La CEEAC condamne les attentats lâches perpétrés à Maroua les 22 et 25 juillet

Par le Secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC)

Communiqué du Secrétariat général de la CEEAC condamnant les attentats kamikazes perpétrés dans la ville de Maroua (Cameroun) les 22 et 25 juillet 2015

Le Secrétariat Général de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale(CEEAC) a appris avec consternation l’information faisant état de nouveaux attentats kamikazes et terroristes survenus respectivement dans la ville camerounaise de Maroua les 22 et 25 juillet 2015, faisant un bilan total de plus de 30 morts et d’une centaine de blessés.

Une fois de plus, le Secrétariat Général de la CEEAC condamne avec la plus grande fermeté ces actes barbares et lâches, dirigés contre les populations civiles innocentes, alors que le traumatisme des attentats de N’Djamena et de Fotokol était encore frais dans les mémoires.

Le Secrétariat Général note que ces actes barbares confirment l’importante mutation que le groupe terroriste Boko Haram a opérée, visant à semer la terreur dans la zone du Lac Tchad par des attentats, après l’affaiblissement notoire de ses capacités militaires par les actions énergiques des Armées camerounaise et tchadienne.

Il maintient sa condamnation du terrorisme dans toutes ses formes, ainsi que les actions des groupes tels que Boko Haram, Al Qaeda, Etat Islamique, etc.

Comme on le relevait dans les communiqués précédents, ces nouveaux attentats terroristes viennent confirmer la nécessité pour tous les acteurs étatiques, sous-régionaux, régionaux et internationaux de trouver des solutions urgentes, globales et adaptées au problème du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne en général et aux alentours du Lac Tchad en particulier.

Les pays de la «ligne de front», notamment le Tchad et la Cameroun qui fournissent déjà des efforts admirables, méritent plus de soutien et d’appui de la part des partenaires bilatéraux et multilatéraux.

Le Secrétariat Général de la CEEAC se félicite de la tenue au mois d’aout prochain du Sommet CEEAC-CEDEAO axé notamment sur la lutte contre le terrorisme et l’élimination de Boko Haram, et renouvèle à cet effet son engagement à apporter sa contribution, aux côtés des Etats membres, dans toutes les actions qui seront menées dans ce sens.

Enfin, le Secrétariat Général de la CEEAC adresse ses sincères condoléances et exprime son soutien au gouvernement et au peuple camerounais, aux familles des victimes, à qui il demande de ne pas céder au découragement et de redoubler d’efforts dans la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram.

Fait à Libreville, le 26 juillet 2015

Ahmad Allam-Mi, le Secrétaire général de la CEEAC
ceeac-eccas.org)/n

Questions sur les attentats kamikazes

Le samedi 24 juillet, Maroua a de nouveau été attaquée. Boko Haram a frappé dans un espace commercial, faisant une vingtaine de morts et des blessés

Le 12 juillet à Fotokol, un double attentat kamikaze revendiqué par Boko Haram fait une dizaine de morts. Le 22 juillet à Maroua, un autre double attentat fait une quinzaine de morts. Le 25 juillet à Maroua, un attentat plus important fait environ 25 morts. Tous ces attentats sont officiellement confirmés et reconnus par le sommet de l’Etat. Le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense est d’ailleurs descendu sur le terrain le 23 juillet dernier pour apporter aux victimes le réconfort du chef de l’Etat. Et remobiliser les différents acteurs concernés par la guerre contre Boko Haram. Deux jours après le passage à Maroua du ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o, Boko Haram a sévi de plus belle. D’où les cinq questions ci†après:

1. Comment Boko Haram réussit†il à frapper avec une telle aisance dans une ville fortement militarisée comme Maroua? La capitale régionale de l’Extrême-Nord est pourtant le quartier général décentralisé des forces armées camerounaises. Actuellement, cet espace géographique a la concentration la plus importante des effectifs de nos forces armées. Plus de 5000 hommes. Par ailleurs, tous les services de renseignement du pays y ont installé leur base arrière.

2. Pourquoi le haut commandement militaire et le sommet de l’Etat restent†ils muets sur la razzia de Boko Haram dans le village Kamouna, situé à 15 km de Darack? Mardi 21 juillet 2015, la secte terroriste a pratiquement rasé cette localité de la carte en tuant une vingtaine de personnes et en brûlant l’essentiel des maisons. Les survivants suivent actuellement des soins de santé à l’hôpital de Mada situé à 45km de Makari.

3. Le chef de l’Etat du Cameroun, et non moins chef des armées, va†t†il continuer à galvaniser par procuration (via son ministre délégué à la Défense) les troupes au front? Va†t†il frapper du poing sur la table en limogeant ses principaux collaborateurs en charge du dossier Boko Haram? Son homologue nigérian a récemment remercié les hauts responsables de l’armée nigériane, à la suite des résultats jugés peu satisfaisants après les exactions de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria.

4. Paul Biya va†t†il continuer à entretenir la distance avec son peuple et son armée? La question mérite d’être posée après l’attentat du samedi 25 juillet 2015, avec ses 24 morts (officiels déclarés), sa centaine de blessés et ses dégâts ô combien importants. Ailleurs, pour moins que ça, l’on a vu des chefs d’Etat au chevet des rescapés ou réconfortant les familles des victimes. Rien de tout ça avec Paul Biya depuis qu’il a déclaré la guerre à Boko Haram en France voici environ un an et demi.

5. Quelle est l’efficacité des services de renseignement et partant du dispositif militaire mis en place pour combattre Boko Haram? La question a toute sa pertinence dans une guerre qualifiée au commencement d’asymétrique. Le pied†de†nez des terroristes (qui frappent par plusieurs fois dans la capitale régionale de l’Extrême†Nord) oblige à questionner le rendement de tous les services compétents: renseignement, commandement et armée. Les porteurs de bombe n’en sont pas les fabricants. Ce qui suggère des complicités et des foyers de production des arsenaux au c ur de la ville de Maroua ou dans ses environs. Comment tout cela a†t†il pu échapper aux spécialistes et professionnels du renseignement, du commandement et des armes?

La Une de l’hebdomadaire Intégration, du 27 juillet 2015
Intégration)/n