Cameroun : traiter le MRC de parti tribal, « une perfidie malicieuse »

Joseph Emmanuel Ateba, cadre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun rejette l’opinion selon laquelle « le MRC est un parti tribal ».

 

Dans un post sur son compte Facebook, le chargé de la communication du parti de la renaissance fait remarquer que « jamais le tribalisme n’a été aussi exacerbé au Cameroun que depuis la naissance du MRC ! ». Selon le militant, « tout se passe comme si c’était la première fois qu’un Camerounais d’origine dirige un parti politique au Cameroun. Et pourtant, avant la naissance du MRC, il existe près de 300 partis politiques dirigés par des Camerounais originaires de partout au Cameroun, y compris de la région du président du MRC (Maurice Kamto Ndlr) ».

En cela, en lisant l’auteur du post, la formation politique devrait bénéficier de la même considération que les autres partis politiques ou à défaut, les autres partis pourraient être traités de tribaux. Car l’on dirait « le parti bulu pour le Rdpc, le parti baham pour le MRC, l’Udc pour les Bamoun, l’Undp pour les Peuls, le Paddec pour les Dscang et ainsi de suite ».

Le fait de traiter le seul MRC du parti des Bamiléké est inacceptable. « Un Bulu peut chanter « Paul BIYA ayop en pleine Assemblée nationale mais un Baham doit se cacher pour dire vive Kamto. Il est temps qu’on arrête avec cette perfidie malicieuse dont le seul et unique objectif est de diviser les Camerounais et d’ostraciser le MRC qui représente une réelle menace pour la confiscation perpétuelle du pouvoir par un clan », prévient Joseph Emmanuel Ateba.

Tout compte fait, le fait de traiter certains partis politiques d’être des partis tribaux ne concerne pas que le MRC. Il nait du fait que ces partis politiques ont une base qui se resserre autour de la tribu du fondateur ou du président. Et cette base constitue le fief du parti au point où la conquête du pouvoir se fait non pas au nom du parti mais, à la lecture du phénomène, au nom d’une tribu. Lors de la présidentielle de 2018, l’on a entendu des soutiens d’un certain parti politique affirmer que « c’est le tour des Bamileke » de diriger le pays. D’autres employaient à la place de Bamileke « les Basa’a ».

Cameroun : construire demain

« La nuit des longs couteaux », « Je suis dans l’eau », « On vous attend », « Après Biya vous allez voir ».

Voilà quelques mots qui meublent le quotidien de notre pays ces derniers temps. Ils symbolisent les lignes de fracture qui prennent en épaisseur et en volume. Sans s’en rendre compte, nous construisons des narratifs qui phagocytent et préparent nos esprits à la violence, y compris la violence armée.

L’air du temps s’y prête. La polarisation de l’espace médiatique, sur fond d’affrontement ethnique et clanique (clan au sens large du terme) entretient cet esprit d’avant-guerre. On explique / justifie tout par le soutien à un frère, à un ami, à une personne de notre tribu.

 « Pourquoi quand c’est lui vous parlez? » Quand c’est votre frère vous ne dites rien »  » c’est notre tour ».  Voilà désormais la norme de détermination de la sanction ou de l’absolution.  Hélas, plus personne ne veut aller au-delà de ce fatras. C’est désormais tribu contre tribu, clan contre clan.

Mais au fond, quel est le problème ? Il me semble que les camerounais aspirent simplement à un meilleur vivre. Ils veulent pouvoir se soigner ainsi que leurs enfants, les scolariser, manger à leur faim, se divertir, être bien dans leur tête. Le contexte n’y est pas favorable. L’inflation est au top, les médias relaient des informations parfumées de suspicion de gabegie, ce qui entretient dans la conscience commune l’idée que les responsables publics s’enrichissent sur le dos du peuple. Désormais on ne parle plus que des lignes 94, 65 et 57.

L’heure de la vendetta est arrivée. Chaque clan sort ses armes et vient prendre le peuple à témoin. Olembe gate, Covid gate, lignes 94 gate. A chaque fois, le peuple assiste à tout cela médusé, interloqué, hébété.

Mais la question que je m’en vais poser au peuple camerounais est la suivante : quand ces gens marchaient ensemble et se donnaient du monsieur un tel et madame une telle, avez-vous été convié?  La réponse est non. Maintenant que ça se gâte entre eux, ils viennent vous saisir pourquoi?  La réponse est simple, ils veulent se servir de votre colère pour atteindre leur but.

Mon opinion sur la question est simple. Ceux qui ont le plus besoin d’un chaos institutionnel aujourd’hui sont ceux qui ont amassé des sommes immenses. Ce sont eux qui, dans un contexte dérégulé, vont se servir des sommes encaissées pour renégocier leurs positions. Le faisant, ils vont vous priver de votre droit de choisir vos responsables publics (maires, députés, sénateurs, conseillers régionaux, chef de l »Etat). Le peuple ne sera qu’une chair à canon transposée en promontoire pour assurer leur survie.

Toutes ces dénonciations auxquelles nous assistons sont des munitions que chaque camp utilise pour assurer sa survie. Notre intérêt ne s’y trouve nulle part. Leur démarche vise à susciter notre colère, pour déclencher une crise institutionnelle qui profitera aux mêmes.

 Avec tous les verrous normatifs de ce pays, comment ces faits déballés sur la place publique ont-ils été rendus possible sans leur complicité même passive? Qui s’est opposé parmi eux aux instructions en disant agir au nom et pour l’intérêt du peuple? Mais aujourd’hui, quand le mal est fait, on vient prendre le peuple à témoin.

César disait, le peuple ne pense pas. Donner lui du pain et des jeux. Il nous faut faire mentir César. Moi je suis du peuple. Je pense. Vous êtes nombreux comme moi. Nous pensons. Pensons dès à présent République.

Notre seule sécurité est le maintien de l’ordre républicain…

Rappelez-vous que le tribalisme refait généralement surface en période électorale ou lorsqu’il faut négocier des positions politiques. Mais à l’heure du déjeuner, il n’y a plus de betis, de Maka, de bamileke, de bamoun, de guiziga, de mafa ou de peulh. Non, ils redeviennent unis.

Ne tombons donc pas dans ce piège, je dis et redis que notre diversité culturelle est une chance pour ce pays. Ne laissons pas certaines personnes créer et instrumentaliser par la suite, un problème monté de toutes pièces.

Nous aspirons tous à une meilleure gouvernance, seul gage d’une redistribution juste et équitable de la richesse nationale. Nous souhaitons une plus grande sécurité. Nous avons des droits à défendre. Mais nous avons aussi des devoirs vis à vis de ce pays. Et le plus grand de ces devoirs et de le maintenir uni et en paix.

De grâce, ne cédons pas aux sirènes de la division que l’on fait pendre sous nos nez.. Aujourd’hui il est devenu interdit de penser différemment. Vous êtes traités tout de suite de sardinards, tontinards, hibou, apôtre de l’Eglise, d’opposant, de lèche botte, de rebelle , de gangrène.

Cette polarisation que l’on retrouve désormais dans toutes les strates de la vie nationale (politique, culture, sport) est le principal marqueur d’une société qui prend la direction du chaos. NOUS POUVONS ENCORE L’EMPECHER . Nous pouvons encore essayer de construire demain, ensemble et sans affrontement. Notre défi est de réconcilier ce pays. Nous sommes au bord de l’implosion . Il y  a encore une voie autre que la  violence. Empruntons ce chemin.

Essayons individuellement de prendre conscience du danger qui nous tend les bras. Nous avons le droit de demander des comptes à nos dirigeants. Mais nous n’avons pas le droit de verser dans l’anarchie vers laquelle on veut nous pousser avec arrogance et malice.

D’où je parle modestement, je sais que rien n’est facile en ce moment au Cameroun. Je ne le sais que trop bien. Mais rien ne doit nous conduire à détruire la seule chose que nous avons, cette stabilité (quoiqu’apparente) qui maintient cette paix relative. Construisons demain ensemble et ne cédons pas à ces subreptices appels à la révolution et au chaos.

Je n’ai pas un autre pays et au vu du péril en la demeure, mon affection pour lui, m’a déterminé à écrire ce billet d’humeur. C’est une lettre pour chacun de vous. Prenons le temps d’une profonde méditation.

Que Dieu nous bénisse et qu’il bénisse le Cameroun!

Les Camerounais détestent les Bamiléké pourquoi ?

Le projet global de domination tribal de Yaoundé contre la communauté Bamiléké est adossé sur le reliquat dense de détestation que véhicule leur auto-enfermement.

4- Victimisation et auto-glorification : conjurer le déni

​​​La préférence de Maclédio se porta sur le jeune Gaston d’ethnie bamiléké. Gaston était plus fidèle qu’un chiot et plus silencieux que le cache-sexe d’une vierge. Il n’ouvrait la bouche que pour louer et vénérer un seul être dans ce vaste monde : le chef de sa tribu, le fog, ajoute le répondeur. Il le présentait, le dénommait, le qualifiait de « pluie qui tombe subitement », de « père aux riches vêtements », de « celui dont les yeux sont plantés aux carrefours », de « celui qui partage sans distinction de mains » et même de « celui qui n’a pas de nausée devant des excréments ». Quand Gaston, le petit boy, ajouta à toutes ces qualités que le chef, son fog, était aussi « le père des orphelins », les doutes de Maclédio se dissipèrent. Le chef bamiléké était son homme de destin (Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages).

En lisant ces lignes, mes frères Bamiléké ne doivent pas s’en offusquer, car il ne s’agit que de la dérision, c’est-à-dire une caricature, le produit de l’imagination fertile d’un écrivain qui tue le temps. En littérature, on dit qu’on corrige les mœurs par le rire. D’ailleurs, tous les traits psychologiques et les accusations de fourberie, de duplicité, de voracité foncière qui sont adressées aux Bamiléké ne sont pas une exclusivité de ce peuple. Mieux, on pourrait même opposer aux accusateurs que d’autres communautés se distinguent aussi par cette ruée vers les terres arables.

Le département de la Lékié, par exemple, se vide littéralement de ses bras les plus robustes et la production du cacao y a chuté parce que les Eton vont désormais faire leurs champs à la « Traversée », à l’autre rive de la Sanaga, c’est-à-dire dans le Mbam-et-Kim et le Mbam-et-inoubou, voire parfois jusqu’à l’Est du pays.

Cette mise au point est nécessaire. En effet, lorsqu’on aborde dans le fond la question tribale, certains se braquent. Ils ne veulent pas « être sport », c’est-à-dire accepter de bonne foi les critiques pour faire un examen de conscience en vue de s’améliorer. Mais, plus que jamais, il faut sortir du discours victimaire et renoncer à la tentation du déni, sinon on construit et ritualise patiemment ce qui demeure dans l’esprit des calomniateurs comme le trust de la discrimination du « Bami-power ».

Il est certes vrai que les super-Bulu, les gestionnaires actuels de notre pays, représentent la honte absolue, la pire malédiction qui soit. Tous ceux qui ne sont pas proches des super-Bulu et assimilés sont marginalisés. Et le pays pillé à un rythme infernal (comme dans l’enfer de la Bible). Il n’y a qu’à voir le rythme effréné avec lequel ils pillent le pays : c’est parfois plus de quatre-cent trente millions de francs CFA de détournement par semaine, des fois ce sont plus de trois cents milliards par an de dilapidation des emprunts de l’État, l’argent de la dette que les générations présentes et futures de Camerounais devront rembourser.

C’est ce qui fait dire à certains, pour se dédouaner des accusations de cupidité, de discrimination congénitale et de boulimie foncière, que les véritables milliardaires seraient les super-Bulu et que les Bamiléké seraient faussement riches ; qu’ils ne seraient que des prête-noms, des porteurs de mallettes. Ils ajoutent que les problèmes fonciers se posent aussi entre les Bamiléké, à l’Ouest même, et que l’accaparement des terres par cette tribu se justifierait par le fait que les autres communautés ne migrent pas et, donc, qu’ils ne peuvent pas briguer des postes électifs à l’Ouest où ils ne sont pas représentés.

​Certes, il y a donc un côté anthropologique qui prédisposerait les populations des Montagnes à avoir peur du lendemain et à travailler pour leur survie afin de s’adapter aux évolutions d’un monde moderne de plus en plus exigeant. Contrairement aux peuples du littoral, de la savane ou des plaines qui évoluent dans un climat plus clément, les peuples de l’Ouest, à cause de l’exiguïté de leur espace vital, seraient sans cesse contraints d’anticiper, par peur du lendemain, en inventant des stratagèmes pour élargir leurs possibilités économico-politiques, pour conjurer leur fragilité existentielle.

Mais malgré ces échappatoires qu’on mobilise et qui ont des bases de justifications réelles, malgré la fameuse « exception » humaine et culturelle revendiquée que certains résument doctement dans le fameux « dynamisme incarné » des Bamiléké, il faut y insister : ces derniers doivent se réexaminer et évaluer froidement les récriminations qui émergent des quatre coins du pays. Dire qu’on ne doit pas aider un non-Bamiléké parce que, d’habitude, « ces gens ne sont pas reconnaissants » ; prétendre que l’accumulation foncière compulsive est une « belle revanche » contre une politique de marginalisation, où une communauté serait privée d’accès aux postes administratifs, tout cela est proprement malsain.

Cette attitude est conflictogène parce que ce ne sont pas ceux avec qui l’on va discuter ou arracher les terrains qui privent les membres de la communauté Bamiléké d’accès aux postes administratifs, auxquels eux-mêmes n’ont pas accès. À moins de les considérer, par accès de tribalisme, comme les « frères et sœurs » des super-Bulu, et de les tenir pour comptables de la discrimination subie de la part des « ennemis de la République » et, donc, de fait, de les ériger en autant d’ennemis, de les discriminer en retour, par la force de la transitivité. Tout cela ne rime à rien de bon.

Les Bamiléké doivent sortir d’un bon nombre de « logiques » qui les ont jusque-là gouvernés, notamment cette « hypocrisie maladive » et cette sorte de « solidarité sélective » décriée qui étouffent les relations de bon voisinage, sabordent l’entente et les séparent des autres Camerounais. Les super-Bulu en profitent. Ils rentabilisent ces stigmates sociologiques pour mieux diviser les Camerounais. L’entreprise politique de domestication des élites de l’Ouest par l’appareil gouvernemental en place et, plus généralement, le projet global de domination tribal de Yaoundé contre la communauté Bamiléké est adossé sur le reliquat dense de détestation que véhicule leur auto-enfermement.

5- Tuer la haine : vers un Nouveau leadership Bamiléké

Les Bamiléké doivent donc prendre conscience des enjeux, en mettant en valeur leur créativité remarquable et leur ingéniosité légendaire, tout en empruntant le chemin de la révolution spirituelle et comportementale qui s’impose aujourd’hui plus que jamais. Pour ce faire, ils devraient considérer les points de mutation suivants :

➢ On mesure certes l’humanité à la capacité d’entreprendre. Mais, dans la recherche du gain, il faut privilégier l’humain. On n’est pas un homme parce qu’on court avidement derrière l’argent ou parce qu’on est assommé de richesses matérielles, parce qu’on croule sous ses trésors… Suivant ce principe, il faut souhaiter que chaque Camerounais, l’homme Bamiléké en particulier, résiste aux assauts de la cupidité en cassant les barrières que la société de castes a héritées depuis l’enfance dans l’esprit des enfants, pour intégrer la pluralité des visages dans le subconscient. Il faut faire évoluer les éléments culturels en intégrant davantage d’étrangeté. Car, la réalité de nos familles achève de nous convaincre : le métissage est notre horizon et notre destin.

➢ Dès lors, il ne nous importe pas de savoir si les Mbouda, les Dschang ou tout autre groupe des Grassfield est plus enclin à la condescendance tribale, au repli et à la discrimination qu’un autre. Ce qui compte, actuellement, c’est que les membres de la communauté bamiléké réapprennent à privilégier l’auto-discipline de leurs besoins et la prise en compte du ressenti et des intérêts des autres communautés de la Nation dans la conquête hégémonique de leur groupe. En un mot : ouvrez vos réseaux aux autres ! Le « Pays Bamiléké » doit totalement s’inclure dans le continent en miniature qu’est le Cameroun pour constituer l’une des poutres centrales qui en assurera la pleine croissance et le progrès.

➢ Le pouvoir économique et le dynamisme démographique des Bamiléké est, par conséquent, un couteau à double tranchant : d’une part, ce serait un caillou, un authentique caillou dans le pied des Camerounais si les originaires de l’Ouest ne réussissent pas à s’intégrer dans la communauté nationale sous le prétexte de vouloir maintenir leur originalité culturelle et leur suprématie économique sur leurs compatriotes.

Dans ce cas, ils ne pourront pas servir de variable déterminante dans la Refondation des institutions et l’enracinement des valeurs démocratiques dans notre pays. Ils se contenteraient de servir de recéleurs des biens mal acquis ou de jouer le rôle ingrat de complices de crimes économiques perpétrés par les super-Bulu. En revanche, l’expertise économique, l’élitisme sélectif et les valeurs culturelles des Bamiléké sont des atouts imparables pour construire, au plan national, du noyau dur entrepreneurial et industriel indispensable à l’émergence de notre pays.

Aucune nation ne peut se développer sans qu’elle ne dispose, en son sein, de telles compétences, de cet essaim d’industriels qui fabriquent les multinationales. De ce point de vue, les Bamiléké sont donc, incontestablement, un caillou dans le pied du système néolibéral…

 Nos hommes d’affaires doivent faire leur mue et devenir d’authentiques industriels. Les Bamiléké ne doivent pas copier les mauvais exemples, comme celui de Jean-Bernard Ndongo Essomba, le magna du cacao, qui a utilisé le sang et la sueur des cacaoculteurs Camerounais, ceux du Département de la Lékié principalement, ainsi que les financements et autres coups de pouce de l’État, pour construire des palaces à ses innombrables épouses et pour abrutir les Éton avec le parti politique des super-Bulu, le RDPC. Contrairement à ces genres d’hommes d’affaires véreux, les Bamiléké doivent construire des usines et des manufactures de tous ordres pour transformer nos matières premières localement et créer les emplois. L’industrialisation effective du continent contribuerait à estomper les effets pervers du tribalisme.

