Afrique : France 24 suspendue au Burkina Faso

Le gouvernement de transition au Burkina Faso a ordonné lundi la suspension « sine die » de la diffusion de France 24 sur son territoire, après une interview sur la chaîne d’informations du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) début mars.

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, le gouvernement burkinabè a annoncé la suspension sine die de la diffusion des programmes de la télévision française 24 sur l’ensemble de son territoire. Et pour cause, Ouagadougou reproche à la chaîne française de servir d’agence de communication pour le groupe terroriste Aqmi dont le leader est intervenu il y a quelques jours sur le média.

« En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso », indique un communiqué signé du porte-parole du gouvernement Jean-Emmanuel Ouedraogo.

« Le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national », poursuit la note.

Le 6 mars dernier, France 24 avait diffusé des réponses écrites d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef d’AQMI, à une quinzaine de questions posées par le journaliste de la chaîne française et spécialiste des questions jihadistes, Wassim Nasr.

Début décembre, les autorités de Ouagadougou avaient déjà suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), du même groupe que France 24, France Médias Monde. RFI était notamment accusée d’avoir relayé « un message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ». RFI et France 24 sont également suspendues au Mali, également gouverné par une junte militaire, depuis un an.

Panorama des principaux groupes armés en Afrique

Les plus redoutables sont les groupes à revendications idéologiques, mais d’autres agissent aussi pour des objectifs politiques, communautaires, ou « vagues »

Quelques centaines de groupes armés écument le continent africain, nés dans leur majorité, au cours des 20 dernières années et qui présentent des revendications aussi bien politiques, qu’idéologiques ou communautaires quand elles ne sont pas « vagues ».

La répartition géographique de ces groupes fait apparaître cinq principales zones d’activité, à savoir, l’Afrique du Nord, le Sahel, Le Bassin du Lac Tchad, les Grands Lacs africains et l’Afrique de l’Est.

Revendications idéologiques
Les groupes armés affichant des revendications idéologiques « djihadistes » se retrouvent aussi bien en Afrique du Nord, dans le Bassin du Lac Tchad que dans le Sahel, l’Afrique de l’Est ou la région des Grands Lacs africains. Il s’agit des groupes armés aux actions les plus néfastes, sur le plan des exactions qu’ils font subir aux populations civiles ou forces de l’ordre.

En Afrique du Nord, on identifie le groupe Ansar Beit al-Maqdis (Sinaï égyptien). Né en 2011, il fait l’objet depuis septembre 2013 d’une vaste campagne militaire.

Le groupe terroriste « mère » Daech s’était exporté depuis quelques années en Afrique. En Libye, ses deux bastions se sont constitués autour des villes de Syrte (Ouest) et de Derna (Est).

Depuis 2013, des extrémistes qui se sont revendiqués de Daech ont mené de nombreuses attaques terroristes en Tunisie. Ils sont à distinguer d’un autre groupe dans le pays, celui de la Brigade Okba Ibn Nafaa, qui se rattache à al-Qaida, encore que certains observateurs évoquent des dissidences d’éléments au sein de cette brigade qui auraient rejoint Daech.

« Jound al Khilafa » en Algérie a fait scission d’AQMI (al-Qaida au Maghreb Islamique) en 2014 pour prêter allégeance à Daech. En mai 2015, l’armée algérienne a affirmé avoir éradiqué le groupe. Cependant, des observateurs font état de cellules dormantes toujours présentes.

Frontalier de l’Algérie, le Mali compte deux principaux groupes armés aux revendications idéologiques. ll s’agit d’Ansar-Dine qui mène encore des actions contre les Forces françaises ou onusiennes. Plus puissant, est en revanche l’AQMI, dont les velléités expansionnistes au Sahel se vérifient avec les récents attentats de Bamako, Ouagadougou et Grand Bassam en Côte d’Ivoire. AQMI et Ansar Dine comptent, l’un et l’autre, d’autres groupes qui leur sont affiliés tel que al-Mourabitoune (pour Aqmi).

Boko Haram est présent quant à lui depuis plusieurs années au Nigéria. Il s’est étendu depuis dans le Bassin du Lac Tchad où il mène toujours des opérations contre les populations civiles par le biais d’incursions ou d’attaques suicides. Il a prêté allégeance à Daech en mars 2015, et est combattu par une force régionale qui lui a infligé, récemment, de sérieux revers.

