Nigéria: Grogne au sein de Boko Haram face à la percée de l’armée

Un vent de contestation souffle dans les rangs des fantassins de Boko Haram en raison du manque d’armes et de carburant, racontent des femmes libérées de la secte

Un vent de contestation souffle dans les rangs des fantassins de Boko Haram en raison du manque d’armes et de carburant, racontent des femmes libérées de la secte islamiste par l’armée nigériane.

Le groupe, qui veut fonder un Etat islamique dans le nord-est du Nigeria, a enlevé deux milliers de femmes et jeunes filles l’an dernier. L’armée nigériane en a libéré près de 700 la semaine dernière au fur et à mesure de son avancée dans le dernier bastion de la secte, la vaste forêt de Sambisa.

Le mois dernier, les djihadistes ont commencé à se plaindre auprès de leurs prisonnières d’un manque d’armes et de munitions, racontent deux des femmes rencontrées dans un camp qui accueille 275 captives libérées, dans le hameau de Malkohi en banlieue de Yola, capitale de l’Etat d’Adamawa.

Les hommes sont nombreux à n’avoir que des bâtons. Certains de leurs véhicules sont inutilisables parce qu’ils manquent d’essence ou sont en panne.

Aisha Abbas, 45 ans, a été enlevée en avril 2014 à Dikwa dans l’Etat de Borno. Cette mère de deux enfants raconte que tous les combattants avaient des armes avant mais que récemment seuls certains en portaient. Le chef des ravisseurs, Adam Bitri, a été ouvertement critiqué par son épouse qui s’est ensuite enfuie.

Les femmes racontent qu’elles n’avaient pas le droit de sortir. Elles étaient nourries de temps à autre, parfois battues. Leurs enfants étaient livrés à eux-mêmes ou faisaient des commissions pour Boko Haram. Ceux des combattants apprenaient à tirer.

« Un soir en avril, nous nous sommes retrouvées devant des partisans de Boko Haram qui ont dit: nos chefs ne veulent pas nous donner assez de carburant et d’armes et maintenant les soldats gagnent du terrain sur nous à Sambisa. On va vous laisser », raconte Binta Ibrahim, 18 ans. Sur les 275 prisonnières libérées du camp de Malkohi, une soixantaine ont plus de 18 ans.

Mariées cette année
« Ils nous ont menacées, mais ensuite ils sont partis. On était contentes et on a prié pour que l’armée arrive et nous sauve », ajoute Binta Ibrahim. Quand les membres de la secte ont repéré deux hélicoptères à midi le jour de leur sauvetage, ils ont essayé de vendre les femmes jusqu’à 2.000 nairas chacune (neuf euros).
Le soir, alors que l’armée approchait, les prisonnières ont refusé de fuir avec les combattants de Boko Haram. Ils ont commencé à les lapider, mais ensuite ils sont partis.

« On a entendu des balles siffler (…) Nous nous sommes jetées par terre. Des femmes ont été écrasées (par les véhicules militaires), d’autres blessées par les balles. Il y a eu 18 morts. On les a comptés. Il y avait des bébés », déclare Salamatu Mohamed.
Le ministère nigérian de la Défense n’a pu être joint pour réagir à ces témoignages.

L’an dernier, après avoir pris le contrôle au Nigeria d’une zone plus vaste que la Belgique, Boko Haram semblait quasi impossible à arrêter, menant des attaques par delà les frontières, au Tchad, au Cameroun ou au Niger.

Depuis le début de l’insurrection il y a six ans, des milliers de personnes ont été tuées par la secte et 12,5 millions de Nigérians ont dû fuir de chez eux. La secte a suscité l’indignation de la communauté internationale en avril 2014 avec l’enlèvement de plus de 200 lycéennes dans la ville de Chibok.

Les femmes racontent que les hommes menaçaient souvent de les vendre ou de les emmener très loin dans la forêt jusqu’à leur chef, l’insaisissable Abubakar Shekau. Plusieurs fois, l’armée nigériane a annoncé l’avoir tué.