➢ Il leur faut donc se surpasser pour résister à l’attirance boulimique qui les pousse à lancer les croisades au nom de leur dieu caché, le « Terrain ». Cette guerre des terrains est cause de la détestation des autres communautés et provoque de nombreux décès dans la population. Elle conduit à d’innombrables procès dans des juridictions civiles et pénales qui alimentent la corruption de l’appareil judiciaire.

6- Au-delà de la fumée suffocante des tribus, les flammes conviviales du métissage

Beaucoup parmi nous, par dépit, par naïveté, par impatience, par gourmandise, par aveuglément ou par bêtise, sont devenus des assimilés des super-Bulu et propagent dans la société les miasmes cancérigènes du tribalisme politico-administratif. Ces regroupements d’assujettis tribaux réaniment les braises de la fabrique idéologique de la détestation des Bamiléké ; ils contribuent à diviser les Camerounais et à faire perdurer l’agonie de notre peuple et la stagnation de notre pays.

Que ceux qui sont demeurés lucides continuent à prêcher l’évangile du métissage culturel à ces renégats et à cheminer avec tous les autres, les Sawa, les Bulu, les Fang, les Moundang, les Douala, les Bamiléké, les Tikar, les Bamoun, bref, tous les autres Camerounais, dans la construction d’une Nation multiculturelle riche, digne de la promesse des fleurs des sacrifices inouïs des Pères de l’indépendance.

Terminons ce plaidoyer en invoquant plus solennellement ce nouveau début ! Mettons-nous à l’école de ce nouveau commencement que nous indiquent ceux qui ont la responsabilité sociale de rappeler nos prouesses et de dessiner notre cupidité pour nous blâmer et nous engager non seulement à nous changer, mais aussi à nous accepter les uns les autres. Ressourçons-nous auprès des muses qui ont inspiré les sacrifices des Pères fondateurs de notre pays.

En un sens, ces âmes immortelles étaient des artistes. Malgré leurs douleurs, leurs blessures et leurs plaies, leur créativité et la beauté exorcisante des mots intarissables qu’ils ont prononcés au moment d’être exécutés par nos bourreaux sont autant de gages des nouvelles rencontres que nous devons faire en vue de notre renaissance commune. Du fond de leur tombes, nos héros nationaux murmurent et soufflent à l’oreille de tous ceux qui croient encore au mot sacré de FRATERNITÉ, ces paroles rédempteurs :

Il n’y a pas qu’un jour, demain aussi le soleil brillera. Si tu supportes la fumée, tu te réchaufferas avec la braise (Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvage). Après ces poignantes exorcisations, il est temps : calcinons-nous dans nos prétentions villageoises et nos préventions singulières, pour faire briller notre meilleur fond aux yeux des membres de toutes les communautés !

Domptons toutes les accointances villageoises qui nous coincent de l’intérieur ! Ouvrons notre cœur aux tentations incommodantes des présences non-familières, non-familiales ! Conjurons enfin nos tares et nos défauts respectifs pour communier, sans distinction, avec tous les compatriotes, dans leur enrichissante diversité, afin qu’émerge une citoyenneté camerounaise enrichie de nos richesses culturelles et de nos différences dépouillées des travers que les « autres » dénoncent !

Xavier Messè : « Si le Cameroun brûle, les flammes n’épargneront personne »

Le journaliste camerounais met en garde contre la montée des positions tribalistes opposants deux ethnies du Cameroun dans les plateformes de communication de masse.

Chers sœurs et frères ,

Je voudrais m’entretenir avec vous d’un sujet qui grandi chaque jour au Cameroun. Je vais parler du tribalisme de plus en plus agressif verbalement. Ça commence toujours comme cela. On ne sait comment ça se termine.

En 1977, je cherchais à me frayer un chemin à la rédaction de Jeune Afrique bondée de journalistes chevronnés, chacun ayant son « territoire » réservé et balisé sur le continent. Je sollicitais de la direction de me mettre en mission d’observation dans les Grands lacs, notamment au Rwanda et au Burundi. J’avais choisi ces deux petits  pays parce que j’avais constaté que les grands médias ne s’intéressaient à eux que lorsque les Hutus et les Tutsis qui sont les deux grandes composantes ethniques, commençaient à s’entretuer à cause de la haine qu’ils se vouaient réciproquement.

Mon premier voyage au Rwanda m’avait donc permis de constater que:

Le kinyawranda était la seule langue partagée par les Hutus, les Tutsis et les Twa

Qu’il n’existe pas de regroupement géographique des tribus comme on en trouve au Cameroun. Sur la même colline (village), on retrouve toutes les trois ethnies même quand elles se détestent.

Que les habitudes alimentaires sont exactement les mêmes

Que le Intore, la danse chorégraphique est commune

Que les tenues vestimentaires sont communes aussi.

De Butare à Ruhengeri, de Rusomo à Gisenyi, de Buyumba à Kigali, tout le monde se côtoie, mais les préjugés pleins les cœurs. Le mépris des uns et des autres se ruminent dans les estomacs.

Depuis donc 1977, je n’ai cessé de fréquenter le Rwanda, pays que je connais le plus en Afrique après le Cameroun.

En 1991, j’ai vu naître Radio Muhabura. Créée par le Front patriotique rwandais, cette radio située à Milindi à la frontière entre l’Ouganda et le Rwanda, avait ses émetteurs orientés sur Kigali. Elle proférait la haine du matin au soir contre les Hutus.  En 1992, en réaction, quelques intellectuels hutus emmenés par le professeur d’histoire, Ferdinand Nahimana, créent à leur tour la Société de radio télé des mille collines. Vous connaissez la suite: la guerre  opposant  les deux ethnies éclate le 6 avril 1994. Ces deux radios avaient activé cette guerre, même quand plus tard, on ne retiendra (hypocritement) que, « Radio Mille Collines = Radio de la haine ».

Je raconte brièvement cette histoire pour vous dire que, les invectives que je lis dans la presse, les réseaux sociaux, j’écoute à la radio ou suis à la télé, opposant les Béti aux Bamilléké à l’approche de cette élection présidentielle, je peux vous assurer qu’il n’y a aucune différence avec ce que j’avais vécu au Rwanda la veille de la guerre qui conduisit au génocide rwandais !

Il faut que des voix autorisées s’élèvent pour  arrêter cette barbarie verbale. Depuis que j’ai vu le jour dans ce pays, nous avons toujours vécu en parfaite harmonie avec toutes les tribus. Je suis meurtri par une telle escalade de la barbarie verbale, qui semble arranger certaines personnes. Si le Cameroun brûle, les flammes n’épargneront  personne.

Au Cameroun, l’éclatement de la région de l’Ouest souhaitée

En rendant publique cette revendication le 17 mars à Yaoundé, des députés de l’UDC ont évoqué des causes de marginalisation pour réclamer l’érection du département du Noun en région

L’emploi du mot marginalisation semble devenir la tendance au Cameroun. Après les anglophones qui se sont récemment dit en être victimes, c’est au tour des ressortissants du Noun de décrier leur marginalisation et de demander par conséquent l’érection de cette partie du pays en région.

Le 17 l mars dernier, les députés de l’Union démocratique du Cameroun (UDC) ont exprimé leurs critiques sur le découpage territorial qui a conduit au jumelage des zones dites «Bamiléké» et «Bamoun» en une seule région.

«Au départ il y avait deux régions à l’Ouest : la région Bamiléké qui avait pour chef-lieu Dschang et la région Bamoun dont le chef-lieu était Foumban. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec cette configuration : l’ancienne région bamiléké qui affiche sept départements et l’ancienne région bamoun a un département. Les populations vivent cette situation comme une injustice, comme une brimade», a indiqué le porte-parole des députés UDC, Patricia Tomaino Ndam Njoya, citée  dans le quotidien Le Jour ce vendredi, 24 mars.

Pour cette députée, la frustration viendrait de ce que le Noun reste un département alors qu’il est constitué des trois quarts de la population de la région de l’Ouest. «La seule solution c’est d’ériger ce département en région ou de trouver toute autre  formule s’analysant dans la transformation des  arrondissements actuels  en départements», propose Patricia Tomaino Ndam Njoya, qui indique par ailleurs que cela contribuera à «la justice, l’équité, l’épanouissement des populations et l’éloignement des causes de ressentiment qui, allant grandissant, sont des plus préjudiciables à la construction nationale

Selon l’actuelle configuration, la région de l’Ouest compte huit départements qui sont les Bamboutos (chef-lieu Mbouda), Haut-Nkam (Bafang), les Hauts-plateaux (Baham), le Koung-Khi (Bandjoun), la Menoua (Dschang), la Mifi (Bafoussam), le Ndé (Bangangté), et le Noun (Foumban). Selon ce découpage, seul le département du Noun est occupé par le peuple Bamoun.

 

Miss Cameroun: Marthe-Cecile Micca étale les défaillances du Comica

Par Marthe-Cecile Micca

Je sais que ce texte est susceptible de déranger le confort intellectuel et la tranquillité mentale de certains mais je n’aurai jamais dit assez tant que la cause des femmes sera à défendre.

A force de vouloir protéger stupidement le Comica, les personnes chargées de la communication de cette structure finiront par étaler lamentablement les limites de cette organisation défaillante et moribonde. A en croire certains dires l’équipe du Comica est visiblement engagé dans une man uvre macabre dans le but de sauver l’image nauséeuse de leur entreprise.

Parlons de l’image du Comica sur le plan ethnique
C’est regrettable de lire çà et là des écrits que je qualifie de puérils de la part de certaines personnes proches de cette structure.

Des personnes mandatées par je ne sais quel diable sont montées au créneau pour nous faire entendre que ce sont les bamiléké qui veulent détruire le Comica en ayant en arrière-plan un certain Grégoire Piwolé ? Le Cameroun n’est pas le seul pays où il y a plusieurs compétitions de MISS, la concurrence encourageant l’excellence, pourquoi ne nous en accommodons pas ? Mais au fait de quelle image parle-t-on ?

Une image souillée par diverses dénonciations de proxénétisme sur mineures.
Une image fanée par des abus de pouvoirs allant jusqu’aux injures.
Une image décolorée par des multiples indignations de violences psychologiques sur mineures.
Une image altérée par des accusations de maltraitances sur mineures.
Une image défraichie par divers scandales de réclamations financières.
Une image noircie de ruptures à polémiques avec des anciennes Miss.
Une image pourrie par des multiples incongruités organisationnelles.
Une image abimée par des irrégularités structurelles et administratives.
Une image délavée par des clivages tribaux et déshonorants d’une structure qui se veut représentative.
Une image dénaturée par une mythomanie caractérisée, l’irresponsabilité et le mépris de la jeune femme.

De qui se moque-t-on à la fin ? Si vous arrivez à payer le silence de certaines personnes, sachez que vous n’allez pas aussi vous payer nos consciences, la conscience collective des jeunes femmes que nous sommes et qui en ont marre de la médiocrité et du chantage psychologique des gens. Vous pouvez enclencher le processus de sabotage contre la personne MICCA. Je milite contre la violence des femmes faites aux femmes. Je vous laisse libre court de dire ce qui vous plait mais sachez que je milite pour la cause de la femme.

L’art n’a pas de parti, vous ne pouvez pas payer ma conscience.

L’art milite pour la vérité, contre les abus, les injustices et les violences de tous genres. Il est très aisé de monter au créneau pour dire que le problème de Comica ce sont les Bamiléké. N’est-ce pas là un oxymore quand nous savons tous que les Bamiléké font partie intégrante de ceux qui sponsorisent cette structure ? Quelle dérision !!! Disons que soit il s’agit d’un mépris envers la Nation, soit alors c’est une analyse sélective.

Quand il faut aller chercher les capitaux à l’Ouest pour dynamiser Comica tout va bien et dès qu’on pointe du doigt de flagrants manquements du Comica l’Ouest devient l’ennemi à battre. Honte à ceux qui le disent, honte à vous.

Nous évoluons dans un contexte comportemental ou personne n’assume jamais ses erreurs, mais nous voulons le changement. Nous voulons le changement mais nous ne devons jamais parler même quand ça pourrit. Arrêtez, je dis stop !!!

Parlons du Comica sur le plan éthique
J’amorcerai ainsi mon propos. De source bien introduite, il semblerait que Comica fait signer des contrats à des mineures sans consulter ni rencontrer leurs parents. Il semble par ailleurs que la Miss 2010 alertait déjà sur le caractère proxénète du Comica et Mme Amougou avait alors confisqué le principal prix (la voiture) parce que la jeune fille avait refusé d’honorer à un rendez-vous qui lui avait été fixé par je ne sais quelle mère maquerelle quelque part dans un lieu lugubre de Yaoundé.

La 1ere dauphine Audrey Aboula a démissionné de ses fonctions, un comité de discrédit a vite fait de prendre la parole pour étouffer ce qu’elle aurait pu dire. Pourtant les signes ne trompent pas. La déchéance au sein du Comica est irréversible. Une banqueroute morale étant difficilement surmontable, le Comica par ces nouveaux scandales offre sa tête à l’échafaud. Ce n’est ni par les menaces ni par le chantage envers ces jeunes femmes courageuses qui ont décidé enfin de rompre le silence qu’on taira les Camerounais sur cet autre scandale de trop qui égratigne notre conscience et empoisonne nos m urs.

La présidente du Comica est venue remettre en question la probité morale d’une MISS qui représente l’image de la jeune femme Camerounaise. J’ai analysé son propos sous trois angle
Premièrement : N’est-ce pas là un aveu d’incompétence de la part du jury ? Je me questionne quand je sais que ces miss sont misent en examen et qu’elles passent des semaines entières avec ce comité avant d’arriver en finale. Le Comica voudrait donc nous faire comprendre qu’il a couronné une jeune fille de moralité ou de mentalité douteuse ? Je n’ai toujours pas su comment interpréter les propos de la présidente Comica. Je ne fais que me questionner, ne m’en voulez pas c’est mon cerveau qui est en intense activité.

Deuxièmement: Si le Comica à qui nous sommes supposé faire confiance, ne fait déjà pas confiance à ses MISS pour quelle raison devons-nous continuer à faire confiance au Comica ? Vous-même vous ne croyez pas en vos produits marketing et vous voulez que la nation vous fasse confiance ? Quelle ironie !!! Voilà à quel prix l’image de la femme camerounaise est vendue sur le marché international par ses propres responsables. Comment êtes-vous étonnés que le visa de France ait été refusé à la précédente MISS ? A un moment il faut se poser les bonnes questions.

Troisièmement: Je me demande s’il était donc plus aisé pour la présidente du Comica de se désengager de toutes responsabilités en livrant la petite Julie Frankline Cheugueu Nguimfack en pâture. Quelle est donc la sécurité et la protection offerte à nos jeunes cadettes si face à la première difficulté elles sont livrées à la vindicte populaire ? La voilà donc malade, puisse le ciel qu’il ne lui arrive rien. S’il arrivait quoi que ce soit à cet enfant le Comica aura des comptes à rendre au peuple Camerounais.

Je ne puis taire ma désolation, de voir les images de la « toute puissante » fille de la présidente du Comica qui au nom de sa mère et du Comica s’offre la liberté d’insulter fièrement le cadavre de la maman d’une compatriote en la comparant avec celle de sa maman qu’elle dit être puissante. Le prix investit dans l’éducation de nos enfants se trouve tout dévoilé. Comment peut-on éduquer un enfant si nous-mêmes manquons d’inculquer des profondes valeurs dans la vie des nôtres. Pathétique !!! Si dans les réseaux sociaux cet enfant peut se permettre de pousser si loin le bouchon je me demande dans le vécu réel ce que vivent les Miss au quotidien.

Bravo, rien à redire, vous êtes à encourager votre travail est juste parfait, les faits parlent d’eux.

La jeunesse est debout et de tout c ur avec ces jeunes femmes qui subissent au quotidien des injustices sans que l’on ne s’en émeuve !
MISS Cameroun ou Cameroon MISS sont des organisations désormais nationales et leur gestion doit être questionnée par l’ensemble des Camerounais.

Non, « le silence on tourne » est terminé et vous serez désormais mis devant l’histoire face à vos actes ! Tenez-le pour dit !


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Cameroun: Albert Dzongang et le mémorandum des patriarches «béti»

Par Albert Dzongang

Réaction de Monsieur Albert Dzongang au sujet du mémorandum adressé récemment au chef de l’Etat camerounais par les patriarches du Mfoundi.

Messieurs les Patriarches Béti, J’ai lu avec intérêt votre brûlot adressé au Président Paul Biya, Président de la République du Cameroun, Président National du R.D.P.C. et qui est signé par M. Onambele Zibi, paru dans le journal l’Epervier Plus.

A la première lecture du titre, je me suis dit que c’est encore un groupe qui invite le président à demeurer au pouvoir, ou qui le remercie pour avoir encore nommé un des leurs à un poste juteux de nourriture et non de travail pour le bien de tous.

Dès les premières lignes, j’ai compris que le ton monte et que certains enfants jadis gâtés se sentant « sevrés » au profit des consanguins, crient fort pour que la maman nourricière pense à eux. Ces mêmes, qu’hier, offraient flèches et machettes au Président Paul Biya pour exterminer les allogènes envahisseurs, liment aujourd’hui leurs couteaux, pour égorger le roi. Selon eux, l’un des crimes impardonnables de leur champion, le Président Paul Biya, est de pactiser avec l’ennemi mortel qui est le Bamiléké. Pour illustrer leur propos, ils prennent deux exemples. Le R.D.P.C. et le Senat « dirigés » respectivement par le grand commis de Paul Biya, M. Jean Nkuete et le grand papa Marcel Niat Njifenji.