« al-Shabab » sont un groupe terroriste somalien créé en 2006 à la suite de l’invasion éthiopienne de la Somalie. Rattachés en 2010 à al-Qaïda, certains de ses leaders ont fait allégeance à Daesh, en octobre dernier.

Le 2 avril 2015, le groupe armé a mené une attaque sanglante contre l’Université de Garissa, au Kenya, qui a fait au total 152 morts (dont 142 étudiants).

Au Soudan, enfin, quelques groupuscules « djihadistes » se concentrent dans l’Ouest du pays et dans la Province du Darfour, où des contacts auraient été noués, selon des rapports sécuritaires, avec Boko Haram mais surtout avec Daech en Libye.

Revendications politiques
Ces revendications se retrouvent dans les groupes armés du Nord-Mali, dont les hérauts se disent autonomistes. On les retrouve également en Libye, au Soudan, en République Centrafricaine (RCA) et dans les Grands Lacs africains.

Au Mali, quoique le processus de paix poursuive son cours et que les actes de violences concernent, depuis des mois, presque exclusivement des groupes idéologiques, deux grandes plateformes de groupes armés politiques sont identifiables. Il s’agit de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui plaide pour une autonomie des régions du Nord et d’une plateforme dite pro-gouvernementale qui défend l’intégrité territoriale du pays. L’une comme l’autre sont composées de quelques groupes armés.

Au Soudan, des groupes armés aux revendications indépendantistes ou autonomistes se retrouvent dans la province orientale de Darfour, dans le Nil-Bleu et au Kordofan-Sud (Sud). En RCA voisine, les miliciens Anti-Balaka et Seleka impliqués dans la récente crise inter-communautaire sont toujours présents.

L’Afrique des Grands Lacs constitue la plus forte concentration de groupes rebelles en Afrique (près de 80 selon des sources concordantes). La plupart se trouvent dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Rares sont ceux qui poursuivent des revendications purement politiques, comme les Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) opposé au Président rwandais Paul Kagame.

Au Burundi, quatre groupes rebelles se sont récemment déclarés. Ils ont pour objectif la destitution du Président Pierre Nkurunziza, jugé responsable de la crise qui secoue le pays depuis près d’un an.

Par ailleurs, à la croisée des revendications communautaires et politiques, celles tribales poursuivies par plusieurs milices armées en Libye, où des centaines de milices se sont constituées après la chute du Chef d’Etat Mouammar Kadhafi, la plupart sur des bases locales et qui continuent d’opérer à la faveur du contexte d’instabilité dans ce pays.

Revendications communautaires
Ces groupes se retrouvent principalement dans l’Est de la RDC et sont de taille réduite.

La rébellion Mbororo, essentiellement formée d’éleveurs venus du Soudan du Sud qui combattent les autochtones en vue de conquérir des pâturages. A l’inverse, d’autres groupes armés, comme les Maï Maï, luttent contre des groupes d’origine étrangère (rwandaise ou ougandaise) qui s’attaquent aux civils. C’est le cas de plusieurs groupes d’auto-défense populaires. Dans la province de l’Ituri (Est), les Mai Mai Simba s’opposent au projet de sauvegarde des Okapi. Ces autochtones revendiquent le droit de chasser cette espèce menacée et mènent des attaques sporadiques sur le site d’une réserve.

Proches des revendications communautaires, celles « corporatistes » de certains groupes en RDC, qui réclament leur réintégration dans l’armée nationale, comme c’est le cas avec le Front de Résistance Patriotique en Ituri, et l’Alliance des Patriotes pour un Congo Libre.

Revendications « vagues »
Les Forces Démocratiques Alliées (ADF) et l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) sont deux groupes d’origine ougandaise actifs depuis plusieurs années. Présentés au début comme des opposants à Kampala, ils ont abandonné tout activisme politico-militaire pour se prêter à des exactions multiples ou des actions de grand banditisme.


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L’horreur intégriste s’étend en Afrique

Par Hakim Arif, Journaliste, économiste

Yahya Abou El Hamame, un des chefs des groupes terroristes d’AQMI avait menacé sur un site mauritanien en janvier dernier les alliés des « Croisés » de les frapper, ainsi que les intérêts occidentaux chez eux. La rhétorique islamiste dans toute sa démagogie. L’attaque dont a été victime la Côte d’Ivoire la semaine dernière, fait donc partie du plan islamiste. Il y a eu 18 morts et plusieurs blessés au Grand Bassam, magnifique station balnéaire à 40 Km d’Abidjan.

