Assistance humanitaire: le Cameroun en quête de 193 milliards de F

Ce montant permettra d’assister 1,2 million de personnes entre 2017 et 2020 au Cameroun, selon un plan d’urgence lancé par le gouvernement et les Nations unies

Un montant de 310 millions de dollars sera nécessaire pour fournir l’assistance humanitaire à 1,2 million de personnes sur un total de près de 3 millions entre 2017 et 2020 au Cameroun, indique un plan d’urgence lancé par le gouvernement camerounais et les Nations Unies mardi à Yaoundé.

C’est le quatrième plan de réponse humanitaire que le pays d’Afrique centrale élabore en collaboration avec les Nations Unies depuis 2014, en réaction à une crise à caractère sécuritaire, humanitaire et économique avec une dimension environnementale importante à laquelle il est confronté et qui affecte une partie de sa population.

C’est à cause notamment des violences commises par la secte islamiste nigériane Boko Haram, de la crise centrafricaine et des vulnérabilités chroniques liées à l’insécurité alimentaire, à la malnutrition, aux épidémies, aux inondations et aux sécheresses, associées à un faible accès aux services sociaux de base.

Victimes de ces crises, environ 2,9 millions de personnes sont en situation de besoin d’assistance humanitaire dont 2,6 millions se trouvent en insécurité alimentaire et 63% (1,8 million) d’enfants de moins de 18 ans, 33% d’adultes et 4% de personnes âgées, selon une estimation du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’Onu (Ocha).

Quelque 276.000 réfugiés centrafricains, 87.000 réfugiés nigérians et 199.000 déplacés internes sont recensés dans les régions de l’Adamaoua, de l’Est, de l’Extrême-Nord et du Nord, qui totalisent 9 millions d’habitants sur 24 millions de personnes que compterait la population camerounaise.

Le 19 décembre à Yaoundé, le gouvernement camerounais a conclu avec les Nations Unies un nouveau programme de coopération d’un montant de 680 millions de dollars, pour une période de trois ans allant de 2018 à 2020.

Selon Najat Rochdi, coordonnateur humanitaire et coordinatrice-résidente du système des Nations Unies au Cameroun, le plan de réponse humanitaire 2017-2020 évalué à 310 millions de dollars est adossé à ce programme et cible 1,2 million de personnes, soit 41% de la population dans le besoin.

Ce plan enregistre une hausse de 9% de budget prévisionnel, en comparaison de celui de 2016 établi à la fin à 232 millions de dollars après avoir été évalué dans un premier temps à 282 millions.

Ces ressources ont été mobilisées en partie, à plus de 178 millions de dollars, poursuivant une tendance constatée dès le premier plan de réponse humanitaire en 2014 clôturé par une collecte de 94 millions sur 126 millions requis, suivi de celui de 2015 marqué pour sa part par une mobilisation de 169 millions sur 264 millions prévus.

« Le sous-financement de la réponse demeure un défi majeur », a regretté Mme Rochdi, par ailleurs représentante-résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Cameroun.

« Si une réponse n’est pas apportée dans les trois premiers mois de l’année, a-t-elle averti, il y a un sérieux risque que la situation se détériore et compromette la vie de près de trois millions de personnes ».

Pour le nouveau plan, un montant de 10 millions de dollars est déjà disponible, provenant du Fonds d’urgence humanitaire de l’Onu, a-t-elle révélé lors de la cérémonie de lancement organisée mardi à Yaoundé, en présence du ministre camerounais de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, René Emmanuel Sadi.

Le nombre de personnes dans le besoin d’assistance est en augmentation de 7% par rapport à 2016. Plus de la moitié de ces personnes (55%) vit dans l’Extrême-Nord, suivi de l’Adamaoua (18%), le Nord (14%) et l’Est (13%).

Sur les 310 millions de dollars de budget prévisionnel, 60% seront consacrés aux besoins des réfugiés, a annoncé Max Scott, chef du bureau Ocha au Cameroun.

Ces besoins se répartissent entre 112 millions de dollars pour les réfugiés centrafricains, les plus nombreux estimés à 276.000, et 67 millions pour les réfugiés nigérians (près de 87.000).

La somme de 131 millions de dollars est prévue pour l’assistance à des populations locales camerounaises comprenant près de 200.000 déplacés internes.

Un total de quarante-deux acteurs humanitaires est mobilisé, a précisé M. Scott.

En 2016, cette assistance humanitaire a été fournie à un total de 714.000 personnes, parmi lesquelles 400.000 bénéficiaires de programmes de sécurité alimentaire et près de 130.000 enfants pris en charge par des programmes nutritionnels visant à la réduction de la malnutrition chronique, d’après une évaluation des Nations Unies.

Pour son effort personnel, le gouvernement camerounais comptabilise près de 25 milliards de francs CFA (soit environ 50 millions de dollars) mobilisés en faveur de la cause humanitaire au cours de cette année, a rapporté le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

Mi-décembre, le pouvoir de Yaoundé a aussi lancé le plan de réponse régionale 2017 pour les réfugiés nigérians, d’un coût de 241,2 millions de dollars. C’était lors d’une visite du haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.