Selon Hanatu Musa, une jeune maman de 22 ans, enlevée en juin dernier à Gwoza dans l’Etat de Borno, les combattants disent avoir été déçus par leur chef qui les a conduit à tuer au nom de la religion.
Aucune des femmes interrogées n’a vu les lycéennes de Chibok, mais Aisha Abbas affirme que les combattants de Boko Haram en ont parlé. « Ils ont dit que les filles de Chibok avaient été mariées cette année (…) Certaines ont été vendues comme esclaves et les combattants ont chacun épousé deux à quatre des filles. »

Les membres de Boko Haram se plaignent du manque d’armes face à la percée de l’armée nigériane, racontent des femmes libérées des mains de la secte
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Nigeria: L’armée annonce avoir tué 300 combattants de Boko Haram

Les forces nigérianes soutenues par des frappes aériennes ont « tué plus de 300 combattants de Boko Haram » depuis le début de la semaine

Les forces nigérianes soutenues par des frappes aériennes ont tué plus de 300 combattants de Boko Haram depuis le début de la semaine, lors d’une opération pour reprendre 11 localités à la secte islamiste, a annoncé l’armée mercredi.

Des armes et des équipements ont également été récupérés et certains ont été détruits, précise le porte-parole de l’armée, le général Chris Olukolade, dans un communiqué.

Les troupes camerounaises, appuyées par l’armée de l’air tchadienne, ont attaqué les hommes de Boko Haram à Gourgouroon, localité à la frontière camerouno-nigériane, a fait savoir le porte-parole de l’armée camerounaise, le colonel Didier Badjeck.

Depuis deux semaines, les vents semblent tourner et Boko
Haram pâtit de la coopération militaire croissante entre les
pays de la région.

Les soldats nigérians ont reconquis lundi la ville stratégique de Monguno, dans le bassin du lac Tchad. Plus de 5.000 personnes avaient fui cette localité lorsqu’elle était tombée aux mains de Boko Haram en janvier.

Les troupes nigérianes ont saisi cinq types de véhicules blindés, un canon antiaérien, 50 caisses de bombes, huit types différents de mitrailleuses, 50 caisses de munitions et 300 motos que les islamistes avaient utilisés pour lancer des attaques.

« Des armes et de l’équipement ont également été saisies et
parfois détruits »
, a dit le général Chris Olukolade évoquant les
derniers combats en date, ajoutant que deux soldats ont trouvé
la mort et que dix autres ont été blessés.

Des militaires nigérians dans la ville de Maiduguri
AP/ Sunday Alamba)/n

L’armée nigériane appelle la communauté internationale à l’aide

L’armée nigériane a appelé, samedi 10 janvier, à une coopération internationale face à Boko Haram, après une vaste offensive du groupe islamiste armé dans le nord-est du pays

L’armée nigériane a appelé, samedi 10 janvier, à une coopération internationale face à Boko Haram, après une vaste offensive du groupe islamiste armé dans le nord-est du pays, décrite comme son attaque « la plus meurtrière » en cinq années d’insurrection. Le bilan de cette attaque contre Baga et plusieurs autres localités sur les rives du lac Tchad, dans le nord de l’Etat de Borno, n’a pas encore été indépendamment déterminé, mais pourrait s’avérer extrêmement élevé, certains évoquant plusieurs milliers de morts.

Ces offensives « devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade. L’armée nigériane, la plus importante d’Afrique de l’Ouest, est régulièrement sous le feu des critiques pour son incapacité à mettre fin à l’insurrection de Boko Haram.

Une fillette se fait exploser et tue 19 personnes
« L’armée nigériane n’a pas abandonné Baga et les autres localités actuellement contrôlées par les terroristes », a déclaré le ministère de la Défense. « Des plans appropriés, des hommes, des ressources sont actuellement mobilisés pour faire face à la situation. »

D’autres attaques ont depuis ensanglanté la région. Au moins 19 personnes ont péri, samedi, lorsqu’une bombe fixée sur une fillette d’une dizaine d’années a explosé dans un marché bondé de Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria. Boko Haram, qui ravage la région, semble être à l’origine de cet attentat.

Par ailleurs, deux femmes kamikazes se sont fait exploser, dimanche, tuant quatre personnes, sur un marché bondé de Potiskum, dans la même région. Cette ville a aussi été touchée, samedi, par un attentat à la voiture piégée.