Quelques heures après le drame, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué l’attaque. Le président Alassan Ouattara, qui s’est rendu sur les lieux a vivement dénoncé cette attaque terroriste qui rappelle celle qui avait eu lieu en Tunisie. Des terroristes s’étaient, là aussi attaqué, le 26 juin 2015, à un hôtel, faisant 38 morts. Là c’est l’Etat islamique Daech qui avait revendiqué l’attaque. Il y a eu aussi d’autres actions au Mali (20 novembre 2015) et au Burkina (15 janvier de cette année), totalisant 40 morts.

Il est clair que l’entreprise terroriste ne fléchit pas. Au contraire, elle semble plutôt se renforcer et s’étendre à de nouvelles régions.

En Afrique, les djihadistes ratissent au Mali, au Cameroun, au Niger, au Nigéria, au Burkina et maintenant en Côte d’Ivoire, un pays qui est sorti de la plus grave crise de son histoire (10 ans) et qui se porte bien, avec une croissance économique très vigoureuse.

Les djihadistes ne l’ont pas visé par hasard. Pour eux, la démocratie et le développement économique représentent à véritable danger. Pour la simple raison que c’est dans la misère, l’oppression et le sous-développement que leur entreprise macabre prospère.

Si la Tunisie est attaquée c’est justement parce qu’elle a choisi la démocratie, les droits de l’homme et l’ouverture sur le monde. Si la Côte d’Ivoire est visée c’est aussi parce que le pays avance à un rythme forcé vers le développement. Les deux peuples n’ont aucun problème avec les autres civilisations et consacrent la liberté religieuse. Cette liberté, ni AQMI, ni Daech n’en veulent. Elle sape leurs fondations.

Nous ne sommes plus désormais face à des groupes armés qui lancent leurs attaques de manière désordonnée, un peu partout où l’occasion se présente, mais devant des organisations décidées à en découdre avec les impies fondant leurs actions terroristes sur des fondements de leur religion, l’Islam. Pour eux, il ne fait aucun doute que tous les peuples du monde se convertiront tôt ou tard à l’Islam et que leur rôle est d’accélérer le processus.

Dans les rangs des djihadistes, on assiste à une véritable concurrence, c’est à qui tuerait le plus, la récompense suprême irait à celui qui meurt dans l’action. Les chefs religieux de ces tendances leur ont promis un beau paradis avec beaucoup de filles vierges dont ils pourront profiter pour l’éternité. On leur a fait savoir qu’ils seront les plus proches de dieu. C’est pourquoi on constate que les djihadistes vivent avec le minimum refusant tout produit de consommation moderne.

A part les téléphones, internet, les armes et les moyens de transport. Ces derniers sont utiles à leur projet. Leurs chefs leur ont expliqué qu’il n’y a aucun mal à utiliser les armes de l’ennemi pour faire triompher la parole de dieu.

Ils ont toutes les explications qu’il faut, au moment qu’il faut. Les muftis, ces personnes «savantes» qui ont autorité sur toutes les idées religieuses, peuvent produire une fatwa en urgence pour rendre licite un acte ou justifier un drame.

A ce stade, nous ne sommes plus dans le domaine de l’action armée, mais de l’éducation. Aussi cruciale soit la réponse armée aux attaques terroristes, elle reste toujours le dernier recours. Le travail se fait très loin en amont, dans les mosquées et dans les écoles. L’enseignement religieux a une grande place dans plusieurs pays et surtout dans les pays musulmans. C’est là qu’on apprend aux enfants, dès leur première année d’école, que seuls les Musulmans iront au paradis alors que tous les autres iront en enfer.

Dire de telles incongruités à des enfants encore fragiles est important pour les radicaux. On installe déjà dans leur esprit le cheval de Troie qui en fera plus tard des djihadistes. C’est pourquoi, un des plus grands débats aujourd’hui est l’enseignement religieux. On dit plutôt éducation islamique. Parce qu’en fait, on n’enseigne pas toutes les religions. On inculque des idées islamistes aux élèves et aux étudiants. Personne n’avait senti le danger jusqu’à l’arrivée d’Al Qaïda et de Daech. Dans leur conservatisme pétrifié, les pays musulmans avaient toujours refusé de toucher à l’éducation religieuse.