Comment un homme intelligent, et supposé sage, de la trempe du Patriarche Onambele Zibi peut-il croire et affirmer que M. Paul Biya serait dépossédé de son parti, le R.D.P.C. où il vous aurait entraînés, dites-vous, en faveur des Bamiléké, simplement parce que Jean Nkuete en est le Secrétaire Général du Comité Central, pendant que M. Marcel Niat Njifenji est Président du Sénat ?

Mis à part les titres, honneur et avantages matériels divers, de quels pouvoirs disposent ces deux commis de M. Paul Biya et de quel poids politique pèsent-ils au Cameroun, voire dans leurs villages, pour être capables d’influer sur le pouvoir de Paul Biya en faveur des « ambitions politiques des Bamiléké ?

Laissez-moi vous rappeler avant d’aller plus loin, que si le R.D.P.C. parti au pouvoir et du pouvoir marche encore à l’Ouest, c’est parce quelques hommes d’affaires Bamileké, tels que Sylvestre Ngouchinghe dans la Mifi, Victor Fotso dans le Nkoung-khi, Timothée Ngamo et Bernard Fogang dans les Hauts-Plateaux sacrifient beaucoup de leur fortune pour le maintenir en vie et avoir la tranquillité. On ne peut prétendre qu’ils en tirent le moindre profit.

Pour ces seuls cas, il faut préciser :

M. Sylvestre Ngouchinghe nommé Coordonnateur dans la Mifi, malgré la réticence de ses propres frères, tire quel avantage pour lui, ou pour le village de cette nomination ? C’est avec son propre argent qu’il a construit des centaines de salles de classe, équipé des services publics. C’est encore lui qui s’est investi pour sauver le parti dans la Mifi aux différentes consultations électorales. En retour que n’a-t-on pas fait pour lui mettre les bâtons dans les roues dans ses affaires ? Tentative de concurrence déloyale par des hommes de paille, diffamation sur la qualité de son poisson, confiscation de ses biens immobiliers régulièrement acquis. Qu’à fait le parti qu’il sert pour l’aider dans ces situations ? Je pense que ces uvres sont réalisées pour acheter la paix pour ses frères, lui n’en tirant aucun gain, même pas la reconnaissance du Prince. C’est à croire que c’est un sport pour lui.

M. Victor Fotso, soutien du régime de la première heure, avec tout ce que cela lui a valu comme mépris de ses frères, qui pourtant l’estiment pour ses uvres humanitaires (Ecoles, églises, chefferies et une somptueuse mairie qui fait des jaloux). C’est lui qui avec son argent fabrique les résultats électoraux dans le Nkoung-Khi pour le régime. Lors de la première visite du Président Paul Biya à l’Ouest, c’est lui qui a offert le dîner de gala dans sa résidence.

Est-ce que ceci a empêché que son fils soit honteusement condamné à vie, pour des crimes imaginaires ? Qu’à fait le R.D.P.C. pour le secourir ? Ne parlons pas des liasses d’argent offert au régime et des prêts sans intérêts consentis à l’Etat par sa banque C.B.C., aujourd’hui confisquée.

M. Timothée Ngamo, Coordonnateur du parti dans les Haut-Plateaux est l’un des grands financiers du parti qu’il porte à bras le corps. De quel coup de pouce cet homme d’affaires prospère bénéficie-t-il ? Au contraire, tout a été mis en uvre pour l’effacer sur le marché du sucre, au risque de créer une pénurie. La seule raison étant qu’il est Bamileké.

Le plus jeune et remuant d’entre eux c’est Bernard Fogang de Batié, qui rêve et pense R.D.P.C., dépense sans compter et reste toujours au banc de touche des nominations (Députés et Sénateurs).

A côté de ceux-ci visibles par leurs actions sur le terrain, il y a ces milliers qui ont payé à vos frères du « pays organisateur », des centaines de millions pour figurer sur la liste bidon des membres du Comité Central, qui est une coquille vide.

Révisez votre vue sur le rôle des Bamiléké au R.D.P.C., ils sont des membres « donneurs » de fonds, et des vaches à lait.

En tant qu’ancien dignitaire de ce parti, je puis vous informer que le R.D.P.C. n’a aucune influence sur le pouvoir de ce pays, qui se trouve entre les mains d’un clan tribal dont vous faîtes partie.

Combien de hauts fonctionnaires Bamiléké doivent leur place à M. Jean Nkuete ? Combien de postulants fait-il admettre à l’Enam, Emia et autres ? Quel est le budget qu’il gère au Comité Central du R.D.P.C. ?

Pour bien montrer qu’il n’est rien, même ses propositions pour la marche du parti qu’il est supposé diriger, sont soumis aux petits commis de la présidence et c’est leurs avis qui comptent auprès du Chef de l’Etat. Souvenez-vous du cas de l’entretien avec moi. Je crois qu’une autre personne à la place de ce monsieur, aurait déjà rendu son tablier.

En ce qui concerne le Sénat, si le Prince a voulu mettre en place son Sénat pour placer à sa tête un fidèle qu’il a nommé et non élu, alors que le Conseil Régional dont les membres sont les électeurs est toujours attendu, le Conseil Constitutionnel étant une vue de l’esprit au Cameroun, c’est parce qu’il connaissait le caractère vide et nul de cette assemblée à son service, car dominée outrancièrement par ses suppôts.

De là à penser que pour en être le Président, M. Marcel Niat Njifenji représente quelque chose de plus pour les Bamiléké, c’est faire preuve d’une insulte à ce vaillant peuple. Bien sûr que cet « ami » du président se déplace désormais avec cortège, sirène et tout le tralala, bien sûr que son domaine dans le Ndé est gardé, mais quel pouvoir a-t-il sur les affaires du pays ? Je vais descendre plus bas, qu’a-t-il fait d’utile dans la petite ville de Bagangté qui l’abrite ? Ce n’est pas faute de volonté de sa part, mais faute du pouvoir qu’il n’a pas. L’Ouest se souvient positivement de M. Marcel Niat Njifenji, quand il était Directeur Général de la Sonel et c’est tout. M. Marcel Niat Njifenji « soi-disant » deuxième personnage de la république, peut-il influencer sur les résultats des Concours Officiels ou sur les recrutements dans les sociétés étatiques ?

Vous lui reprochez de faire des dons dans sa région, sans préciser qu’il s’agit de son argent propre et non du crédit du Sénat. Je vous aurais compris si vous citiez un seul de vos frères prédateurs de la fortune publique, qui a fait des dons ailleurs que dans votre Centre-Sud.

Messieurs les patriarches, si vous voulez avoir plus et continuer à vivre du travail des autres camerounais, les Bamiléké en-tête, laissez tranquilles ceux qui ont toujours été oubliés. L’Est et l’Ouest, le levant et le couchant sont des laisser pour compte du régime, votre régime. Si votre part de gâteau est aujourd’hui maigre, utilisez d’autres arguments pour votre chantage.

Un conseil cependant, j’ai côtoyé le Chef de l’Etat et vous assure qu’il est insensible aux ultimatums. Utilisez un autre moyen pour pleurer. Si les Bamiléké étaient des garçons comme disent les Ivoiriens, ils réagiraient fort à votre mensonge. Cependant, comme votre sortie semble sonner la fin du régime, et si en prévision du futur vous cherchez un nouveau parapluie et alliés comme les rats quittant un navire en détresse, soyez rassurés, les Bamiléké ont un grand c ur et ne sont pas rancuniers. Vous serez la bienvenue pour qu’ensemble nous bâtissions sur les ruines actuelles, un Cameroun prospère pour tous et avec tous ses fils. Si les machettes et lances que vous offriez hier au président pour massacrer les Bamiléké sont aujourd’hui tournées contre lui, ne comptez pas sur ces derniers pour vous accompagner dans cette trahison.

Et comme vous envisagez militer ailleurs qu’au sein du R.D.P.C., je vous recommande la Dynamique ou le M.R.C.

Quand on finit de vous lire, on ne comprend plus pourquoi le mot Bamiléké est apparu dans ce brûlot, puisque vous affirmez que le pouvoir est en train de devenir tribal et même familial, puisque tous les postes de pouvoirs et d’argent vont de plus en plus chez les Bulu et les Nanga-Eboko. Où se trouvent donc les Bamiléké dans tout ça ? Aux postes de pouvoir ou ce d’argent ? Votre mini tribalisme laisse croire que le Béti c’est Yaoundé, le Mfoundi exclusivement.

Si mes connaissances en géographie sont exactes, je crois savoir que Nanga-Eboko est également Béti. Comment pouvez-vous dire en même temps, qu’ils sont marginalisés et qu’ils sont aux postes de pouvoir et d’argent ?

Quand on vous entend vanter votre suffrage en faveur du Président Paul Biya lors des élections, on comprend que vous n’êtes pas de ce pays. Que représentent vos votes dans les élections aux résultats connus d’avance, au cours desquels des candidats se retrouvent avec zéro voix dans les bureaux où ils ont eux-mêmes voté pour eux ? Que représentent vos votes sur le score stalinien de 99 % souvent attribué à votre frère d’hier, ennemi d’aujourd’hui ?

En ce qui concerne le volet « terres », en tant que législateur, je vous demande de réviser la loi foncière qui stipule que la terre appartient à l’Etat ou à celui qui l’a mise en valeur, et obtenu un Titre de Propriété.

Vous semblez accuser les acquéreurs d’une marchandise régulièrement vendue. Retenez que ce sont les investissements qui transforment une brousse en une métropole (cas de Yaoundé). Heureusement qu’un immeuble bâti à Yaoundé reste la propriété de Yaoundé, son promoteur ne pouvant jamais le déplacer ailleurs.

Soyons sérieux, l’heure commande à l’unité du Cameroun, et ceux qui l’ont désuni par un tribalisme outrancier doivent faire profil bas


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Cameroun: l’exhumation des crânes en pays bamiléké

Les peuples Bamiléké tentent par cette pratique liée à un culte, de développer des relations particulières avec les esprits de leurs morts, qu’ils exhortent parfois dans la prière

A Bangou, un village situé dans les Hauts-Plateaux à 300 kilomètres de Yaoundé, ce rite funéraire consiste à des danses initiatiques et à l’exhumation des crânes des défunts. Il s’agit de la région d’origine de l’ethnie des bamilékés.

Sur la place du marché de ce village se trouve un grand carrefour, où des centaines d’hommes et de femmes en uniforme chantent et dansent au son des balafons et tam-tams déployés au milieu d’un cercle humain géant.

Le plus âgé des défunts de Bangou est un notable de la cour royale, décédé il y a 10 ans. Son crâne doit être exhumé et protégé dans un coin sacré de la concession familiale.

« Un grand magicien »
En compagnie de trois de ses petits-fils, un dignitaire donne les premiers coups de pioche sur sa tombe, dans la stricte intimité familiale.

« Si le défunt n’avait pas été un grand magicien, la famille pourrait creuser. Mais comme il était une figure importante, c’est un initié qui doit donner les premiers coups de pioche », précise Ernest alias Dzue, un notable à la cour royale de Bangou.

Paré de tous les attributs de son rang, à savoir cauris, coquillages et peaux de reptile, il supervise l’exhumation du défunt dignitaire, son corps enveloppé dans un long boubou râpé et multicolore.

Exhumation des crânes
Quelques minutes plus tard, une cavité crânienne apparaît. Elle est intacte, la mâchoire relevée. Il est déconseillé aux non-initiés de la toucher.

Les Bamiléké tentent, par l’exhumation des crânes de leurs défunts, de développer des relations particulières avec les esprits de leurs morts, qu’ils exhortent parfois dans la prière.

Certains membres de la communauté Bamiléké se réfèrent à la Bible pour justifier ces funérailles durant lesquels les crânes des morts sont exhumés.

Evangélisation du Cameroun
« Dans la Bible, Joseph, exilé en Egypte, a recommandé que ses restes soient restitués, après sa mort, à Canaan, son pays d’origine », explique Tchidjo Jospeh, héritier d’une grande famille de la lignée des serviteurs du roi des Baham, dans les Hauts-Plateaux.
L’évêque de Bafoussam, Monseigneur Dieudonné Watio, qui a consacré de nombreux travaux, dont une thèse de doctorat, au culte des morts dans l’Ouest du Cameroun, affirme que Dieu a toujours existé chez les Bamiléké.

Ces derniers priaient même avant l’évangélisation du Cameroun, selon Monseigneur Watio.

Certains historiens affirment que les Bamiléké, qui seraient descendus du Nil, gardaient leurs morts dans un cercueil en bambou, avec des techniques facilitant la mutilation des corps au moment souhaité, rapporte Albert Kamtchun, un chercheur traditionnaliste de la région.

Malgré le respect que l’Eglise catholique accorde aux coutumes des bamilékés, elle condamne les prières sur les crânes des morts.

Dans leurs enseignements religieux, les prédicateurs des Saintes Ecritures tentent d’établir la juste frontière entre les coutumes ancestrales en pays bamiléké et les croyances judéo-chrétiennes.
L’évêque de Bafoussam, Monseigneur Dieudonné Watio, soutient que les bamilékés peuvent respecter leurs traditions, parler à leurs morts, sans pour autant les considérer comme des médiateurs avec Dieu.

« Rien à voir avec la religion »
Les fidèles et paroissiens de l’Eglise catholique originaires de l’Ouest du Cameroun sont partagés sur la question de savoir si les bamilékés de confession catholique doivent ou pas pratiquer ce rite funéraire.

A Bangou, certains membres de la communauté sont opposés à l’exhumation des crânes de leurs parents décédés. Ils ne croient pas que les défunts soient des médiateurs avec le Ciel.

C’est le cas d’Albert Kamtchun, qui est formel sur la question : « Les échanges avec les crânes des morts n’ont rien à voir avec la religion. »

Il soutient qu’il n’existe pas « un univers des ancêtres ». « Tes morts ne sont pas les miens », fait-il valoir. « Ce sont eux les Occidentaux, qui. »

D’autres, comme le roi de roi des Bangou, Marcel Tayou, contestent même certaines dispositions prêtées à l’Eglise catholique en matière de funérailles.

« Ce sont là les coutumes des occidentaux, qui disent à l’Eglise qu’on ne doit pas exhumer les crânes des morts, alors qu’ils exhument les restes de leurs proches sur lesquels ils font des prières.

Qu’est-ce que c’est donc ? Le crâne ne fait-il pas partie des ossements ? (.) Ce sont eux les occidentaux qui disent, dans leurs écrits, que les morts ne sont pas morts. Je lis la Bible et je sais ce qu’elle pense de l’esprit des morts. »

Dans certains foyers bamilékés, dans les villages notamment, les us et coutumes restent un fondement de la reconnaissance identitaire. La foi chrétienne relève simplement de « l’ordre des usages de bonne moralité ».

Beaucoup n’hésitent pas à s’adresser à leurs ancêtres, sous la supervision des chefs supérieurs et gardiens des traditions.
La cour royale du village Bangou est dirigée par un chef supérieur, qui revendique son statut de chrétien.

Il fait partie de ces traditionnalistes bamilékés, qui comparent ainsi le respect aux morts à la canonisation dans l’Eglise catholique, une approche que récuse énergiquement Monseigneur Dieudonné Watio, très à cheval sur les valeurs chrétiennes.

« Le Saint est vénéré dans le monde entier, alors que l’ancêtre n’est reconnu que sur le plan familial ou du clan », tient-il à préciser.

Une Cavité cranienne
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«Le culte des ancêtres chez les Bamiléké», par Eric Hermann Siake

Essai sociologique, l’ouvrage de 140 pages a été publié aux éditions Kiyikaat en 2015

Le culte des ancêtres chez les Bamiléké est un essai sociologique de 140 pages publié aux éditions Kiyikaat en 2015. Eric Hermann Siake qui en est l’auteur structure son raisonnement en cinq chapitres autour de la question centrale qui est celle de « savoir si le culte que les Bamilékés vouent à leurs chers disparus est un rite « religieux  » ou simplement de la magie (noire) comme l’ont prétendu les précurseurs des religions importées ».

L’auteur aspire ainsi, comme il le dit lui-même, à lever « un pan sur la spiritualité, ou encore, sur la cosmogonie du peuple bamiléké » avec pour objectif de débarrasser cette cosmogonie des contrevérités répandues par l’orthodoxie coloniale. Même s’il reconnait que certains démembrements du peuple bamiléké se retrouvent dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, il concentre sa réflexion sur les groupes sociaux qui sont communément identifiés par le vocable Bamiléké, à savoir ceux qui occupent l’Ouest du pays.

Dans le premier chapitre, il procède à une généalogie du peuple Bamiléké dont il situe les origines dans l’Egypte antique ; en même temps qu’il décrit leur organisation sociale. Le deuxième chapitre précise quant à lui la conception religieuse du peuple Bamiléké. Après avoir fait le tour des conceptions de Dieu dans les religions « sémito-judéo-chrétiennes», Eric Siake « concentre son projecteur analytique » sur la conception de Dieu chez les Bamilékés pour mettre en évidence son caractère essentiellement monothéiste. Il démontre ainsi que les esprits ne sont que des « divinités » ou des « anges » à travers lesquels les Africains et les Bamilékés en particulier assurent une communication permanente avec l’Etre suprême qui est Dieu. Il en vient ainsi à une déconstruction du Discours colonial qui a d’ailleurs fini par s’imposer aux africains eux-mêmes et qui taxe leurs pratiques religieuses d’idolâtrie.