Des soldats d’une unité nigériane de lutte contre le terrorisme
army.mil.ng)/n

Après les raids aériens contre Boko-Haram, le Nigéria soutient le Cameroun

Le Quartier général de l’armée dément des informations de médias faisant état de raids menés par les forces camerounaises sur le territoire nigérian

Le Quartier général de l’armée nigériane a démenti les informations de certains médias faisant état de la poursuite par l’armée camerounaises de certains terroristes du groupe Boko-Haram dans certaines parties du nord-est du Nigéria, rapporte le site dailytrust.com.ng

Dans une série de messages postés sur son compte twitter le 29 décembre, le quartier-général déclare, entre autres: «Une opération aérienne hautement coordonnée par l’armée nigériane est en cours. Il n’y a aucune indication d’une quelconque force étrangère engagée sur le territoire nigérian».

«Nous allons enquêter sur des allégations de frappes aériennes par une force étrangère sur notre sol. Cela sert à satisfaire des colporteurs d’allégations et d’histoires étranges», note l’institution dans le tweet consulté par Journalducameroun.com

Le porte-parole de l’armée nigériane, le major-général Chris Olukolade, a également dédouané l’armée camerounaise sur son compte Twitter personnel: «Quels pourraient être les motivations de médias étrangers colportant des allégations fausses et exagérées sur les exploits de l’armée voisine sur le sol nigérian? »

L’armée camerounaise a utilisé pour la première fois son aviation de chasse le 28 décembre à Achigachia, dans l’Extrême-Nord, localité frontalière avec le Nigérian voisin, pour repousser des combattants de Boko-Haram qui avaient assiégé une base militaire.

Le Cameroun s’est toujours dit opposé au droit de poursuite des combattants de Boko-Haram sur son territoire par les forces de défense nigérianes. La sortie du major-général Chris Olukolade repousse au loin l’incident diplomatique, et montre que le Nigéria est en phase avec les opérations menées par le Cameroun contre la secte islamiste.

Major-général Chris Olukolade, Porte-parole de l’armée nigériane
Twitter.com)/n

Lutte contre Boko Haram: Les armées nigériane et camerounaise discutent

Le siège de l’état major nigérian abrite ce mercredi l’ouverture d’une rencontre bilatérale sur les moyens de lutter en commun contre la secte

Les forces armées camerounaises et nigérianes vont tenir pour la première fois une rencontre bilatérale de trois jours sur la sécurité ce mercredi au siège de l’état major nigérian à Abuja, dans la capitale nigériane, ont déclaré hier, mardi 14 octobre, des dignitaires de haut rang de l’armée nigériane.

Cette réunion s’inscrit dans le cadre des contacts internationaux entrepris par le Nigeria dans le but de se débarrasser du fléau que constitue l’insurrection de la secte islamiste, Boko Haram, et les autres activités terroristes qui sévissent dans la sous-région.

Organisé par le chef d’état major de la défense nigériane, le maréchal en chef de l’air, Alex Badeh, la réunion verra la présence de son collègue camerounais et une délégation militaire originaire de ce pays de l’Afrique centrale.

Cette réunion des forces armées des deux pays intervient au lendemain d’une rencontre parallèle tenue lundi par les ministres des Affaires étrangères du Nigeria, du Tchad, du Cameroun, du Bénin, qui ont finalement convenu de la mise sur pied d’un cadre légal pour renforcer les opérations militaires transfrontalières contre les membres de Boko Haram.

« Ce forum qui n’est qu’un suivi des précédentes rencontres internationales et régionales tenues pour renforcer une position commune dans le combat contre l’insurrection et le terrorisme, va permettre aux deux délégations d’identifier des voies et moyens pour consolider les relations professionnelles qui existent entre les deux pays et la coopération entre les forces armées dans la guerre contre le terrorisme dans la région ouest-africaine.

La rencontre bilatérale va également permettre aux forces armées des deux pays d’avancer dans leur collaboration pour contenir les activités des terroristes par des opérations militaires coordonnées le long de leurs frontières », a déclaré le porte-parole de l’armée nigériane, le général de division, Chris Olukolade.