C’est ainsi que le pouvoir des maîtres islamistes s’est accru. Ils ont le dernier mot sur à peu près tous les sujets qui intéressent les citoyens. Ils règlementent par le biais de leurs fatwas tous les aspects de la vie courante, comment se laver les mains, comment faire l’amour avec son épouse, pourquoi la femme ne doit pas conduire une voiture, comment égorger un mouton, comment se comporter devant une personne non musulmane…

Devant l’énormité du problème, les pays n’ont pas plusieurs choix. Ils doivent tout d’abord rassembler leurs forces pour combattre les djihadistes sur le terrain. Ensuite, il va falloir obligatoirement s’occuper de l’éducation à l’école et dans les prêches des mosquées. C’est absolument incontournable. Dans la religion musulmane il y a plus d’aspects conciliants que de recommandations belliqueuses. Certains pays ne retiennent que les premières, tandis que d’autres préfèrent les secondes, tout à fait comme Al Qaïda et Daech.

On s’est longuement posé la question de savoir pourquoi les pays musulmans n’ont rien inventé, ne participent pas au progrès technologique et n’enrichissent pas l’humanité. La réponse est très simple et elle est à trouver dans la différence des systèmes d’éducations. Lorsque dans les pays performants, on envoie un enfant à l’école, c’est pour en faire un acteur, des arts, des sports, de la société, de l’économie ou de la politique. On lui fait savoir que sa performance sera jugée sur ses réalisations dans ces domaines.

Par contre, dans les pays musulmans, l’enfant est envoyé à l’école avec pour seule recommandation d’être un bon musulman. Du coup, aucune compétition ne l’intéresse, du moment qu’on lui a dit que ceux qui se portent bien aujourd’hui, seront mal logés dans l’au-delà. Et que les bons musulmans qui souffrent ici bas auront la récompense suprême au paradis.

Des combattants d’Aqmi, Al Qaïda au Maghreb islamique
Reuters)/n

Les ministres français des Affaires étrangères et de l’Intérieur attendus à Abidjan, mardi

Ils y arrivent pour témoigner le soutien à la Côte d’Ivoire qui a enregistré dimanche après-midi sa première attaque terroriste avec 22 morts

Les ministres français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault et de l’Intérieur Bernard Cazeneuve sont attendus,mardi, à Abidjan pour témoigner le soutien et la solidarité de la France à la Côte d’Ivoire qui a enregistré , dimanche après-midi, sa première attaque terroriste avec fait 22 morts.

Cette première attaque terroriste en terre ivoirienne a été perpétrée sur une plage de Grand-Bassam, la première capitale ivoirienne, à une vingtaine de km au Sud d’Abidjan.

C’est une station balnéaire très populaire. Grand-Bassam se situe à 40 km d’Abidjan, la capitale économique de Côte d’Ivoire. Cette ville historique et ancienne capitale coloniale sur la côte du Golfe de Guinée abrite plusieurs hôtels fréquentés par une clientèle d’expatriés le long d’une plage où afflue la population abidjanaise en fin de semaine. Le coeur historique de la ville, qui s’appelle le « quartier de France », a été classé en 2012 au patrimoine mondial de l’Unesco.

Le bilan officiel provisoire de cette attaque, revendiqué par Aqmi, selon le bilan dressé par les autorités ivoiriennes indique 14 civils dont 4 personnes de race blanche, 2 soldats de l’armée ivoirienne tués et 6 terroristes tués également. L’attaque a également fait 22 blessés dont 19 civils et 3 soldats des forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

Des images des corps enlevés sur la plage de Grand-Bassam dimanche 13 mars
AFP)/n

Mali: l’émir d’Aqmi confirme sa responsabilité dans l’attaque du Radisson

L’attaque à l’hôtel Radisson Blue de Bamako au Mali, le 20 novembre dernier, avait fait 21 morts et sept blessés

L’attaque à l’hôtel Radisson Blue de Bamako au Mali, le 20 novembre dernier, avait fait 21 morts et blessé sept personnes. Ce vendredi, un nouvel enregistrement audio d’Abdelmalek Droukdel, émir al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a confirmé sa responsabilité partagée avec Al-Mourabitoune dans cette action terroriste.