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La crise en Centrafrique préoccupe aussi auTchad

L’Organisation des Nations-Unies cherche les ressources pour l’assistance humanitaire des milliers de Centrafricains réfugiés au Tchad

Des dizaines de milliers de personnes qui ont fui les violences en République centrafricaine vers le Tchad sont dans un besoin urgent d’assistance humanitaire, a prévenu mardi le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Ces personnes vulnérables continuent de souffrir après avoir survécu au carnage dont nous sommes témoins en République centrafricaine. Nous avons urgemment besoin de plus de ressources pour les aider », a déclaré Thomas Gurtner, le Coordonnateur de l’action humanitaire au Tchad. « Le monde doit se rendre compte de cette tragédie humaine. »

Depuis la dernière vague de violence en République centrafricaine, qui a commencé en décembre 2013, le gouvernement du Tchad et les Nations Unies ont déjà enregistré plus de 80.000 personnes en provenance de la RCA, et les chiffres continuent d’augmenter. Alors que quelque 8.000 personnes ont été identifiées comme étant des réfugiés, la majorité des arrivées est constituée de familles tchadiennes qui ont vécu en RCA pendant plusieurs générations. Ce sont principalement des femmes et des enfants qui ont quitté leurs maisons et leurs villages avec peu ou pas de biens, fuyant les pillages, assassinats et viols.

« Beaucoup sont blessés, traumatisés, malades ou malnutris. Près de 1 000 enfants sont non accompagnés ou séparés de leurs familles », a déclaré M. Gurtner. « Ils ont tous besoin d’assistance sous forme de protection, d’abris, d’eau potable, de nourriture et de soins de santé pour survivre. »

Les sites de transit à N’Djamena et au sud du Tchad sont surpeuplés, abritant jusqu’à 10.000 personnes tandis que les services de bases sont insuffisants. Les conditions de vie sont sinistres, avec peu ou pas d’eau potable disponible et des latrines qui débordent ; une situation qui laisse craindre des maladies d’origine hydrique telles que le choléra.

« Le gouvernement du Tchad, les agences des Nations Unies et les partenaires humanitaires font tout ce qu’ils peuvent. Mais tous les acteurs atteignent leurs limites et manquent de ressources », a déclaré M. Gurtner. « Seul davantage de financement nous permettra de couvrir les besoins humanitaires les plus urgents. »

L’ONU et ses partenaires humanitaires ont élaboré un plan de réponse d’urgence de six mois, d’un montant de 33 millions de dollars américains pour couvrir les besoins immédiats d’environ 150.000 personnes. À ce jour, seulement 6 millions dollars ont été mobilisés, dont 4,3 millions du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF).

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exprimé sa préoccupation croissante sur les besoins immédiats des réfugiés centrafricains et sud-soudanais arrivant dans les pays voisins, en particulier au Tchad, au Cameroun et en Ethiopie.

« Nous appelons nos partenaires et les gouvernements de ces pays à aider à accélérer l’aide à ces populations qui, bien que relativement limitées en nombre, ont néanmoins d’urgence besoin d’assistance », a indiqué la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d’une conférence de presse à Genève.

En République centrafricaine, on compte un peu plus de 700.000 personnes déplacées. Par ailleurs, 290.000 réfugiés centrafricains ont rejoint d’autres pays. Plus de la moitié sur 4,6 millions de personnes ont actuellement besoin d’une aide humanitaire.

« Au Tchad, au Cameroun, en Ethiopie et dans d’autres pays où sont arrivés des réfugiés, l’effort d’aide pour ces personnes ayant fui des conflits doit s’intensifier de toute urgence », a déclaré Melissa Fleming.

« Beaucoup d’enfants âgés de moins de cinq ans souffrent, à divers degrés, de malnutrition qui est également liée à une pénurie de vivres en RCA. Ce week-end, 15 enfants souffrant de malnutrition sont morts avant d’avoir pu recevoir des soins. Les communautés locales sont également mises à rude épreuve du fait de l’afflux. Une aide est également nécessaire pour eux », a souligné la porte-parole.

De son côté, l’Experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine, Marie-Thérèse Keita Bocoum, qui a été récemment nommée par le Conseil des droits de l’homme, effectue sa première mission dans le pays du 4 au 14 mars 2014.

Cette mission a pour but de suivre la situation des droits de l’homme et d’identifier les domaines d’assistance technique et de renforcement des capacités qui aideront le pays à remplir ses obligations en matière de droits de l’homme.

Au cours de sa mission de dix jours, Mme Keita Bocoum s’entretiendra avec des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile, des membres des agences des Nations Unies et du corps diplomatique. Elle se rendra également à l’intérieur du pays.

Des enfants déplacés par la violence en République centrafricaine
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