Les attaques a répétition de Boko Haram sur le sol camerounais, les enlèvements et tueries enregistrés depuis la déclaration de guerre faite par Paul Biya à l’endroit de ce de ce groupe armé, le 17 mai 2014, semblent avoir douché l’appréciation du Cameroun. La rencontre bilatérale d’Abuja marque une modération de la position du pays qui s’était toujours opposé à la poursuite de membres de Boko Haram sur son territoire pour des principes de souveraineté de non-ingérence.

Le siège de l’état major de l’armée nigériane à Abuja
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Une cinquantaine d’assaillants de Boko Haram tués dans l’Extrême-Nord

C’est le bilan des affrontements à Zeleveth grâce à la combativité des forces camerounaises et nigérianes

L’armée camerounaise a causé d’importantes pertes au mouvement armé Boko Haram ces jours. Entre le 08 octobre et le 10 octobre, c’est une cinquantaine de membres de la secte qui sont tombés au cours d’affrontements à l’Extrême-Nord du pays, dans la localité de Zeleveth, département du Mayo Sava. Le bilan pourrait être plus lourd, explique une source militaire à Journalducameroun.com Contrairement à l’habitude de ces terroristes venus du Nigéria, de nombreux corps ont été abandonnés en terre camerounaise.

Côté camerounais, on enregistrerait quelques blessés et une personne tuée au cours de ces affrontements. Boko Haram qui se sent acculé dans certaines zones de prédilection comme Fotokol, Amchidé ou encore Bargaram est obligé de multiplier les assauts dans des villages situés sur la frontière Cameroun-Nigéria. En témoigne ces attaques menées depuis mercredi, et qui ont malheureusement été cuisantes pour la secte.

Au sein de l’armée camerounaise, on estime que ces résultats seraient également dus à un regain de vitalité des forces nigérianes qui pilonnent à l’arme lourde les bases de Boko Haram dans les localités nigérianes proches de la frontière avec le Cameroun.

Se sentant acculé, Boko Haram multiplie les attaques dans les villages camerounais frontaliers avec le Nigéria
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Le Nigéria confirme le retour des soldats qui s’étaient enfuis au Cameroun

L’armée nigériane a confirmé mardi le retour de plus de 480 soldats qui s’étaient réfugiés au Cameroun suite à une attaque de Boko Haram

Le Nigeria a confirmé mardi le retour de plus de 480 soldats désarmés par les troupes camerounaises après s’être réfugiés dans ce pays suite aux combats meurtriers qui les ont opposés aux insurgés de Boko Haram au cours du weekend, le long de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Il a indiqué que les soldats qui avaient le « moral haut » sont revenus avec toutes leurs armes et leurs matériels intacts. Les soldats seraient arrivés au Nigeria par Mubi, dans l’Etat d’Adamawa situé dans le Nord-Est du pays.

Un communiqué publié par l’armée à Abuja indique: « Le quartier général de l’armée a confirmé que les troupes revenues du Cameroun ont rencontré aujourd’hui mardi, le haut commandant de la 3ème division, avant d’être engagées dans une autre mission de lutte contre le terrorisme. Tous les soldats sont en pleine forme et ont gardé leurs armes et leurs matériels ».

Le porte-parole de l’armée camerounaise, le Lt. Cl Didier Badjeck, a déclaré lundi que les soldats nigérians étaient désarmés et logés dans des écoles situées dans la ville camerounaise de Maroua, à environ 80 km de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun, lorsqu’ils se sont réfugiés dans le pays lors des combats meurtriers qui les ont opposés aux insurgés de Boko Haram.

Le porte-parole de l’armée nigériane, le général de division, Chris Olukolade, qui avait d’abord réfuté les rapports indiquant que les troupes pourraient avoir fait défection, a expliqué que les soldats nigérians se sont retrouvés en territoire camerounais dans le cadre d’une « man uvre tactique ».

Il avait ajouté que la présence de soldats au Cameroun « était le résultat de combats acharnés entre les troupes et les terroristes près de la frontière avec le Cameroun qui avaient vu les soldats nigérians passer la frontière dans le cadre d’une man uvre tactique ».