Dans ce communiqué audio, le chef al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) confirme que l’attaque de l’hôtel Radisson de Bamako a été menée conjointement avec un autre groupe jihadiste : Al-Mourabitoune. Depuis plusieurs mois, des rumeurs faisaient état de tensions voire de rivalités entre les chefs de ces deux organisations : Abdelmalek Droukdel, sans doute réfugié en Kabylie, et Mokhtar Belmokhtar, annoncé mort en juin dans un raid américain en Libye, mais toujours en vie selon le ministère français de la Défense.

Cette revendication commune tend plutôt à montrer un renforcement des liens entre ces deux Algériens, vétérans du jihad en Afghanistan. Ces deux hommes ont tous deux plusieurs fois renouvelé leur allégeance à al-Qaïda alors que chacun est confronté à des dissidences internes de leurs lieutenants préférant se tourner vers l’organisation Etat islamique, organisation ennemie.

En avril, Abdelmalek Droukdel diffusait d’ailleurs un message de félicitations aux rebelles syriens d’al-Qaïda unis dans une même coalition pour la prise de la ville d’Idlib. Il appelait indirectement les jihadistes sahéliens à suivre le même exemple et à cesser leurs luttes intestines. Un message qui a sans doute été entendu par l’organisation de Belmokhtar, le jihadiste le plus recherché du Sahel.

Devant l’hôtel Radisson à Bamako durant la prise d’otages, le 20 novembre 2015.
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Mauritanie: L’AQMI s’attaque à une base de l’armée

Le bilan fait état de 20 morts et 10 arrêtés côté assaillants

Dix jours après avoir été la cibl en territoire malien de l’armée mauritanienne, la branche maghrébine d’Al-Qaïda a riposté en menant à son tour une attaque contre cette armée dans le sud-est de la Mauritanie qui s’est soldée par plusieurs morts. L’attaque d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) s’est produite près de la ville de Bassiknou, à proximité de la frontière malienne. Il s’agit d’une première attaque au grand jour et à l’initiative d’AQMI. Des sources à Nouakchott parlent de l’envoi sur les lieux d’avions militaires pour détruire les salafistes qui sont en grand nombre, selon des témoins locaux. Au sujet du bilan de l’opération qui n’a duré que 40 minutes, une source militaire précise que la riposte mauritanienne était si forte que les assaillants auraient perdu 20 de leurs éléments, pendant que 10 étaient faits prisonniers. Par ailleurs, les avions continuent de pourchasser les éléments d’AQMI dans le territoire malien. Dans les rangs de l’armée mauritanienne, on parle de quatre blessés dont un officier qui sont admis à l’hôpital de Bassiknou, à l’extrême sud-est mauritanien. Plusieurs véhicules de terroristes y ont participé, a affirmé une source militaire mauritanienne, mais l’armée a pris l’initiative sur eux, a-t-elle ajouté en précisant que l’aviation était intervenue. Le raid visait une base d’un groupement spécial de lutte anti-terroriste de l’armée mauritanienne.

Il n’est plus question de deux soldats morts, comme l’avait indiqué l’armée mauritanienne lors du raid qu’elle a mené le 24 juin contre une base d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans la forêt de Wagadou au nord-ouest du Mali, proche de la frontière mauritanienne. Au moins 20 soldats mauritaniens auraient été tués et 12 véhicules de l’armée détruits, selon un communiqué signé par Aqmi et publié le mercredi 5 juillet sur le site de l’Agence Nouakchott informations (ANI, indépendante). [i Les moudjahidine ont perdu deux de leurs combattants: L’Algérien Eness Abou Fatima Aljazairi et Abdel Halim Al Azawadi, originaire des tribus arabes du nord du Mali, a déclaré ce porte-parole joint dans le nord du Mali par l’Agence Nouakchott Informations. Selon ce porte-parole qui n’a pas donné de bilan sur le nombre de victimes mauritaniennes éventuelles, Aqmi a réussi à récupérer le corps du Malien, mais celui de l’Algérien est resté sur le terrain et a été récupéré par.