Le troisième chapitre qui constitue le point nodal de cet opuscule est une fenêtre ouverte sur le culte des ancêtres chez les Bamilékés dont il remonte les origines égyptiennes et définit les processus d’exhumation et de conservation des cranes ainsi que les modalités pratiques de ce rituel. La description du rituel du culte des ancêtres faite, l’auteur établit un parallèle entre les maisons de cranes des bamilékés et les chapelles et Basiliques qu’on retrouve dans les pays Européens. Il cite à titre d’exemple les chapelles comme celle de « Czermna » en Pologne ou la « chapelle des Os » au Portugal entièrement construites à base des ossements humains.

Il souligne par ailleurs qu’il arrive que l’église catholique exhume les restes des Saints pour une procession; une pratique qui a également cours chez les africains mais qui est curieusement combattue par cette même église. Le dernier chapitre met en évidence les fonctions sociales du culte des crânes aussi bien à l’échelle du sujet qui le pratique qu’à l’échelle de la société toute entière.

L’auteur ne manque pas ici d’établir d’autres parallèles, notamment entre le témoignage de reconnaissance qu’un bamiléké fait à l’adresse de ses ancêtres à la suite d’un événement heureux et la « Messe d’action de grâces » pratiquée à l’église catholique. Eric Siake conclut sa réflexion par une réponse « péremptoire » à la question formulée au départ de son analyse : « le culte des ancêtres chez les Bamilékés n’est ni de l’idolâtrie ni de la magie au sens islamo-chrétien du terme, mais un rite religieux à part entière (.)» (131).

Au terme de la lecture de cet opuscule, lorsqu’on sait que l’Afrique est unanimement reconnue comme étant le berceau de l’humanité, les africains dans leurs extraversion religieuse apparaissent comme des gens qui courent après la pale copie de quelque chose dont ils détiennent l’original. Comment en effet comprendre que l’Afrique qui est censé avoir inspiré tous les autres peuples du monde dans leurs pratiques culturelles en soi aujourd’hui à tenter de se conformer aux pratiques de ces peuples ?

Nous voyons ici apparaitre tout l’intérêt du livre d’Eric Siake qui souligne l’urgence d’une réconciliation des africains avec leur africanité à une époque où la mondialisation, tel un cheval de Troie, permet à l’Occident impérialiste de retourner discrètement mais efficacement assoir son hégémonie en Afrique avec la bénédiction des africains encore sous l’emprise de l’orthodoxie coloniale. Par ailleurs, le livre est écrit dans un style accessible à tous avec des illustrations qui renforcent sa compréhension.

Le point de débat essentiel que le livre d’Eric Siake suscite est finalement celui de savoir quelle posture religieuse les Africains devraient adopter aujourd’hui. A ce sujet, la position de l’auteur ne souffre d’aucune ambigüité : Eric appelle les africains à un retour à la spiritualité africaine. On peut cependant questionner cette position. Est-elle réaliste ? Manifestement, les Africains ont depuis fort longtemps adopté un certain syncrétisme religieux qui fait que c’est tout naturellement qu’ils combinent les pratiques religieuses étrangères avec celles qui relèvent de leurs origines. A cet effet, n’est-il pas plus réaliste de promouvoir un modèle religieux qui soit conforme à l’identité Africains d’aujourd’hui ? Ne faut-il pas aujourd’hui simplement officialiser ce qui se fait officieusement ? Certains hommes d’église chrétiens ont opté pour une africanisation des enseignements de la bible. Il s’agit là d’une pratique qui apparait comme le germe officiel de ce syncrétisme.

Mais ne pourrait-on pas aller plus loin que cette africanisation du christianisme en bâtissant, à partir des emprunts réalisés dans les univers de croyance qui meublent le quotidien de l’Africain, un modèle de croyance qui répondent le mieux aux préoccupations de l’Afrique actuelle ? Si on admet que l’Afrique est bien le berceau de l’humanité, on est bien obligé d’admettre aussi que toute les forme de religions qui existent puisent leurs sources en Afrique.

Dans ce cas, il n’y aurait pas de forme religieuse qui ne soit syncrétique. La religion fait partie des éléments identitaires d’un peuple. Or l’identité est essentiellement dynamique. N’est-il pas dans ce cas utopique d’envisager un retour de l’Africain à son identité religieuse d’avant son contact avec le monde extérieur dont il a subi des influences multiformes ? La mention « Tome 1 » que porte la première page de couverture du livre de Siake annonce très certainement une suite à cet ouvrage qui nous édifiera davantage sur ces préoccupations. En attendant, celui-ci est à consommer sans modération aucune pour l’émancipation spirituelle et culturelle des africains.


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Communiqué de presse de l’UFP suite à la visite au Cameroun de M. François Hollande

Par Olivier Bile, PHD, Président du Bureau exécutif de l’UFP

Communiqué de presse de l’UFP suite à la visite au Cameroun de M. François Hollande, Président de la République française

Dans la soirée du vendredi 3 juillet 2015, le président français François Hollande a effectué une visite d’Etat plutôt météorique au Cameroun. A cette occasion, François Hollande et son hôte camerounais Paul Biya ont accordé un échange à la presse, dont l’UFP, parti du Cameroun aspirant à un autre destin, livre sa réaction à l’opinion publique camerounaise à travers le présent communiqué.

1. Graves contradictions discursives à propos du nationalisme camerounais
Lorsque François Hollande reconnaît explicitement la tragique répression à travers les crimes qui furent commis en Sanaga maritime et en pays bamiléké, lorsque au moment de porter son toast dans le cadre du dîner d’Etat, Paul Biya parle du prix fort payé par le Cameroun lors des luttes d’indépendance, cad, par les nationalistes camerounais, lorsqu’on se souvient qu’il ya quelques mois encore, le même Paul Biya laissait échapper le fond de sa pensée et de son ancrage idéologique françafricaniste en affirmant que «si nous avons vaincu le maquis à l’époque des indépendances, ce n’est pas le Boko haram qui va nous dépasser», nous relevons là de graves contradictions discursives qui confondent le régime actuel de Yaoundé tout en ayant de quoi inquiéter l’opinion la plus attentive. Au lieu de ce discours roublard et opportuniste, variant au gré des situations, nous attendons du président et de son régime constance, cohérence et capacité à assumer leurs choix et responsabilités politiques historiques.

2. Elusion du débat et de la controverse grandissante sur la captivité monétaire par le Franc CFA
Au moment où, à travers réseaux sociaux planétaires, médias nationaux et transcontinentaux, le discours du Pr Joseph Tchundjang Pouemi sur la servitude monétaire de l’Afrique du franc CFA a pris une ampleur sans précédent, au moment où la surmédiatisation de ce discours fait partie des motifs de froid diplomatique entretenu entre Paris et Yaoundé, il est navrant de constater l’attitude d’esquive, de dérobade et d’élusion qui a été consacrée à cette vitale et cruciale question qui est du reste au c ur de la problématique coloniale camerounaise à peine effleurée par le Chef d’Etat français. La question de l’autodétermination pleine et entière du Cameroun, notamment dans ses aspects monétaires, loin d’être un sujet facultatif ou périphérique, est désormais un des déterminants majeurs de l’avenir de notre pays. Elle pose par ailleurs et clairement le problème de la nouvelle élite politique, en rupture avec la culture néocoloniale, cad, une élite jeune, moderne, instruite et cultivée, pétrie de valeurs et totalement décomplexée à l’endroit de l’occident, dont notre pays a besoin pour affronter victorieusement les défis de la mondialisation en ce XXIe siècle bien entamé. Nos parents et nos aînés de « l’ancien régime », plutôt souvent favorables aux archaïsmes de la françafrique ainsi qu’à toute la mécanique culturelle et philosophique qu’elle charrie, sont manifestement disqualifiés pour négocier un tel virage en vue de changer profondément le destin de notre pays. La retraite plus ou moins annoncée par lui-même de Paul Biya à l’horizon 2018 peut à cet égard, être considérée comme une perspective salutaire pour la jeunesse et le peuple du Cameroun tout entier.

3. L’autodétermination monétaire, économique et politique du Cameroun dans une relation qui restera féconde et fructueuse avec la France
On pourrait naturellement épiloguer sur d’autres aspects liés à cette visite. Mais cela aurait-il vraiment de l’importance ? Rien n’est moins sûr. Ce qui nous semble utile à retenir c’est que le Cameroun ne vit point ni dans l’acrimonie ni dans le ressentiment à l’égard des dérives et errements du colonialisme et du néocolonialisme français. Il aspire simplement à un autre destin ainsi qu’à une légitime prospérité, lesquels passent notamment par son autodétermination totale et entière sur les divers plans monétaire, économique, culturel et politique dans une relation qui restera, nous le souhaitons, fécondante, respectueuse, fructueuse et mutuellement bénéfique avec la France ainsi que ses autres partenaires étrangers.

Que Dieu bénisse le Cameroun!


Olivier BILE)/n

«Le pouvoir au Kamerun est-il Béti ?»

Par Anicet Ekane

La question ethnique est et demeurera, encore pour longtemps, un enjeu essentiel dans notre pays. Au c ur de cette question ethnique se trouve le problème de la nature du régime du Renouveau. La question : « le pouvoir au Kamerun est-il Béti ? » est très pertinente et les inflexions qu’elle suggère méritent donc amplement d’être examinées.

Quelles que soient les passions auxquelles donne lieu, légitimement, cette question, elle est suffisamment sérieuse pour uniquement se contenter de l’effleurer ou en faire un argument politique.
Dans notre développement, nous allons essayer de faire appel et confiance à l’intelligence des Kamerunais et à leurs convictions profondes, plutôt qu’à leurs émotions et à leurs instincts primaires.

« Le pouvoir est-il Béti ? » est une question très ambigüe car, qu’est ce que cela voudrait dire ?
– Que l’essentiel des rênes du pouvoir se trouvent entre les mains de Kamerunais Béti ?
– Que le pouvoir au Kamerun est détenu par l’ethnie Béti, qui entretient ainsi un pouvoir hégémonique sur le reste des Kamerunais ?
– Qu’entre les clans au pouvoir, le rapport de forces est plutôt favorable au clan Béti ?
– Ou bien que ces trois affirmations sont vraies ?

I. LA SOURCE DU MALAISE
« C’est la raison qui fait l’homme mais c’est le sentiment qui le conduit »
L’idée selon laquelle le pouvoir est Béti, est largement partagée par bon nombre de nos compatriotes. La corruption et le népotisme aidant, le fait qu’une partie toujours plus grande de la richesse nationale est accaparée par des clans ou des ramifications autour du Président Biya, et qu’un sectarisme ambiant est entretenu par certaines élites (1) tribalistes Béti, ce fait a contribué à installer cet état d’esprit chez bon nombre de nos compatriotes non béti. Par la suite, les frustrations et les ressentiments des autres élites non béti ont alimenté le radicalisme anti-béti, béat et désuet dès 1990.

A cette période-là, nos compatriotes étaient déboussolés par la situation politique. Certains malins, prétendument leaders sociopolitiques, ont cherché l’adhésion des masses par l’exacerbation de nos différences ethniques. Toutes les thèses démagogiques et populistes prospéraient. Les années de braise ont malheureusement brouillé l’analyse politique au sujet de la nature réelle du pouvoir au Kamerun.

Malgré la réalité des faits, ces vieux, faux, et dangereux schémas persistent et sont souvent le prétexte pour susciter la haine ethnique. Il est temps, il est vraiment temps, de les bousculer vigoureusement. Ce n’est pas en installant le mensonge et la désinformation que la démocratie se renforce.

II. LA PARTIE VISIBLE DE L’ICEBERG
Personne de sérieux ne peut nier que les postes stratégiques, administratifs, politiques et militaires sont majoritairement attribués aux ressortissants béti. Les remaniements ministériels et les nominations dans les grandes administrations le démontrent sans cesse. Cela est si bien inscrit dans la pratique du pouvoir actuel que la question « d’arracher du pied cette épine devenue poutre » ne se pose plus lorsque le Chef de l’Etat procède aux consultations en vue des nominations aux postes clés de la République. Ce qu’il faut rapidement ajouter, mais que omettent de préciser ceux qui, consciemment ou inconsciemment (plutôt consciemment) font des statistiques ethniques, c’est que cette structuration du pouvoir est du type Néocolonial, et se retrouve dans pratiquement tous les pays du précarré français. En faire un argument de propagande politique, est donc faire preuve soit d’ignorance, soit de malhonnêteté politique dangereuse, soit les deux.

Les régimes UC et UNC, sous Ahidjo, avaient comme une de leurs caractéristiques, le contrôle politico-militaro-administratif du pays par la caste Peuhl du Nord. Bien plus, sous Ahidjo, une bourgeoisie d’affaires et de commerce, issue de la caste peuhle, et rapidement créée de toutes pièces, constituait la base de ce pouvoir militaro politico administratif. Le régime du Renouveau n’a rien inventé. Certainement qu’on peut lui attribuer une certaine grossièreté dans la fabrication des soit-disant hommes d’affaires béti. Cette opération avait pour objectif, de se constituer une base économique capable de concurrencer les bourgeoisies de l’Ouest et du Nord. Le résultat est minable.

Malgré tout cela, on peut le dire sans aucun risque d’être démenti, qu’en dehors des mastodontes étrangers, qui en contrôlent l’essentiel, le résidu du pouvoir économique est détenu par la bourgeoisie de l’Ouest et du Nord. D’Ahidjo à Biya, le pouvoir est de même nature structurelle. Sauf, qu’à l’hégémonie du camp peuhl, a succédé celle du clan béti, au niveau du rapport de force inter clans.
Si une certaine opinion tente de faire croire que cette hégémonie du clan béti est plus évidente que celle de la caste peuhle sous Ahidjo, cela relève de la manipulation. Tous ceux qui ont vécu et observé le régime Ahidjo savent bien que la caste peuhle régnait sans partage, prenant souvent un malin plaisir à humilier tout ceux qui osaient contester cette hégémonie instaurée notamment par les colons français. C’est d’ailleurs ce sentiment de frustration qui a nourri les réactions disproportionnées, sauvages et injustifiables des revanchards contre le putsch manqué de 1984. N’oublions jamais que de 1958 à 1982 Ahidjo a dirigé un régime de dictature qui avait sérieusement limité la liberté de parole. Le débat était proscrit car dangereux. Et forcément rares étaient ceux qui osaient dénoncer cet état de choses. Depuis 1990, la parole revenue a permis d’exercer une pression plus importante sur le régime du Renouveau au sujet de ses dérives tribalistes. L’avènement du pluralisme politique ne pouvait que mettre, plus sérieusement, en difficulté cette structuration du pouvoir.

III. LA REALITE DES FAITS
En effet, cette vision manichéenne du pouvoir du clan béti ne résiste pas à la réalité des faits. Sous le régime du Renouveau, comme sous celui d’Ahidjo, le pouvoir est partagé entre les différents clans villageois et tribalistes. Si le pouvoir militaro politico administratif est détenu essentiellement par le clan béti, cela n’entraîne pas une situation ethnique hégémonique. Comme cela se faisait sous l’UC et l’UNC, avec Ahidjo, des pans entiers de ce pouvoir sont aux mains d’autres clans ethniques. Les nominations dans les grandes administrations et autres sociétés publiques procèdent de cette alchimie ethnique des pouvoirs néocoloniaux. Il est en outre indéniable que l’avènement d’un contexte politique de démocratisation ne pouvait que décourager toute velléité hégémonique, ce qui n’était pas le cas avant le multipartisme.

D’ailleurs la répartition des postes de pouvoir tient compte d’une donnée nouvelle qui bouleverse sérieusement les schémas ethniques. Le développement écervelé des sectes, qui ont fleuri sur les incertitudes d’une société en quête de sens, en perdition, a multiplié les mécanismes occultes d’accession au pouvoir, la sélection dans la reproduction sociale, accompagnée par une école où le tamis est l’argent, la persistance d’inégalités cumulatives, tous ces éléments nouveaux ont davantage nourri un système ouvert et transethnique. Tout cela a considérablement freiné toute velléité d’hégémonie ethnique.

En réalité, Biya est enfermé dans la logique des équilibres régionaux ; cette logique est indispensable à son maintien au pouvoir. Il a atomisé le pays avec cette logique. Aucune logique de représentativité populaire ne déterminant son choix dans le partage des postes de pouvoir.

IV. LES RAISONS DE CETTE NOUVELLE LEVEE DE BOUCLIER
La fin du régime du Renouveau, va de plus en plus alimenter les batailles pour le leadership de la succession. Les différents membres de ces élites de la petite bourgeoisie, se chargent consciemment ou inconsciemment de défendre les intérêts de leurs bourgeoisies respectives, des intérêts qui s’accordent avec les leurs, dans le sens qu’elles aspirent à prendre la place de leurs ainés. Ainsi voit-on d’éminentes personnalités universitaires par ailleurs très brillantes, défendre des thèses plus ou moins fumeuses mais dangereuses pour la Nation, dans un charabia pseudo universitaire. Peu importe, pensent-t-elles, l’essentiel étant d’assurer la victoire de leur camp.

Il en est ainsi du débat sur le prochain Président du Kamerun. On entend, pêle-mêle, « un Béti ne doit pas succéder à Paul Biya », « un Nordiste au pouvoir et se sera le chaos », « pas de Président Bamiléké car il y aura une hégémonie ethnique totale ». DU VRAI DELIRE.

En fait, cet article devait être intitulé : « LE PRETEXTE ETHNIQUE »
Mais commençons par la fin. Dans un récent article, j’ai amplement parlé du syndrome Bamiléké dont parlent certaines élites. J’expliquais qu’en réalité, ce sont les clans bourgeois et petit-bourgeois des autres ethnies qui redoutent le clan bourgeois et petit bourgeois de l’Ouest. En effet, la relative puissance économique de ce dernier clan donne des sueurs froides aux autres, et spécialement au clan Béti qui redoute la fin de son hégémonie, dès la fin du règne de Paul Biya.