« Ils se sont retrouvés par hasard en territoire camerounais. Étant alliés, la procédure normale devant de tels incidents exige que les soldats remettent leurs armes afin d’assurer au pays ami qu’ils ne sont pas en mission hostile. Suite aux discussions nécessaires entre les autorités militaires des deux pays, le problème a été réglé. Par conséquent, les soldats sont en cours de route pour rejoindre leur unité au Nigeria ».

Au cours des dernières semaines, les soldats nigérians s’étaient plaints de la qualité de leurs armes comparée à celles utilisées par les insurgés de Boko Haram, ce qui fait craindre à certains d’entre eux d’être déployés en ligne de front.

L’armée nigériane a indiqué que les soldats sont rentrés avec leurs armes et leur matériel intacts.
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Nigéria: L’armée accusée de violer les droits de l’homme

Dans un rapport publié mardi, l’ONG Amnesty international critique de nombreuses exécutions extrajudiciaires menées dans le cadre de la lutte contre Boko Haram

L’organisation non gouvernementale Amnesty International a accusé mardi 5 août l’armée nigériane et les milices civiles qui la soutiennent de «violations massives des droits de l’homme» dans leur combat contre le mouvement islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays.

Selon l’ONG, des vidéos (que nous avons décidé de ne pas diffuser en raison de leur violence), des images et des témoignages recueillis lors d’une récente mission dans l’Etat de Borno ont fourni «de nouvelles preuves d’exécutions extrajudiciaires et de graves violations des droits humains» par de présumés soldats et d’autres groupes armés. Les enregistrements comprennent des images de détenus égorgés et jetés dans des fosses communes «par des hommes qui semblent appartenir à l’armée nigériane et aux milices de la « Force opérationnelle interarmées civile » (CJTF), soutenues par l’Etat», a précisé Amnesty.

«Ce ne sont pas les images que l’on attend d’un gouvernement qui entend jouer les premiers rôles en Afrique», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International. Une vidéo montre par ailleurs les conséquences d’un raid de Boko Haram sur un village, où le groupe armé a tué près de 100 personnes et détruit de nombreuses habitations, a-t-il ajouté.

« Scènes étrangères à notre opération »
Le quartier général de l’armée nigériane a rapidement fait savoir dans un communiqué qu’il considérait «très sérieusement les graves allégations» d’Amnesty, qui touchent à «l’intégrité de l’opération antiterroriste en cours» Le haut commandement militaire a réuni une équipe d’officiers supérieurs et d’experts judiciaires et médico-légaux pour étudier les enregistrements et «les allégations d’infractions afin de vérifier la véracité des affirmations et d’identifier les responsables de ces actes».

D’après Amnesty, plus de 4 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans le conflit opposant l’armée nigériane et Boko Haram. Ce décompte inclut plus de 600 exécutions sommaires commises après l’attaque d’une caserne le 14 mars à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno.

L’ONG et d’autres associations locales ont déjà accusé l’armée et la police nigérianes d’exécutions extrajudiciaires et de violations des droits de l’homme ces dernières années, mais les autorités nient souvent ces accusations. La police nigériane a récemment annoncé l’introduction de cours sur les droits de l’homme dans le programme de ses écoles d’entraînement.

‘après Amnesty, plus de 4 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’année dans le conflit opposant l’armée nigériane et Boko Haram
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L’armée nigériane déclare savoir où se trouvent les lycéennes enlevées

Le chef de l’état-major des forces nigérianes n’a pas donné plus de détails lundi, estimant qu’il s’agit d’un secret militaire

L’armée nigériane a affirmé lundi que les quelque deux cents jeunes filles enlevées à la mi-avril par le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram avaient été localisées, sans toutefois dire où elles se trouvent. « La bonne nouvelle pour les filles, c’est que nous savons où elles se trouvent, mais nous ne pouvons pas vous le dire », a déclaré le chef de l’état-major des forces armées nigérianes, le maréchal Alex Badeh, à des journalistes devant le QG de la Défense à Abuja.

