est un marché de 350 milliards de Dollars. Mais il ne faut pas se tromper, cela ne profite que très peu aux populations. On indique par exemple que le bénéfice pour les producteurs dans les champs n’est que de 80 millions de Dollars, or l’Afrique n’est pas parmi les dix premiers producteurs. En plus, supposons que le vendeur de cigarettes gagne 1 million par an en vendant les cigarettes et que la société doit dépenser 10 millions pour soigner les fumeurs, quelles ressources on protège. Non je dis que nous devons rester vigilent et très prudent, c’est un gros problème », a précisé monsieur Sa’a.

Dr Flore Ndembiyembe, présidente de la coalition contre le tabac au Cameroun (C3T)
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