La caporalisation et la manipulation des masses transforment leurs peurs, légitimes en tant que celles du clan, en un syndrome national bamiléké. L’objectif poursuivi étant de créer un front anti-bamiléké au sein du reste de la population kamerunaise. La même recette est expérimentée pour stigmatiser l’éventuelle arrivée au pouvoir d’un Kamerunais originaire du Nord. Ici, c’est le syndrome du Putch manqué de 1984 et ses conséquences qui sont agités par le clan Béti. Il en est de même dans la tentative de créer un clan anti béti sous le prétexte que : « maintenant c’est le tour des autres ».
Quels autres ? De qui parle t-on ? Evidemment, des autres clans bourgeois et petits-bourgeois, actuellement assis sur la table du gargantuesque festin national, mais qui bataillent pour en assurer la direction dans l’avenir.

Honte donc à ceux là même qui tout en étant sur la table du festin, veulent entraîner nos compatriotes notamment de l’Ouest et du Nord dans l’hystérie anti béti. Honte également à ceux qui, sentant le sol leur dérober sous leurs pieds, sentant leur hégémonie en danger, agitent l’épouvantail des « gens du Nord », ou « des bamiléké envahissants ».

Et les Kamerunais dans tout cela ?
Tous nos compatriotes qui, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest qui, soit croupissent dans la pauvreté et la misère, soit survivent difficilement à cause de la faillite politico économique de ce régime, ne doivent pas se sentir objectivement concernés par ces batailles au sommet ; même si subjectivement, les ressentiments et les instincts primaires les y entraînent de temps en temps. Cette stigmatisation entretenue par ces élites villageoises et tribalistes sont à combattre avec énergie. En effet, elles peuvent précipiter, si on n’y prend pas garde, le pays dans un chaos consécutif à des confrontations ethniques liées à la bataille pour le pouvoir. Ce qu’il faut affirmer ici, c’est qu’il existe une tribu de synthèse, (synthèse : formation artificielle d’un corps composé), pour reprendre la belle formule de notre camarade Denis NKWEBO, qui est composée de toutes ces élites villageoises au pouvoir ou à la périphérie du pouvoir, qui ne voient notre pays que comme une juxtaposition, un agrégat de bantoustans, condamnés à s’épier, à se combattre, sans aucune volonté, sans aucun espoir d’intégration. Voilà le Kamerun tel que conçu par la tribu de synthèse.

Ce que les Kamerunais doivent rejeter systématiquement, c’est de se laisser entraîner dans cette bataille qui doit se cantonner à l’intérieur de la tribu de synthèse dont nous parlions plus haut. S’il y a chaos, ce sera et ce doit être exclusivement à l’intérieur de cette tribu de synthèse. Pour notre pays, pour le Kamerun de nos ancêtres, les patriotes seront un solide rempart contre toute tentative de déstabilisation d’où qu’elle vienne.

Ce sont ces gens-là que les Kamerunais ne voudraient pas à la tête du Kamerun post Biya.
Ce sont les TITUS EDZOA, AKAME MFOUMOU, TSIMI EVOUNA, FAME NDONGO, MEBE NGO’O, et autres, ATANGANA MEBARA, Joseph OWONA. Ce sont ces béti là dont les Kamerunais ne veulent plus.
Ce sont les KONTCHOU KOUOMEGNI, NIAT NJIFENJI, Jean NKUETE, SIYAM SIWE, et cie.
Ce sont ces bamilékés-là dont les Kamerunais ne veulent plus.
Ce sont les MARAFA HAMIDOU YAYA , AMADOU ALI, BELLO BOUBA MAIGARI, CAVAYE YEGUIE DJIBRIL , HAMADJODA ADJOUDJI , YAOU AISSATOU, et cie.
Ce sont ces « nordistes » dont les Kamerunais ne veulent plus.
Evidemment, les Kamerunais ne veulent non plus de tous les autres membres des élites villageoises, tribalistes et abrutissantes des autres ethnies : les ESSO, BAPES BAPES, ATANGA NJI et cie.
Mais, quel Kamerunais aurait refusé qu’un patriote comme MONGO BETI, ABEL EYINGA, ABANDA KPAMA, ENOH MEYOMESSE, MEVOUA, OVOUNDI dirige le Kamerun post Biya.
Qui aurait à redire si Jean Bosco NKWETCHE, YIMGAING MOYO, Hubert KAMGANG, GHONDA NOUGA, Denis NKWEBO, DONGMO Fils Valentin, devenaient les dirigeants du Kamerun post Renouveau ?
Dr Albert DOUFFISSA, SANDA OUMAROU etc sont des patriotes au service du Kamerun de demain. Ils dirigeraient ce pays sans aucun esprit sectaire ou tribaliste, sans esprit de revanche, encore moins de velléités hégémonique.

Je ne pourrais pas dire autant de toutes ces personnalités politiques, sociopolitiques ou religieuses qui derrière des discours mielleux, sont de patentés tribalistes, conscients ou inconscients. Les lauriers dressés aux victoires électorales dans les niches régionalistes, sont là pour mettre à nu le comportement tendancieux de tous ces politiciens du village. Je ne citerai pour le moment aucun nom, mais je suis sûr qu’ils se reconnaîtront.
La solution à nos problèmes, la solution pour notre pays est l’arrivée au pouvoir de patriotes véritables débarrassés des instincts de repli identitaire et de tout sectarisme régionaliste et résolument tournés vers le panafricanisme.

V LE PRETEXTE ETHNIQUE
La question du pouvoir béti est intimement liée aux enjeux du pouvoir au Kamerun aujourd’hui. Les difficultés d’alternance politique ont été le détonateur de cette fracture politique entre le peuple béti et le reste du pays. L’examen objectif du terroir béti et les conditions d’existence de ce peuple suffisent à eux seuls pour affirmer que ce peuple sert de masse de man uvre de groupe de pression, d’objet de chantage au pouvoir minoritaire. Le rapport de forces au Kamerun se fait encore en grande partie par les ethnies, l’exercice du pouvoir également. D’ailleurs, les différents clans au pouvoir ne se gênent point pour se servir de leurs ressortissants dans ces man uvres.
Ce n’est donc point une spécificité ni du clan béti, ni du pouvoir actuel. Comment peut-on donc stigmatiser un peuple qui n’a commis d’autres crimes que de compter des fils incompétents et antipatriotes à la tête d’un pouvoir impopulaire ?

Un peuple en acculturation effrénée, de plus en plus misérable, sans perspectives culturelles et matérielles ; la scolarisation est en régression partout, même dans les contrées proches du palais du Chef de l’Etat à Mvomeka. Les infrastructures de communication sont largement insuffisantes ou sont totalement dégradées. Les béti sont ainsi partagés ou coincés entre la coercition et le désenchantement.
Comme tous les autres Kamerunais, ils subissent les méfaits d’un pouvoir au service essentiellement des intérêts étrangers et peu soucieux du bien être des Kamerunais. Les autres peuples du Kamerun ne sont pas en reste, embarqués malgré eux, dans cette dérive de stigmatisation ethnique injuste. Ils sont véritablement des otages de leurs élites qui s’en servent comme monnaie d’échange dans les positionnements économiques et politiques.

EN REALITE, C’EST LE DISCOURS DES REVANCHARDS ET OPPORTUNISTES PASSÉS DANS L’OPPOSITION POLITIQUE ET L’ALIENATION ETHNIQUE DES KAMERUNAIS QUI ONT FAIT DU PRETEXTE BETI, UN POUVOIR BETI.
Et comme la lumière crée l’ombre, le prétexte béti permet d’occulter les questions fondamentales liées à la nature de classe du pouvoir au Kamerun. Ils sont nombreux, les faux opposants infiltrés dans les sectes tribalistes et réactionnaires, et dans les médias, dont la contribution principale au départ de Biya semble être l’exacerbation du chauvinisme tribal et l’amalgame consistant à rendre le peuple béti solidairement comptable des échecs du « Renouveau »
Un proverbe haoussa affirme : « qu’une parole de vérité pèse plus que le monde entier »

Il faut donc cultiver la Vérité. On ne fait pas la politique avec des sentiments et des remords. Mais avec un projet. Ce projet est de construire une Nation Kamerunaise, une véritable Nation Kamerunaise tournée vers un avenir de puissance africaine.

« Le Kamerun est notre Patrie et l’Afrique notre Avenir », affirmons nous au MANIDEM.C’EST NOTRE DEVOIR. LE DEVOIR DE TOUS LES VRAIS PATRIOTES KAMERUNAIS.

Anicet EKANE
Alias Pierre NGUENKAM *
*Mon nom de lutte en clandestinité upéciste

Anicet Ekane
Droits réservés)/n

Dévolution du pouvoir au Cameroun: Le problème Bamiléké en question

Par Narcis Bangmo

Le branle-bas politico-médiatique autour de l’actuelle visite de travail du Chef de l’Etat en France, démontre une fois de plus la fragilité du tissu social camerounais et toute la difficulté qu’ont les ethnies et tribus qui le constituent à coexister pacifiquement. Cette intolérance interethnique s’exacerbe au quotidien quand les débats sur la dévolution du pouvoir prennent corps dans un contexte sociopolitique ou les signaux de fin de règne sont quasiment tous dans le rouge. La course au dauphinat et donc au pouvoir, tant dans le parti au pouvoir que dans l’opposition, en appelle aux stratégies parmi les plus ubuesques et malicieusement dangereuses pour l’avenir de notre pays. Les ethnies les tribus sont ainsi sollicitées pour la sâle besogne, jamais dans l’optique d’apaiser les tensions sociales, les clivages et autres replis identitaires qui font tant de mal à notre pays, mais plutôt et exclusivement, pour semer la graine de la division qui, pour les adeptes de Machiavel, bénit les conservatismes. La simplement évocation de l’appartenance régionale semble nous condamner tous, à l’acceptation des idéologies, qui ne sont pas éminemment nôtres, érigeant de nombreuses cloisons sur le chemin de la démocratie véritable. A faire toujours correspondre l’ethnie à l’appartenance politique, on fausse le débat de l’unité nationale qui est un construit permanent, faisant le lit des partis ethnico-tribaux. La récente actualité nous enseigne qu’on est dans le tunnel des clivages du début des années 90, avec un pic orienté du côté des associations diasporiques, qui jouent le rôle d’une opposition moribonde et quasi absente. Le problème bamiléké existe bel et bien. D’ailleurs, le dénier serait fausser le débat et ainsi donner raison aux instrumentistes et aux «monofascistes» qui en font un véritable fond de commerce politique dans les partis politiques de la majorité gouvernementale, dans les ceux de l’opposition, dans la société civile et déconcertement dans l’église.

Les origines et les manifestations du problème
Chacun de nous se reconnait d’abord en son ethnie en sa tribu en son clan avant toute appartenance à la nation. Ce repli identitaire n’est pas une invention du renouveau évidemment! Sauf qu’avant, l’approche de contenance et de réduction du phénomène était une priorité au plus haut sommet de l’Etat. Le président Ahidjo, très soucieux des principes fondateurs de la république, parmi lesquels l’intégration nationale, avait savamment pensé et construit ce concept autour d’une stratégie d’immersion de fonctionnaires, agents de l’Etat, forces de défense. dans des régions géographies ou politiques autres que celles d’origine de ces employés de l’Etat. Le mariage interethnique étant un frein au repli identitaire, force est de constater que cette vision de l’intégration aurait constitué un stimulus pour tous ces jeunes travailleurs qui nouvellement installés regarde davantage le doigt que la lune qui est parfois plus lointaine et plus couteuse. C’est vrai que le contexte économique s’y prêtait, mais ce qui importe c’est cette volonté politique qu’avait le premier président. Il fut sans nul doute un tortionnaire de la pire barbarie, mais croyait tout de même que la construction du pays se ferait avec tous, même ceux qu’il ne portaient pas dans son escarcelle forcement. Voilà à tort ou à raison ce qui ferait resurgir au devant de la scène, des nostalgiques non moins compréhensibles du syndrome de Stockholm, ce haut lieu où les victimes d’hier tombent amoureuses de leurs bourreaux faute de mieux. Les échecs de l’application des principes stricts de la démocratie au Cameroun, donnent raison tous les jours aux hagiographes des dictatures éclairées. La démocratie telle que pratiquée chez nous, contribue plus au renforcement des clivages égotistes qu’à la naissance réelle des idéologies et des projets de société qui suscitent l’adhésion de tous, indépendamment des origines ethniques et tribales. L’élite qu’on croyait toujours «faire le développement» s’affirme aujourd’hui comme le moteur de l’échec de toutes les politiques publics. Elles instrumentalisent les populations et n’hésitent pas à en faire des moutons électoraux, en agitant honteusement le chiffon rouge de la menace ethnique, obligeant de ce fait les pouvoirs publiques à une complicité à tout le moins passive. L’ « appel de Yaoundé » qui consacrait idéellement la traque ethnique comme seul moyen de conserver le pouvoir est une parfaite preuve de l’existence de la question bamiléké au Cameroun. On pourrait ajouter à cela les déclarations d’Amadou Ali d’alors vice-premier ministre, extraites de Wikileaks, qui aurait déclaré qu’il ne tolèrerait jamais qu’un Béti, pis encore un Bamiléké comme dauphin de Biya. La dernière grande foire théâtralo-tribale, de l’expression du mal vivre ensemble dans notre pays est venue de l’église qu’on dit dépositaire des valeurs morales et haut lieu de l’acceptation de tous sans distinctions aucunes.

C’est d’ailleurs cela la raison existentielle du christianisme, qui défend davantage dans sa doctrine les injustes et les méchants. La tristement célèbre affaire Bakot, contre les réseaux bamilékés en est une parfaite illustration du pourrissement social et de l’instrumentalisation des pasteurs dans un champ qui n’est essentiellement pas le leur. En s’y investissant ils prennent le risque de perdre leurs notoriétés, comme biens de chefs traditionnels l’on presque perdue aujourd’hui. Le problème des équilibres abordé sous cet angle-là par le prélat, est d’autant plus incongru qu’il s’agit d’une institution privée où la scolarisation est parmi les plus onéreuses au Cameroun. Il ne suffit donc pas d’y être tout simplement admis, mais il faut pouvoir en justifier d’une bourse conséquente. La question demeure donc toute entière, pourquoi Mgr Bakot qui n’a jamais dénoncé la tribalisation et le marchandage des quotas au moment de l’entrée dans les grandes écoles publiques, comme il le fait pour l’homosexualité, s’englue t-il dans cet exercice dangereux, au risque de tuer la poule aux ufs d’or, de diviser ses propres enseignants et de se mettre à dos tous les intellectuels et dignitaires bamilékés fidèles de son église?

Reproches et réflexion sur la question Bamiléké
La région de l’ouest compte deux principaux peuples. Les Bamilékés répartis sur 7 départements et les Bamoun concentrés sur le seul département du Noun qui représente un peu plus de la moitié de la superficie de la région soit 7687 km2 sur 13782 que compte toute la région. Le peuple Bamiléké qu’Akam Evina (1991) situe géographiquement dans la ceinture d’infécondité d’Afrique, a adopté conséquemment un comportement conjoncturel de fécondité qui permet d’expliquer la surpopulation dans la région, l’absence de terre et par ricochet les élans impérialistes supposés des bamilékés. Dans l’arrondissement de Nkon-Gni dans le département de la Menoua, à titre d’exemple, on a une densité de près de 400 habitants au km2 et donc parmi les plus élevées au Cameroun. La généralisation de la polygamie en milieu Bamiléké au Cameroun a été favorisée par deux facteurs : « d’abord les modalités pratiques de la culture du café, ensuite le relèvement du niveau de vie consécutif à la culture de cette plante de rente. En subordonnant l’autorisation de la pratique de la caféiculture à la possession d’une main-d’ uvre importante dans chaque famille, les autorités coloniales encourageaient sans le savoir et sans le vouloir la polygamie et son corollaire, une fécondité élevée » (Kélodjoué, 2006).

La déprise caféière du début des années 80 a conduit à une mutation socio-spatiale des comportements de production et de reproduction, modifient structurellement la vision qu’on y avait de la famille. Toutes cette main d’ uvre dont on a pas nécessairement besoin dans la production du vivrier marchand, qui remplace le café a besoin de s’exprimer. Le droit successoral traditionnel bamiléké est parmi les plus violents et socio anthropologiquement discriminatoires, en ce sens qu’il fait du successeur l’administrateur des biens, consacrant de fait au désigné successeur, les pouvoirs que même son défunt père n’avait pas. Il a pratiquement le droit de vie ou de mort sur ses frères en particuliers ses demi-frères, qui doivent lui faire allégeance et surtout des paternosters pour espérer un lopin de terre où quelque avantage que ce soit, sinon, ils vont voir ailleurs. Au lieu de s’émouvoir de la confiscation de certains secteurs d’activité pas toujours très sains en matière de sécurité, comme les motos taxis à Douala tenue par les jeunes Bouba, Dschang.il vaudrait mieux endiguer le mal à défaut de l’éradiquer à la racine, en proposant à ces jeunes des projets de développement pour mieux les contenir soit dans leur terroir ou ailleurs, comme ce fut le cas dans l’opération Yabassi-Bafang, qui à notre connaissance ne fut pas un échec.

