Consultant major en architecture, il nous parle de lui, de ses projets et du Cameroun
En quoi consiste le «change management»?
C’est une jonction de l’architecture et du mobilier. Notre rôle est de mobiliser les gens qui travaillent dans les entreprises pour qu’ils acceptent les changements que l’entreprise met parfois en place et qui se matérialisent par du nouveau dans l’organisation de l’espace et le choix du mobilier. Il s’agit évidemment des grandes entreprises. Si par exemple, une entreprise veut créer des cadres de travail en commun, il faut expliquer par la communication aux gens ce qu’ils gagnent en perdant leur «intimité». Les employés refusent souvent les open spaces, il faut mobiliser leur volonté pour les faire accepter.
Ça fait combien d’années que vous faites ça?
Je suis dans cette entreprise depuis bientôt six mois. Mais avant, je donnais des cours de construction de bâtiments dans une université technologique ici en Allemagne et j’ai travaillé comme architecte.
Vous avez été membre du comité technique d’organisation du Davoc 2010. Est-ce votre première expérience associative ?
Non! J’ai travaillé avec le président du comité d’organisation dans le fonds d’investissement, le Cadidec et il m’a proposé de travailler comme responsable de la communication du Davoc. Avant ça, j’ai été président de l’association des Camerounais à Darmstadt plusieurs années, président de l’association des ingénieurs à Darmstadt et pendant un certain temps je n’ai plus participé à des associations. Il y a deux ans j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de Camerounais dynamiques et c’est facile de travailler avec des gens qui ont un but et qui ne sont pas là seulement pour casser les choses. Ça fait plaisir de travailler comme ça et c’est pour ça que j’ai recommencé ce travail là dans les associations.
Vous êtes en Allemagne depuis 20 ans, donc vous avez vu les choses évoluer. Selon vous, est-ce que la dynamique d’aujourd’hui existait il y a 20 ans?
Oui! il y avait cette dynamique il y a 20 ans mais après, il y a eu beaucoup de problèmes notamment parce que beaucoup de personnes non-étudiantes ont créé des problèmes et les membres ont laissé tomber les associations. Après, ça a progressivement repris et aujourd’hui l’ensemble des Camerounais d’ici sont intéressés pour le devenir de Cameroun et c’est pour ça que nous travaillons ensemble.
Est-ce vrai que tous les Camerounais d’Allemagne font partie d’une association?
Sans vérifier, je dirais oui. C’est dû au fait que les Allemands te disent que ce pays n’est pas ton pays. Ils te disent qu’il faut que tu te mobilises bien pour ton pays. C’est pour ça que lorsque nous sommes ici, nous sommes obligés de penser à notre pays, parce qu’ici, nous sentons tout le temps que nous ne sommes pas Allemands. Nous venons d’un pays différent, alors il faut que nous fassions quelque chose pour notre pays.
Avez-vous le soutien des autorités? Notamment camerounaises?
Avant non. Toutes ces associations étaient vues comme des opposants au gouvernement, il y a même une année, il ya 20 ans, où nous avons fait une marche à Bonn et l’ambassadeur à cette époque là était vraiment fâché et voulait nous renvoyer tous au pays. Entre temps, les choses ont beaucoup changé car l’ambassadeur actuel est vraiment un leader et je pense qu’il est entrain de soutenir les associations et les Camerounais qui veulent faire quelque chose.
Selon vous, c’est quoi la définition du mot «diaspora»?
La diaspora pour moi, ce sont des gens qui ont quitté leur pays, qui ont choisi de vivre dans un autre pays mais qui n’ont pas oublié leur pays. Ils veulent toujours faire quelque chose pour leur pays d’origine à travers des actions directes ou des partenariats.

Pensez vous que les diasporas camerounaises soient différentes?
Je pense que le pays dans lequel on vit influence le comportement de la diaspora.
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Paul Ndi Ndi |
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Dans un forum comme le Davoc, on parle beaucoup de développement, de projet, de conception, de Cameroun, de retour, de jeunesse.Pour vous tous ces mots renvoient à quoi ?
A une envie de faire quelque chose. Je vois qu’il y a beaucoup d’énergie et il faut utiliser cette énergie sinon ça va encore retomber. Il faut saisir cette occasion, toute cette énergie et la transformer.
Parlez-nous de vous, où vous êtes né, où vous avez grandi, vos études.
Je suis né au Cameroun, à Kumba (Sud Ouest), j’ai fait mes études primaires là-bas et après je suis parti à Bamenda et après ça j’ai eu la bourse pour faire des études ici en Allemagne. C’était en 1989, le 3 octobre 1989, c’était le jour de l’unification ici en Allemagne. En Allemagne, j’ai fait mes études à Darmstadt, c’est une université technique et j’ai travaillé aussi à Darmstadt. J’ai fait architecture à Darmstadt. Après j’ai travaillé pour un petit bureau et cette expérience m’a beaucoup appris sur toutes les facettes des constructions. C’est avec cette expérience que l’on m’a nommé lecturer dans une université.
Et vous parlez bien les trois langues allemand, anglais et français. C’est une richesse.
Oui! C’est vraiment une grande richesse de parler trois langues. On le voit aujourd’hui, les enfants grandissent en apprenant plusieurs langues, pour notre génération c’est vraiment une richesse de parler trois langues. On voit ça dans le travail, il y a quelques temps j’étais en Suisse. A Zurich j’ai parlé allemand, à Genève j’ai parlé français et dans les deux villes, un peu d’anglais. Toutes ces langues m’aident beaucoup.
Quand vous voulez manger camerounais, vous mangez quoi ?
J’aime beaucoup le ndolè, avec le plantain, les bâtons de manioc ou les miondo