Affaires : les banques françaises en difficulté sur le sol africain

Société Générale a annoncé le 08 juin 2023 avoir conclu quatre accords prévoyant la cession totale des parts de ses filiales de Congo, Tchad, Guinée Equatoriale et Mauritanie.

La France en difficulté sur le marché des banques en Afrique. Après le désengagement du continent du Crédit Agricole, du BPCE suivi de celui de BNP Paribas, c’est autour de Société Générale, la banque française la plus présente sur le continent, d’entamer la réduction de sa présence en Afrique. En effet, le groupe vient de céder d’une seule traite quatre de ses filiales africaines. Il s’agit des filiales Société Générale Congo (93,5%), Société Générale de Banques Guinée Equatoriale (57,2%) Société Générale Mauritanie (95,5%) et Société Générale Tchad (67,8%).

Les deux premières ont été cédées au Groupe Vista de Simon Tiemtore alors que les secondes ont été acquises par le groupe Coris Bank International du burkinabè Idrissa Nassa.

Crédit agricole a été le premier établissement français après la crise financière de 2008 à se séparer de ses filiales en Afrique de l’Ouest. En 2018, c’était au tour du groupe mutualiste BPCE (Banque populaire, Caisse d’Épargne, Natixis) de céder la quasi-totalité de ses banques africaines.

Le 15 février 2023, BNP Paribas et Proparco, filiale de l’Agence française pour le développement, ont officialisé la cession de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie de la Côte d’Ivoire (Bicici) à un consortium d’institutions publiques ivoiriennes, pour 122 millions d’euros.

Plusieurs facteurs expliquent ces désengagements. Il y a avant tout, la perte d’influence économique française en Afrique et l’avènement de champions bancaires africains (Attijariwafa bank, Bank of Africa, Banque Populaire, Coris Bank, First Bank, Standard Bank Group, Absa Bank, Ecobank, United bank for Africa, Oragroup…)

Intervient également l’influence grandissante de nouveaux pays africains (Maroc, Afrique du Sud, Nigeria, Egypte…) et étrangers tels que la Chine, la Turquie, la Russie ou encore l’Inde, au détriment de la France dans les pays francophones du continent.

Selon Le Figaro, ces établissements, qui, il y a plusieurs décennies avaient fondé beaucoup d’espoir sur le continent africain, ne sont pas toujours pas parvenus à prendre des parts de marché significatives dans les pays où ils s’étaient implantés. Et à créer des synergies avec le reste du groupe. « Ils préfèrent donc aujourd’hui réallouer leurs capitaux propres vers d’autres activités plus rentables ».

D’autres éléments expliquent le retrait des banques occidentales. Le continent africain n’a pas encore tenu ses promesses de développement : l’émergence d’une classe moyenne tarde à se concrétiser. Et sur le plan géopolitique, les tensions restent vives dans plusieurs pays. Sans parler d’un certain sentiment antifrançais.

Banque : voici pourquoi Société générale cède ses parts dans quatre pays d’Afrique

Société Générale a signé des accords avec deux groupes bancaires panafricains en vue de la cession de ses filiales au Congo et en Guinée Équatoriale au Groupe Vista, et de ses filiales en Mauritanie et au Tchad au Groupe Coris.

Quatre accords prévoient la cession totale des parts du groupe Société Générale dans ses filiales locales africaines : Société Générale Congo, Société Générale de Banques en Guinée Équatoriale, Société Générale Mauritanie, et Société Générale Tchad, actuellement détenues respectivement à 93,5%, 57,2%, 95,5% et 67,8% par le groupe Société Générale.

Selon les engagements pris, les deux groupes bancaires panafricains Vista et Coris reprendraient la totalité des activités opérées par Société Générale au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités.

Ces retraits interviennent après l’arrêt il y a un an de Yup, sa solution de paiement mobile panafricaine (Cameroun, Sénégal, Côte d’Ivoire…), sur laquelle elle avait beaucoup misé. Or, celle-ci n’a pas résisté à la concurrence d’acteurs télécoms comme Orange Money et surtout de la start-up de paiement américaine Wave.

Société générale assure qu’elle reste toutefois présente dans 13 pays africains, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun, où elle occupe « une position de leader » avec « une taille critique ». Ce qui n’était pas le cas dans les quatre pays dont elle se retire, où ses filiales étaient de petite taille.

En effet, au-delà des difficultés liées à la rentabilité et aux indicateurs financiers, d’autres facteurs, économiques mais aussi géopolitiques, sont pointés pour expliquer le désengagement des grandes banques françaises et britanniques sur le continent africain. Pour le cas de la France, il y a la perte d’influence économique en Afrique, l’une des principales raisons avancées par les experts. L’autre explication est à rechercher du côté de la forte concurrence qui prévaut désormais, en Afrique, avec la Chine, la Turquie et d’autres acteurs qui investissent aussi le secteur bancaire.

Sans compter l’avènement de champions bancaires africains, marocains, égyptiens, nigérians, ou sud-africains, tels que les marocains Attijariwafa bank, Bank of Africa, Banque populaire, ou Coris Bank du Burkina Faso, les anglophones de First Bank, Standard Bank Group, Absa Bank, le panafricain Ecobank, le nigérian United bank for Africa, ou Oragroup.