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Le porte-parole d’Aqmi a par ailleurs affirmé que les autres membres du commando ayant participé à l’attaque avaient regagné leurs bases sains et saufs. Aqmi possède plusieurs bases dans le nord du Mali. Une course-poursuite s’était alors engagée entre l’armée mauritanienne et les assaillants après leur raid, en territoires mauritanien et malien. Le calme était revenu hier mercredi dans la région de Bassiknou, mais l’armée mauritanienne a installé ses forces autour de la ville et le long de la frontière pour parer à toute éventualité. La Mauritanie et le Mali sont parmi les pays les plus touchés par les activités d’Aqmi, avec le Niger et l’Algérie où cette organisation a ses racines. De ses bases au Mali, elle organise dans le Sahel des attentats et des enlèvements – essentiellement d’Occidentaux – ainsi que divers trafics. Aqmi retient depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés dans le nord du Niger, ainsi qu’une Italienne enlevée le 2 février dans le sud de l’Algérie.


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Insécurité: L’AQMI, impose son rythme dans la région désertique du sahel

L’organisation islamique armée d’origine algérienne tire l’essentiel de son financement dans la prise d’otages

Al-Qaida au Maghreb islamique ou AQMI est une organisation islamique armée d’origine algérienne. Cette organisation a changé de nom le 25 janvier 2007, elle s’appelait auparavant le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ce changement aurait obtenu l’approbation d’Oussama Ben Laden. L’organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, de l’Australie et de la Russie. Elle est considérée par l’ONU comme proche d’Al-Qaida et à ce titre sanctionnée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Si les racines du groupe se trouvent en Algérie, la zone d’opération s’est étendue et correspond aujourd’hui à la région désertique du Sahel qui s’étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu’à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.
L’Aqmi est devenu une multinationale du crime, et selon une étude de l’Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie (OSGS), il compte entre 200 et 300 combattants. Il conduit des petites guérillas dans sa zone d’influence (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie) où les sources de revenus ne sont pas si nombreuses. L’organisation est divisée en diverses tendances. Les deux principales katibas (groupes de combattants) sont animées d’une part par Abdelhamid Abou Zeïd (assassin de l’otage britannique Edwin Dyer en 2009, ravisseur du Français Michel Germaneau mort en juillet 2010, et geôlier des otages d’Arlit), et, d’autre part, par Mokhtar Belmokhtar qui serait, aux yeux de sources proches du renseignement français, l’auteur de l’enlèvement des deux Français tués après leur rapt le weekend dernier. Selon l’ancien ministre malien des Forces armées et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, « les leaders d’Aqmi, à commencer par Belmokhtar, ont contracté plusieurs mariages de convenance dans différentes communautés, achetant ainsi leur protection. D’autre part, les groupes mafieux et Aqmi ont suppléé à la défaillance des Etats en apportant des solutions à certains problèmes fondamentaux des populations.»

Selon Mathieu Guidère, professeur à l’université de Genève, la drogue est l’un des moyens employés pour se financer. Mais Aqmi ne se livre pas au trafic. Comme tous les groupes islamistes, Aqmi est contre l’usage de drogue. En revanche, dans une certaine théologie de l’islam, il est légitime de percevoir des taxes sur les marchandises qui traversent les territoires musulmans. Et c’est ce que fait Aqmi avec la drogue. Cependant, ce n’est pas sa première source de profit. L’essentiel, c’est le kidnapping. Et pas seulement celui de Français. Aqmi, depuis deux ans, a enlevé des Canadiens, des Italiens, des Espagnols, des Suisses, des Allemands, des Chinois, des Japonais, des Américains. et sans compter les ressortissants locaux. Aqmi kidnappe au moins un homme d’affaires algérien par semaine. La somme des rançons demandées de janvier 2007 à nos jours représente 54 millions d’euros. Et on peut estimer que la moitié de ces sommes a été versée. La deuxième source de financement vient de la contrebande, dans laquelle il faut faire entrer les voitures, les cigarettes, l’alcool, le haschisch, ou l’immigration clandestine. Aqmi prélève une taxe pour permettre à des convois de passer. Une troisième source de financement, c’est le passage, plus récent, de la drogue sud-américaine qui atterrit en Afrique de l’Ouest, puis traverse le désert pour aller vers l’Europe.

Le sahel, zone désertique occupée par l’Aqmi
tdg.ch)/n