Au-delà de l’hyper présence compréhensible et même souhaitable des ressortissants de la région de l’ouest dans toutes les régions du Cameroun, ce qui nous semble choquer leurs hôtes c’est l’autoglorification, l’organisation en réseaux impénétrables et impitoyables, le rejet des autres. L’un des arguments spécieux fréquemment évoqués par le renouveau pour se réjouir d’avoir maintenu le Cameroun en paix pendant 30 ans est la « juste redistribution » des postes politiques et le partage plus ou moins équitable du «gâteau national». A l’observation, il est bien difficile d’épouser un tel argumentaire, puisque la planification des politiques économiques semble diviser le pays en deux. Ceux qui ont le pouvoir politique (l’axe Nord-Sud) et ceux qui contrôlent l’économie (l’axe Anglo-Bamiléké). Cette vision du Cameroun est aujourd’hui dépassée par l’aspect démographique qui introduit tous les jours de nouvelles variables d’ajustement pour le gouvernement en place. C’est assurément ce qui fait dire aux chefs Sawa en 1992, réclamant alors que les leurs soient représentés dans toutes les communes, pour réduire la surreprésentation des Bamiléké au sein des exécutifs communaux, que la loi du nombre n’est en rien l’expression de la démocratie, mais plutôt de l’expansionnisme mieux de l’impérialisme néocolonial. L’hégémonie Bamiléké est ainsi redouté, non plus seulement dans les affaires mais aussi en politique et dans les milieux religieux.

Narcis Bangmo
N. B.)/n

Aucun recensement n’a plus jamais donné de façon officielle les chiffres ethniques mais, dans tous les salons, les Bamilékés aiment à dire à tort ou à raison qu’ils sont les plus nombreux pour que le one man one vote tourne à leur avantage. La levée des boucliers autour de la personne de Maurice Kamto n’est pas gratuite à cet effet. La force de l’argent ajoutée à la statistique et à l’orgueil, peut conduire au contrôle du pouvoir que l’axe Nord-Sud ne veut pas perdre de si tôt. L’autoglorification présumée des Bamiléké connait un essor abominable de l’avis de nombreux intellectuels et enseignants Béti, au début des années 80, avec le dynamisme Bamiléké de Jean Louis Dongmo, thèse d’Etat de plus d’un millier de pages. Le professeur Claude Abbé qualifiait au cours d’un émission spéciale de l’« Arène » sur les antennes de canal2, de ramassis d’éléments auto-glorificateurs et haineux qui n’ont rien à voir avec la science. Une posture qui met en lumière les rivalités béti-bamiléké que Onana Onomo (2011) situe bien avant et même au lendemain des indépendances, où les intellectuels majoritairement béti occupaient des postes stratégiques dans la sphère du pouvoir, pendant que les bamilékés encore englués dans la guerre civile (maquis) étaient essentiellement des commerçants. A partir des années 30 arrivent les premières vagues d’immigrés Bamilékés dans les grandes villes du Cameroun (Yaoundé, Douala, Nkonssamba) qui occupent tous les secteurs d’activités suscitant dès lors la convoitise des autres. Onana Onomo pense dans ses travaux que il aurait suffi qu’on appliquât les principes stricts de la démocratie pour voir s’effacer d’elles-mêmes les associations ethnico-tribal (Essingan, Laakam), bras intellectualo-mystique qui matérialise la symétrie des rivalités vives et visibles entre les deux groupes ethniques, qui ont trouvé pour s’inter-identifier, des substantifs à tout le moins péjoratifs et injurieux (Nkwa’a-Nguelafis).

Ce qui est étonnamment questionnable dans le peuple bamiléké, vient aussi du fait que, les griefs qui lui sont portés viennent de partout et même du peuple voisin, qui lui est historiquement et sociologiquement très proche. Les récents conflits autour du fleuve Noun en sont une parfaite preuve. Ce qui peut nous amener à penser avec Zognong (2011) à l’existence d’un péril Bamiléké, lorsqu’il affirme que: « Le spectre avancé récemment d’un péril bamiléké au Cameroun se présente comme le couronnement logique des récriminations ethniques contre ce groupe… Quant à lui, au-delà de la simple invasion démographique, le péril bamiléké au Cameroun serait aussi un accaparement tous azimuts des surfaces politiques, économiques, scientifiques, voire religieuses, péril qu’il faut contenir à tout prix, pour que le Cameroun ne se transforme pas en une vaste province bamiléké selon le mot de lamberton qui s’inquiétait déjà dans les années 60: « Qu’un groupe de populations nègres réunisse tant de facteurs de puissance et de cohésion n’est pas si banal en Afrique Centrale. Au Cameroun du moins, le phénomène bamiléké est sans précédent » . Dans la même perspective, le Collectif C3 pense que « le peuple bamiléké est la fraction la plus nombreuse, la plus forte, la plus entreprenante, la mieux répartie sur tous les secteurs d’activité » L’analyse que fait Zognong du problème Bamiléké nous semble conclure à l’existence de deux ethnies au Cameroun, les Bamilékés d’une part et les autres.

Les réseaux Bamiléké sont dits impénétrables. Dans les marchés du Cameroun, on évoque très souvent les secteurs de la redistribution des produits de première nécessité, pour justifier cet enfermement stratégique à la chinoise. La friperie est presque dans sa totalité contrôlée par les ressortissants d’un seul village, mais pour autant est-ce un tort? Le très sulfureux journaliste et homme politique Chantal Roger Tuile, fait tous les jours remarquer, que les listes électorales aux élections législatives et municipales obéissent rarement sinon jamais aux caractéristiques sociologiques dans leurs compositions comme l’exige la loi électorale. Le problème à cet effet nous semble être ailleurs, celui de la présence même des autres groupes ethniques intéressés ou à désintéresser. Résoudre ce problème suppose aussi et surtout une volonté politique profonde de redéploiement systématique des fonctionnaires et autres agents de l’Etat, dans toutes les régions du pays comme c’était déjà le cas avant les crises économique et sociopolitique qu’a traversé le Cameroun à la fin des années 80. Cette volonté politique passe naturellement par la lutte contre la corruption dans l’administration centrale qui se joue de muter les gens là ou ils veulent au gout de leurs bourses. A titre d’exemple, le schéma d’urbanisme directeur (SUD) de la ville de Dschang, conçu au début des années 80 prévoyait que la zone dite payground, soit remise à la mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains ruraux (MAETUR), qui devait stratégiquement y faciliter l’intégration des travailleurs de l’Etat. Mais, cet espace a été revendu à l’élite locale avec la complicité des autorités administratives qui se sont succédées. Utiliser le fait que les Bamiléké ne vendent pas le terrain comme argument probable de stigmatisation, nous semble factice pour deux raisons. Ils ne peuvent déjà pas vendre ce qu’ils n’ont pas pour des raisons évoquées plus haut. En plus, il ne suffirait plus à l’Etat, qui a un bras séculier très long et qui a le monopole de l’expropriation pour utilité publique, de se limiter à réquisitionner, viabiliser et mettre à la disposition des camerounais de tous des espaces pour construction, il faudrait surtout une réelle volonté politique et une planification bien pensée pour une meilleure intégration nationale. Ceci favoriserait la mixité ethnique et pourrait attirer les gens de tous les horizons en pays Bamiléké qu’on dit hostile à la vente de terrain et à l’acceptation de l’autre.

L’urgence de repenser le principe des grands équilibres au Cameroun
Lorsque vous venez de souffler sur votre 35e bougies, né à Obala, vos parents y sont nés, vos grands-parents y sont aussi depuis les années 50. Soit, près de 70 années cumulées au même endroit, d’où êtes-vous originaire? De nombreux pays africains comme la Côte d’Ivoire et le RD-Congo, connaissent des moments assez troubles de l’histoire des migrations des peuples qui y vivent, on est arrivé à douter de la nationalité des hauts responsables, au point de les rendre inéligibles, avec des conséquences que nous savons désastreuses pour ces pays-là. Le syndrome de l’ivoirété et de la congolité ne se pose sans doute pas de même façon chez-nous, mais présente tout de même certaines caractéristiques dont nous ne saurions nous en départir si nous n’y prenons pas garde. Le processus de rattrapage qui avait pour but essentiel de réduire l’arriération de certaines régions du pays, a été congénitalement mal conçu, parce qu’au lieu d’attaquer de façon structurelle les problèmes majeurs qu’on compte parmi les questions d’éducation, de santé et de nutrition des populations, on a fait la part belle au développement de l’élitisme, faisant croire que la qualité du développement était tributaire de la quantité d’élites à former. Toutes les grandes écoles étaient sollicitées et mis à contribution. Pendant longtemps, cette logique a prévalu et malgré son échec, elle continue à avoir pignon sur rue, sans tenir compte de l’évolution sociodémographique des minorités qu’on voulait pourtant protéger. 50 ans après les indépendances, presque rien n’a changé presque dans les régions de l’Est et du Grand-Nord que visait cette politique aujourd’hui érigée en grand tribalisme d’Etat. Elle a donc échoué, cette politique, parce que à tête chercheuse. Si on l’applique à l’entrée des grandes écoles, on pourrait aussi en faire autant dans les ministères et les sociétés d’Etat. « Les paradoxes du pays organisateur » de Charles Ateba Eyené (2008), nous enseigne que, la surreprésentation des ministres et directeurs généraux dans une région est parfois plus dévastatrice que constructive.

Ceux qui s’offusquent d’une forte présence des Bamiléké au sein des organisations politiques et associatives de la diaspora contre Paul Biya, ont une mémoire hypocritement sélective, puisqu’ils refusent obstinément de voir le problème en amont, qui est manifestement la conséquence de la mauvaise planification des politiques économiques et l’absence de vision dans la redistribution des fruits de la croissance. Ceux qui sortent du Cameroun sont majoritairement parmi ceux-là qui n’ont pas pu entrer dans les grandes écoles, non pas toujours parce qu’ils n’en avaient pas la capacité et la capabilité, mais, parce qu’ils sont victimes du hasard de l’histoire. Parce qu’ils s’appelaient Kamga, Wafo, Nitcheu, ils se sont malheureusement trouvés dans des rangs interminables pendant les dépôts de dossiers dans les grandes écoles, seules employeurs permanents au Cameroun, le secteur privé étant très embryonnaire. Un bamiléké qui nait à Obala de même ou un Eton qui nait à Moya dans le Nord Makombe, ne devraient plus, sauf s’ils le souhaitent, 30 ans après, être rattaché à leurs régions d’origine c’est une incongruité systémique qui pousse de nombreux Camerounais à l’exil. Ceux qui sont nés il y a 30 ans dans le grand-Nord qui y ont vécu, et donc les parents s’y installaient pour des missions de service publique, ont quand même connu les mêmes difficultés que les autres, ils sont restés comme les fils d’autochtone un trimestre voir plus, sans enseignant de mathématique., et méritaient d’entrer à l’école normale de Maroua comme tous les autres fils du Nord. Par ailleurs, Hamadou qui est né à Yaoundé et qui y a fait ses études dans des conditions idoines ne peut en rien se prévaloir de ses origines nordiques tous simplement parce que ses parents y sont originaires. Quand on aura « reproblématiser » les concepts de minorité, d’allogène d’autochtone de manière à y intégrer le lieu de naissance et le lieu de résidence, plutôt que la seule origine des parents, on aura résolu en partie le problème Bamiléké dont l’intégration ne saurait plus être rattachée à la seule origine des parents mais plutôt, à des critères plus objectifs et réalistes pour un Cameroun émergeant en 2035. La politique de contenance et de rejet de certains camerounais de la diaspora, qui ont la double nationalité, qui sont proches de l’opposition ou même les deux, ne sera jamais bénéfique pour un pays qui veut se transformer et qui a besoin de tous ses enfants pour opérer sa mue. Ceux qui partagent cette thèse sans doute dans la logique de conserver indument les strapontins, ne se font pas du bien à eux-mêmes. Ils ne font que repousser un processus, qui, s’il est déjà enclenché risquera de se produire quand même, parce qu’il y’a pas de situations définitives.

Mgr Tonyè Bakot, les bamiléké et le tribalisme: Les péchés capitaux de Shanda Tonme et du Laakam

Par Dieudonné Essomba, cadre au minepat, ingénieur principal de la statistique hors échelle, économiste

La lettre de Monseigneur TONYE BAKOT sur la surreprésentation des Bamiléké à l’université Catholique a suscité l’indignation de Monsieur SHANDA TONME, défenseur autoproclamé des Bamiléké dont il claironne partout la supériorité numérique niée et le dynamisme combattu. Dans son article « L’Après-Biya et les Bétis » publié le 10 février 2012, SHANDA TONME décrit le Cameroun comme un univers carcéral dans lequel le Bamiléké est pourchassé au profit du Béti et dans une moindre mesure, du reste de la communauté nationale, jalouse de son dynamisme : « En ce sens, dit-il, on ne peut pas conclure sans reconnaître quand même que dans le contexte d’une alternance, il faudra stopper le recrutement des Bétis dans la haute administration et procéder à des ajustements indispensables. Je vous parle avec l’assurance de traduire les profondeurs de plans de gouvernements qui existent déjà dans certains tiroirs. Il faudra alors des mesures transitoires encore dites d’urgence, car comment pensez-vous qu’avec près de 50% de la population, les Bamilékés ne soient que 7% de cadres dans tous les corps de sécurité confondus, c’est à dire armée, police, gendarmerie, garde présidentielle? » Dans son élan, SHANDA TOMNE érige son savoir fanfaron au dessus de ce que peuvent espérer les Prix Nobel d’Economie, affirmant, après avoir pourfendu l’élite du Grand Nord, « Hélas, le nord est actuellement un vrai scandale. Si j’avais le pouvoir, je ferais de cette partie du pays une région plus riche que l’Etat de Californie aux Etats unis. » Cette insulte adressée aux ressortissants du Grand Nord s’étend à d’autres communautés camerounaises qui, suivant SHANDA TOMNE, passent leur « temps à boire, à fêter, à faire des folies, à dépenser sans faire des économies ». Dénonçant l’équilibre régional, il ajoute en signe de déclaration de guerre : « Que ceux qui rêvent d’un pays condamné dans des combines d’équilibres ethniques obscurantistes, déchantent très vite. Nous allons changer le pays et les obliger à jouer le jeu de la démocratie, de la modernité, de la compétition et de la mondialisation totale. Les malins qui jouent à faire la chasse aux Bamilékés en auront bientôt pour leur compte, contraints et forcés par les événements. » Le Pr Franklin NYAMSI, dans un article intitulé « Pourquoi le Dr. Shanda Tonme s’enflamme-t-il à propos de ma déconstruction de son mythe ethniciste » avait tenté de mettre un mors à ce tribalisme de réaction, mais sans succès.

Il faut dire que le problème dit Bamiléké est de ceux qu’il est malaisé de débattre. Mais dans une ambiance où les Camerounais ne savent plus où ils en sont, assommés par une crise interminable et désespérés devant l’absence de toute perspective, il faut le faire, afin d’empêcher le développement des interprétations dogmatiques de la réalité sociologique du Cameroun qui pourraient enfermer des jeunes dans des extrémismes dangereux. Il n’est pas nécessaire de s’attarder sur les statistiques de SHANDA TOMNE, un domaine où les Bamiléké excellent et disposent de meilleures aptitudes à défendre leur communauté avec des arguments plus pertinents. Il n’est pas non plus utile de s’attarder à son projet de réduction des effectifs Bétis dans l’administration publique, à son mépris vis-à-vis de l’élite nordiste, à ses menaces proférées aux bamiléké qui rejettent ses délires ou à sa conquête onirique du pouvoir d’Etat. Le débat le plus utile paraît porter sur l’équilibre régional, cette discrimination positive plus ou moins formalisée qui vise à assurer la représentativité de toutes les communautés dans les charges publiques. Si la pratique peut, sur le plan politique, se justifier, elle a le grave inconvénient de poser un problème de justice et d’égalité de tous les citoyens devant les droits et les devoirs. Mais peut-être importe-t-il de revoir le Cameroun tel qu’il est.

Situation réelle du Cameroun
Le Cameroun est une Nation composée de communautés ressortant de multiples aires culturelles. Dans l’euphorie des années 60, les pouvoirs publics développèrent une idéologie de l’unité nationale où, en évacuant le fait ethnique, ils caressaient l’espoir de broyer les spécificités et les différences sociologiques dans le moule du Parti Unique. La liberté et la démocratie retrouvées dans les années 90 ont mis fin à ce rêve insensé et imposé, de fait, une réorientation du système politique où le fait ethnique doit être intégré, afin d’être apprivoisé et dominé. Jusqu’à présent, on ne peut pas dire que nous avons mis en place un mécanisme capable de le gérer et cette incapacité à trouver une solution idoine à une réalité omnipotente lui donne une expression qui prend la forme systématique du « ghetto », c’est-à-dire, des sortes de kystes ethniques disséminés sur le territoire national ou les secteurs. La logique du ghetto s’exprime dans l’occupation spatiale des villes, où chaque communauté immigrée a tendance à créer son quartier : Quartier Haoussa, Quartier Bamiléké, etc. On la retrouve dans les réseaux de tontines, dans beaucoup d’autres secteur et même à l’étranger. Mais elle s’exprime surtout dans les ethnopoles, c’est-à-dire, des segments productifs dans lesquels une communauté, numériquement supérieure, cultive un sentiment d’appropriation et oppose de manière consciente ou non, une résistance ouverte à l’entrée des « étrangers ». A l’observation, l’économie camerounaise n’est formée que d’une juxtaposition d’ethnopoles. Chaque segment d’activité est dominé par un groupe ethnique qui le protège de manière agressive, comme on peut le voir sur nos grands marchés urbains : les Bassa vendent l’huile, les Béti vendent les vivres frais, les Bamiléké vendent les ufs, les Nordistes vendent le b uf. A chacun sa spécialité et lorsqu’il arrive que deux communautés vendent le même bien, ils doivent occuper deux espaces différents. Les ethnopoles, formidables ghettos économiques, développent un esprit de solidarité tribale si intense qu’ils peuvent créer des collusions souterraines capables de neutraliser n’importe quelle mesure de régulation de l’Etat et de dévoyer toute concurrence. Quelquefois, ils font reculer l’Etat qui peut se retrouver incapable d’appliquer une mesure dans un secteur occupé préférentiellement par une communauté, au motif que la mesure est une ruse pour annihiler son dynamisme ou même une provocation. La tendance instinctive de la communauté nationale à s’agglomérer en grumeaux, c’est-à-dire, en sortes de kystes mal articulés les uns aux autres crée une sorte de juxtaposition plus ou moins pacifique des communautés, mais n’assure aucune marche vers l’intégration nationale. Le potentiel conflictuel de cette logique du ghetto vient d’une part, de l’esprit sectaire qui s’y développe vis-à-vis des autres communautés et d’autre part, de son isolement qui fournit aux ennemis le moyen de les frapper facilement et le désir de le faire. Les pouvoirs publics doivent les combattre et c’est à bon droit qu’ils détruisent les quartiers communautaires pour les remplacer par des quartiers mixtes, qu’ils empêchent la confiscation d’une corporation par une communauté, que les nominations doivent refléter autant que possible la Nation et que les recrutements dans les emplois publics doivent intégrer tout le monde. Indépendamment des facteurs qui la justifient, c’est la sur-représentativité des Bamiléké à l’Université Catholique qui est le problème, parce qu’elle crée objectivement les conditions d’un ghetto et légitime l’intervention de l’archevêque. Le prélat n’a donc pas tort de décrier une situation anormale, mais c’est l’ensemble des facteurs qui l’ont générée qu’il faut interroger.