Le rapt de 276 lycéennes – dont 223 sont toujours captives – mi-avril à Chibok (nord-est du Nigeria), avait créé une immense émotion et entraîné une mobilisation internationale pour les retrouver. Le président nigérian Goodluck Jonathan, critiqué pour son manque de réactivité dans cette affaire, avait exclu récemment tout échange de prisonniers –lycéennes contre islamistes détenus dans les prisons de l’Etat– avec Boko Haram, une possibilité évoquée par le chef du groupe, Abubakar Shekau.

Le gouvernement nigérian et l’armée, qui ont également été vivement critiqués sur ce dossier, ont finalement accepté l’aide occidentale pour participer aux efforts de recherches des jeunes filles. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et dernièrement Israël ont envoyé des experts pour aider le Nigeria. La Chine, dont dix ressortissants ont été enlevés, probablement par Boko Haram, dans une région frontalière du Cameroun, a aussi proposé son aide.

Quelque 80 militaires américains ont été envoyés au Tchad pour mener « des opérations de renseignement, de surveillance et des vols de reconnaissance au-dessus du nord du Nigeria et des régions voisines », avait annoncé mercredi le président Barack Obama. Ces moyens s’ajoutent aux drones, avions-espions et une trentaine de conseillers civils et militaires chargés depuis la semaine dernière d’appuyer les forces de sécurité nigérianes.

Le chef d’état-major des forces armées nigérianes a fait ces déclarations après s’être adressé à des manifestants qui ont organisé lundi une marche jusqu’au QG de la Défense à Abuja, dernière d’une série de manifestations quotidiennes destinées à maintenir la pression sur le gouvernement.

« Nous allons ramener les filles »
En refusant de dévoiler des détails sur la localisation des jeunes filles enlevées, Alex Badeh a qualifié l’opération « de secret militaire ». « Nous travaillons. Nous allons ramener les (jeunes) filles », a-t-il dit. S’adressant aux manifestants, il a déclaré que les militaires avaient été confrontés au dilemme d’envoyer des troupes pour libérer les jeunes filles mais redoutaient de faire des victimes. « Personne ne doit venir nous dire que l’armée nigériane ne sait pas ce qu’elle fait. Nous savons ce que nous faisons. Nous ne pouvons pas nous lancer comme ça », et prendre le risque « de tuer nos filles alors que nous souhaitons les libérer », a-t-il dit devant la foule. « Nous travaillons. Le président (Goodluck Jonathan) se tient fermement derrière nous. Le président nous a donné le pouvoir de faire le travail », a-t-il encore déclaré.

Le Nigeria et ses voisins ont adopté le 17 mai à Paris, avec le soutien des Occidentaux, un plan de « guerre » contre Boko Haram, qualifié de « secte terroriste » et de « menace majeure » pour la région. Organisé alors que la mobilisation internationale battait son plein pour sauver les quelque 200 lycéennes enlevées, le sommet de Paris réunissait les présidents nigérian, tchadien, camerounais, nigérien et béninois, ainsi que des représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union européenne. Le Conseil de sécurité de l’ONU a placé Boko Haram sur la liste noire des organisations terroristes soumises à des sanctions en raison de leurs liens avec Al-Qaïda.

Au moins vingt personnes ont été tuées et plusieurs autres sont portées disparues après une attaque menée dimanche par des membres présumés de Boko Haram contre un village chrétien dans le nord-est du Nigeria, a annoncé lundi un porte-parole gouvernemental. Des hommes lourdement armés ont mené un raid dans le village de Waga, dans l’Etat d’Adamawa, où ils ont ouvert le feu sur les habitants, a déclaré le porte-parole, Ahmed Soji. « Les hommes armés, des membres présumés de Boko Haram, ont attaqué le village ou ils sont arrivés à bord de camions et de motos, ils ont tué 20 personnes et incendié plusieurs maisons ».

Des soldats nigérians en exercice avec des soldats américains, britanniques, hollandais et espagnols, le 18 octobre 2013, à Lagos
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Boko Haram inquiète des populations dans le Nord Cameroun

A « Kerawa-Cameroun », ville de l’extrême-nord du pays, séparée de « Kerawa-Nigeria » par une rivière asséchée, la peur des islamistes armés nigérians de Boko Haram est quotidienne

Fin février, des militants présumés de Boko Haram ont enlevé un chef traditionnel camerounais du village de Goumouldi, situé à moins de cinq kilomètres du poste-frontière de Kerawa (900 km au nord de Yaoundé), raconte sous couvert d’anonymat un policier de la ville.Ils l’ont égorgé en territoire nigérian: « ils ont jeté son corps de leur côté en menaçant de représailles quiconque viendrait le récupérer », explique le policier. Selon lui, la dépouille a pourri sur place. Peu avant d’être décapitée, la victime avait communiqué à la gendarmerie locale le nom de trois membres de Boko Haram impliqués selon lui dans le meurtre de son fils aîné, ajoute l’homme.

Des récits atroces similaires abondent dans l’arrondissement de Kolofata, dont dépend Kerawa. « Tous mes anciens collègues sont partis face à la multiplication des tueries. Pour rien au monde, je ne peux me rendre dans la ville d’en face (au Nigeria) », souligne le policier, selon qui depuis décembre « au moins 50 Camerounais ont été tués dans la zone de Kerawa ». Assis sur un banc de poste-frontière, il feuillette le registre dans lequel est consigné le macabre bilan.

C’est dans cette région qu’une famille française, les Moulin-Fournier, et le prêtre français Georges Vandenbeusch ont été enlevés puis relâchés en 2013. Ces enlèvements avaient été revendiqués par Boko Haram.

« Les BH sont là »
A « Kerawa-Nigeria », les écoles ont fermé sous les menaces des islamistes armés, les fonctionnaires ont plié bagage, comme les personnels de l’hôpital, transformé en camp militaire occupé par près de 500 soldats nigérians. Malgré cette forte présence militaire, les « BH » – comme on surnomme les membres de Boko Haram dans la région – sont tout près. Ils sont signalés dans des grottes des Monts Mandara (Nigeria), visibles de la frontière camerounaise. Ces grottes ont été pilonnées une fois par l’armée nigériane.

Dans « Kerawa-Nigeria », le carrefour Poulka, à cinq kilomètres de la frontière camerounaise, a la réputation – côté camerounais – d’être contrôlé par Boko Haram. L’impact des combats entre armée nigériane et les islamistes armés se fait sentir au Cameroun, tout le long de la zone frontalière. Comme à Amchidé, à une vingtaine de kilomètres de Kerawa. Presque adossée à Banki au Nigeria, Amchidé subit les conséquences de la guerre sans merci que se livrent soldats nigérians et islamistes.

Acculés par l’armée nigériane, des « BH » se sont retranchés dans les environs, d’où ils préparent des attaques contre les positions militaires à Banki. La ville camerounaise est devenue ainsi la cible de tirs de militaires nigérians. Sur les murs de la grande mosquée de la ville, une quarantaine d’impacts de balles témoignent de ces tirs. D’autres impacts sont visibles au poste de douane de Limani, près d’Amchidé. « Nous ne nous sentons plus en sécurité. Si notre gouvernement ne réagit pas, ça va prendre feu », prévient un douanier.

Ceux qui sont restés vivent désormais dans la psychose. « Il y a la guerre près de nous (à Banki). Nos c urs battent toutes les secondes », confie un habitant de la ville qui a requis l’anonymat, par peur. « Les BH sont là. On les connaît, mais personne ne peut les dénoncer. Si vous le faites, ils vous retrouveront par tous les moyens et vous tueront », explique-t-il. « Dénoncer un BH revient à signer son arrêt de mort », renchérit un religieux.

En plus des meurtres, Boko Haram force désormais certaines filles installées au Cameroun à épouser leurs combattants, selon des habitants. Récemment, la secte a ainsi enlevé une fille de 18 ans à Amchidé. Et de plus en plus de filles et de femmes des villes frontalières camerounaises et nigérianes se voilent pour éviter les foudres des islamistes armés.

Des troupes nigériannes patrouillent dans la ville de Baga, au nord-est du Nigeria, le 30 avril 2013
AFP/ Pius Utomi Ekpei)/n