Le Problème posé par l’équilibre régional
Le principal reproche adressé à la politique d’équilibre régional, au-delà des problèmes d’injustice porte sur l’efficacité d’un système qui réduit la compétition. La réponse à cette question est relativement simple. Lorsqu’un système est ouvert, c’est-à-dire, qu’il dispose d’une marge de progression permettant à insérer toute la demande sociale, la compétition aboutit à la méritocratie, une situation où chacun a selon son mérite. Les titulaire du CEPE, du BEPC, du Baccalauréat, de la Licence et du doctorat ont chacun un poste de travail correspondant à son niveau et un salaire conséquent. Le certifié doit avoir un salaire moindre que le Docteur, mais il doit avoir un salaire et personne n’est pénalisé. Un système ouvert se caractérise par une offre permanente des emplois, une croissance significative par habitant, une bonne expression des aptitudes retards et la convergence des diverses régions et diverses communautés. Une discrimination positive peut y exister, mais elle ne porte pas à conséquence. Et on verra bien que dans de tels systèmes, les meilleurs ne se battent jamais pour les postes publics, mais s’expriment davantage dans le secteur privé nettement plus rémunérateur et où s’expriment réellement les compétences, à l’inverse de l’administration par essence trop hiératique, procédurière et routinière. Le fait que les tensions au Cameroun se coagulent autour des postes administratifs montre que le système ne fonctionne pas. Le Cameroun est un système occlus, avec une croissance bloquée qui ne permet plus capable d’offrir suffisamment d’emploi pour tout le monde. Evidemment, un tel système ne peut pas aboutir à la méritocratie qui est un système sain, mais à un élitisme où seuls, quelques individus se retrouvent avec des postes de travail alors que les autres n’ont rien. Or l’élitisme est intrinsèquement dangereux pour la paix sociale, même dans une communauté homogène. Il a en effet tendance à se reproduire à travers les générations, d’une part parce que les revenus exorbitants des élites permettent à leur descendance de bénéficier d’une meilleure éducation qui prolonge leur domination, d’autre part parce que cette élite a tendance à geler l’appropriation définitive et irréversible des avantages dans leur famille en aménageant un système politique adéquat. C’est historiquement cette logique élitaire qui a suscité les révolutions dans le monde et même aujourd’hui, on n’imagine pas en France une situation où seuls les cadres des autres Grandes Ecoles auraient un emploi décent : la situation déboucherait immédiatement sur une révolution. Le problème devient plus explosif si la classe dominante s’assimile à une communauté particulière ; d’instinct, celle-ci tentera de préserver ses avantages avec d’autant plus de férocité qu’elle se nourrit de la haine des autres tribus et de ses propres peurs. Elle aura beau justifier sa suprématie par ses aptitudes, personne ne lui reconnaîtra aucun mérite, car il est une constance humaine : aucune tribu n’est disposée à accepter d’être évacuée des avantages publics, au motif de ses faiblesses, et elle y répond toujours de manière belliciste. Soit par des attitudes irrédentistes, au motif que ses enfants étant idiots, elle n’a rien à faire dans un ensemble des tribus dont les enfants sont intelligents, soit par une agression du régime politique en vue de prouver, par les armes, que ses enfants sont au moins aussi intelligents que les autres. L’ouverture des postes publics à une compétition aveugle dans un environnement rationné et dans une communauté nationale segmentaire comme le Cameroun n’est pas une bonne idée. Le risque est la mutation d’un problème social en un problème ethnique autrement plus dangereux. A la vérité, peu de personnes accepteraient que les Bamiléké ont plus accès à des postes parce qu’ils sont intrinsèquement plus aptes ; plutôt, la majorité y verrait davantage une stratégie faite de ruse et de tricherie visant à confisquer les postes de l’Etat et à imposer une hégémonie tribale inacceptable. Il est plus sage de rechercher ailleurs des solutions plus conformes à l’anthropologie.

Un système bloqué
Le Cameroun, après avoir connu une croissance pendant un quart de siècle, a épuisé son potentiel de croissance et le pays est devenu une pièce mécanique du système international dont l’évolution est conditionnée par nos recettes d’exportation. Pour construire une route, un bâtiment, un chemin de fer ou un barrage, il faut utiliser les machines importées et il n’y a pas moyen de faire autrement. Autrement dit, pour que le Bamiléké ou quelqu’un d’autre puisse avoir une entreprise, il faut impérativement que les paysans producteurs de cacao, de café, de coton, ou les producteurs de bois ou de pétrole aient déjà produit des devises qui lui permettront d’acheter la marchandise qu’il vend. Même les activités que nous sommes capables de mener nous-mêmes en achetant la technologie nous sont interdites sitôt qu’elles sont rentables. Le Gouvernement du Cameroun peut vouloir donner un gros marché de travaux publics aux Camerounais, mais si ceux-ci entrent en concurrence avec des entreprises venant des pays qui fabriquent des bulldozers, celles-ci mettront de multiples entraves à l’acquisition de ces engins et nos entreprises seront éliminées. En réalité, les Camerounais ne sont autorisés à agir que dans un domaine ne recouvrant que 14% des activités structurées, le reste étant acculé dans le magma informel. Et c’est à l’intérieur de cette marge que toutes les communautés camerounaises se battent. Dans ces conditions, le dynamisme d’une communauté locale, fût-elle Bamiléké, ne peut être que confiné, c’est-à-dire, obligé de s’exprimer à l’intérieur de la marge. C’est dire que quand bien même tous les Camerounais imiteraient les Bamilékés, cette marge ne changerait jamais sur le plan macroéconomique : le PIB serait le même, la croissance serait la même. Le seul effet du dynamisme Bamiléké est de prendre une part relativement plus importante que les autres dans ces 14% autorisés, mais il n’a aucun impact sur les indicateurs globaux de l’économie camerounaise. On voit donc bien que dans un système bloqué, la notion même de compétence perd de son sens, puisque les aptitudes particulières ne s’expriment plus que dans une perspective d’appropriation des quelques avantages et par suite, la constitution des ghettos. L’observation de notre administration le montre : les comportements des uns et des autres ne manifestent nulle part la moindre différence dans les connaissances professionnelles, les comportements éthiques ou le choix des collaborateurs. Tous les Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, présentent les mêmes tares, la même cupidité, le même esprit sectaire, la même haine de la pensée et de l’intelligence. On ne note aucune différence entre les majors des promotions et les repêchés, de même qu’on ne voit aucune différence entre ceux qui ont fréquenté en Europe et ceux qui ont fréquenté ici, et encore moins entre les tribus. Un système bloqué contraint les aptitudes et les nivelle au niveau de sa marge de man uvre.

Conclusion
Le problème posé par les Bamiléké est réel, mais il relève du partage des ressources rationnées entre des communautés différentes. Les pouvoirs publics ont trouvé le moyen de le gérer par l’équilibre régional : en empêchant la ghettoïsation de l’administration publique camerounaise, elle évite que le problème social posé par un système politique incapable ne se transforme en un conflit ethnique autrement plus volcanique et potentiellement plus meurtrier. En outre, cette solution joue un rôle décisif dans le confinement de la corruption : en imposant les quotas, la mesure limite le monnayage des places de chaque communauté à l’intérieur des places qui lui sont dévolues, sans affecter l’ensemble du système. Malheureusement, si l’équilibre régional est la moins mauvaise solution, elle n’est pas une bonne solution parce qu’il n’existe pas de bonne solution dans un système occlus. La seule porte de sortie est la refertilisation du système productif, en implantant des industries viables sur le territoire national, de véritables entreprises qui produisent et qui offrent un emploi mieux payé que les misérables salaires de notre Administration Publique. Que le Cameroun imagine un instant une situation où on produirait nous-mêmes les habits que nous portons, la vaisselle, l’outillage, les grandes fermes agricoles, les usines agroalimentaires, est-ce que objectivement, la notion d’équilibre aurait encore un sens ? Une fois de plus, j’en appelle à l’instauration de la Monnaie Binaire.

Intégration en kiosque
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Cameroun: Kareyce Fotso, la jeune diva monte et monte toujours

«Je ne suis pas une star. La star mania c’est prendre beaucoup de temps à paraître, se donner une image parfois fausse»

Une voix étonnante de maturité et de maîtrise
Avec sa guitare toujours en bandoulière, ses dreadlocks au vent et le tissu traditionnel des princesses Bandjoun qu’elle porte comme un signe distinctif, Kareyce Fotso est en train de connaître la gloire. Certes, son registre musical ne la destine pas à la grande popularité ou au populisme, mais la jeune artiste fait son chemin, surtout à l’international. Son succès n’a pas eu raison de son humilité. De nature plutôt réservée, Kareyce Fotso ne sort d’elle que lorsqu’elle se saisit de sa guitare et, face à un micro, elle surprend par sa voix. Elle a une autre vision de la star mania: je ne suis pas une star. La star mania c’est prendre beaucoup de temps à paraître, se donner une image parfois fausse. Se présenter aux gens comme ils auraient voulu que vous soyez. C’est beaucoup d’énergie que l’on met sur sa personne. Une artiste, c’est celle qui passe le plus de temps dans la création. C’est ce que je m’attelle à faire tous les jours. C’est tout ce que je sais faire. Etre star, je n’y arrive pas encore. Le bling-bling, je ne connais pas. C’est certainement une autre école à laquelle je n’ai pas encore été. Peut-être que le jour où je vais commencer à être une star, je vais aussi perdre ma capacité de création. J’ai tellement de choses à montrer avec ma voix et avec tous ces instruments qui nous entourent que je n’ai pas le temps pour autre chose. affirme la diva.

Sa source d’inspiration s’enracine dans son métissage culturel
Parfaitement multiculturelle par ses origines et ses lieux de vie, elle chante aussi bien dans la langue Bandjoun et Ewondo. Je suis Bamiléké, mais la première langue que j’ai apprise c’est l’éwondo. J’ai grandi à Mvog-Ada au milieu des Béti. Dans les années 80, il y avait des grands-mères beti qui s’occupaient de moi, alors que ma mère, Bayam-sellam, était au marché. C’est donc comme ça que j’ai pu très vite apprendre cette langue que je chante aujourd’hui, confie cette petite femme au regard tendre. Si c’est seulement aujourd’hui que Kareyce Fotso, la trentaine, s’offre au public, elle est dans le circuit musical depuis une dizaine d’années. Issue d’une modeste famille de sept enfants dont elle est la cinquième, lorsque Kareyce Fotso décroche son baccalauréat D et ses parents rêvent pour elle. Elle sera médecin. La jeune fille s’inscrit à l’université de Yaoundé I en biochimie. Pendant trois années dans cette faculté, elle marque le pas. Elle s’ennuie. Les rêves de ses parents ne sont pas les siens. La scène l’intéresse. Le public la fascine. Ses parents la voient bien en blouse blanche de médecin. Elle se voit bien une guitare en bandoulière comme Coco Ateba qu’elle admire. Elle quitte l’université de Yaoundé I et s’inscrit à l’Institut Siantou Supérieur. En 2001, elle obtient son Brevet de Technicien Supérieur (BTS) en audiovisuel. La même année, elle est repérée par le groupe Korongo Jam, qui fait d’elle l’une de ses choristes du groupe. Elle réalise son rêve. Mère d’une fille de six ans, Kareyce Fotso suit aujourd’hui fièrement sa vocation.

La jeune Diva Kareyce Fotso
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Kareyce Fotso: une artiste tout simplement
Le charme du premier album de Kareyce Fotso est qu’elle a réussi à chanter dans une langue maternelle qui, musicalement n’est pas aisée. «J’ai découvert le côté poétique de la langue Bandjoun. C’est sa dureté. Son côté saccadé donne un rythme incroyable. C’est une langue avec laquelle tu peux chanter sans même avoir besoin des instruments. Tellement elle est rude, quand tu butes sur les mots, c’est comme si une percussion t’accompagnait. J’ai exploité ce côté-là qui est devenu mon style», explique-t-elle, heureuse, tout en clignant ses petits yeux d’amandes. Elle annonce la sortie de son deuxième album qui sortira très bientôt dont l’enregistrement a eu lieu en Belgique sous le label Contre-jour, une écurie spécialisée dans la world music, la même qui a produit l’Ivoirienne Dobet Gnahoré, Habib Koité du Mali, etc. Un opus qui contrairement au premier sera un véritable régal musical : Dans le premier album, j’ai essayé de transmettre tout ce que j’ai appris dans les cabarets; un peu de bikutsi, un peu de blues, un peu de jazz, de soul. Dans le deuxième album, j’ai envie de prendre un domaine et l’explorer à fond. Mon deuxième album va être très influencé par la Sanza. J’ai envie de voyager, d’aller à la rencontre d’autres cultures africaines. J’ai envie de connaître davantage. Je veux dépasser les limites que je crois avoir. Aller au-delà. Etre meilleure que ce que je suis maintenant. Je veux proposer des albums qui tout le temps vont amener les gens à se dire «ici il y a eu du boulot». Je n’ai pas envie de proposer des choses d’une grande légèreté. Je respecte l’ouïe des gens. C’est un organe très fragile qu’il faut ménager. Je veux que, lorsque les gens ont écouté des musiques tapageuses ou dansantes, qu’ils écoutent ma musique qui les adoucisse. Que ma musique ne soit pas écoutée dans les bars ne me dérange pas du tout. La voie que j’ai choisie n’est pas facile. Mais je ne veux pas faire dans la musique super show-biz où on est star à 7h du matin et oublié à 8h du soir. Je ne suis pas une star, je suis une artiste tout simplement.

Kareyce Fotso sur scène
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Cameroun: La captivante Kareyce Fotso

La troisième halte de sa tournée nationale a eu lieu au CCF de Douala

Il y avait bien matière à relaxer ce soir là à Douala. D’un côté Patience Dabany au St John’s Plazza et de l’autre, la très prisée finale de la ligue des champions européenne dans différents snacks et autres restaurants. Kareyce Fotso, elle, était de passage dans la cité économique, dans le cadre de la troisième date de sa tournée nationale, après Garoua et Yaoundé. Comme on s’y attendait, la jeune chanteuse est parvenue à faire le plein de la salle des spectacles du Centre Culturel Français de la ville. Un public qui a tenu à répondre à un appel, celui lancé par l’une des leurs, celle-là même qui a trop longtemps parcouru pays après pays et qui a enfin trouvé un créneau dans son emploi de temps pour une tournée sur sa terre natale.

Un magnifique solo
Elle a elle-même créée ce spectacle. Seule sur la scène, Kareyce Fotso, comme d’habitude, dévoile la pleine mesure de son talent. Après une entrée grandement ovationnée sur une scène nappée de «Nzie Souo», vêtue d’une tenue traditionnelle de la région de l’ouest Cameroun, Kareyce épluche, en acoustique, son dernier album, Kwegne. De So’a à Pac-ler Francaise en passant par Kodjeu, Peu Be, Poa’lag, la belle, au large sourire, balaie des thèmes qui lui tiennent à c ur: L’intolérance, le soulèvement de la jeunesse, la déforestation, le mariage forcé, le partage, des thèmes qu’elle a su, au travers de ses nombreux voyages, aborder et cerner. Avec une trilogie frappante. Elle est à la fois chanteuse, instrumentiste et danseuse, se déplace sur la scène au gré de ses envies et des trois scènes installées pour la circonstance. Du spectacle. Aux travers de ses différents instruments, sa mythique guitare acoustique ou encore le «Nkul» de chez ses ancêtres Eton du centre, elle parvient aisément à captiver un public tout à sa merci.

Le public adore
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L’échange est convivial et comme une mère face à ses enfants, elle partage des anecdotes de chez elle «à Bandjoun», les histoires de Solange «qui a piqué mon mari», invite le public à venir partager avec elle sur la scène «ce moment de bonheur, de joie et surtout de partage, quand je me rends compte que même les enfants chantent parfaitement mes chansons». Elle fait venir sur la scène sa fille, Wendy, six ans, pour faire les ch urs sur la chanson qui porte son nom. Visage figé sur sa mère, Wendy pose, toute naïve, sa fine voix sur le refrain de la chanson et laisse déjà présager un avenir dans la musique. Ce que ne souhaitait pas forcément sa maman. «Je me suis toujours dit que ma fille ne devait pas faire de la musique, mais là ça a tout l’air d’être raté» avoue Kareyce. Après plus d’une heure et quarante cinq minutes de show, c’est sur des notes d’improvisation que la soirée s’est achevée, avec des chansons à la demande d’un public gourmand.

Le magnifique solo de Kareyce
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La camerounaise Liliane Tetsi présente les journées Bami-trad

Elle parle aussi de son association Europe Cameroun Solidarité et de son militantisme

Vous organisez cette fin de semaine, une nouvelle édition des Bami-trad. Que signifie ce concept?
Les Journées Bami-Trad sont des Journées des traditions Bamiléké ou Lièze Kô Pe Grasfield en langue bamiléké.

Ces journées sont organisées par Europe Cameroun Solidarité. Un mot sur l’association?
Europe Cameroun Solidarité est une Organisation Non Gouvernementale qui intervient essentiellement au Cameroun et accessoirement dans tous les autres pays où son objet est requis. Les actions de l’association appelées entraide prennent la forme de soutien financier, matériel, intellectuel et/ou technique. L’association uvre en faveur de la santé (Médecine et chirurgie, prévention, éducation), de l’enfance (Aide aux mères, orphelinat, pouponnière, éducation, maternelle), la jeunesse (Education, sauvegarde, rééducation, apprentissage), les personnes âgées, l’aménagement local, privé ou public et la culture (Maintien des cultures régionales, sauvegarde du patrimoine local, échanges culturels).

Quels sont les partenaires de cette édition?
Nos partenaires sont les structures locales qui nous sollicitent, car nous nous occupons des projets pour lesquels nous sommes saisis, procédons à une analyse très fine. A partir du moment où le projet nous paraît justifié et est destiné à l’intérêt collectif, nous essayons de participer à la réalisation du projet. Nous suivons la réalisation de celui-ci avec les partenaires locaux. Nos partenaires par ailleurs peuvent être les collectivités territoriales (les régions, les départements, les communes, l’Etat, il en est ainsi de la Région Alsace, du Conseil Général du Bas-Rhin, de la Ville de Strasbourg.) voire d’autres associations. Nos partenaires permanents pour diverses animations sont Femmes du 3ème Millénaire et Wietchip (Association des descendants de la cour de Bangoua).

Quel souvenir gardez-vous de la première édition?
Un souvenir d’une manifestation d’une grande qualité, de l’avis même de tous ceux qui nous ont fait l’honneur de leur présence. Des rois de l’Ouest du Cameroun étaient présents. Comme cette année, les intervenants sont entre autre, le maire de Strasbourg Monsieur Roland Ries et le Député du Bas-Rhin Monsieur André Schneider qui a été anobli par la cour de Bangou. Tous deux ont procédé à l’ouverture des Journées. Cette 2ème édition sera clôturée par le Député André Schneider et la Députée européenne Catherine Trautmann.

Vous êtes conseillère municipale dans la ville de Strasbourg. Racontez nous votre aventure politique?
Mon engagement date de longtemps, très engagée et très tôt (soit déjà au cp1 à l’école primaire, au collège aussi bien qu’au lycée au Cameroun), j’intervenais auprès des maîtres, professeurs chaque fois que je pensais que leurs agissements n’étaient pas juste. J’ai gardé cette capacité d’être indignée, d’être révoltée par ce qui ne va pas. Un de nos maîtres à l’université Louis Pasteur de Strasbourg avait coutume de nous dire: il faut rester enfant le plus longtemps possible. Cela me convenait tout à fait et j’ajouterais qu’il faut garder la capacité de résister. La résistance doit nous aider à nous dépasser et à aller de l’avant pour que la cause de l’humain soit entendue. Il faut donc être en résistance pour essayer de rendre sans effet donc inopérante toute action dirigée contre l’humain et bien entendu cette action de résistance doit toujours être guidée par le sens de l’intérêt général et donc collectif pour faire avancer l’humain dans le respect strict de sa dignité et de la reconnaissance de ce qu’il est.

Liliane Tetsi de Europe Cameroun Solidarité
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Vous avez donc un parcours de résistante?
Résister a toujours était très important tout le long de mon parcours. Je me suis engagée dans le syndicalisme en tant que citoyenne parce que j’ai estimé que la cause des salariés valait la peine d’être défendue ou que l’on s’y implique. J’avais constaté que dans ce domaine les relations relevaient souvent pour ne pas dire toujours du «pot de terre contre le pot de fer». Je me suis alors dit qu’il fallait tenter d’inverser la tendance et qu’il n’y avait de fatalité en la matière pas plus que d’autres domaines. Avant, il s’agissait donc d’apporter une modeste contribution à des règles de jeu plus justes entre employeurs et salarié. C’était un acte citoyen qui me tenait à c ur. Aussi, «le virus du social l’emporta-t-il sur celui de la recherche» domaine dans lequel je faisais mes études comme a coutume de dire un de mes Maîtres quand on l’interroge sur qui je suis. Mon engagement politique a été dicté par la même logique. Là encore, parallèlement à ce militantisme et engagement syndical, je milite politiquement pour les mêmes raisons. Ce qui me fait courir à chaque fois: la cause de l’être humain et je pensais que la politique au sens noble du terme est le domaine par excellence de l’application d’un engagement citoyen. Tout ce que l’on fait devant toujours concourir à l’intérêt général. Tout combat que je mène en la matière a pour fil conducteur la même logique.

Quels sont les autres projets de votre association?
S’occuper des problèmes de santé, de la problématique de l’eau car un apport aussi minime soit-il en eau potable donc fut-ce de quelques m3 est un point marqué contre les maladies hydriques et c’est autant de vies sauvées. Contribuer à la lutte et à la prévention contre la pandémie du sida étant entendu que cela passe par l’éducation, ce qui nous amène tout droit vers nos actions en faveur des écoles, des collèges etc. La question de la formation des jeunes et de la qualification des personnes et de la sauvegarde des métiers anciens nous tient à c ur. Aussi, nous envisageons des solidarités entre les femmes d’Afrique qui pourraient se déplacer dans d’autres pays pour partager leur savoir-faire. Nous avons une attention particulière pour les structures qui s’occupent de l’accouchement. L’idée de réduire la mortalité des femmes en couche me taraude depuis toujours et nous devons tout faire pour inverser la tendance pour que vouloir donner la vie ne soit plus synonyme de la perdre. L’Afrique doit décoller et l’avenir se fera avec elle ou ne se fera. Les femmes, la jeunesse et les autres sont et doivent être les piliers de ce nouveau départ.

Et le Cameroun, vous y retournez souvent?
Le Cameroun, je n’y retourne pas souvent mais je suis en lien permanent avec le Cameroun et avec l’Afrique. Se déplacer pour aller s’installer à un autre grand point de espace planétaire qui s’offre à nous n’est et ne doit pas être synonyme d’oublier d’où on vient.


Littérature : Haman Mana et Mireille Bisseck en territoire Bamiléké

Les deux journalistes présentent dans un beau livre les «Rois et Royaumes Bamiléké»

Les bamiléké ont fait ceci, les Bamiléké se comportent comme cela, etc. On y va de toutes sortes de préjugés pour qualifier, à tort ou à raison ce peuple. Peuple des Grass Field de la région de l’ouest Cameroun dont seule l’histoire en appelle pourtant au respect et à l’admiration. Un peuple chargé d’histoire et surtout de traditions, lesquelles sont transmises comme de fil à aiguille, de génération en génération. Ceci par des Fo, les chefs, à la tête des royaumes et gardiens de ces traditions.

Haman Mana et Mireille Bisseck, brillantes plumes de la presse camerounaise, ont fait plus que cela. Ils sont allés aux sources, à la rencontre des Fo eux mêmes. A peu près 150 royaumes et autant de rois, présentés en 236 pages, sur papier glacé. Le livre dévoile, département après département, la petite histoire fondatrice de chaque chefferie. L’on peut ainsi apprendre qu’à Fotouni il aura fallu La tête d’un homme, à Bandjoun c’était Le pouvoir en cadeau de noces, à Batoufam la chefferie est née pour l’amour d’une princesse, à Bapi les hommes sont venus du ciel, à Babone c’était Le petit caillou, à Bafoussam ce fût tant de richesses. Autant d’histoires, anecdotiques pour la plupart, qui initient le lecteur aux mythiques traditions ancestrales et identitaires des royaumes et peuples Bamiléké.

Une bibliothèque traditionnelle
Le beau livre, comme l’exige le genre, fait la part belle aux images. Dans leurs chefferies, ou en pleine cérémonie, les rois ont posé. Ici en compagnie de leurs épouses, là avec leurs Ntchinda, les serviteurs, et ailleurs avec leurs Nkamvu, les grands notables. Plus impressionnants encore, tous ces symboles de culte et de prestige qui entourent les Fo, allant du Ndop, étoffe de rassemblement aux peaux de panthères en passant par la queue de cheval, signe de bravoure. Toute la magie des chefferies de l’ouest transparait dans cette désormais bibliothèque culturelle et traditionnelle des peuples Bamiléké. Des visages naïfs comme celui du rois des Fondonera dans le département de la Menoua, « arrêté » en 2009 alors qu’il n’a que 14 ans, l’on en arrive aux plus avertis, le cas du Fo Tankoua Thomas, doyen des rois Bamiléké du haut de ses 105 ans, roi de Bamaha depuis 1940.

Il était temps que le pari soit tenu, ou mieux, que le défi soit relevé. « Rois et Royaumes Bamiléké » répond de fort belle manière à toutes les exigences des ouvrages du même genre, le fait, jusqu’ici d’auteurs d’ailleurs. Les photos portent les marques du bien connu Hugo Bebe et les plumes qui vont avec sont celles notamment de Mireille Bisseck, journaliste à la Cameroon Radio and Television (CRTV) et Haman Mana directeur de publication du quotidien « Le jour ». A sa casquette de journaliste, ce dernier joint désormais celle d’éditeur, à travers les Editions du Schabel, éditrice de « Rois et Royaumes Bamiléké ». L’ouvrage bénéficie en guise d’introduction, d’une profonde étude du Professeur Emmanuel Ghomsi, lequel plante un décor avec pour point de départ la déterminante époque coloniale. Dire que les Bamiléké et leurs rois y ont fortement participé !


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Kareyce Fotso invitée au festival Musiques Métisses d’Angoulême

Partie des cabarets de Yaoundé, la jeune chanteuse promène au monde entier sa riche tradition Bamiléké

Nul besoin aujourd’hui de la présenter, tellement Kareyce s’est familiarisée aux scènes internationales. Médaillée d’argent aux jeux de la francophonie au Liban en 2009, finaliste du prix Découvertes RFI la même année, un premier album Mulato fièrement accueilli par le public camerounais et d’ailleurs, une participation au festival Ville des Musiques du Monde, la première partie du malien Habib Koité en novembre dernier et bien d’autres artistes encore. Ajouté à cela une participation à la récente coupe d’Afrique des nations de Football au côté des lions indomptables plus une prestation à la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques d’hiver de Vancouver, on dirait que la gloire est entrain d’honorer son rendez-vous d’avec la jeune dame. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

Un calendrier bien chargé pour Kareyce
La chanteuse vient de terminer l’enregistrement de son nouvel album Koagne, (qui signifie la pensée, l’imaginaire) qui sortira dans les prochains mois en Belgique sous le label Contre jour, spécialisé dans la World Music et producteur d’Habib Koité ou encore de l’ivoirienne Dobet Gnahoré. Elle vient d’achever une tournée de deux mois qui l’a conduite entre autres au Swaziland, en Zambie, Namibie, Afrique du sud et dans l’Océan indien, notamment aux îles Comores, aux Iles Mayotte et Madagascar. Le 23 mai prochain, la « Bandjounaise » se produira à Angoulême dans le cadre du festival Musiques Métisses qui cette année est rendue à sa 35ème édition. Ce sera l’occasion pour elle de se frotter à d’autres ténors de la musique africaine dont Les tambours de Brazza, Youssou N’dour, Salif Keita, Angélique Kidjo, et aussi de revoir Naby, vainqueur face à elle du dernier prix Découvertes RFI.

Quatre jours après Angoulême, Kareyce se produira au studio l’Ermitage à Paris, puis le 03 juin au Cloître des Jacobins à Toulouse. Pendant ce même mois de juin, Kareyce Fotso sera parmi les artistes sollicités par le ministère camerounais de la Culture pour faire partie de la délégation culturelle du Cameroun à la Coupe du Monde Afrique du Sud 2010. Juste le temps de souffler qu’elle se rendra en Août en Belgique pour prendre part au Festival d’Art de Huy – Huy. Seule sur sa scène avec une guitare acoustique et chantant avec une douce mais perçante voix aigüe à l’africaine, Kareyce Fotso balance chaque fois à travers un one woman-show très décontracté un folk très léger, chatouillant. Ses textes sont essentiellement en langue bamileké de l’ouest du Cameroun. Très humblement, l’artiste affirme avoir encore du chemin à faire, bien que tout porte à croire que l’avenir sera plutôt radieux pour cette artiste, à suivre de près.

Kareyce Fotso invitée à Angoulême
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Meiway, le génie du zoblazo!

Dans quelques mois, il fêtera ses vingts ans de carrière. Interview exclusive!

Originaire du grand Bassam en Côte d’ivoire, il décline ce rythme depuis près de 20 ans. De 200 à 900 % zoblazo, le temps est passé, mais n’a rien enlevé à la fraîcheur de l’artiste qui confirme que la proximité avec le public reste sa marque de fabrique.

C’est quoi le zoblazo?
C’est une musique et une danse créées à partir des folklores du Sud de la Côte d’ivoire. Ça se danse avec des mouchoirs blancs. Ça fait 19 ans et tous les deux ans, je nomme un album avec des pourcentages. Mon neuvième album rime avec 900 % zoblazo et l’année prochaine, je fête mes 20 ans de carrières.

L’album Azibeyou sorti en 1989 marque le début de votre carrière, mais on sait qu’elle a commencé un peu plutôt avec le groupe défense ivoire. Vous nous parlez de ces débuts là ?
Il y’a eu des débuts avant ce début là. Mon apprentissage commence dans les années 79 à Abidjan avec le group pace. C’est le groupe qui m’a initié à la musique de scène. J’ai quitté ce groupe pour créer lynx groupe à la faveur d’une émission pour les jeunes, pendant les vacances. Caque commune montait un groupe pour la compétition. J’ai monté un autre groupe pour une émission qui s’appelait Podium, la plus grande émission pour chanteurs amateurs. Ce groupe s’appelait génitaux. C’est avec ce dernier groupe qu’en 1981 je deviens meilleur chanteur amateur. Mais avant ça, il y’a eu la chorale de l’église où je chantais. En 1985, je quitte la côte d’ivoire et c’est en France que je crée défense Ivoire avec des éléments d’origines diverses : antillais, algériens, ivoiriens. Et là, on faisait du funk du disco, du reggae, vraiment autre chose que de la musique ivoirienne. Ça m’a ouvert l’esprit. Quatre ans après mon arrivée en France, je décide de rentrer en studio parce que j’estimais être prêt professionnellement et matériellement pour rentrer en studio. Je me suis pris en charge grâce à un crédit bancaire parce qu’entre temps, je jobbais en France. Et là, je crée un style sui est la synthèse de tout ce que j’ai appris. C’est ça le zoblazo.

L’arrangement, l’accoutrement de votre chorégraphie, pour lesquels vous avez été primé plusieurs fois reflète t’il votre personnalité?
En arrivant à la musique, je voulais innover, faire connaître la musique de chez moi. J’ai toujours essayé de montrer dans mes vidéos et mes clips les images de la Côte d’ivoire, les pas de danse, la façon de s’habiller de chez nous, nos habitudes. Je connais des gens qui sont tombés amoureux de la Côte d’ivoire à travers mes clips.

L’année prochaine, vous avez 20 ans de carrière, quel regard portez vous sur ces années?
J’avais une ambition quand j’étais jeune, c’était d’être une star de la musique dans mon pays, et aujourd’hui, je peux dire que j’ai atteint mon but, je roule sur du bonus. Je ne me couche pas sur du bonus, je continue à travailler pour continuer à satisfaire mes fans. Faut toujours se renouveler car la musique est évolutive.


Quel est votre meilleur souvenir de scène?
Mon premier concert aux Antilles. On a rencontré un frère, un ivoirien, Serges Bilé, qui est installé là bas et qui a eu l’idée d’organiser des journées pour présenter la cote d’ivoire aux Antillais. J’arrivais sur une terre inconnue mais au premier concert, guichet fermé. Deuxième concert, guichet fermé. On m’a demandé un troisième concert, mais la salle n’était pas libre. C’était beau de voir des antillais agiter des mouchoirs blancs, notre frère qui savait comme ça se dansait avait pris les dispositions et tout le monde avait des mouchoirs blancs.

Et le pire?
La mort de mon père. Il n’a jamais vu ce que je fais. Il est mort quand je suis entré en studio. Mais ma maman est là.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez du Cameroun? Vous avez d’ailleurs un titre bamiléké
Je pense que les bamilekés doivent être fières. Comme je dis dans le morceau si tous les africains étaient comme les bamilekés, on aurait rien vendu aux blancs.

Vous les connaissiez avant ?
Je les ai connu à distance avant. Et ensuite en allant régulièrement au Cameroun pour faire mes concerts, j’ai découvert qui ils étaient déjà pour les camerounais et je me suis rendu compte que c’était des gros travailleurs. c’est de ces africains là que nous avons besoin aujourd’hui.

Miss lolo que vous avez chanté, vous êtes plutôt amateur?
Qui n’a pas tété dans sa vie ? Même vous. On a tous tété le sein de maman pour grandir. Les femmes prennent beaucoup de risques en donnant le sein. Parfois papa se casse et va chercher les seins qui sont aux aguets. Le but de ce titre était de rendre hommage aux seins de la femme, aux seins de nos mamans mais dans le clip il y’a eu déformation.


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